En s’appuyant sur la Parasha ‘HOUKATH…
Noblesse oblige ! Notre vocation de devenir un Royaume de Prêtres et un Peuple Saint nous oblige à plus d’un titre. Or pour être saint, il faut être pur. Nul n’est à l’abri d’une impureté ! La Torah en définit les sources : le mort, la Tsara’ath -sorte de lèpre- les rampants, les aliments interdits, les écoulements de sang et séminaux, les relations illicites. La Torah précise également la façon et les conditions qui permettent de purifier notre corps, tout comme des biens, objets et ustensiles. Le Mikvéh -le bain rituel- mais aussi l’aspersion d’eau lustrale mélangée aux cendres de la vache rousse, des temps d’observation, de retranchement, de mise à l’écart, d’attente, d’abstinence, le don d’offrandes, le feu pour les matériaux résistants. Toutes ont fondamentalement leur raison d’être. Indépendamment du fait même qu’on en comprenne ou non le sens et le fondement. Et c’est précisément le cas pour la vache rousse. Elle est, de fait, extrêmement rare. Et les Beneï Israël ont été prêts, par le passé, à consentir des sommes parfois exorbitantes pour s’en procurer. Ce sont ses cendres qui nous intéressent. Toutefois, elle ne peut être sacrifiée que lorsque le Tabernacle, ou encore le Temple à Jérusalem, existent et remplissent leur rôle. Il faut en outre que la vache soit parfaitement et totalement rousse, qu’elle soit absolument sans défaut et qu’elle n’ait porté aucun joug. Cependant, la faculté qui lui a été conférée de purifier tous ceux qui reçoivent l’aspersion de l’eau lustrale mélangée à sa cendre rend impur tous ceux qui prennent part au rituel de sa préparation et de son emploi. Elle rend impur celui qui fait la She’hita -abattage rituel-, celui qui la brûle, comme celui qui en recueille les cendres ou qui asperge la personne impure à l’aide une branche d’hysope. Cela apparaît comme un paradoxe : purifier en rendant impur celui qui rend pur. Certes, l’impureté qui retombe sur ceux qui s’affairent est bien plus légère que l’impureté qu’ils visent à éliminer. L’enseignement du fondement de cette Mitzvah ne fut dévoilé qu’à Moshé Rabbénou. Même le Roi Salomon, qui est réputé comme l’homme le plus sage sur terre, n’a pu en déceler le secret. Or c’est le propre du ‘Hok, une loi décrétée par Hashem, transmise par Moshé Rabbénou et écrite dans la Torah. Son sens n’a pas besoin d’être compris. Il peut l’être, parfois, lorsque l’on veut réellement l’approfondir et le connaître, et si on le mérite. Si Hashem estime que l’on en est digne. En faisant permuteas ce que nous avons perdu du fait des souffrances, provoquées en ce si triste jour du 9 Av ?
C’est à cette prise de conscience que nos Rabbanim ont voulu nous faire accéder en édictant les règles de deuil détaillées plus bas.
Personne ne l’ignore, un enfant grandit lorsque son regard se porte un peu plus loin, en retire un enseignement et agit en conséquence. Il acquiert peu à peu de l’assurance. Il reconnaît ses bienfaiteurs et il apprend à leur faire confiance. Il apprend, il est éduqué et il s’éduque. Il en est de même pour une assemblée, comme pour un peuple.
Les Hébreux avaient été asservis et cruellement maltraités en Egypte. Après la libération d’Egypte, ils se sont retrouvés dans le désert du Sinaï, placés sous la protection du Ciel. Certes, ils avaient avant cela assisté aux 10 plaies infligées exclusivement aux Egyptiens. Ils avaient vécu les miracles qui les ont accompagnés lors de la traversée de la Mer Rouge et leur sauvetage de la main des Egyptiens qui les pourchassaient. La Torah décrit tout cela et tous les foyers d’Israël le rappellent chaque année lors du Séder de Pessa’h.
Le désert est aride, mais ils avaient de l’eau à profusion grâce au puits de Miriam. La Manne tombait chaque jour et ils n’avaient qu’à la ramasser pour se nourrir. Elle prenait le goût des mets souhaités. Des nuées aplanissaient le chemin et le déblayaient de toute embûche, comme des serpents et des scorpions. Une colonne de feu les éclairait la nuit. Leurs vêtements et leurs chaussures ne s’usaient pas. Ceux-ci étaient toujours propres et adaptés à la taille de ceux qui les portaient. Bref, ils vivaient un miracle permanent, en étant constamment placés sous la protection d’Hashem.
Certes, ils eurent des manquements graves, comme la faute du veau d’or, qu’Hashem a ensuite pardonnés. Peu avant d’entrer en Israël, ils demandèrent à envoyer des explorateurs qui, à leur retour, ont fauté en parlant mal de la Terre d’Israël. Hashem avait promis aux Patriarches de la donner en héritage aux Beneï Israël, leurs descendants, et voilà qu’ils la dénigraient ! C’en était trop ! « Vous pleurez sans raison ! Vous aurez des raisons de pleurer ce jour là ! » C’est en substance ce qu’il a en résulté. L’attitude des Beneï Israël traduisait un rejet des bienfaits d’Hashem à leur égard. Une forme de trahison ? Comme un enfant qui se rebelle ! En tout cas, elle exprimait un manque de reconnaissance et, partant, de confiance, intolérables. Or, aussi longtemps que le Peuple Juif sera influencé par des considérations étrangères, elles l’éloigneront de la proximité d’Hashem. Et tant que Mashia’h ne sera pas venu pour remettre les pendules à l’heure et nous faie prendre le bon chemin…
Nous avons perdu la Proximité d’Hashem ! Nous avons perdu de pouvoir vivre constamment dans la félicité, sous Sa protection ! Nous avons perdu de vivre au quotidien le rayonnement de Sa splendeur, de vivre Ses Miracles, de sentir Sa présence, de vivre en harmonie avec Lui.
Au contraire, nous avons eu à souffrir et à supporter des affres et des douleurs immenses. Nos êtres les plus chers étaient assassinés, ils mouraient de faim sous nos yeux, des ruisseaux de sang emportaient notre Peuple. Quels désastres ! Puis suivirent les tourmentes et les calamités des exils. Comment ne pas s’affliger ?
Alors que Hakadosh Baroukh Hou nous a prodigué tant de Bien ! Qu’Il n’a voulu pour nous que le meilleur en nous rapprochant de Lui. Combien a-t-Il été patient et tolérant malgré nos errements ?
Combien donc il nous faut regretter nos divagations pour enfin revenir à Lui !
Ce qu’Il nous demande est insignifiant eu égard à tout ce qu’Il nous procure, tout ce que nous obtenons en accomplissant ce qu’Il nous ordonne. C’est en réalité avec grande joie que nous devrions réaliser chacun de Ses Commandements ! Et parmi ceux-ci, il y a celui d’écouter les décisions et les directives de nos Rabbanim.
Quelques règles essentielles sur Tish’a BeAv, le 9 Av
Notamment, pour ce qui concerne les jours qui précèdent le 9 Av, plus précisément depuis Rosh ‘Hodesh Av, le 1er jour de Av et jusqu’au 9 Av, où l’on restreint toute expression de joie. Certes il y aura des exceptions, comme à l’occasion de la circoncision d’un nouveau-né, ou encore lorsqu’il en va de la santé de personnes qui ne pourraient pas supporter des privations.
Ainsi, on ne procédera à aucune inauguration qui procure de la joie, comme celle d’une maison, d’un vêtement et même d’un nouveau fruit qui n’a pas encore été consommé depuis Rosh Hashana, sauf dans des cas exceptionnels. On peut acheter de nouveaux vêtements avant le 9 Av si l’on sait que leurs prix vont augmenter par la suite, à la condition de ne pas les porter avant le 11 Av. On n’écoute pas de musique déjà depuis le 17 Tamouz et ce jusqu’au 10 Av inclus.
Cette année, Rosh ‘Hodesh Av tombe depuis ce jeudi 12 juillet à la nuit jusqu’à l’entrée de Shabbath. En temps ordinaire, lorsque le 9 Av ne tombe pas un Shabbath, les restrictions se durcissent dans la semaine qui précède le 9 Av. Or, ce n’est pas le cas cette année puisque la date du 9 Av tombe effectivement Shabbath (en huit) ! Or, comme nous ne jeûnons pas un Shabbath, hormis à Yom Kippour, qui tomberait un Shabbath, on ne jeûnera donc pas ce 9 Av, mais bien le 10 Av. En reculant la date du 9 au 10 Av – soit cette année le samedi 21 juillet 2018 dès 21h43 à Paris jusqu’au dimanche 22 juillet à 22h31 à Paris – on espère que Mashia’h, le Messie, viendra entre temps. Alors, non seulement il annulera toute raison de s’affliger, mais le Jour de Tish’a BeAv, le 9 Av, deviendra un jour de fête.
Jusqu’au 10 Av inclus, on ne construira pas, on n’installera ni on ne décorera une nouvelle maison. On ne plantera pas non plus d’arbres d’agrément. On évitera d’entreprendre des achats ou de conduire des transactions qui réjouissent.
Les Ashkenasim, au contraire des Sefaradim -selon certains décisionnaires- ne boiront pas de vin durant les 9 jours de Av, sauf le Shabbath. Cela aura des conséquences sur le rituel de la Havdala qui marque la séparation entre la sainteté du Shabbath et le jour profane de la semaine. Cette année, la Havdala après Shabbath qui suit le Rosh ‘Hodesh, se déroule comme d’habitude. Toutefois, comme il est interdit de boire du vin ou du jus de raisin, on fera appel à un jeune enfant pour le boire à notre place. Les garçons n’ont pas l’obligation de respecter cet interdit avant l’âge de 13 ans. On essaiera toutefois de faire appel à un enfant plus jeune. En effet, plus ils avancent en âge et plus ils tiennent à accomplir ce qu’ils seront tenus de respecter en tant qu’adultes. S’il n’y a pas de jeune enfant pour boire, on remplacera ici le vin par de la bière, pour laquelle il n’y a aucune restriction.
La Havdala à la fin du Shabbath ‘Hazon (qui précède la célébration de Tish’a BeAv) se fera exclusivement sur les flammes de la bougie. La Havdala à la fin de Tish’a BeAv ne comprendra elle que la bénédiction sur le vin, qui pourra être bu.
Depuis Rosh ‘Hodesh les Ashkenazim ne se lavent ni avec du savon, ni avec de l’eau chaude et ne se baignent pas.
Les Sefaradim ne se l’interdisent que pour la semaine qui précède le 9 Av. Mais du fait que cette année la célébration du 9 Av est repoussée au dimanche -qui relève d’une autre semaine- la règle de la semaine qui précède le 9 Av n’est pas appliquée, ni donc ses restrictions.
Chacun est autorisé à se laver pour des raisons d’ordre médical ou en cas de souillures ou s’il l’on ne supporte pas cette privation. D’aucuns permettent de se laver à l’eau froide que dans certaines conditions, plus particulièrement veille de Shabbath. Aussi parce qu’il y a lieu de tenir compte de l’environnement qui ne comprendrait pas le respect de ces restrictions et pourrait en être perturbé.
Il n’y a pas de Se’oudat Mafséketh -le repas d’avant le jeûne- proprement dit lorsque le 9 Av est repoussé au 10 Av. C’est le 3ème repas de Shabbath qui le remplace, si l’on peut dire, sans en diminuer pour autant la joie du Shabbath.
On ne s’enduira pas non plus de crèmes ou d’huile le jour de Tish’a BeAv, le 9 Av. Ni on se lavera ce jour-là, si ce n’est les premières phalanges des doigts, si ce n’est en cas de souillure, ni on ne se rincera la bouche. On ne respirera pas de parfums. On s’assiéra à même le sol ou sur un siège bas. On n’aura non plus pas le droit d’étudier la Torah, si ce n’est des passages qui se rapportent au deuil et qui attristent, comme la Meguila Ekha, les Lamentations de Ekha qui décrivent les souffrance vécues lors de la destruction du Temple de Jérusalem. On évitera de travailler le 9 Av. On ne portera pas ce jour de beaux vêtements.
Depuis Rosh ‘Hodesh, on ne fera pas de lessive, sauf pour les jeunes enfants ou pour les personnes malades, si l’on n’a pas d’autres vêtements ou s’ils risquent d’être abîmés. On ne donnera pas non plus d’habits à nettoyer.
Pour les Sefaradim, la restriction de laver du linge n’intervient que pour la semaine qui précède le 9 Av, et donc pas cette année puisque le 9 Av est repoussé. .
On ne portera pas de vêtements impeccables, qui sortent du pressing. Soit on portera avant Rosh ‘Hodesh quelques vêtements durant une heure ou deux, le temps de les défraîchir. Soit on les étalera sur le carrelage ou le plancher pour leur donner un air de « déjà mis » avant Rosh ‘Hodesh. Ils pourront alors être portés, selon les besoins, jusqu’à la fin de Tish’a BeAv, jusqu’au lendemain du 9 Av. Cette année, ce sera jusqu’à la nuit, veille du 11 Av.
Depuis le 17 Tamouz on ne se rase pas, ni on ne se coupe les cheveux. Pour les Sefaradim, ces interdits n’ont cours que depuis Rosh ‘Hodesh. Cette année on pourra se raser et se couper les cheveux dès la nuit après la fin du jeûne. Bien entendu on ne se mariera pas jusqu’au 11 Av.
Le jour du 9 Av (qu’on se le rappelle, cette année ce sera le 10 Av) on se comportera comme un jour de deuil à par entière. On devra en outre jeûner –ni boire, ni manger- depuis le le samedi 21 juillet 2018 dès 21h43 à Paris jusqu’au dimanche 22 juillet à 22h31 à Paris. Seules les personnes présentant des exigences médicales avérées pourront boire et manger ce jour-là. Il est par ailleurs absolument interdit de mettre sa vie en danger.
Ce jour-là on ne portera pas de chaussures de cuir. On n’aura aucune relation conjugale. On se réunira à la synagogue pour prier et lire les Kinoth – lamentations, sur la destruction des deux Beth Hamikdash – Temples.
On s’assiéra sur des sièges bas. On ne manifestera aucune joie, au point que toute légèreté ou distraction seraient déplacées. Au contraire, on gagnera à se remémorer et à détailler les épreuves et souffrances infligées au Peuple Juif depuis son existence. On réfléchira sur leur raison d’être et sur les enseignements qui en découlent.
Les hommes ne mettront ni le Talith, ni les Tefilines lors de la prière du matin, mais seulement à Min’ha. Le Talith et spécialement les Tefilines sont aussi des ornements de splendeur prestigieux qui nous relient à Hashem. Les porter nous réjouit et nous honore. En s’abstenant de s’en vêtir et de les porter à la prière du matin, nous marquons notre retrait par rapport à la joie qu’ils procurent, qui n’est pas alors de mise.
Il nous reste à prier pour que Mashia’h vienne cette année et que le 9 Av, qui a été repoussé au 10 Av, se transforme en un très grand jour de fête ! Et si nous ne devions pas encore être en mesure de l’accueillir, qu’il nous soit donné qu’en vivant ce jour -le plus triste de notre calendrier- comme cela est attendu de nous, nous hâtions sa venue. Que nous puissions tous l’accueillir prochainement et de nos jours, Amen !
Merci de transmettre largement ce message tout autour de vous.