Le “Mot du Jour” 9 Nissan 5779 – 14 avril 2019

 Chers Amis,

À l’occasion de Pessa’h et de la sortie d’Égypte, voici quelques points développés dans le passé, complétés et actualisés. Nous vous invitons également à découvrir un précédent texte daté du 27 Adar 2. 5779 – 03 avril 2019 qui n’a pas été adressé par mail et qui se trouve dans l’onglet « Mot du Jour » sur notre site à l’adresse : https://dvartorah.org/content/21-mot-du-jour Il s’agit d’une traduction d’un texte de Rav DESSLER zatsal sur le thème de Pessa’h et de la sortie d’Égypte. Avec l’espoir que vous en retirerez un vif intérêt et le plus grand profit. Recevez d’ores-et-déjà tous nos vœux de Pessa’h Kasher VeSaméa’h !

1. Quelques réflexions et dispositions pour réussir son Pessa’h

La Torah est avant tout humaine, en ce sens qu’elle veille au bien être des hommes, en aucun cas à leur accablement ni à leur contrition. Bien au contraire, la Torah procure énormément de force, de joie, d’enthousiasme, de raison d’être pour chaque Juif qui vit pleinement et authentiquement selon la Torah. Ce n’est évidemment pas un slogan et cela se vérifie aisément et souvent, en fonction de notre perception de la proximité d’Hashem. 

À Pessa’h, il nous est demandé de nous débarrasser de tout levain et de tout produit fermenté à base des 5 céréales : blé, orge, avoine, seigle, épeautre. C’est-à-dire de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour le rechercher et l’éliminer. Depuis les miettes de pain enfouies là ou ailleurs, jusqu’aux traces de nourriture collée aux parois des marmites. Cela exige de gros efforts. Le but n’est pas de nous fatiguer physiquement, mais uniquement d’être en conformité avec ce que la Torah nous demande. Surtout ne pas confondre avec le « grand nettoyage de printemps », non surtout pas !

De fait, en recherchant et en éliminant le ‘Hamets -le levain et tout produit fermenté- nous nous identifions un tout petit peu avec l’asservissement qu’ont subi nos ancêtres en Égypte. Le levain rappelle le timing très court entre la célébration de Pessa’h -le sacrifice de l’agneau et sa consommation durant cette nuit de la 10ème plaie où tous les premiers-nés des Égyptiens périrent- et le départ de l’Égypte. Le pain n’eut pas le temps de lever. Les Hébreux durent l’emporter tel quel. C’est pour nous le rappeler et nous le faire revivre que la Torah proscrit tout levain durant les huit jours de Pessa’h (en fait 7 jours, auxquels s’ajoute 1 jour de plus pour ceux qui résident hors d’Eretz Israël).

En nous attachant scrupuleusement à réaliser ce que la Torah nous demande, nous accomplissons un immense travail sur nous-mêmes. Il consiste à nous plier et à nous soumettre à la volonté supérieure, édictée par la Torah et codifiée par nos Sages. Cette soumission brise le Yetser Hara, le mauvais penchant, qui nous attire ailleurs, nous dit de ne pas faire et trouve une multitude de prétextes pour se justifier. Lorsque l’on réalise pleinement l’engagement pris au Mont Sinaï : « Naassé VeNishma = nous ferons et il nous sera alors donné de comprendre », tout s’éclaire et aucun autre choix ne peut plus être envisagé.

En réalisant tout ce qu’il faut faire pour vivre vraiment Pessa’h, je lutte, je me surpasse et j’accède à une libération d’un emprisonnement mental qui me donnait l’illusion d’être heureux. Car c’est uniquement en servant Hashem que je peux accéder à la liberté. Une liberté qui ouvre et donne de l’énergie, de la joie, de l’enthousiasme, de l’envie de n’apporter tout autour de soi que du bien, expression d’un cadeau d’Hashem de chaque instant.

Alors oui, il faut évacuer toute trace de ‘Hamets et sortir aussi le ‘Hamets qui est en nous, personnifié par le Yétser Hara. Et par ailleurs il faut vivre le Séder de Pessa’h dans tous ses détails avec une constance : redonner vie mentalement et par le récit au vécu de nos ancêtres en Égypte en relatant l’histoire, les miracles et la sollicitude permanente d’Hashem envers nos ancêtres et donc envers nous. Car sans cette sollicitude envers nos ancêtres, nous serions encore esclaves de Pharaon en Égypte.

Vivre le Séder c’est, certes, tout préparer à l’avance. Mais c’est aussi un impérieux devoir d’être assez en forme et reposé pour en suivre le déroulement, raconter toutes les étapes et nous identifier comme si nous-mêmes sommes réellement les acteurs de la sortie d’Égypte, sous la direction de Moshé Rabbénou – Moïse. Cela veut dire qu’il faut prendre toutes les dispositions pour se reposer avant et être prêts à temps pour que nos enfants et nous-mêmes ne soyons pas épuisés par l’heure tardive et le manque de sommeil. Sinon, leur Séder et le nôtre n’auront pas du tout la portée unique qu’il doit revêtir. C’est un moment de transmission capital et fondateur qui relie chaque Juif à ses ancêtres, à son patrimoine et à Hashem Qui veille sur chacun d’entre nous. 

La Torah veut que l’on vive, pas que l’on soit épuisés, morts de fatigue. À nous de prendre les dispositions pour cela. C’est en réussissant que nous pourrons réellement accéder à la liberté que la Torah nous promet.

Cela implique de se libérer de tout travail extérieur à la maison, si possible bien avant le vendredi qui précède Pessa’h pour se préparer à vivre Pessa’h. Des contraintes existent. Elles sont quelquefois impérieuses. Hormis pour des questions de vie ou de mort, pour lesquelles nous n’avons pas le choix. Il faut néanmoins tout faire pour se libérer à tout prix. Il serait trop bête de gâcher une si grande opportunité : vivre Pessa’h comme Hashem le souhaite, pour chacun d’entre nous ! 

2. Dates, horaires et indications avant de célébrer Pessa’h 5779 – 2019 :

Bdikat ‘Hamets et Bi’our ‘Hamets 

La veille, le jeudi 18 avril 2019 à la nuit, il est demandé de vérifier qu’il n’y ait pas de ‘Hamets « incontrôlé » dans nos demeures et dépendances. Chaque chef de famille aura donc à cœur de le rechercher et de vérifier qu’il ne s’en trouve en aucun lieu hors des endroits où il a été spécialement regroupé avant de l’éliminer, ou qu’il ait été vendu à un non juif par l’intermédiaire d’un Rabbin. Le ‘Hamets vendu ne nous appartiendra pas durant toute la fête de Pessa’h. Ce n’est que lorsque le Rabbin l’aura racheté du non juif après Pessa’h que l’on pourra en recouvrer la propriété et en jouir. La recherche du ‘Hamets se fait traditionnellement avec une bougie (soyez extrêmement prudents pour qu’il n’y ait pas d’incendie), une petite pelle et une plume d’oiseau. Mais on pourra aussi le faire à l’aide d’une lampe de poche et d’une balayette. Tous les membres de la famille s’associent à cette recherche. Les morceaux trouvés seront soigneusement mis dans un sac pour être brûlés. Le lendemain matin, le vendredi 19 avril, veille de Pessa’h, on éliminera tout le ‘Hamets, dont les restes du petit déjeuner. Soit on le brûlera, soit on le déposera dans un lieu autorisé. L’heure limite de consommation de ‘Hamets est 11h01 à Paris. L’heure limite pour l’élimination du ‘Hamets est 12:25 à Paris. 

Jeûne des premiers-nés

Chaque premier-né depuis l’âge de la Bar Mitzva est tenu de jeûner la veille de Pessa’h, en signe de gratitude du miracle par lequel tous les premiers-nés juifs ont été épargnés lors de la dixième plaie d’Egypte. Il est de tradition de participer à la conclusion de l’étude d’un traité du Talmud. Celle-ci se termine par une Seoudat Mitzva, un repas, un petit déjeuner ou une collation, qui permet de consommer le dernier ‘Hamets et dispense de jeûner ce jour là.

Les dates et horaires de la fête de Pessa’h

Le 1er soir de Pessa’h commence dès la nuit tombée du vendredi 19 avril (à Paris à 20h29, et le Séder peut débuter dès 21h30), jusqu’au lendemain 20 avril (à Paris à 21h41).

Le 2ème soir de Pessa’h n’est pas célébré en Eretz Israël, mais seulement en ‘Houts LaAretz. Il commence en même temps que finit le 1er soir, et il dure jusqu’au lendemain 21avril à 21h43.

Juste avant le début du 7ème jour on fera Érouv Tavshilin, en réservant un œuf dur et une Matza, par exemple, pour nous permettre de cuisiner durant Yom Tov -le jour de fête- pour Shabbath.

Le 7ème jour commence le jeudi soir 25 avril (à 20h38 à Paris) et dure jusqu’au lendemain 26 avril à l’entrée du Shabbath (à 20h39 à Paris).

Commence alors le 8ème  jour jusqu’au lendemain 27 avril (à 21h53 à Paris). Avant cette heure-là il ne sera pas permis de consommer du ‘Hamets. Il est aussi hautement conseillé de d’abord ranger toute la vaisselle de Pessa’h avant de consommer le moindre ‘Hamets, pour qu’elle demeure parfaitement Kasher pour Pessa’h l’an prochain.

3. Vivre Pessa’h, c’est aussi raconter la Sortie d’Egypte. Ici en quelques mots.

L’exil d’Égypte dura 210 ans.

L’un des premiers actes déclenchant est la vente de Yossef par ses frères. Il fut suivi de la descente de toute la famille de Yaakov en Égypte, le séjour au pays de Goshen, le début de l’asservissement, les travaux forcés, la mise à mort des nouveaux nés mâles, le rôle de Miriam, puis les interventions de Moshé et Aharon auprès de Pharaon, les 10 plaies et les miracles, jusqu’à la sortie d’Egypte, la poursuite des armées de Pharaon, le passage de la Mer Rouge, la noyade des Égyptiens, le sauvetage des Hébreux, la guerre d’Amalek, la Manne, le Don de la Torah au Mont Sinaï, les pérégrinations dans le désert…

L’asservissement des Hébreux par les Égyptiens commença dès que tous les fils du Patriarche Yaakov furent morts.

L’esclavage se fit d’abord en douceur, de façon pernicieuse et perverse. Il devint ensuite et progressivement extrêmement pénible, harassant et douloureux. Tous les bébés mâles étaient jetés au Nil, les tâches des hommes étaient imposées aux femmes et inversement, les maris étaient séparés de leurs épouses, etc …

Les Hébreux se trouvaient entièrement à la merci de Pharaon et, de fait, de tout Égyptien, qui pouvait en disposer à sa guise. Puis, l’emprise Égyptienne sur les Hébreux commença à diminuer et à s’estomper au fur à mesure que les 10 plaies s’abattaient sur l’Égypte et seulement sur les Égyptiens.

Citons-les dans l’ordre : 

1. Dam : toutes les eaux -le Nil, les puits, etc…- se transformèrent en sang.

2. Tzfardéa : les grenouilles pullulèrent partout jusque dans les entrailles.

3. Kinim : la poussière de la terre devint vermine.

4. Arov : l’invasion des bêtes sauvages tua hommes et bêtes

5. Déver : la peste atteint tous les animaux.

6. She’Hin : les ulcères touchèrent les hommes et leurs animaux.

7. Barad : la grêle détruisit les récoltes et tua hommes et animaux.

8. Arbéh : les sauterelles mangèrent toute la végétation restante.

9. ‘Hoshekh : les ténèbres obscurcirent tout, et interdirent tout mouvement durant 3 jours et 3 nuits.

10. Makath Bekhoroth : tous les premiers-nés des hommes et des animaux périrent.

La relation maîtres-esclaves se brouillait pour devenir de plus en plus floue.

Les Égyptiens prenaient conscience que les Hébreux avaient un protecteur -Hashem-. Moshé et Aharon en étaient les fidèles serviteurs.

Parallèlement, les Hébreux réalisaient que les Égyptiens cessaient de les maltraiter.

Aussi se dégageaient-ils lentement, très lentement et timidement -tant ils étaient traumatisés- du sentiment de soumission, d’écrasement et de dépendance envers les Égyptiens.

Peu à peu ils prenaient aussi conscience qu’ils étaient l’objet d’une très grande sollicitude qui les préparait à sortir d’Egypte la tête haute. 

Le Shabbath qui précède Pessa’h est appelé Shabbath HaGadol, le Grand Shabbath. Ce jour-là, en Egypte, chaque foyer juif devait attacher au pied d’un lit un agneau. Cet ordre d’Hashem fut transmis par Moshé. L’agneau devait être sacrifié quelques jours plus tard, la veille de la sortie d’Egypte, soit le 14 Nissan au soir. Ce Shabbath, Parashah Metzora, 13 avril 2019, était donc Shabbath HaGadol.

Traditionnellement dans toutes les synagogues le Rabbin y fait un discours solennel, très attendu, en relation avec la fête de Pessa’h, pour que chacun s’y prépare le mieux possible. Pourquoi ? Parce que c’est une Mitzva pour chaque juif de revivre l’esclavage et la sortie d’Egypte -autant que nous pouvons l’imaginer- comme l’ont vécue nos ancêtres il y a maintenant 3331 ans. À l’exception toutefois de l’offrande de l’agneau pascal, qui exige la reconstruction du Beith Hamikdash, du Temple à Jérusalem, pour y être consacré.

Le 10 Nissan chaque foyer possédait son agneau destiné à être sacrifié, au su et au vu de tous les Égyptiens, les défiant et les révoltant à l’extrême, car l’agneau était l’une de leurs divinités. Les Hébreux devaient-ils craindre des représailles de leurs anciens tortionnaires ? Hashem avait promis de les protéger. Et effectivement un très grand miracle eut lieu ce jour-là puisqu’aucun Égyptien ne put lever la main sur un Hébreu !

Les premiers-nés Égyptiens avaient appris le sort que leur réservait la dixième plaie, celle de la mort des premiers-nés. Ils exigèrent alors de Pharaon qu’il laisse partir les Beneï Israël d’Égypte. Pharaon refusa. Les premiers-nés Égyptiens déclenchèrent alors une véritable guerre civile, uniquement parmi les Égyptiens. Au cours des 9 plaies précédentes, Pharaon avait résisté et s’était opposé au départ des Hébreux. Il finit par venir en pleine nuit supplier Moshé Rabbénou – Moïse, de partir immédiatement avec tout le peuple, durant 3 jours, pour qu’ils offrent leurs sacrifices à Hashem.

C’était au cours de la nuit de la plaie de la mort des premiers-nés. Elle coïncidait avec la nuit du Séder, où tous les foyers des Hébreux consommaient le Korbane Pessa’h, le sacrifice-offrande de l’agneau pascal. Ils avaient auparavant badigeonné l’encadrement de leur porte avec le sang de l’agneau. C’était le signe qui protégeait et distinguait les maisons juives de celles des Égyptiens. Les Beneï Israël ne partirent qu’au grand jour, et non pas en pleine nuit à l’insu de tous. Et seulement lorsqu’ils reçurent or, argent, bijoux et parures des Égyptiens qui les pressaient de partir. Quant à Moïse, il réussit encore à faire remonter les ossements de Yossef du fond du Nil et les emporter pour les enterrer en Eretz Israël, conformément à l’engagement pris envers Yossef avant sa mort.

L’heure du départ avait sonné, la pâte n’eut pas le temps de lever. C’est pour perpétuer le souvenir de ce moment si crucial et dramatique que tous les Juifs mangent depuis lors des Matzoth –pain azyme- durant les 8 jours de la fête de Pessa’h -soit 1 jour de plus que pour ceux qui résident en Eretz Israël- à la place du pain levé.

Il fallait faire vite et sortir d’Egypte sans attendre. Est-ce parce que Pharaon avait tant de fois récusé sa parole qu’il ne fallait pas qu’il ait le temps de se ressaisir et de réitérer ? Non, car il obéissait dorénavant strictement aux injonctions d’Hashem ! Les Beneï Israël devaient impérativement partir au plus vite car ils risquaient de se souiller davantage, au point de ne plus pouvoir être libérés. Ils se trouvaient déjà au 49ème degré d’impureté. Or s’ils atteignaient le 50ème degré d’impureté ils n’auraient plus été en mesure de quitter l’Égypte, à D.ieu ne plaise.

Au bout de 4 jours, alors qu’il escomptait voir les Beneï Israël de retour, Pharaon regretta de les avoir laissés partir. Il réunit une immense armée -600 chars d’élite, plus tous les chars d’Égypte, avec de 300 à 1200 fois plus d’hommes de guerre (selon les avis) qu’il n’y avait d’hommes parmi les Hébreux- pour poursuivre le Peuple et le ramener en Égypte.

Les Hébreux avançaient, protégés et guidés : le jour par une nuée et la nuit par une colonne de feu. Les Égyptiens les rejoignirent au 6ème jour. Mais la nuée faisait écran et protégeait les Hébreux des flèches, javelots et autres catapultes que les Égyptiens dirigeaient contre eux pour les soumettre et les contraindre à revenir en Égypte. C’est dans ce climat de marche forcée, dans la frayeur et l’angoisse, qu’ils parvinrent jusqu’à la mer. Elle s’étendait devant eux, et derrière eux se pressait l’armée de Pharaon. Les Hébreux se trouvaient acculés, comme pris au piège.

Sur l’ordre d’Hashem, Moïse étendit son bras sur la mer. Na’hshon ben Aminadav avança dans la mer jusqu’à ce que l’eau lui arrive jusqu’au nez. La mer s’ouvrit alors tout d’un coup, offrant 12 passages, un pour chacune des 12 tribus. Un vent violent souffla toute la nuit et assécha le fond de la mer. Tous les Beneï Israël purent ainsi traverser à pied sec. Bien d’autres miracles survinrent pour apaiser les Hébreux, les abreuver et les réconforter.

Les Égyptiens les poursuivaient toujours, empruntant le même chemin que les Hébreux. Mais une fois que ceux-ci étaient tous parvenus sur la rive, les eaux de la mer se sont soudain rabattues et écroulées sur l’armée de Pharaon qui périt, engloutie par les flots.

Alors les Hébreux se mirent à chanter des louanges à Hashem pour les avoir sauvés. Myriam, la sœur de Moshé – Moïse, sortit avec des tambourins, suivie des femmes, danser à la gloire d’Hashem. Les corps sans vie des Égyptiens jonchaient la rive. Ils étaient parés de bijoux d’or et de pierres précieuses. Les Hébreux s’en emparèrent. La promesse faite au Patriarche Abraham 430 ans plus tôt que ses descendants repartiraient avec de grandes richesses était pleinement réalisée. Mais le plus grand trésor qu’ils découvrirent fut de comprendre que tout ce qui venait de se dérouler était l’œuvre d’Hashem, en qui ils se sont mis à croire d’une foi complète. Ils perçurent aussi que Moshé Rabbénou et Aharon n’étaient pas mus par des motifs personnels, mais ne faisaient que suivre les directives d’Hashem. À partir de là le Peuple d’Israël pouvait se construire. Il se dirigeait peu après vers le Mont Sinaï pour y recevoir la Torah.

Lors des deux Sedarim (pluriel de Séder) -seuls les résidents d’Eretz Israël n’en célèbrent qu’un- nous avons tous la Mitzvah de raconter la sortie d’Egypte. Plus nous parviendrons à détailler chacun des points -des plus essentiels aux plus communs- et plus nous revivrons, ressentirons et nous identifierons à ce qu’ont vécu nos ancêtres. Depuis les préliminaires de la descente en Égypte, l’esclavage, les tourments, les 10 plaies qui n’ont affecté que les Égyptiens et non les Hébreux, jusqu’à la sortie d’Égypte proprement dite.

Le récit se construit de façon à toucher tous les participants au Séder. Le chef de famille adaptera son discours selon le degré de connaissance et de compréhension de son auditoire. C’est le moment de transmission par excellence. Il y a des enfants qui savent et réfléchissent. D’autres ont besoin d’être aidés. Tous apprécient d’être valorisés. D’ailleurs tout doit être fait pour les captiver le plus possible et les garder éveillés pour qu’ils profitent de ce temps si privilégié, et cela, autant que faire se peut. Nous avons par exemple l’habitude de cacher l’Afikomane -le plus grand morceau de la 2ème Matza du plateau du Séder- pour que, le moment venu, les enfants se mettent à le chercher. Celui qui le trouvera aura alors le droit de demander un cadeau en échange. Or ce morceau de Matza doit impérativement être consommé à la fin du repas du Séder. Il est donc tout à fait nécessaire ! D’où la « position de force » de celui qui l’aura trouvé pour demander un cadeau de choix en échange… Les autres enfants ne seront évidemment pas oubliés pour autant… 

4. Le rituel le soir du Séder.

Le plateau du Séder est constitué de :

. 3 Matzoth, chacune représentant respectivement le Kohen, le Lévi, et enfin Israël.

. le Zroa, une côte d’agneau ou une aile de poulet, représente le Korban Pessa’h, l’agneau pascal. Zroa = bras, rappelle le bras étendu de D.ieu qui nous a délivrés.

. Karpass, légume (pomme de terre, radis, céleri…) pour nous acquitter de la bénédiction sur les produits de la terre, incluant le Maror, et aussi pour intriguer les enfants.

. Maror, des herbes amères, laitue ou raifort, évoquant l’amertume et la dureté de l’esclavage. On le trempera dans le ‘Harosseth, mais on le secouera ensuite.

. ‘Harosseth, dont la consistance évoque le mortier et rappelle les briques que les Hébreux devaient fabriquer durant l’esclavage, c’est une pâte qui peut être faite d’amandes, de figues, de grenades, de pommes, de vin rouge…

. Meï Méla’h, une coupe d’eau salée, représentant les larmes de souffrance versées par les Hébreux durant l’esclavage. On y trempe le Karpass avant d’en manger.

. Beitza, l’œuf dur grillé, qui rappelle le Korban ‘Haguiga -offrande des jours de fêtes- de même que le deuil du Temple de Jérusalem.

Les 4 coupes de vin -ou jus de raisin, ou encore un mélange des deux pour ceux qui ne supporteraient pas le vin pur- sont bues durant le Séder. Chaque coupe doit contenir au moins 8,6 cl. Il faut boire au-moins la majorité de chaque coupe en étant accoudé sur le côté gauche, en signe de libération. La 1ère coupe sera bue lors du Kiddoush, la 2ème sera bue après le récit de la sortie d’Égypte, la 3ème après le Birkath Hamazone, prière (actions de grâce) après le repas, et la 4ème après la prière du Hallel – louanges à Hashem.  

Chronologie du Séder et quelques précisions plus que succinctes :

Kaddesh = Kiddoush, sanctification sur le vin.

Netilath Yadayim = ablution des mains.

Karpass, en consommer moins de 30 gr. en le trempant dans l’eau salée après avoir fait la bénédiction sur le fruit de la terre. Tous les convives font de même.

Ya’hats = partage. On prend la Matza du milieu que l’on partage en deux, dont une plus grande que l’autre. La plus grande est appelée Afikomane et sera cachée par le chef du foyer.

Maguid = on enlève l’os et l’œuf, on découvre les Matzoth et on soulève le plat des 3 Matzoth en disant « Voici le pain de misère que nos Pères ont mangé en Égypte. Quiconque a faim, vienne et mange ! Quiconque est dans le besoin, vienne et célèbre Pessa’h avec nous ! Cette année nous sommes ici, que l’an prochain nous soyons en Eretz Israël, cette année nous sommes esclaves, que l’an prochain nous soyons des hommes libres ! ».

Puis vient le célèbre MaNishtana = le questionnement sur ce qui différencie ce soir-ci des autres soirs, qui est généralement dit par le plus jeune enfant de la famille en mesure de le réciter.

La suite de la Haggada porte sur :

. le récit de l’esclavage en Égypte,

. l’enseignement de nos Maîtres de la Guemara.

. les 4 types d’enfants : le Sage, le Méchant, le Naïf et celui qui Ne Sait pas questionner, et comment il convient de leur parler, leur répondre, ou susciter leur intérêt. C’est aussi une très grande leçon de pédagogie.

. le récit de l’esclavage

. les 10 plaies et comment s’en rappeler.

. les opinions de Rabbi Yossi HaGuelili, Rabbi Eliézer et Rabbi Akiva

. les 15 degrés d’hommage à Hashem.

. l’évocation de la célébration de Pessa’h, de la Matza et du Maror, ces trois termes qui doivent absolument être dits et explicités à Pessa’h.

. les louanges à Hashem,

. puis la bénédiction sur le vin -ou jus de raisin- de la 2ème coupe, dont il faut boire plus de la majorité de la coupe -qui doit contenir au-moins 8,6 cl.- en étant accoudé sur le côté gauche.

. puis Ra’hats = Netilath Yadayim = ablution des mains.

. puis Motsi-Matza le chef de famille prend les 3 Matzoth du plateau du Séder, il dit la bénédiction Hamotsi, puis repose la Matza du dessous et mange 30 gr. des 2 premières -après les avoir trempé dans le sel- en s’accoudant sur le côté gauche. Tous les convives font de même, dès que le chef de famille leur en donne une part accompagnée d’un autre morceau de Matza pour atteindre au-moins 30 gr.

. puis le Maror, au moins 30 gr, qu’il trempe à peine dans le ‘Harosseth, le secoue et le mange sans s’accouder. Tous les convives font de même.

. puis Korekh, deux morceaux d’au-moins 30 gr de la Matza du dessous restée entière insèrent du Maror en sandwich, le tout est mangé en étant accoudé sur le côté gauche en signe de liberté, en souvenir du Temple, à l’instar de Hillel. Tous les convives font de même.

. puis l’on mange le repas.

. puis l’on mange l’Afikomane avant ‘Hatsoth, le milieu de la nuit (à Paris à 01h51).

. puis le Birkath Hamazone, la prière de remerciement à la fin du repas.

. puis on boit la 3ème coupe en étant accoudé sur le côté gauche.

. puis on ouvre la porte d’entrée et on appelle au courroux d’Hashem envers ceux qui Le blasphèment. Cette nuit (Leïl Shimourim) nous sommes tous sous Sa protection, comme ce fut le cas la nuit du Séder en Égypte. On se souvient que l’encadrement des portes des maisons juives avait été badigeonné du sang de l’agneau pascal…

. puis récitation du Hallel en entier, les louanges à Hashem, puis la prière de Nishmath Kol ‘Haï et encore d’autres chants de louanges, jusqu’à la proclamation « l’an prochain à Jérusalem » reprise en chœur.

. puis la bénédiction précédant la consommation du vin de la 4ème coupe, puis la bénédiction finale sur le vin.

. puis le 2ème soir, pour le 2ème Séder, on ajoutera ici la prière du décompte du ‘Omer.

. puis on terminera par les chants « E’had MiYodéa – Un qui connaît ? » et « ‘Had Gadiya – Un agneau que mon père avait acheté… ».

. Certains ajoutent encore la lecture de Shir HaSirim, le Cantique des Cantiques.

Il faut tout de même aller dormir quelques heures pour se lever pour la prière de Sha’harith de Pessa’h…

Un tel programme exige, nous le répétons, que tous aillent faire une sérieuse sieste l’après-midi, veille du Séder, pour éviter de sommeiller à table. C’est une mesure salutaire qui ne devrait souffrir aucune dérogation. Le Séder est un moment historique qui nous ressource, nous relie à notre héritage, et il ne faudrait surtout pas le gâcher. 

Le sujet a été à peine effleuré et survolé. De très nombreux points n’ont pu être abordés ici, tels que la Kashérisation de la vaisselle (comment la rendre Kasher pour Pessa’h), de la cuisine et des appareils de cuisson, la Matza Shmoura – qui fait l’objet d’une surveillance particulière et sa raison d’être, ‘Hol Hamoed – les demi-fêtes, les Kitniyoth – légumineuses, telles que fève, maïs, haricot, qui sont permis aux Sefaradim et interdits aux Ashkenazim, la signification spirituelle du ‘Hamets, le ‘Hamets trouvé durant Pessa’h, etc… Il est des situations peut-être plus complexes où l’on est tenu de s’adresser à son Rabbin. Il saura dire ce que la Torah et nos Sages enseignent, de même que le sens de tous les points qui viennent d’être cités et que nous n’avons pu développer.

Surtout que personne ne soit gêné de l’interroger. « Ein HaBaïshane Lomed –le timide, celui qui a honte, n’apprend pas ». Et plus on apprend, plus on intègre notre héritage, plus on prend conscience du trésor infini et incomparable qu’est la Torah. Chemin faisant, on perçoit combien Hashem aime Son Peuple pour nous l’avoir donnée. 

Nous rappelons enfin que vous pouvez trouver en écoute libre en bas de la page d’accueil de notre site :  https://dvartorah.org/   3 cours sur Pessa’h.

Il nous reste à vous souhaiter un ‘Hag Pessa’h Kasher VeSaméa’h ! Une fête de Pessa’h Kasher et joyeuse ! Oui, une grande élévation spirituelle et beaucoup de joie !

Avec nos meilleures pensées.