בס »ד
La Paracha Tazria fait suite à la fin de la Paracha Chemini, qui traite des animaux « purs » ou « impurs », c’est-à-dire permis à la consommation ou interdits.
De plus la Torah dit là-bas : « Et par ceux-ci vous vous rendrez impurs, quiconque touche leur cadavre sera impur jusqu’au soir » (Vayikra 11, 24).
La Torah indique toutefois la possibilité de retrouver l’état de pureté en disant : « …cependant une source et un puit réserve d’eau sera « pur » (11, 36), c’est-à-dire : celui qui s’y trempera sera pur ».
La Torah conclut ces règles par ces mots : « Car Je suis Hachem votre Dieu, et vous vous sanctifierez, et vous serez Kedochim, car Je suis Kadoch … » (11, 44).
La Paracha Tazria fait suite à cette injonction d’être « Kedochim » et indique les modalités de la Kedoucha concernant l’être humain :
Le premier sujet évoqué dans cette Paracha est celui de l’impureté de la femme qui enfante (12, 1-8) et le processus qui lui permet de retrouver son état de pureté.
Au milieu de ce passage la Torah réitère la Mitsva de la Mila (la circoncision) du garçon qui a lieu le huitième jour à partir de sa naissance (12, 3). L’ensemble des lois relatives à la Brit Mila (Alliance de la circoncision) se trouve essentiellement à la fin de la Paracha Lekh Lekha (Beréchit 17, 9-14), lorsque Hachem dicte cette Mitsva à Avraham comme concrétisation de sa part de l’Alliance que Hachem lui octroie ainsi qu’à ses descendants.
Pour quelle raison ce verset vient-il ici au milieu des règles de pureté ?
Rav Zalman Sorotskin (Oznaïm LaTorah, Vayikra 12, 2) soulève cette question.
Il répond que tout comme il y a deux « signes de pureté » pour les animaux (que ce soit les ruminants ou les poissons), de même il y a deux « signes de pureté » pour « l’Homme élevé », membre de la « Nation de Cohanim et Peuple Kadoch », la Mila et la Tevila (immersion dans le Mikvé).
Nos ancêtres ne sont entrés dans l’Alliance avec Hachem lors de Matane Torah (Don de la Torah) qu’en accomplissant la Mila et la Tevila (Guemara Keritout 9a).
De même, un étranger qui veut s’attacher au Peuple Kadoch ne devient « Guèr » (prosélyte) que par la Mila et la Tevila. Toutefois, ceux qui sont nés de parents qui sont déjà entrés dans l’Alliance ont besoin que précède un « signe » (la Tevila) avant leur conception par leur mère, à savoir qu’elle respecte les lois de Nida (menstruation) et de Tevila.
A sa naissance dans la pureté, « le huitième jour sera circoncise la chair de son prépuce », l’enfant possèdera ainsi les deux signes de pureté qui fortifieront en lui les Midot (caractéristiques) élevées du Peuple juif.
C’est par ces deux « signes » que se distingue un fils d’Israël de tous les peuples de la Terre, et c’est pourquoi ces deux « signes » sont mentionnés ensemble.
Rav Sorotskin souligne que c’est le sens du verset de Chlomo HaMélekh : « Donne une part à 7 et aussi à 8 » (Kohélet, 11, 2). Nos ‘Hakhamim (Midrach Vayikra Rabah 14, 7) ont commenté ainsi ce verset : « 7 – ce sont les sept jours de Nida ; et 8 – correspond aux huit jours de la Mila. HaKadoch Baroukh Hou a dit : « Si tu gardes les jours de Nida, Je te donnerai un fils, et tu lui feras la Mila à huit jours ».
Rav Sorotskin renvoie encore à son enseignement (HaDéa Vehadibour, I, Chap. 18) où il développe la nécessité et le sens de ces deux « signes ». Il explique là-bas que la Mila manifeste que l’homme est prêt à donner son sang pour son Alliance avec Hachem, comme nos ancêtres l’ont fait au fil des siècles, lorsqu’ils étaient confrontés aux persécutions des nations.
Quant à la Tevila, elle vient brider les pulsions, et particulièrement la plus puissante d’entre elles, celle de la relation, comme lors de Matane Torah où Hachem prescrivit trois jours d’abstinence avant de Se manifester aux Bené Israël pour leur donner la Torah.
Ces deux « signes » constituent en réalité des engagements face aux deux sollicitations du Yetser Hara (le penchant pour le mal), l’une venant de l’extérieur par les contraintes des nations, l’autre provenant de « l’intérieur » de la personne.
Par Le fait de donner son sang dans la Mila, et même si l’enfant n’en n’est pas conscient, l’adulte qui accomplit la Mila de son enfant confirme son propre engagement, et le prépare à surmonter les incitations extérieures. La retenue face aux obligation de Nida fortifie l’homme face à ses désirs.
Une autre lecture du lien entre l’impureté de l’accouchement et la Mila nous est proposée par Rav Chimchon Raphaël Hirsch. Il explique que le nombre 6 représente la contrainte de la nature du fait qu’il se réfère aux 6 jours de la Création. Le 7 – qui est le nombre du Chabat est la libération de cette contrainte.
En accomplissant la Mila, l’homme accède à l’épanouissement de sa liberté pour accomplir sa destinée au « service » de Hachem. Par l’Alliance avec Hachem, le Juif donne tout son sens au Chabat. C’est pourquoi la Mitsva de Mila est fixée au huitième jour, qui le rend apte au Chabat, et si elle survient le Chabat, elle prédomine sur le Chabat, et est accomplie même Chabat.
Le huitième jour, l’enfant « nait » à une nouvelle dimension, comme une « octave » supérieure, succédant à la semaine dominée par la nature.
Le Maharal consacre de nombreux textes au nombre 8.
Dans Tiférèt Israël (Chap. 1) il explique que les nations appartiennent au monde de la nature, et sont pour cela au nombre de 70, car le monde de la nature a été créé en sept jours.
Le Peuple juif, unique, se situe au-dessus de la nature, et correspond au 8 qui est au-delà de la nature. C’est à ce titre que la Torah qui se situe au-delà de la nature leur est appropriée,
Le Maharal poursuit (Chap.2) en développant que chaque chose qui dépasse la nature et vient « réparer » les « manques » de la nature se situe au-delà du 7, et c’est la raison pour laquelle la Mitsva de la Mila est accomplie le 8ème jour.
Le Maharal cite ici le dialogue connu entre Rabbi Akiva et le romain Turnus Rufus. Celui-ci demande, avec une fausse candeur, quelles actions sont les plus belles, celles de HaKadoch Baroukh Hou, ou celles de l’Homme ?! (Il s’attend évidemment à l’aveu de son interlocuteur que les actions de Hachem sont bien sûr supérieures, ce qui lui permettrait d’attaquer la Mila !!…).
Contre son attente, Rabbi Akiva lui répond : « celles de l’Homme ! ».
Dans la suite de cet échange, le romain demande à Rabbi Akiva pourquoi l’enfant ne nait pas déjà circoncis, si tel est le choix préférentiel de Hachem ?!
Et Rabbi Akiva lui répond que si le fait naturel était parfait, il n’y aurait pas place à l’accomplissement.
Or Hachem veut que l’Homme s’accomplisse par les Mitsvot.
Le Maharal ajoute (Chap.6) que, contrairement aux idées des philosophes qui cherchent exclusivement le développement des « bonnes Midot » (les traits de caractère) dans les Mitsvot, nous devons savoir reconnaitre la supériorité de la Sagesse Divine, et ne pas croire que nous comprenons les raisons des Commandements Divins.
De même que les « savants » ne savent pas expliquer les phénomènes naturels, ainsi les décrets de Hachem échappent totalement à notre intellect.
Ces développements du Maharal ajoutent une profondeur à la compréhension des explications de Rav Chimchon Raphaël Hirsch sur la Mila le 8ème jour, et son rapport avec les règles de l’impureté de Nida et de l’accouchement.
Considérons dans le même sens le décompte du Omer qui nous mène de Pessa’h à Chavouot.
Le Ramban (Vayikra 23, 11-36) développe la notion de « Chabat » inhérente aux Moadim (les « rendez-vous » avec Hachem que sont nos « fêtes » …).
A l’aboutissement du passage dédié à ces « fêtes », le Ramban (23, 36) souligne le rapport entre le jour de « Chemini Atsérèt » (le huitième jour qui vient « couronner » la fête de Soucot) et Chavouot, qui complète Pessa’h.
Dans ce sens, les 7 semaines du Omer sont comme un « ‘Hol HaMoèd » (« demi-fête ») entre Pessa’h et Chavouot, correspondant au « Hol HaMoèd » au milieu de Soucot, chaque semaine du Omer constituant « un jour » de ce « Hol HaMoèd ».
Chavouot est ainsi le « huitième jour » qui complète Pessa’h comme « Chemini Atsérèt » complète Soucot.
Le Ramban souligne que c’est pour cela que les ‘Hakhamim appellent Chavouot « Atsérèt ». Ce « 8ème jour » est le jour où Hachem nous a donné la Torah.
Nous retrouvons donc dans ces explications du Ramban la résonnance aux paroles du Maharal qui situe la Torah et ses Mitsvot au niveau du nombre 8.
Tel est également le sens du développement de Rav Chimchon Raphaël Hirsch qui souligne la progression des « étapes » de fonctionnement du Monde, depuis le chiffre 6 qui caractérise la nature avec ses « contraintes » contraires à toute liberté de l’Homme, au chiffre 7 qui est la libération de l’Homme par le Chabat, puis enfin le don de la Torah et de la Mila qui nous conduit au niveau supérieur de lien avec Hachem.
Ces explications ne doivent pas rester pour nous des concepts « philosophiques » !!
La Torah nous dicte de respecter le Monde comme Création de Hachem, et ne pas l’endommager. Mais de là à diviniser la nature, comme la tendance actuelle, équivalente aux aberrations de l’idolâtrie antique, il y a un pas qu’un Juif digne de ce nom ne saurait franchir !
Nos ‘Hakhamim nous transmettent ici la clé de notre liberté d’action fondamentale, qui est la base de notre responsabilité face à Hachem. Telle est la grandeur de la Mission du Peuple d’Israël, dont le rôle est de représenter Hachem au sein d’un monde apparemment soumis à la nature et à ses lois. Telle est l’opposition entre l’approche de la vie de la Torah et les conceptions déterministes qui aboutissent à « diviniser » la nature et à privilégier la préservation de l’environnement (écologie …) sur l’Homme.
Revenons, à l’aide de la lecture de nos Parachiot hebdomadaires, à une approche juive authentique de la vie.
שבת שלום !
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Rav Eliezer RISSMAK Yechiva OHALE YAACOV
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