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La Paracha Terouma est dédiée à la construction du Michkan (le Tabernacle), qui est le lieu de “Résidence” de Hachem parmi nous. Au-delà de la confection des parois et tentures qui constituent le Michkan, Hachem nous a ordonné de confectionner le “Mobilier” qui en est l’essentiel.
Au plus profond du Michkan, dans le Kodech HaKodachim, se trouve le Aron HaKodech qui contient les Lou’hot (les “Tables”) dans lesquelles sont gravés les Asséret HaDibrot (les Dix Commandements) qui concentrent l’ensemble des 613 Mitsvot de la Torah.
Devant la Parokhèt (le Rideau) qui sépare le Kodech HaKodachim du Hekhal (le Sanctuaire), sont disposés :
– Le Choul’han (la Table) sur lequel chaque Chabat les Cohanim disposent les Pains d’offrande qui seront retirés le Chabat suivant pour être remplacés par les nouveaux Pains ; ceux du Chabat précédent sont distribués aux Cohanim.
– La Menorah (le Candélabre) garnie de sept coupelles dans lesquelles on allume des lumières chaque soir, qui sont destinées à brûler toute la nuit.
– Le Mizbéa’h (l’Autel) en or sur lequel on consume matin et soir une l’offrande d’une composition d’encens.
Ces trois éléments du Hekhal représentent diverses facettes de notre lien avec Hachem, et de l’épanouissement que Hachem nous octroie, collectivement et individuellement.
Dans ce Dvar Torah, nous nous concentrerons sur la Menorah.
La Menorah est particulière du fait de son rôle qui semblerait familier, destiné à éclairer, mais en réalité sa fonction est à l’opposé de la conception habituelle.
Un “luminaire” sert généralement à amener la lumière à l’endroit où il est déposé.
Or la Menorah est placée dans le Hekhal, qui, dans le Beth Hamikdach (le Temple) érigé par le Roi Chlomo, était muni de fenêtres étroites du côté intérieur et larges à l’extérieur, au contraire des fenêtres des bâtiments d’habitation.
Ainsi, au lieu d’amener la lumière de l’extérieur dans le Hekhal, les fenêtres avaient comme but de propager la “lumière” du Beth HaMikdach dans le Monde (Midrach Rabah Bamidbar, 15,1).
Rachi (Chemot 25,31) souligne le terme surprenant que le verset emploie relativement à la Menorah : “téassé” (elle sera faite) : la Menorah sera faite “d’elle-même” !
Dans Bamidbar (8,4) le verset dit : “…et voici la confection de la Menorah, un bloc d’or … selon la vision que Hachem avait montrée à Moché, ainsi il fit la Menorah”.
Le Midrach (Bamidbar Rabah, 15,3) explique que Moché Rabénou avait une difficulté particulière relativement à la fabrication de la Menorah. Hachem lui montra “du doigt”.
Finalement, Hachem lui ordonna de jeter le bloc d’or dans le feu ; et la Menorah se fit d’elle-même.
Le Midrach remarque l’absence du sujet “Moché” dans ce verset et explique que le véritable sujet de cette phrase, c’est Hachem.
C’est Hachem qui fit la Menorah !
Rav Its’hak Zeev Yadler (Tiférèt Tsion) explique ce Midrach ainsi : la Menorah est destinée à amener la Berakha sur les Nechamot (les âmes) des Bené Israël. Les Nechamot étant par essence spirituelles, seul un “canal” de dimension spirituelle peut convenir. C’est pourquoi la Menorah devait être intégralement l’œuvre de Hachem.
Pour quelle raison y a-t-il alors une “Mitsva” de confectionner la Menorah, si de toute façon, l’Homme n’a pas la capacité de l’accomplir ?!
Le Maharal (Gour Arié, Chemot 25,31) répond qu’il était nécessaire que Moché fasse une action (de jeter le bloc d’or dans le feu), car Hachem a ordonné aux Bené Israël de faire la Menorah, et non qu’elle soit intégralement l’œuvre de Hachem.
Ce n’est qu’après que Moché Rabénou a “vu” la Menorah et a entrepris sa confection, que Hachem complète alors son effort.
Le Maharal généralise cette notion, et dit que toutes les interventions Divines sont ainsi, nécessitant l’effort de l’Homme jusqu’à la limite de ses capacités, et alors seulement vient l’intervention de Hachem.
Ainsi en fut-il de l’ouverture de la Mer, qui n’eut lieu qu’après que Moché Rabénou ait levé son bâton ; et pareillement tous les Nissim (Miracles) en Egypte.
Le Sfat Emet (année 5631) développe cette idée que chaque Mitsva de chaque Juif est ainsi, car il est évidemment impossible à l’Homme d’accomplir réellement la Volonté de Hachem.
Après que l’Homme soit allé jusqu’au bout de ses possibilités, Hachem complète son effort. C’est cela qui mérite le titre d’action humaine.
Le Sfat Emet rapporte à ce sujet l’explication de son grand-père, le ‘Hidouché Harim sur la Guemara (Meguila 6b) : “J’ai fait des efforts, et j’ai “trouvé”… Il aurait semblé plus juste de dire : “et j’ai abouti” !
Mais c’est parce que toute réalisation spirituelle, bien qu’elle dépende intégralement de l’intervention de Hachem, ne peut venir qu’après les efforts de l’homme.
Pourquoi cette notion est-elle particulièrement attachée à la Menorah, plus qu’à toute autre Mitsva ?!
Rabénou Be’hayé (25,31) relie les sept branches de la Menorah aux sept “sciences” fondamentales répertoriées par nos ‘Hakhamim. La Menorah, qui représente la Torah que l’Homme étudie, manifeste l’unité des sciences qui émanent toutes de la Torah.
Rav Chimchon Raphaël Hirsch (Chemot 25,39) s’interroge sur le sens spécifique de la Menorah ?
Il répond en analysant ce que représente la lumière. Il remarque que nous établissons naturellement un lien entre la lumière et la connaissance et la spiritualité.
Il cite de nombreux versets qui abondent dans ce sens ; mais il mentionne également d’autres versets, nombreux, où la lumière représente la réussite et la vie, la plénitude et l’épanouissement, le bonheur et la Joie.
Il conclut que la facette “connaissance” n’est qu’un des aspects de la lumière, le second étant le “mouvement”.
Il ne s’agit pas ici de mouvement d’ordre mécanique, ou géographique. Il s’agit de l’élan organique en l’Homme qui est la source de tout épanouissement, vital et spirituel. La lumière représente donc les deux éléments de la vie : la conscience de la Vérité, et l’aspiration “éthique” au Bien !
Telle est l’association des deux composantes qui mènent à l’épanouissement de l’Homme.
Rav Hirsch souligne encore la constitution de la Menorah, comme un arbre en or, dont les branches sortent du tronc, pour tourner ensuite leurs coupelles vers le centre, vers le tronc commun. Ainsi, dit-il, la réalisation du Peuple de Hachem n’est pas concentrée dans une direction d’action unique. Toutes les composantes de la vie sur terre sont issues de la Torah, Inspiration Divine, et reviennent vers la Torah, Volonté de Hachem.
Le ‘Hatam Sofer (Torat Moché, p.58) souligne que la Menorah représente l’approfondissement de l’étude de la Torah.
Moché Rabénou avait une difficulté à appréhender l’accès de l’Homme à la richesse de la Torah, avec les opinions divergentes qui sont toutefois unies en un bloc. Hachem lui répondit que la Menorah en or se ferait “d’elle-même”.
Le ‘Hatam Sofer ajoute que seule la Menorah s’est faite d’elle-même. Par contre l’étude approfondie de la Torah à laquelle la Menorah correspond ne peut aboutir qu’au prix d’efforts considérables, comme le précise la Guemara (Meguila 6b) citée plus haut par le Sfat Emet.
Le Alchikh (25,31) explique que la Menorah correspond à l’Homme qui est destiné à dispenser la lumière dans le Monde à Venir grâce à ses efforts dans l’accomplissement des Mitsvot et l’étude de la Torah.
C’est pourquoi la Menorah avait une hauteur de 18 Tefa’him (paumes), équivalente à une stature humaine moyenne. De même que la Menorah est fabriquée en or pur, l’homme doit se préserver de toute souillure de faute. Il doit également être d’un bloc, et non fragmenté en organes, les uns purs, et les autres altérés par la faute.
Le fils du ‘Hafets ‘Haïm, Rabbi Aharon (rapporté dans le ‘Hafets ‘Haïm al HaTorah Ha’Hadach) rapporte que son père lui expliqua la difficulté qu’éprouvait Moché Rabénou face à la réalisation de la Menorah particulièrement. Il énumère les objets qui garnissaient le Hekhal avec leur sens profond :
– Le Aron HaKodech, qui contenait les Lou’hot (Tables des Dix Commandements), représente la Sagesse supérieure, à laquelle l’Homme ne peut accéder que par inspiration de Nevoua (Prophétie).
– Le Choul’han (la Table) sur lequel étaient disposés les “Pains de Proposition” chaque Chabat désigne la vie matérielle des Bené Israël.
– Le Mizbéa’h (l’Autel) est “l’intermédiaire” entre Israël et leur Père aux Cieux.
– La Menorah, enfin, qui est la lumière permanente de notre Peuple. Elle se réfère à la pérennité du Peuple d’Israël. Aussi, lorsque Hachem ordonna à Moché Rabénou de confectionner la Menorah, la lumière permanente qui représente notre existence à travers les temps, Moché Rabénou considéra par son inspiration de Nevoua (Prophétie) les longues périodes de ténèbres et de massacres de l’histoire de notre Peuple. Il vit le découragement de la Gueoula qui atteindrait le Peuple d’Israël.
Il interrogea alors Hachem, et lui demanda comment il serait à même de réaliser une Menorah dont la fonction serait d’éclairer la vie du Peuple d’Israël à travers de telles souffrances ?!
Hachem lui répondit de jeter le bloc d’or dans le feu, et que la Menorah sortirait d’elle-même !
Hachem ne juge pas avec le regard de l’Homme. C’est précisément du sein des périodes de feu terrible, alors que selon la compréhension humaine, toute issue est condamnée, c’est justement de là que jaillira le Soleil d’Israël ! De là viendra la Gueoula !
Toutefois, le ‘Hafets ‘Haïm ajouta à son fils la remarque suivante : La Gueoula se fera d’elle-même par la force de Hachem, et ni par la force des Bené Israël, ni par la “générosité” des nations !
Le ‘Hafets ‘Haïm conclut son explication en disant à son fils : “Mais c’est à nous d’allumer la Menorah de la Torah ici-bas, afin que nous puissions espérer recevoir l’influx de la Lumière Divine d’en Haut !”
Ces explications de nos Maitres confirment la place centrale de la Menorah dans notre épanouissement tant individuel que collectif, et jusqu’à la réalisation ultime de la promesse de Hachem.
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Rav Eliezer RISSMAK Yechiva OHALE YAACOV
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