בס”ד
Voici à nouveau la fête de ‘Hanouka, avec l’éclat des lumières de la Menorah, et le charme des diverses coutumes, beignets, fritures variées, etc…
Comme nous l’avons déjà mentionné maintes fois dans les Divré Torah, le Peuple Juif n’a pas de fêtes de “commémoration” !
Réfléchissons donc au sens de cette nouvelle “rencontre” plutôt que “fête” !
Rav Dessler (Mikhtav MeEliahou II, p.21) cite les paroles de son Maître, Rav Tsvi Hirsch Broïdé de Kelm, qui dit que ce n’est pas le temps qui “défile”, mais nous qui circulons dans le temps.
Le premier Chabat de la Création a créé une “station” Chabat, que nous rejoignons chaque semaine. De même, les circonstances annuelles sont autant de “stations” où nous retrouvons l’influx de leur première occurrence.
Il en est de même pour ‘Hanouka, et nous devons donc examiner ce que ‘Hanouka a apporté en son temps, et de même ce que chaque nouveau ‘Hanouka doit nous donner à nouveau.
Le point central de la “fête” de ‘Hanouka est l’allumage des Lumières de ‘Hanouka, qui rappellent le Ness (Miracle) de la fiole d’huile pure trouvée avec surprise par les Juifs dans le Beth HaMikdach, après une défaite des Grecs. Cette fiole d’huile devait suffire normalement à allumer la Menora du Beth Hamikdach pour une seule nuit, mais elle dura huit nuits, le temps de produire une nouvelle huile pure selon les spécifications de la Torah.
La question est abondamment débattue : Pourquoi nos ‘Hakhamim ont-ils centré la fête de ‘Hanouka sur ce Ness de la fiole d’huile, plutôt que sur les victoires qui amenèrent à la libération de la domination grecque sur Israël ?
Il est évident que les agressions d’ennemis d’Israël ne sont pas fortuites, mais participent du Plan Divin dans la Création.
Dès les premiers versets (Beréchit 1,2) la Torah fait des allusions aux péripéties qui surviendront dans notre Histoire, l’Histoire du Monde.
A propos du verset (1,2) : “et la Terre était “Tohou vavohou”, et les ténèbres sur la face de l’abime”, le Midrach (Beréchit Raba, 2, 4) explique : “Rabbi Chimon Ben Lakich applique le verset aux Galouyot (Exils) : “et la Terre était Tohou” : Il s’agit du Galout de Bavel (qui détruisit le premier Beth HaMikdach) …; “Vavohou” : c’est la Galout de Médie … ; “et les ténèbres” : c’est la Galout de Yavane (les grecs) qui obscurcit les yeux d’Israël par leur décrets, car elle leur disait : “écrivez sur la corne du taureau que vous n’avez pas part au Dieu d’Israël” ; “sur la face de l’abîme” : c’est la Galout de la royauté mauvaise (Rome) qui est insondable comme l’abîme …
“…Et le souffle de Dieu planait ” : le verset fait allusion au souffle du Roi Machia’h.
Les quatre Galouyot qui nous furent annoncées plus tard, par les Nevouot de Hachem à Avraham dans le Brit ben Habetarim (Rachi, Beréchit 15,12), puis à Yaacov dans le “rêve” de l’échelle (Ramban, Beréchit 28,12, basé sur les Midrachim), avaient donc déjà été programmées dans la Création elle-même.
Ces Galouyot s’achèvent favorablement pour Israël, et pour ce qui est de la Galout Yavane (les grecs), c’est cette issue positive que nous fêtons à ‘Hanouka.
Toutefois, comme nos “fêtes” ne sont pas de simples “commémorations”, il nous faut comprendre le but de l’institution de la fête de ‘Hanouka. Ce n’est évidemment pas uniquement pour se pencher sur le passé avec reconnaissance à Hachem, car nous ne marquons pas pareillement tous les évènements de notre Histoire.
Par ailleurs, les Galouyot ne se sont pas “abattues” sur nous par “fatalité”, et chacune avait ses causes qui ont justifié l’épreuve qui nous était infligée. Le fait qu’elles aient été annoncées dès la Création prouve qu’elles correspondent à des faiblesses qui surgissent au fil des temps, du fait de l’imperfection des hommes, et que le but des Galouyot est de nous guérir par l’épreuve des défauts qui se sont manifestés à une époque donnée dans notre Peuple. La Galout et son issue sont donc, en quelque sorte, la “guérison” des faiblesses qui l’ont déclenchée.
En ce qui concerne la Galout Yavane, que nous revivons à travers la fête de ‘Hanouka, le Ba’h (commentaire sur le Arba Tourim, Ora’h ‘Haïm, chap.670) explique : “l’essentiel du décret (Divin) était survenu parce que les Juifs s’étaient démobilisés dans la Avoda (Service de Hachem), et c’est pourquoi le décret (des grecs) s’appliqua à l’interdiction d’accomplir la Avoda … l’allumage de la Menora (le Candélabre qui se trouvait dans le Beth Hamikdach) … ils rendirent impures toutes les huiles; et lorsqu’ils firent Techouva, en donnant leur vie pour la Avoda, Hachem les délivra par l’intermédiaire des Cohanim… c’est pourquoi le Ness se fit également avec les lumières (de la Menora)”.
De quelle nature était cette “démobilisation” ? De la “réparation” exprimée en termes d’abnégation” pour la Avoda, il ressort que le problème n’était pas un arrêt réel de la Avoda, mais un “désinvestissement” qui ne nous aurait pas été perceptible, à notre niveau.
Par ailleurs, la spécificité de cet ennemi venu pour nous “soigner” à cette époque doit être étudiée soigneusement, afin de percevoir les racines de l’affaiblissement.
Yavane, la civilisation grecque, est définie dans le Midrach cité plus haut comme source de “Ténèbres”. Comment comprendre cette affirmation, alors que toute la civilisation qui nous entoure est basée sur les acquis fondamentaux de la culture grecque, tant dans les sciences que dans la philosophie, de laquelle découle l’aspiration illimitée de l’humanité à la connaissance et au perfectionnement individuel. Tout cela semble source de “clarté” et non de ténèbres !
En quoi cette recherche de la connaissance est-elle “négative”, et en quoi vient-elle souligner un manque comparable dans notre attachement à la Avoda ?
Tout d’abord, remarquons que les grecs n’avaient pas interdit d’allumer la Menora. Ils se “contentèrent” de rendre impure l’huile destinée à la Menorah du Beth HaMikdach, tout en permettant la poursuite du “folklore” local de “rites religieux”, comme allumer des lumières dans un “Temple” …. Leur but n’était pas de s’opposer aux particularités des peuples dont ils avaient fait la conquête. Cependant, leur opposition se manifesta spécifiquement face à la Avoda du Peuple Juif, basée sur la notion de Tahara (pureté).
Rav Chimchon Raphaël Hirsch (Bemaaguelé Chana, ‘Hanouka, I) développe la différence fondamentale entre la civilisation de Yéfet (fils de Noa’h), dont le nom évoque le terme “Yafé” (beau), et la démarche des descendants des Avot (les Patriarches), issus de Chem (fils de Noa’h) dont le nom signifie : “Nom”, car Chem définit les créatures de Hachem par leur réalité profonde (Rav Hirsch, commentaire sur la Torah, Beréchit 6,10). Yavane est l’apogée du culte de la beauté, comme critère de valeur. La culture grecque se distingue par la valorisation absolue de l’esthétique : “Ce qui est beau est bon !”, et l’Homme est maître du monde.
Par contraste, la Torah de Chem apprend à l’homme à se tourner vers son Créateur, et à rechercher ce qu’Il attend de lui. Ce n’est que par la soumission à la Loi Divine immuable, le ‘Hok (décret Divin) que l’action de l’Homme peut atteindre à la Vérité authentique, et à la vraie beauté. L’échec de la civilisation grecque est patent dans son aboutissement au monde tel que nous le connaissons.
Ce n’est pas fortuit que nous ayons dû affronter Yavane ! Cette “rencontre” correspondait évidemment à une des facettes de faiblesse inhérentes à la nature de la Création avant son accomplissement. Au fil des générations, le rôle du Peuple Juif consiste à surmonter ces défauts pour mériter la Gueoula qui ramènera le Monde à son état avant “la faute”.
Toutefois la question se pose : si nous sommes sortis vainqueurs de la confrontation avec Yavane, et avons donc surmonté la faiblesse qui avait entrainé cette épreuve, alors pourquoi devons-nous encore vivre les sept jours de ‘Hanouka qui sont, comme mentionné plus haut un nouveau passage à la “Station ‘Hanouka” ?!
Cela montre que le “problème” intérieur en nous, lié à Yavane, n’a pas été définitivement “réglé” par nos ancêtres !
C’est un peu comparable aux problèmes de santé physique : la maladie s’installe dans un organisme fragilisé, dont les défenses immunitaires sont affaiblies.
Le rôle des vaccins, par exemple, ou le résultat d’une primo-infection par un germe, est de renforcer les réactions de l’organisme. Il ne s’agit pas d’éliminer définitivement le risque, mais de le réduire par une préparation des défenses naturelles.
De- même, la “primo-infection” de la rencontre avec Yavane venait sur un “organisme” du Peuple Juif affaibli dans son engagement avec Hachem. Pour “guérir” cette dégradation intérieure, Hachem nous envoya la confrontation avec ce qui y correspondait dans les nations. La victoire des ‘Hachmonaïm n’était pas une éradication totale du problème, mais un “entrainement” à y faire face. C’est ce “vaccin” dont nous “prenons un rappel” chaque année.
Voyons d’autres facettes d’analyse de l’opposition nécessaire à Yavane :
– Rav Its’hak Hutner (Pa’had Its’hak, ‘Hanouka, Maamar 4) explique que nos racines se situent à deux niveaux :
– La Torah de Moché Rabénou (Mal’akhi 3,22) : “souvenez-vous de la Torah de Moché Mon serviteur”. C’est un des derniers versets à la fin des livres des Neviim (Prophètes).
– Le lien fondamental avec Hachem hérité des Avot (Patriarches) comme nous disons au début de la Tefila : “Dieu de nos Pères … “.
– La Torah désigne l’attachement actuel à Hachem à travers les Mitsvot.
– Le lien désigne le Brit (Alliance), en amont de toute réalisation immédiate.
C’est ce second aspect, plus profond, plus essentiel que les Yevanim voulaient éliminer en faisant écrire sur la corne des taureaux : “je n’ai pas part au Dieu d’Israël”.
Rav Hutner compare ces deux facettes aux apports respectifs du père et du Maître dans la Torah. L’élève reçoit l’enseignement de son Maître, mais les aptitudes mentales de son père.
Les enseignements sont la réalisation, tandis que l’héritage génétique représente la potentialité.
Ainsi l’étude et la pratique des Mitsvot, que les grecs voulaient déraciner du Peuple Juif sont désignées dans la Tefila “Al Hanissim” par “Leha’aviram mé’houké retsonèkha” (pour les écarter des décrets de Ta Volonté).
Par contre, l’expression “lehachki’ham Toratèkha” (pour leur faire oublier Ta Torah) vise le lien profond avec la Torah de Hachem, hérité dans nos gênes de Avot (Patriarches). C’est à ce niveau qui touche à la profondeur de notre âme que Yavane s’attaquait, car ils ne supportaient pas l’expression d’une valeur spirituelle dans un monde qu’ils “géraient” uniquement selon un regard matériel, de source humaine, sur l’existence.
Rav Chalom Noa’h Bérézovski (Netivot Chalom, Maamaré ‘Hanouka) explique pourquoi la Mitsva des lumières de ‘Hanouka est liée au coucher du soleil. C’est parce que l’essentiel de la guerre des grecs pour anéantir les Juifs se situait dans le fait “d’assombrir leurs yeux”, de faire en sorte d’altérer leur vision spirituelle du Monde, comme mentionné dans le Midrach qui relie Yavane à ‘Hochèkh – les ténèbres. L’attaque des Grecs contre la Menora, symbole de la Lumière Divine, qui éclairait le cœur des Bené Israël, se focalisa sur le fait de rendre impure l’huile destinée à son allumage. La Menora n’est pas simplement une Mitsva parmi d’autres ! C’est l’existence même du Peuple d’Israël.
Pareillement, les grecs émirent des décrets contre trois principes fondamentaux de l’identité Juive :
– ‘Hodèch (le calendrier basé sur la Lune, représentant la Emouna dans l’intervention Divine permanente dans le Monde).
– Mila, la Brit Mila, garante de la vie de Kedoucha (“Sainteté”) du Peuple Juif.
– Chabat, la source de la “Lumière” de la Présence de Hachem dans notre existence, comme en témoigne le verset (Beréchit 2,3) : ‘Et Hachem bénit le septième jour …”. Le Midrach (Beréchit Raba 11,2) dit : “Il le bénit par la Lumière…”.
Le sens de ‘Hanouka est donc le combat contre les ténèbres d’un regard matérialiste sur le Monde, et la restauration de la Présence De Hachem dans notre cœur.
Ce combat s’étend sur toute l’Histoire, jusqu’à la venue du Machia’h et la Gueoula complète.
Il est malheureusement possible d’accomplir “techniquement” toutes les Mitsvot, et même d’en apprendre les détails dans la Torah, mais avec “une huile impure”, c’est-à-dire un regard de “Yavane” sur la vie.
C’est l’objectif que nous devons mettre dans notre ‘Hanouka chaque année : chasser les ténèbres de notre cœur ; tourner le dos aux “valeurs” fallacieuses dont le monde environnant nous imprègne depuis l’enfance, et ramener Hachem dans notre cœur et dans tous nos actes à chaque instant.
‘HAG ‘HANOUKA SAMÉA’H !
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Rav Eliezer RISSMAK Yechiva OHALE YAACOV
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