Parasha – 57 VAYÉLEKH – CHABAT CHOUVA 5783

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La Paracha Vayélekh comporte les deux dernières Mitsvot de la Torah :

  • La Mitsva de “Hak-hèl” (le rassemblement de toute la population d’Israël) (Devarim 31, 10-13)
  • La Mitsva pour chaque juif d’écrire un Séfer Torah (31, 19).
    La première de ces Mitsvot est énoncée ainsi :
    “… à la fin de sept ans, au moment de l’année de Chemita, à la fête de Soucot ; lorsque vient tout Israël se présenter devant Hachem ton Dieu, à l’endroit qu’Il choisira, tu liras cette Torah face à tout Israël, à leurs oreilles. Réunis tout le Peuple, les hommes et les femmes et les enfants et ton prosélyte qui est dans tes portes ; afin qu’ils entendent, et afin qu’ils apprennent et qu’ils craignent Hachem votre Dieu, et qu’ils gardent pour accomplir toutes les paroles de cette Torah. Et leurs enfants qui ne savaient pas entendront et apprendront à craindre Hachem votre Dieu …”
    Le Rambam commente ainsi cette Mitsva collective (Hilkhot ‘Haguiga, 3, 1-7) :
    “C’est une Mitsva active de réunir tout Israël… et de lire à leurs oreilles de la Torah des passages qui les incitent aux Mitsvot, et les fortifient dans la loi vraie…
    Quand lit-on ? A la sortie du premier jour de Yom Tov de la fête de Soucot… et c’est le Roi qui lit à leurs oreilles, dans l’enceinte des femmes (l’enceinte précédant les marches menant à la partie intérieure où étaient apportées les offrandes sur l’Autel).
    On lisait… Même les grands ‘Hakhamim qui connaissent toute la Torah ont l’obligation d’écouter avec une très grande attention … car le Roi est le mandataire pour faire entendre les Paroles de Dieu.”
    Le Séfer Ha’Hinoukh (Mitsva 612) dit : “… car tout l’essentiel du Peuple d’Israël c’est la Torah, et par elle, ils se distinguent de toute nation et (de toute) langue … c’est pourquoi … il convient qu’ils se réunissent tous ensemble à un moment … pour entendre Ses paroles, et que la Voix sorte de parmi tout le Peuple, hommes, femmes et enfants, disant : “Qu’est-ce que ce rassemblement où nous nous sommes rassemblés tous ?”
    Et il leur sera répondu : “Pour entendre les paroles de la Torah ce qui est tout notre essentiel …”.
    Ces enseignements sont clairs ! La Mitsva consiste à réunir toute la population d’Israël dans l’espace du Beth HaMikdach, et tous doivent entendre les paroles d’encouragement pour accomplir les Mitsvot de la Torah qui émanent du Séfer Devarim, de la bouche du Roi – qui est l’autorité suprême du Peuple Juif.
    L’insistance sur ces précisions est indispensable pour aborder la dimension de l’évènement !
    La Mitsva de Hak-hèl devait avoir lieu dans la “Ezrat Nachim” (l’enceinte des femmes) du Beth HaMikdach. La Michna (Midot 2,5) précise les dimensions de ce lieu : 135 Ama sur 135 Ama. Selon l’évaluation la plus grande de la Ama, moins de 60 cm, les dimensions totales de cette enceinte étaient inférieures à 100 mètres sur 100 mètres !
    Et dans cet espace exigu se tenaient plusieurs millions de personnes, hommes, femmes et enfants de tous âges !!!
    Le Alchikh explique que la raison pour laquelle Hachem a choisi cet endroit spécifique, plutôt qu’un espace ouvert est pour que leurs oreilles puissent entendre la lecture de la Torah.
    En pratique, il aurait fallu se réunir dans un espace au moins égal au campement des Bené Israël dans le désert. Mais dans ce cas, seule une minorité auraient pu se trouver à proximité du Roi et l’entendre.
    Aussi Hachem a choisi que cette Mitsva s’accomplisse dans l’enceinte du Beth HaMikdach où Il a donné une Berakha particulière pour qu’un espace infime contienne une foule considérable. Ce Ness (Miracle) extra-
    ordinaire rejoint les manifestations nombreuses d’une réalité “hors des règles naturelles” qui avaient lieu dans le Beth HaMikdach.
    Le but de ces Nissim (Miracles) n’était évidemment pas l’aspect spectaculaire en lui-même, mais d’apprendre à considérer la vraie nature profonde de la Création, afin de vivre en harmonie totale avec la Volonté de Hachem. L’objectif final est de vivre avec le même regard lucide au sein des lois apparentes de la nature.
    Le Sfat Emet (année 5642) souligne que seul un Ness permettait au Roi de faire porter sa voix jusqu’à tous.
    . La Guemara explique la raison pour laquelle la Mitsva concerne tout le Peuple, y compris les jeunes enfants (‘Haguiga 3a) : ” afin de récompenser ceux qui les amènent” !
    Le Malbim (31,13) explique que même les enfants qui ne sont pas encore à même de comprendre les enseignements bénéficieront de l’impact de la réunion grandiose de toute une foule “à l’arrêt” concentrée pendant des heures à écouter le Roi d’Israël lire les passages de la Torah.
    Rav Eliachiv (Divré Agada, p.376) rapporte l’exemple de Rabbi Yehochou’a dont la mère amenait le berceau au Beth HaMikdach pour qu’il entende la voix de la Torah dès son plus jeune âge.
    Ainsi les petits enfants qui auront entendu, même avant l’âge de parler, le Roi lire la Torah dans la réunion de tout Israël, garderont une empreinte qui leur permettra d’accéder à la “crainte de Hachem” toute leur vie.
    Rav Eliachiv souligne qu’il y a deux dimensions distinctes dans le ‘Hinoukh (la formation de l’enfant) :
  • la préparation à l’accomplissement des Mitsvot, qui se fait selon l’aptitude de l’enfant à accomplir chaque Mitsva.
  • l’atmosphère dans laquelle évoluera son existence, son orientation, qui commence dès qu’il vient au monde !
    Rav Ye’hézkel Lewinstein (Or Ye’hézkel, Elloul, p. 209) explique que la lecture publique de la Torah en présence de toute la population avec toutes ses composantes, hommes, femmes et enfants, a pour but de souligner l’unité de la Torah pour tous.
    Au niveau des élans personnels, tous sont différents dans leurs sentiments.
    Le but de la Mitsva de Hak-hèl est de transmettre un message puissant de plénitude de la Torah, sans distinctions. C’est aussi pour cette raison qu’un non-juif qui veut adhérer au Peuple Juif et accepte la Torah à l’exclusion d’un petit détail unique ne peut pas être reçu, car la Torah est une entité ; en rejetant ce ” petit point “, il montre par là qu’il n’a pas accepté la Torah dans sa totalité. Cet enseignement s’applique également à l’ensemble des Bené Israël : un accomplissement imparfait de la Torah n’aurait aucun sens, car de cette façon, on n’a plus aucun rapport réel avec la Torah.
    Le Ben Ich ‘Haï analyse cette Mitsva de Hak-hèl – réunir tous les membres du Clal Israël.
    Il propose plusieurs explications :
  • Le but est d’apprendre que l’accomplissement des Mitsvot de la Torah n’est pleinement atteint que par l’unité ; c’est par l’association de tous les Bené Israël que se complète l’action de toutes les Mitsvot. (Od Yossef ‘Haï, p.765-770)
  • Il rapporte les propos de Rav Yonathan Eïbeschitz (Tiférèt Yehonathan, Paracha Kedochim) : Celui qui sert pleinement Hachem doit avoir une démarche “agréable” à tous, Hachem et les créatures. C’est pourquoi, explique le Ben Ich ‘Haï, il était indispensable que le rappel des obligations de la Torah soit fait en présence de toutes les composantes de la population, afin de souligner que la Avoda (le Service) des uns ne pouvait être complète qu’en harmonie avec l’ensemble du Clal Israël.
    Dans un autre ouvrage (Ben Ich ‘Haï al HaTorah, p.397) Il cite un enseignement du Maguid MiDouvno (Ohel Yaacov, Balak) qui explique que les Bené Israël disaient relativement à Moché Rabénou : “Achré Yoladeto” (Heureuse celle qui l’a mis au monde) pour souligner que “pas tout le monde ne peut être Moché Rabénou”. C’est le mérite de Yokhéved, sa mère, qui est à l’origine du niveau tellement élevé de son fils. Ainsi le père qui amène son fils au Hak-hèl, et, de-même celui qui amène son fils au Beth Haknesset et à la Dracha, aura le mérite du bon comportement ultérieur de son enfant.
    C’est là le sens de “pour donner une récompense à ceux qui les amènent” !
    C’est le Roi, et non une autre personnalité du Peuple d’Israël qui lit la Torah afin d’éveiller les sentiments des Bené Israël.
    Le Roi d’Israël n’est ni un dirigeant politique ni un dirigeant économique. Nos ‘Hakhamim ont qualifié le Roi de : “coeur” d’Israël. Seul un Roi de cette dimension, dont la voix porte le message de la Torah a sa place dans la vie du Peuple de Hachem.
    La Mitsva de Hak-Hel prend place particulièrement à l’issue de la Chemita, après une année de renforcement de la Emouna, en abandonnant toute activité agricole productive, et en laissant les fruits qui poussent sur les arbres à la libre disposition de chacun. De plus la réunion de Hak-hèl se fait au coeur de la fête de Soucot, qui est un moment particulièrement propice à la fortification de la Emouna.
    La leçon de cette Paracha, avec les commentaires de nos Maitres est une source, d’inspiration particulièrement précieuse pour vivre intensément cette semaine située entre Roch Hachana et Yom Kippour, pour un Chabat de Techouva – le retour à notre vrai lien avec Hachem.

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Rav Eliezer RISSMAK     Yechiva OHALE YAACOV    
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