בס”ד
La Paracha Nitsavim fait suite à la “Tokha’ha” (la remontrance), qui occupe une part importante de la Paracha précédente, et qui est définie comme un “Brit” (une Alliance) entre Hachem et le Peuple d’Israël (Devarim 28,69).
Le début de la Paracha Nitsavim est également qualifié de “Brit” (29, 11).
Divers commentateurs soulignent la différence entre le Brit de Ki Tavo et celui de Nitsavim. Alors que le Brit de Ki Tavo s’adresse à l’individu, celui de Nitsavim définit l’ensemble du Peuple d’Israël comme une entité.
Comme nous l’avions cité dans le Dvar Torah sur cette Paracha en 5781, le Midrach (Vayikra Raba 4, 6) compare le Peuple Juif à un agneau. De même que lorsqu’un agneau est frappé dans un de ses membres, la totalité du corps le ressent, ainsi si un Juif commet une faute, c’est tout le Peuple d’Israël qui en est affecté.
Rachi (29,12) rapporte au sujet du premier verset de la Paracha : “Vous vous tenez tous ce jour devant Hachem votre Dieu” le Midrach qui dit que Moché Rabénou a voulu ici “rassurer” les Bené Israël.
Après qu’ils aient entendu l’abondance des “Kelalot” (les “malédictions”) de la Paracha précédente, ils étaient désespérés.
Moché les rassura en leur soulignant que malgré les nombreuses fautes qu’ils avaient commises, ils étaient toujours “existants”. Hachem ne les avait pas anéantis.
Rav Neyman commente ce Midrach. Il faut lire le verset ainsi : “Vous vous tenez ce jour devant Hachem, parce que vous êtes “tous ensemble” ! Tant que Le Clal Israël est “ensemble”, il est garanti de ne pas être anéanti.
Rav Neyman cite les paroles de Rav Sim’ha Zissel, le Saba MiKelm, qui explique que chacun, individuellement, a des raisons de craindre le jugement de Roch Hachana.
Par contre, le Clal Israël est assuré de passer cette épreuve favorablement.
C’est pourquoi il est conseillé à chacun d’être lié étroitement à la collectivité. Ceci s’accomplit par la participation active sous ses diverses formes : enseignement, association aux activités collectives, et par la Tsedaka et le ‘Hessed.
La Torah poursuit (29, 12) : “Afin de t’élever pour Lui comme Peuple, et Il sera pour toi “Elokim” (Dieu) …”.
Le verset passe du pluriel “vous” à un singulier collectif “Peuple”.
Rav I.P. Goldwasser (Beérot Its’hak, cité dans Yalkout Lèka’h Tov, p.121) explique les passages successifs du pluriel au singulier et retour par le fait que l’alliance mentionnée dans cette Paracha consiste à former un Peuple.
Par ce Brit, les individus (énumérés dans les premiers versets : “Vos têtes de tribus, vos anciens etc…”, se fondent en une seule entité.
Le Yalkout Lèka’h Tov cite à ce sujet une anecdote : lorsque la Yechiva de Mir échappa à la Choa en émigrant à Shanghai, elle y trouva un Beth Haknésset comme lieu d’étude. Certains étudiants préférèrent s’installer dans la section réservée aux femmes, afin d’y jouir de plus de tranquillité.
Le Roch Yechiva, Rav ‘Haïm Chmouléwitz, réagit vivement en soulignant que ceux qui se séparaient de la communauté devaient prendre en compte que la communauté est jugée dans le Ciel en tant que collectivité, ce qui lui fait bénéficier d’un jugement différent. Ceux qui se distinguent de la collectivité, par contre, doivent avoir des mérites particuliers pour surmonter le jugement …
Dans le même esprit, il rapporte les instructions que Rav Meïr Chapira avait transmises au Grand Rabbin de Moscou qui avait été appelé à répondre aux attaques antisémites dans le cadre du jugement de Mendel Beïlis, accusé de crime rituel (Kiev 1911-1913).
La principale accusation que prévoyait Rav Chapira était basée sur l’enseignement des ‘Hakhamim (Guemara Yevamot, 61a, et autres) : “Vous êtes appelés “Adam” (Homme)”.
Rav Chapira avait deviné que pour étayer leur accusation, les juges s’appuieraient sur cette phrase pour prétendre que les Juifs déniaient aux non-juifs le statut d’être humain, justifiant ainsi de les tuer pour leur utilité.
Il transmit donc l’explication suivante à opposer à cette attaque injuste : Si un russe, ou autre, était dans une situation analogue à celle de Beïlis, aucun de ses compatriotes ne s’émouvrait de son sort. Par contre, ici, un seul Juif est sur le banc des accusés, et la totalité des Juifs du monde se mobilise pour venir à son aide. Ce n’est que parce que le Peuple Juif est une entité, “un” seul homme, à la différence des nations qui ne sont composées que d’hommes tous distincts les uns des autres.
Ce n’est qu’au prix de cette prise de conscience que peut se conclure le Brit avec Hachem !
Nous pouvons comprendre ainsi la gravité qu’accorde la Torah à l’attitude de celui qui choisit de se dissocier de ce Brit, en calculant (29, 18) qu’il peut échapper aux conséquences des fautes en ne prenant pas sur lui l’engagement dans le Brit avec ses risques (les catastrophes énumérées dans la Paracha précédente (28, 15-68).
Loin de “gagner” par cette démarche personnelle, il encoure les “foudres” d’une punition bien supérieure (29, 19-20).
Le fait de se désolidariser de la communauté entraine un résultat comparable à la “gangrène”. L’ensemble du Peuple Juif fonctionne comme un organisme, dans lequel les moyens de lutter contre les dangers sont “mis en commun”, comme les globules blancs dans le corps. Celui qui se distingue de la collectivité perd cet avantage, et subit le sort d’un organe mort, la décomposition …
Cette conception de la solidarité se situe aux antipodes des conceptions en vigueur chez les nations. Dans l’ensemble de l’humanité règne l’opposition entre l’intérêt personnel et l’intérêt de la société. Celui-ci s’exerce au détriment du bien de l’individu.
Notre adhésion à la dimension “sociale” de l’existence est dirigée par l’harmonie générale qui émane de la Torah Divine : il ne peut pas y avoir “antagonisme” entre les notions ou les différentes facettes de la vie ! Il y a complémentarité parfaite, comme dans toutes les lois que Hachem a mises en place, tant dans la nature que dans Sa Torah qu’Il nous a octroyée.
…Que cette Paracha, que nous lisons chaque année juste avant Roch Hachana, nous aide face au “Jugement” de Roch Hachana, comme nos ‘Hakhamim nous ont enseigné de nous y préparer.
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Rav Eliezer RISSMAK Yechiva OHALE YAACOV
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