Parasha – 47 MASSE 5782

La Paracha Mass’é clôture le Séfer Bamidbar, et l’essentiel du séjour des Bené Israël dans le désert, à la “Yechiva de Moché Rabénou” pendant 40 ans.

L’objectif de cette période était de préparer les Bené Israël à entrer en Erets Israël dans les conditions optimums afin d’y vivre une vie “naturelle” en plein contact avec Hachem.

Rachi (Bamidbar 33, 1) remarque que les 42 étapes énumérées dans les versets 3 à 49, les 14 premières étapes ont été parcourues avant l’envoi des Meraglim (les explorateurs) dont le rapport négatif au retour de leur mission fut à l’origine du décret de la prolongation du séjour des Bené Israël dans le désert pendant quarante ans, et les 8 dernières étapes sont les déplacements des Bené Israël après la mort d’Aharon, au seuil de l’entrée en Erets Israël (Paracha Chela’h).

Après le décret des Meraglim, et avant les huit dernières étapes, il ne reste que 20 étapes pendant les 39 années suivantes.

Il ne s’agit donc pas d’un parcours “punitif” mais d’un séjour prolongé dans la “Yechiva de Moché Rabénou”, à l’écart de toute influence perturbatrice, dans le but de préparer les Bené Israël à entrer en Erets Israël, pays du contact intense avec Hachem.

Cette Paracha clôt les 4 premiers Sefarim de la Torah, avant d’entamer le Séfer Devarim qui est dédié au “discours” de Moché Rabénou au seuil de quitter les Bené Israël. Les Mitsvot qui la jalonnent constituent les ultimes préparations à l’entrée des Bené Israël en Erets Israël guidés par Yehochoua, le Talmid (disciple) de Moché Rabénou.

La première de ces Mitsvot, évincer tous les habitants du pays et détruire leurs idoles et lieux de culte définit l’attitude que les Bené Israël devront adopter face aux populations de Kenaan (33, 50-56).

Rachi (33, 51) remarque que l’ordre de chasser la totalité des Cananéens hors du pays, a déjà été donné auparavant à plusieurs reprises.

La Torah ajoute ici, dans ce verset qui relie cette prescription au passage du Yarden, que les Bené Israël devront avoir cette intention d’éliminer toute trace des Cananéens lors du passage du Yarden à pied sec; sinon, les eaux du Yarden les submergeront.  

Cette obligation doit être perçue comme une Mitsva de Hachem qui guide les Bené Israël dans toute leur démarche avec des Nissim (miracles) manifestes, et non comme un choix “stratégique” personnel des Bené Israël que leurs qualités de compassion pourraient nuancer.

Rav Tsvi Hirsch Ferber (Kérem Hatsvi, p. 263) souligne l’insistance des termes dans le verset 52, et explique que c’est pour parer à cette tendance de pitié naturelle aux Bené Israël.

Il cite encore l’exemple de mansuétude “mal placée” du roi Chaoul qui n’avait pas respecté l’ordre explicite de Hachem lors de la guerre contre Amalek de n’épargner personne et avait épargné le Roi Agag.

Et lorsque le Navi (prophète) Chemouel exécuta enfin Agag, celui-ci avait eu l’opportunité d’engendrer l’ancêtre de Haman qui projeta d’anéantir tout le Peuple Juif (Meguilat Esther).

Rav Ferber développe qu’hélas, la pitié “mal placée” envers les méchants ne manque pas de se retourner contre la population méritante, comme dans l’exemple de Chaoul qui fit ultérieurement exécuter les Cohanim de Nov à la suite d’un soupçon de trahison à son égard.  

Le chapitre suivant de la Paracha (34, 1-15) définit avec précision les frontières d’Erets Israël. Rachi (34, 2) explique la nécessité de cette précision par le fait que de nombreuses Mitsvot ne s’appliquent qu’en Erets Israël.

Nous voyons ici, une fois de plus, que l’entrée en Erets Israël n’est en rien comparable à toute entreprise de conquête par un peuple d’un nouveau territoire.

Si tel était le cas, les frontières d’Erets Israël ne seraient pas aussi “découpées”, avec des pointes vers l’extérieur et des rentrées vers l’intérieur inexplicables d’un point de vue “militaire” ou économique …

Rappelons encore que Rachi rapporte (Beréchit 12,6) à propos de la conquête de ce pays par les Cananéens à l’époque d’Avraham, qu’après le Maboul, cette terre avait déjà été attribuée aux descendants de Chem (fils de Noa’h). L’occupation par les Cananéens n’était donc qu’un épisode temporaire, avant que Hachem ne restitue ce pays aux descendants de Chem, les Bené Israël …

La Paracha mentionne ensuite (35, 1-8) la Mitsva d’octroyer des villes aux Leviim qui ne possèdent pas de territoire parmi les Tribus, car ils sont destinés à la Avoda (Service) dans le Beth Hamikdach (Temple).

Les villes des Leviim, au nombre de 48, sont partagées en deux catégories. Six d’entre elles sont désignées également comme “villes de refuge”, destinées à l’accueil des meurtriers par inadvertance (Guemara Makot, chapitre II). Les autres villes (42) doivent également recevoir les meurtriers par inadvertance ; la différence est que dans les six premières villes, les droits sont partagés de manière égale entre les occupants “réguliers”, les Leviim, et les résidents occasionnels du fait d’une faute, tandis que les autres villes sont la propriété exclusive des Leviim, les “réfugiés” devant payer leur hébergement.  

Le séjour des meurtriers par inadvertance particulièrement dans ces agglomérations n’est pas anodin.

Le Haamèk Davar (35, 14) souligne que ces villes doivent être intégralement réservées à leur rôle d’accueil, sans la moindre activité économique.

Rav Zalman Sorotskin (Oznaïm LaTorah, 35,6) s’appuie sur l’explication du Haamèk Davar, et développe le sens de ces villes “de refuge”, et du lien avec les villes des Leviim.

Il explique que l’accident par lequel un homme se retrouve “meurtrier par inadvertance” n’est pas sans avoir été précédé d’”antécédents”. Ce n’est que suite à une faute antérieure que ce malheur lui est arrivé. C’est pourquoi la Torah lui prescrit un séjour de “réparation” dans un lieu dédié exclusivement à l’étude de la Torah, les villes des Leviim.

Il apprendra ainsi de leur comportement et guérira de la “légèreté” de son comportement antérieur qui a débouché sur l’accident commis par inadvertance.  

L’impression qui se dégage des diverses Mitsvot de la Paracha est la mise en place d’un environnement “protégé”.

Dans un monde qui prône le respect des civilisations passées et la conservation soigneuse de tous les vestiges, l’éviction totale des Cananéens, ainsi que l’anéantissement de toute trace de leurs mœurs idolâtres suscite l’étonnement. Cette “tolérance” moderne envers les vestiges ne vient dans le monde de Essav (que représente notre civilisation occidentale) qu’après l’anéantissement aussi total que possible des cultures concurrentes, et par le massacre systématique des autochtones, comme l’histoire nous le décrit.

Ce n’est qu’après avoir écrasé les peuples qu’il rencontre dans ses conquêtes, que le vainqueur est disposé à se pencher avec “sollicitude” sur les traces “culturelles” de l’ennemi éliminé. Tout cela n’est qu’une illustration de plus des mœurs hypocrites du monde qui nous entoure.

Quant à nous, il nous incombe de voir les réalités objectives, sans “fard” culturel.

Comment peut-on encore s’apitoyer sur les traces des cultures idolâtres, dont les archéologues trouvent les “hauts-lieux” jonchés de squelettes des victimes de tous âges des sacrifices humains ?!

Comment tolérer la présence des fresques des temples témoignant des pratiques les plus immorales accompagnant ces “cultes” ?!

Pour faire un parallèle avec “l’actualité”, comment s’apitoyer sur les “pauvres Ukrainiens” dont la capitale, Kiev, célèbre encore de nos jours les “héros nationaux” comme Khmelnitski, chef des cosaques qui massacrèrent nos frères avec une cruauté sans pareille lorsqu’ils déferlèrent sur l’Ukraine et la Pologne il y a près de quatre siècles ? Et leur haine de notre peuple ne se dédit pas au fil des temps comme leur participation à la Choa en témoigna…

Les mœurs dissolues et la sauvagerie envers autrui ont toujours été liées. La tolérance moderne envers les désordres de comportement et envers les criminels de toutes sortes ne fait que prolonger la démarche des “civilisations ” idolâtres dont les Cananéens étaient précurseurs.

Toutes ces “valeurs” émanent d’une perception du monde où l’Homme ne serait qu’un “être vivant” parmi tant d’autres, voué à la même “loi de la jungle” où le plus fort “gagne” (comme la philosophie en vigueur dans l’Allemagne nazie…).

Seule une isolation totale face à de telles influences peut permettre l’épanouissement du Peuple de Hachem. Que ce soit en Erets Israël, ou dans les Guettos de la Galout (exil), l’intégrité de notre Peuple a toujours été liée à notre “solitude” (comme le rappelait Bil’am dans ses Berakhot (Bamidbar 23,9).

L'” apport” culturel des divers immigrés (au titre de la “loi du retour”) “Russes” (ou Ukrainiens …) non-juifs en Israël aujourd’hui, depuis le commerce du porc, et les activités mafieuses, et jusqu’aux cellules néo-nazies démantelées au sein-même de Tsahal permet de comprendre en termes modernes les prescriptions de la Paracha.

A l’opposé, la Torah nous montre que la “guérison” d’un manque de “sérieux” spirituel qui a conduit à un homicide par inadvertance ne peut se mener que dans un environnement protégé, dans les villes des Leviim.

Au seuil de l’entrée en Erets Israël, la Torah nous expose le contraste entre les influences néfastes des idolâtres, et l’atmosphère positive des villes des Leviim. Tel est le sens du tracé précis d’Erets Israël, l’espace “protégé” dans lequel doit s’exprimer le lien avec Hachem.

C’est par manque de compréhension de ces principes que nous avons été évincés d’Erets Israël vers la Galout (exil). Et seul le retour à une imprégnation profonde des valeurs de la Torah nous permettra d’y revenir bientôt avec la Gueoula (Délivrance).

Rav Eliezer RISSMAK     Yechiva OHALE YAACOV    
Tel  France : 01 77 47 24 71   Israel : 05 33 12 24 36