Parasha – 38 BEHOUKOTAI 5782

Le Séfer Vayikra qui contient toute la construction de notre Peuple en tant que “Résidence” de la Présence de Hachem dans ce monde se conclut par la Parachat Be’houkotaï.

Depuis le premier verset du Séfer Vayikra (1,1), qui a annoncé la parole de Hachem à Moché Rabénou à partir du Michkan (Tabernacle), le Séfer Vayikra est une suite d’étapes de construction de cette relation privilégiée du Peuple Juif avec Hachem.

Toutes ces étapes, y compris la Paracha Behar qui est principalement consacrée à la Chemita et à la conscience que toute notre existence matérielle dépend de Hachem, ont pour but de construire notre quotidien dans le lien avec Hachem.

La Paracha Be’houkotaï poursuit la description de la Berakha qui accompagne la vie de chaque Juif qui centre son existence sur l’attachement à la Torah et à son étude (Vayikra 26, 3-13), et la perte de toute Berakha dans l’existence dès lors qu’il y a un relâchement de l’effort dans l’étude de la Torah (14-43).

La seconde partie de la Paracha (27, 1-28) traite des divers “dons” qu’un Juif peut “dédier” au Beth Hamikdach afin de se rapprocher de Hachem.

Les derniers versets (27, 30-34) sont manifestement la conclusion de la Paracha et du Séfer Vayikra entier. Ils traitent successivement du “Maasser Chéni” (la seconde dîme) (30-31), puis du “Maasser” des animaux (32-33). La Torah conclut enfin par ces paroles : “Ce sont les Mitsvot qu’a ordonnées Hachem à Moché (pour transmettre) aux Bené Israël au Mont Sinaï ! (27, 34) “.

Nos ‘Hakhamim analysent ainsi le dernier verset dans le Midrach Sifra ainsi :

  • “Ce sont les Mitsvot” : un Prophète n’est pas “autorisé” à “innover” une chose à partir de maintenant. (Après la conclusion de la Torah transmise par Moché Rabénou)
  • “qu’a ordonnées Hachem à Moché” : le “mandataire” (Moché) est “valable” pour son “Mandant” (Hachem).
  • “Moché aux Bené Israël” : le mandataire (Moché) est “valable” pour ceux à qui il a été adressé (les Bené Israël) ; et ceux auxquels il a été adressé (les Bené Israël) sont “valables” au mandataire (Moché).
  • “aux Bené Israël” : le mérite des Bené Israël a amené (à bien la mission).
  • “au Mont Sinaï” : toutes (les Mitsvot) ont été dite depuis le Sinaï !

La Torah nous indique ici la particularité de Moché Rabénou et de la génération de la Sortie d’Egypte et du séjour dans le désert. Ce n’est pas fortuit que la Torah nous a été transmise par l’intermédiaire de Moché Rabénou et de cette génération particulière, mais du fait de leur dimension exceptionnelle.

Tous les Prophètes qui succèderont à Moché Rabénou n’auront qu’une dimension prophétique destinée à renforcer le respect de la Torah transmise par Moché.

Le dernier verset du Séfer Vayikra scelle ainsi la Torah et lui confère sa dimension éternelle et inaltérable. Aucun prophète, et aucune génération ne pourront modifier, ajouter ou retrancher à la Torah que nous a transmise Moché Rabénou. (Malbim).

Considérons maintenant les versets précédents, qui traitent du Maasser Chéni sur les récoltes, et du Maasser des animaux.

Le Maasser Chéni se prélève selon la Torah des récoltes de céréales, d’huile d’olive, et de vin, les première et seconde, puis la quatrième et cinquième années de la Chemita (cycle de sept ans). Les ‘Hakhamim ont étendu les obligations de prélèvements à d’autres produits de la terre.

A la différence de la Terouma, prélèvement destiné aux Cohanim, et du Maasser Richone (premier), destiné aux Leviim, le Maasser Chéni est consommé par le propriétaire de la récolte. Il doit être apporté à Yerouchalaïm pour y être consommé par le propriétaire et sa famille, ou quiconque à qui le propriétaire le donnera.

La Torah développe la Mitsva du Maasser Chéni dans le Séfer Devarim (14, 22-27), et définit ainsi sa consommation (14, 23) : “Tu mangeras devant Hachem ton Dieu, à l’endroit qu’Il choisira de faire résider Son Nom là-bas le Maasser de ta moisson, de ton vin, et de ton huile (d’olive), et les premiers-nés de ton gros bétail et de tes ovins, afin que tu apprennes à craindre Hachem ton Dieu tous les jours”.

Le Haamèk Davar (Devarim 14, 23) cite nos ‘Hakhamim (dans Sifré) qui expliquent que le Maasser Chéni n’a d’autre but que l’étude de la Torah et l’accès à la Yir’a (la crainte) de Hachem. En effet, ce Maasser ne pouvant être consommé qu’à Yerouchalaïm, et la période des trois “Fêtes de pèlerinage” ne pouvant pas suffire à consommer le dixième des récoltes disponibles pour une année entière, cela implique un séjour prolongé à Yerouchalaïm.

Soit le propriétaire de la récolte lui-même s’attardera à Yerouchalaïm, et n’aura d’autre activité là-bas que l’étude et le contact avec les Cohanim dédiés à la Avoda (le Service de Hachem) ; soit il laissera ses fils y étudier, ou laissera son Maasser Chéni à la disposition des étudiants de la Torah résidants à Yerouchalaïm. Le Haamèk Davar explique qu’ainsi l’étude de la Torah se répandra abondamment dans tout le Peuple Juif, et ne sera pas limitée à une petite minorité de privilégiés, mais sera accessible à tous.

Le Maasser des animaux consiste à rassembler dans un enclos tous les petits nés dans l’année, et, en les laissant sortir un par un par un passage étroit, marquer le dixième de chaque dizaine, qui sera destiné à être amené à Yerouchalaïm pour être offert comme Korban (offrande). Toutefois, à la différence des autres offrandes dont une part plus ou moins importante est réservée aux Cohanim, le Maasser des animaux est entièrement destiné à la consommation du propriétaire et de ses invités (à l’exclusion des petits prélèvements destinés à être consumés sur le Mizbéa’h (Autel).

Rav Chimchon Raphaël Hirsch (27, 33) souligne que le Maasser des animaux n’est pas prélevé librement un pour dix, ou dix pour cent animaux nouveau-nés de l’année. Il est impératif de faire passer les animaux les uns après les autres jusqu’à ce que le dixième reçoive la Kedoucha (la “Sainteté”) du Maasser. Après le Bekhor (premier-né) et les Bikourim (Prémices) qui expriment dès le début de nos acquis notre reconnaissance à Hachem pour Ses cadeaux, le Maasser vient mettre un sceau final de Kedoucha pour nous apprendre que du début à la fin, toutes nos réalisations sont dues à Hachem.

En attendant le passage du dixième agneau pour le marquer du sceau de la Kedoucha, nous communiquons la Kedoucha à tous ceux qui le précèdent dans le compte. Le décompte lui-même met une empreinte de Kedoucha sur le tout.

Rav Hirsch explique de plus que le caractère de Korban s’applique au Maasser, bien que seuls le sang et de petites parties aboutissent sur le Mizbéa’h. Toute l’existence et les aspirations de l’homme, et ses objectifs sont saisis dans un même lien à Hachem et à Sa Torah.    

Rav Hirsch souligne que le Séfer Vayikra, dédié aux Cohanim, s’achève par deux sujets de Kedoucha, le Maasser Chéni et le Maasser des animaux qui transforment le profit et la joie de l’existence en actions qui rapprochent l’homme de Hachem. Chaque foyer devient ainsi un Beth HaMikdach pour Hachem, et chaque table un Mizbéa’h ! Chaque homme et femme d’Israël consomment des Korbanot de Hachem sans avoir à recourir à l’entremise des Cohanim.

Tel est le but du Beth Hamikdach et du rôle des Cohanim (qui ont marqué tout le Séfer Vayikra …) : faire pénétrer la Kedoucha et la caractéristique fondamentale des Cohanim dans tout le Peuple et toute son existence.

Nous avons ainsi devant nous tout un programme de la vie de chacun, depuis le premier verset de Vayikra, où Hachem appelle Moché Rabénou du profond du Michkan (le Tabernacle), jusqu’à ces paroles de conclusion : “ce sont les Mitsvot …” qui nous enseigne que tout est “dit” ici, et qu’il n’y a rien à ajouter ou à retrancher, ou à modifier, dans le “mode d’emploi” de la vie que Hachem confie à chacun de nous. Après ces enseignements fondamentaux du Séfer Vayikra, nous aborderons enfin le Séfer Bamidbar où les Bené Israël de la génération du désert nous montrent la mise en pratique de notre Torah de vie.

Rav Eliezer RISSMAK     Yechiva OHALE YAACOV    
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