Parasha – 29 TSAV 5782

La Paracha Tsav complète les règles relatives aux Korbanot (les offrandes) apportées dans le Beth HaMikdach.

Le début de la Paracha détaille la Mitsva du Korban Ola (holocauste), et en particulier sa combustion sur le Mizbéa’h (Autel).

Après avoir mentionné que la combustion des Korbanot du jour peut se prolonger toute la nuit, la Torah mentionne la Avoda (Service) qui est accomplie dans le Beth HaMikdach au petit matin : La Teroumat Hadèchène (le prélèvement de la cendre).

Un Cohen monte sur le Mizbéa’h et prélève une petite partie des cendres issues des Korbanot de la veille, et les dépose au pied du Mizbéa’h (Vayikra 6, 3). Ces cendres seront “avalées” par Ness (miracle) dans le sol parmi les autres choses qui y étaient déposées (Guemara Youma 21a).

Le verset suivant dicte de sortir les excédents de cendre qui encombrent le Mizbéa’h.

La Mitsva de Teroumat Hadèchène attire notre attention, car généralement la notion de “Terouma” (prélèvement) est associée à une valorisation du prélèvement par rapport à ce dont il est issu.

Or, ici, la cendre est le “résidu” des Korbanot consumés sur le Mizbéa’h.

Il semblerait qu’une fois que les Korbanot ont été consumés, leur Mitsva a été accomplie, et que les résidus ne devraient pas être valorisés !

Rav Zalman Sorotskin (Oznaïm LaTorah, 6,3) soulève cette question et explique qu’en réalité cette Terouma constitue la “réponse” de Hachem à nos Korbanot. C’est pourquoi, cette Terouma doit être placée au sol, à l’opposé de nos Korbanot qui vont au sommet du Mizbéa’h. La Teroumat Hadèchèn manifeste que Hachem “répond” à notre Avoda en accordant la Berakha à la terre. Hachem “prélève” de cette manière, par l’intermédiaire du Cohen, une Terouma qu’Il dédie au Monde pour lui accorder la Berakha.

Rav Chimchon Raphaël Hirsch souligne que cette Terouma ne doit pas être considérée comme le début de la Avoda du jour, mais comme l’aboutissement de celle de la veille.

A la différence de l’enlèvement de l’excédent de cendre qui est enlevé lorsque nécessaire par les Cohanim afin de préparer la Avoda du jour, la Teroumat Hadèchèn constitue une Avoda, qui ne peut être accomplie que par un Cohen apte à la Avoda, et revêtu des Vêtements règlementaires.

Rav Hirsch explique que la fonction de ce prélèvement est de rappeler que la Avoda nouvelle n’est pas distincte de celle de la veille, mais sa répétition. Chaque nouveau jour ajoute sa contribution à la mission unique incombant à toutes les générations d’Israël.

Rav Hirsch remarque encore que ce prélèvement conserve sa caractéristique de Kedoucha même après avoir été déposé. Sa Mitsva ne s’arrête pas au dépôt au pied du Mizbéa’h, mais continue pendant tout le temps où le prélèvement reste au sol. Cette Mitsva vient rappeler aux générations qui se suivent que leur Avoda s’inscrit dans la continuité du Peuple d’Israël.

La Torah cite un autre exemple de “cendre” qui garde éternellement toute sa valeur après que le Korban a été consumé. Nos ‘Hakhamim (Guemara Zeva’him, 62a) nous disent que la “cendre” de Its’hak est déposée à l’endroit de la “Akéda”, là où Avraham Avinou l’avait lié sur le Mizbéa’h pour l’élever comme Ola devant Hachem.

Bien que Hachem ait arrêté la concrétisation du Korban et ait présenté à Avraham un bélier pour l’offrir comme Korban à la place de Its’hak, la “cendre” de Its’hak est déposée éternellement devant Hachem, et dans nos Tefilot nous demandons à Hachem de prendre en considération la cendre de Its’hak pour nous prodiguer Sa bienveillance.

Rav Guedaliahou Schorr (Or Guedaliahou, Beréchit, p.52; Roch Hachana, p.15) développe que l’essentiel de la Avoda de l’Homme réside dans la pensée. La raison pour laquelle la pensée n’est pas suffisante est qu’il est impossible à l’homme de donner la même intensité à sa pensée qu’à la réalisation concrète. (Telle fut, dans les débuts de la “‘Hassidout” la dérive d’une “mouvance”, qui crut pouvoir accomplir les Mitsvot par la pensée exclusivement, les ‘Hassidé “Talk”, de l’année 5139 où ils apparurent ; les grands de la ‘Hassidout s’empressèrent de les condamner afin que leur exemple ne devienne pas “contagieux” …).

 Avraham Avinou fit exception à cette inaptitude, et “accomplit” réellement la Akéda dans sa pensée comme s’il l’avait concrétisée. C’est pourquoi l’offrande du bélier était suffisante, car chaque action qu’Avraham accomplit sur le bélier était réellement comme s’il l’avait réalisée sur Its’hak. C’est pourquoi la “cendre” de Its’hak est déposée devant Hachem. Comme Avraham n’avait pas conscience de la grandeur de l’action qu’il avait d’ores et déjà accomplie par la pensée, et qu’il craignait de perdre la dimension de son acte, il demanda à Hachem de lui donner la possibilité d’une concrétisation minimum, et Hachem la lui octroya sous la forme du bélier.

Lorsque nos ‘Hakhamim nous disent que la “cendre” de Its’hak est déposée devant Hachem, ce n’est évidemment pas pour pallier à un “manque de mémoire” de Hachem ‘Has VeChalo.m !! Mais il s’agit de nous rappeler cette grande action d’Avraham afin de nous exhorter à nous rattacher à son exemple de dévouement à Hachem.

Une seconde “introduction” aux Korbanot s’exprime par la Min’ha (l’offrande de farine) que chaque Cohen doit apporter lors de son entrée en “fonction” au Beth HaMikdach, et que le Cohen Gadol (qui accomplit la Avoda de Yom Kippour) doit apporter chaque jour de sa vie (Vayikra 6, 12-15).

Le sens de cette Min’ha est de souligner que l’accès à la Avoda est une élévation à laquelle chaque Cohen doit se préparer pour y être apte.

Mais pourquoi le Cohen Gadol doit-il apporter quotidiennement cette Min’ha ?

Rav ‘Haïm Zaytchik (Or Hanéfech, Parachat Tsav) explique que le niveau du Cohen Gadol est supérieur à celui du simple Cohen, et que chaque jour il se renforce et ajoute une nouvelle élévation. Dans toute sa personne spirituelle il évolue de moment en moment, et sa dimension d’un jour n’est pas celle de la veille. C’est pourquoi chaque jour une nouvelle introduction dans la Avoda lui est nécessaire.

Rav Zaytchik rapporte l’enseignement de Rav El’hanan Wassermann (Talmid du ‘Hafets ‘Haïm), qui explique le verset : “Qui s’élèvera dans la Montagne de Hachem ?! et qui se tiendra à l’endroit de Sa Kedoucha ?!” (Tehilim, 24,3). Rav Wassermann souligne que l’homme doit s’efforcer de se maintenir au niveau qu’il a réussi à acquérir par ses efforts d’élévation. Cela veut dire qu’il doit être en état d’élévation constante, faute de quoi il retomberait en arrière.

Rav Zaytchik remarque à ce sujet qu’il y a des hommes qui ont vu le “soleil” de la réussite spirituelle briller pour eux une seule fois dans leur vie.

Dans ce verset de Tehilim, David HaMélekh nous exhorte à ne pas nous contenter de ce bref moment, mais de faire en sorte d’installer en nous ce mouvement permanent vers le haut.

Ces enseignements ne se limitent bien sûr pas à La Avoda des Cohanim dans le Beth HaMikdach !

La Avoda dans le Beth HaMikdach constitue la “vitrine” de la Avoda de tout la Clal Israël, comme le verset le dit en introduction à la confection du Michkan (Chemot 25,8) : “Et ils Me feront un Mikdach, et Je résiderai en leur sein”.

Ce Chabat qui suit immédiatement Pourim, nous avons l’opportunité de prolonger les acquis de Pourim et de nous efforcer donner à nos actes la plus grande intensité de pensée possible, pour préserver l’éclat de ce Pourim de s’estomper et se ternir en nous.

Rav Eliezer RISSMAK     Yechiva OHALE YAACOV    
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