בס »ד
La Paracha Mikèts décrit les évènements à partir de la libération de prison de Yossef HaTsadik qui est nommé par Par’o Vice-Roi d’Egypte (Beréchit 41, 1-14) jusqu’au seuil de sa dernière confrontation à ses frères (44, 14-17), où il finit par enfin leur révéler qu’il était leur frère Yossef (Début de la Paracha Vayigach, 44, 18-45, 3).
Si on se sent davantage attiré par le récit des relations entre Yossef et ses frères, les Chevatim (Fils de Yaacov, ancêtres des Tribus d’Israël), l’autre facette de Yossef, sa « carrière » comme Vice-Roi d’Egypte est généralement délaissée... Pourtant Nos ‘Hakhamim enseignent (Pirké Rabi Eliezer, chapitre 11) que Yossef fut Vice-Roi d’Egypte pendant 40 ans, puis Roi lui-même pendant 40 ans, et le Midrach le cite comme le troisième Roi sur l’ensemble du monde, après Nimrod.
Comment comprendre une telle « carrière » pour un Tsadik de la dimension de Yossef, auquel nous aurions mieux compris que soit réservée une responsabilité de Roch Yechiva, comme son frère Yehouda que Yaacov Avinou envoya en « avant-garde » devant lui à Goshen lors de sa descente en Egypte ((Rachi 46, 28) ?! Yossef n’était-il destiné qu’à sauver les Egyptiens de la famine, et à diriger un pays d’idolâtres pendant 80 ans ?!
Comment comprendre également l’impact impressionnant de Yossef HaTsadik sur Par’o (41, 38-45) ?!
Par’o ne se limite pas à « saluer » face à ses serviteurs les qualités de Yossef qui a interprété ses rêves, il commence par reconnaître l’influence de Hachem dans la capacité de Yossef à expliquer ses rêves, ce qui est en soi contraire à toute la démarche de Par’o qui se définit lui-même comme une divinité (41, 38) !
S’adressant à Yossef, il ajoute que cette Présence de Hachem à ses côtés justifie qu’il lui confie la direction de son palais, de tout son peuple, ne se réservant que le titre royal, dépouillé de tout pouvoir effectif !
Et il joint l’acte à la parole, en lui mettant sa bague qui lui confère tous les pouvoirs royaux, en le revêtant de vêtements royaux, et en le parant d’un collier d’or ! Il le fait circuler dans le char second au sien, puis décrète que personne en Egypte ne pourra porter les armes ou chevaucher un cheval sans l’autorisation de Yossef ! Il lui donne enfin pour épouse la fille de Potifar, son ancien maître, montrant ainsi l’inanité des accusations de l’épouse de Potifar qui avaient mené Yossef en prison (39, 11-20).
Rav ‘Haïm Zaytchik (Or ‘Hadach, p.241) explique que Yossef HaTsadik manifesta un Bita’hon exceptionnel lorsqu’il répondit immédiatement à Par’o : « C’est indépendant de moi ! Hachem répondra pour la paix de Par’o ! » (41, 16).
Alors que toute son existence est en jeu, qu’après toutes ses tribulations et un séjour de douze ans en prison qui n’a aucune plausibilité de s’interrompre naturellement, non seulement Yossef ne saisit pas l’occasion qui lui est donnée de sauver sa vie grâce à ses « compétences », mais compromet toutes ses chances en « provocant » Par’o, l’idolâtre, en soulignant la Puissance exclusive de Hachem !
Par son action hors du commun, Yossef réussit à influencer même Par’o à reconnaître l’intervention de Hachem « après que Hachem t’a fait savoir tout cela … » (41, 39). Et c’est ce qui mène Par’o à toutes les démarches qui s’ensuivent.
Mais pourquoi Yossef HaTsadik se met-il ensuite au service de Par’o avec un tel « acharnement » qu’il amène les Egyptiens à l’extrême de la famine (Paracha Vayigach, 47, 13-21) jusqu’à les contraindre à se circoncire, et finalement à se vendre comme esclaves à Par’o en échange d’un peu de nourriture, et à les déporter d’un bout de l’Egypte à l’autre pour les déstabiliser, pendant qu’il vend du blé « à tour de bras » aux pays étrangers pour enrichir Par’o ?!
Rav Dessler (Mikhtav MeEliahou, II, p.220) explique que le but de Yossef dans sa « carrière » de Vice-Roi est d’enseigner la Royauté de Hachem même aux Egyptiens dans leur infériorité spirituelle ! Sa propre maîtrise exceptionnelle, dès sa jeunesse, qui provoqua la réaction de ses frères, cette « Grandeur Divine » qui se perçoit à travers ses actes, c’est ce que Yossef utilise pour manifester, même aux Egyptiens, la véritable Grandeur de Hachem !
Rav Dessler ajoute (p.231) que Yossef prépare ainsi la Galout (Exil) des Bené Israël :
– Après que les Egyptiens aient été redevables de leur existence grâce aux bienfaits de Yossef, ils ne s’attaqueront pas si facilement aux Bené Israël, comme la Torah laisse entendre que c’est longtemps après que les Bené Israël soient arrivés en Egypte qu’ils les réduisirent en esclavage.
– Yossef amena toute la fortune à Par’o de telle sorte que plus tard puisse s’accomplir la promesse de Hachem à Avraham : « … Et après cela (la Galout), ils (les Bené Israël) sortiront avec une grande fortune … » (Beréchit 15, 14).
– En déplaçant les Egyptiens d’une ville à une autre, et individuellement pour « casser » les liens sociaux, Yossef atténua les difficultés de l’Exil pour les Bené Israël qui grâce à cela, n’étaient pas confronté à une population stable et réticente face aux immigrés.
– En contraignant les Egyptiens à se circoncire il prévint le mépris qu’ils risquaient de manifester aux Bené Israël singularisés par la Mila (Rachi 41, 55).
Rav Reouven Karèlnestein (Ye’hi Reouven, p.568) cite diverses questions du Alchikh sur cette Paracha :
– Pourquoi la Torah fournit-elle tant de détails à propos des rêves de Par’o, leur interprétation et le conseil de Yossef à Par’o de nommer un responsable approprié pour gérer les années d’abondance et de sècheresse ? Que nous apportent toutes ces précisions ?! Si le but était de relater la délivrance de Yossef, il suffisait de peu de mots.
– A quel titre Yossef ajoute-t-il un conseil alors que ce n’était que l’interprétation des rêves qui lui avait été demandée ?! (41, 33-36)
– Le fait que les vaches sortaient du Nil, et les épis d’une tige unique n’a pas été expliqué dans l’interprétation de Yossef !
Le Alchikh introduit son explication en citant le Zohar HaKadoch qui dit que la Chekhina (Présence de Hachem) a accompagné les Bené Israël en Egypte. Et Hachem ne s’est pas contenté d’accompagner les Bené Israël, mais Il les a devancés en faisant précéder Yossef, qui était le digne « véhicule » de la Présence Divine, 22 ans avant que Yaacov Avinou le rejoigne.
Quel était le sens de cette préparation ?
Le Alchikh répond que la Touma (« I’impureté ») de l’Egypte était la plus grande des impuretés qui existaient dans le Monde.
Les Bené Israël devaient traverser ce « creuset » dont le rôle était de les affiner et les purifier afin qu’ils puissent recevoir la Torah.
Toutefois, comme l’enseignent nos ‘Hakhamim (Mekhilta Bechala’h, 18), seulement un Ben Israël sur 5, ou un sur 50, ou même selon une opinion un sur 500 des Bené Israël sont sortis d’Egypte, le reste étant morts pendant les trois jours de ténèbres (Rachi Chemot, 10, 23).
Le risque était donc grand que l’ensemble des Bené Israël succombe à l’atmosphère impure de l’Egypte. C’est pourquoi, afin de protéger les Bené Israël, Hachem « accompagna » leur exil.
De plus, alors que Hachem a « confié » le destin quotidien de chaque nation à un « Sar » (Mal’akh-« Ange ») qui préside à son existence, et représente la personnalité profonde de la nation, Hachem a « repris en main » l’existence de Mitsraïm (l’Egypte). Il a envoyé une abondance exceptionnelle de nourriture « par l’intermédiaire » de Yossef Hatsadik, une subsistance directement reçue de Hachem, sans intervention d’aucun « mécanisme » naturel comme le « Sar » de Mitsraïm. Ainsi les Bené Israël ont été nourris, non par une source « Impure » susceptible de les « enfoncer » dans l’atmosphère d’Egypte, mais directement par Hachem à travers l’influence de Yossef HaTsadik, « ambassadeur de Hachem ».
C’est là le message des rêves, qui montraient que l’abondance à venir pendant les 7 premières années ne serait pas d’ordre naturel, mais liée à l’influence de Yossef.
C’est ce qu’exprime le « Yeor » (« canal ») (41, 2), le Nil, sur lequel Par’o appuie son autorité et son pouvoir, qui sera remplacé maintenant par Yossef. Les épis poussent d’une « tige unique », Le Créateur, dont Yossef est le « représentant ».
Ceci explique également le « conseil » de Yossef. Il ne s’agit pas d’un « ajout », mais de l’explication du message de Hachem dans les rêves, qui est que la subsistance de l’Egypte passera sous « contrôle direct » pour la période à venir. C’est pourquoi toutes les réserves qu’ont accumulées les Egyptiens ont pourri (Rachi, 41, 55), à l’exclusion de ce que Yossef lui-même a conservé. Il était nécessaire que la conduite courante de la vie en Egypte « change de mains », pour échapper à la Touma (Impureté).
C’est là la mission que dut accomplir Yossef HaTsadik, qui était le seul apte à canaliser la Présence de la Chekhina pour protéger Israël de l’imprégnation de la Touma.
La Torah nous enseigne ici les « secrets » de la conduite du Monde par Hachem, Qui « délègue » à un Tsadik une telle mission qui exigera de lui une abnégation sans limites.
Chacun vient au monde avec les outils appropriés à la charge que Hachem lui a définie …
La Grandeur du Tsadik, Yossef, fut de vivre sa fonction dans la Création dans une soumission totale à Hachem, sans jamais se poser de questions …

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