בס »ד
‘Hanouka est enfin là ! …avec la joie qui l’accompagne, l’allumage en famille, les divers beignets et fritures qui viennent nous rappeler le Ness (Miracle) de la fiole d’huile d’olive pure retrouvée dans le Beth HaMikdach après que les Grecs en aient été chassés.
Bien sûr la fête est centrée sur la reconnaissance à Hachem de nous avoir délivrés des ennemis cruels qui nous opprimaient dans notre propre pays. La Galout (l’exil) de Yavane (la Grèce) est la seule qui s’est déroulée sans exil physique de notre Terre.
« L’Exil » défini ici est la Galout spirituelle dans laquelle Israël a vécu sous la domination grecque …
Toutefois il est essentiel de comprendre les causes de cette chute spirituelle initiale, et ce qui nous a donné accès à la délivrance. Il n’y a jamais d’évènement fortuit dans l’Histoire du Monde ! Tout est mesuré avec soin par Hachem en fonction des « mérites » et « démérites » du Peuple d’Israël …
Rav Dessler (Mikhtav MeEliahou, II, p. 111) dit en introduction à ‘Hanouka que tous les décrets de « voilement de la Face de Hachem », c’est-à-dire d’un Monde semblant à l’abandon, sans présence perceptible de Hachem, ont leur cause dans les manques spirituels de la génération. Et l’issue favorable dépend de la réparation par la Techouva.
Dans son commentaire sur le Tour Ora’h ‘Haïm (670), le Ba’h cite le Maharam qui s’interroge sur la différence entre les deux « fêtes » que les ‘Hakhamim nous ont instituées, ‘Hanouka et Pourim.
Les Mitsvot de ces deux fêtes sont fondamentalement différentes : festivités à Pourim, allumage des lumières et Hallel à ‘Hanouka. Il répond qu’à Pourim le décret de Haman était dû à la participation des Juifs au festin d’A’hachvéroch, et la Techouva qui a suivi a été accompagnée de jeûne, aussi après la délivrance, les ‘Hakhamim ont institué des festivités pour rappeler la nature du Ness (Miracle).
Par contre, à ‘Hanouka, l’essentiel du décret venait de ce que les Bené Israël s’étaient « relâchés » de la Avoda (le Service de Hachem dans le Beth HaMikdach). C’est pourquoi le décret consistait à les priver de la Avoda, y compris en souillant toutes les huiles afin qu’ils ne puissent pas allumer la Menora avec de l’huile pure.
Et lorsque les Bené Israël firent Techouva en donnant leur vie pour la Avoda, Hachem les délivra par l’intermédiaire des Cohanim qui accomplissent la Avoda dans la « Maison de Hachem », et le Ness s’est manifesté également par les lumières de la Menora, puisqu’ils avaient été prêts à mourir pour l’accomplissement de la Avoda.
C’est pourquoi le Ness se manifesta dans les Lumières, et les Mitsvot furent instituées exclusivement dans le Hallel et les Tefilot.
Nous voyons ainsi que la Yechou’a (Délivrance) vint en réponse à un élan de Messirout Néfech (le « Don de sa vie »).
Rav Its’hak Ayzik Scherr (Léket Si’hot Moussar, II, p.145 et suivantes) explique que le « retrait » de la Chekhina (Présence de Hachem) qui résidait en notre sein n’était pas uniquement dû à des fautes concrètes, mais que le simple fait de manquer de « Messirout Néfech » dans la Avoda est en soi la cause du départ de la Chekhina. Il ne suffit pas d’accomplir matériellement les Mitsvot pour être « quitte » de notre devoir envers Hachem.
(Rav Scherr explique que la fuite des Cohanim devant l’invasion des Grecs, pour se réfugier dans leur ville afin de respecter les Mitsvot à l’abri de la contrainte était un manque de « Messirout Néfech ».)
La Paracha Vayichla’h nous dit que Yaacov Avinou a envoyé le message suivant à Essav (Beréchit 32, 5) : « J’ai résidé avec Lavan… » et Rachi souligne que le mot « résidé » dans le verset est « garti » qui correspond dans la valeur de ses lettres à 613, pour signifier : « J’ai résidé avec Lavan et j’ai gardé les 613 Mitsvot, et je n’ai pas appris de ses actes … ». La compréhension courante de ces mots est que Yaacov se « vante » de ne pas avoir subi l’influence néfaste de Lavan. Le ‘Hafets ‘Haïm explique différemment : Yaacov Avinou déplore au contraire qu’il n’ait pas su prendre exemple sur l’élan de Lavan dans son idolâtrie pour servir Hachem avec la même énergie …
Rabbi Yerou’ham Levovitz (Daat ‘Hokhma OuMoussar, I, p. 6, et 10-11) explique que la « Messirout Néfech » ne se limite pas aux situations particulières d’épreuves où on a l’obligation de ne pas céder à la contrainte pour certaines transgressions, même au prix de notre vie. Il y a également une notion plus générale de « Messirout Néfech » qui a des degrés variés selon les éléments de la Avoda (Service de Hachem). C’est de cette « Messirout Néfech » que les Bené Israël manquaient initialement, ce qui causa les décrets. Et lorsqu’ils revinrent à « donner leur vie » pour la Avoda, Hachem les délivra.
Il ressort que le but des diverses situations de « retrait » et « retour » de la Chekhina n’est pas la sanction de fautes matérielles et de leur « réparation », mais de l’affaiblissement du lien à Hachem et son renforcement.
Rav Aharon Yehouda Leib Steinmann développe abondamment cette notion (Yemalé Pi Tehilatèkha, ‘Hanouka, pp.367-386). L’affaiblissement de la Emouna est la cause de toutes les fautes qui s’ensuivent. La Guemara (Makot 24a) explique que l’élément essentiel qui « tient » le bouquet des 613 Mitsvot est la Emouna, comme le dit le Navi ‘Habakouk (2, 4) : « Et le Tsadik vivra par sa Emouna ! ». Il ne s’agit évidemment pas de se dispenser de l’accomplissement des Mitsvot en proclamant « généreusement » sa Emouna … Le sens de ce verset est que le « moteur » de tout réside dans la Emouna.
Rav Steinmann souligne que l’entreprise des ‘Hachmonaïm de combattre les Grecs était clairement « irréaliste », et constituait un véritable suicide. Face aux décrets qui condamnaient l’existence spirituelle même d’Israël, une telle « Messirout Néfech » était la seule réponse adéquate. ‘Hanouka a été institué par les ‘Hakhamim non pour « commémorer » le Ness (Miracle), mais pour pérenniser le fait qu’une poignée d’hommes se sont levés au prix même de leur vie face à des myriades …
Rav Steinmann développe que ce n’est pas uniquement au niveau collectif que tout se « joue » en fonction de la « Messirout Néfech ». Pour chacun, l’essentiel réside dans le niveau de « Messirout Néfech » qu’il investit dans sa Avoda. Et si on s’affaiblit dans cette « Messirout Néfech », on s’expose à des « embûches » qui s’accumuleront sur le chemin, et ne pourront être levées qu’au prix d’une « Messirout Néfech » à la mesure …
Tel est le véritable sens de notre ‘Hanouka personnel qu’il nous incombe de raviver chaque année !

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