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Parasha – 222 – Roch Hachana – 5786

בס »ד
L’essentiel de la Avoda de Roch Hachana consiste dans les « Malkhouyot », la proclamation de la Royauté de Hachem. Elle s’accomplit de deux manières complémentaires :
– Par le fait d’écouter la sonnerie du Chofar !
Le Gaon de Vilna s’insurge contre la pratique de pleurer lors de la sonnerie du Chofar.
Cette sonnerie ne revêt pas un caractère de tristesse ou de préoccupation, mais elle proclame la Royauté de Hachem. Quel est le sens de pleurer au moment de la proclamation officielle de la Royauté de son Roi ?!
– Par la Tefila de Moussaf au cours de laquelle nous prononçons ces trois Berakhot :
Malkhouyot : la reconnaissance de la Royauté de Hachem.
Zikhronot : Hachem Se « souvient » de tous les évènements, individuels et collectifs, du passé, du présent, et de l’avenir. Hachem considère la Création dans sa totalité, par-dessus les limites du temps qui ne s’appliquent évidemment pas à Lui…
Chofarot : les « carrefours » successifs dans l’Histoire de la Création sont marqués par la sonnerie du Chofar. Ces trois Berakhot ensemble mettent en évidence l’Autorité absolue de Hachem sur tous les éléments de la Création.
La Michna (Roch Hachana 16a) dit qu’à Roch Hachana tous ceux qui viennent au Monde passent devant Lui (Hachem)… ». C’est une « remise à zéro des compteurs » qui a lieu à Roch Hachana pour l’ensemble de la Création !
Mais en quoi consiste ce « Check-up » universel ?! Et qu’est-ce que la « Royauté » de Hachem ?!
Rav Chimchon Pinkus (Si’hot Yamim Noraïm, p.158) souligne notre difficulté à percevoir la notion de « Royauté Divine », alors que la notion de Royauté a totalement quitté notre « paysage ».
Nous sommes habitués à transférer les notions de notre vécu vers la Dimension Spirituelle. Car c’est la manière que Hachem a choisi de mettre à notre disposition. Toutefois nous en arrivons à considérer le monde matériel comme « LA réalité », et les niveaux supérieurs, spirituels, comme « virtuels » pour emprunter un mot au vocabulaire actuel. C’est ainsi que non seulement la notion de « Royauté » nous échappe, mais qui plus est, elle nous paraît « dégradante » dans un monde de « progrès » qui adhère aux « valeurs » de la démocratie …La démocratie consiste, au contraire à exacerber notre désir de maîtrise sur notre existence. Les gouvernants sont asservis aux désirs de leurs « administrés » qui sont alors « maîtres » de leur quotidien …
La réalité est toute autre !
Rav Yossef Yehouda Leib Bloch (Chiouré Daat ; Meloukha) explique qu’au contraire, les notions fondamentales se situent aux niveaux les plus élevés de la Création, et « descendent » à notre niveau par paliers successifs à travers les niveaux de la Création. Son discours est centré sur la « Royauté » que la Torah attribue aux fils de Yaacov Avinou, Yehouda et Yossef dans des facettes différentes (voir Midrach Beréchit Rabah, 93, 2).
Rav Bloch explique ainsi le contraste entre la véritable Royauté profonde résidant dans les personnalités de Yehouda et Yossef avec la royauté pitoyable des caricatures de rois comme le Tsar de son époque qui dépendait totalement de sa garde rapprochée, et se sentait en permanence menacé dans son existence- même.
La chute progressive des Royautés au profit de la démocratie a été vécue dans le monde comme un progrès. En réalité, ce sont les royautés dévoyées qui ont amené cette évolution.
Contrairement à notre perception, la réalité ici-bas n’est pas une vérité fondamentale, mais uniquement le pâle reflet des notions profondes de la Création. La source réelle de la Royauté se situe dans la Royauté Divine. En quoi consiste-t-elle ? Dans ce que Hachem « porte » le Monde, et lui donne toute son existence. C’est ainsi que le Roi d’Israël porte le fardeau de son Peuple, et accompagne par son exemple le lien d’Israël avec Hachem.
Rav Its’hak Ayzik Scherr (Leket Si’hot Moussar II, p50) définit le rôle des Malkhouyot que nous récitons dans Moussaf de Roch Hachana. Il explique que la lecture des versets des Malkhouyot nous amène à faire Techouva sur notre rébellion contre l’autorité de Hachem.
Le Yetser Hara (Penchant du Mal) nous incite à nous éloigner de Hachem. Concrètement, cette distance se manifeste, comme nous l’avons vu dans la Paracha Ekev, dans le second paragraphe du Chema : « Gardez-vous de peur que votre cœur ne se séduise, et que vous ne déviez, et que vous ne serviez des divinités étrangères, et que vous vous prosterniez à elles ! » (Devarim 11, 16)
Rav Wolbé (HaMitsvot Hachekoulot, chapitre 2) explique que le « dieu étranger qui réside en nous … » est l’ensemble des « valeurs » que nous nous donnons. Chacun se définit son « échelle de valeurs » personnelle, pas forcément « réfléchie », mais correspondant aux centres d’intérêt auxquels il est attaché, certains pour les satisfactions matérielles, d’autres pour les honneurs, le sport, la culture etc. …
A partir de ces constatations, il nous est plus facile de déchiffrer les enjeux de l’existence, et plus précisément la place de Roch Hachana dans notre année.
L’objectif de Roch Hachana est une sorte de « remise à zéro des compteurs« .
Tout au long de l’année, nous nous laissons happer par nos désirs qui définissent ce que nous croyons être la réalité du Monde. Nous sommes assez facilement prêts à « concéder » à Hachem quelques « attentions », pourvu que cela ne nous « coûte » pas « trop cher » … C’est-à-dire pourvu que nous puissions continuer à vivre autour de nos aspirations temporelles.
A Roch Hachana, nous devons briser ce carcan et reconnaitre l’Autorité absolue de Hachem. Il n’est plus question de « négocier » comme avec les « pouvoirs » divers que nous reconnaissons dans la nature, et que nous pensons naïvement pouvoir contraindre ou soudoyer par une sorte de « culte » ou une autre.
Les versions modernes ne diffèrent pas en cela des idolâtries antiques. C’est seulement le mode de culte qui s’adapte aux générations et à l’identité des « idoles ».
Comprendre et « vivre » (c’est-à-dire intégrer pleinement) que Hachem est Tout Puissant, et qu’ainsi Il nous accorde certainement ce dont nous avons besoin, constitue la proclamation de Sa Royauté, comme nous l’avons appris dans les Parachiot précédentes. Il est Le Roi Absolu, Il n’a pas besoin de ses sujets, mais au contraire Il leur donne tout, à commencer par le fait de respirer et de vivre à chaque instant !
Rav Its’hak Hutner (Pa’had Its’hak Roch Hachana, Maamar I) cite le verset (Ne’hemia 8, 10) où Ezra bénit le Peuple à Roch Hachana, et leur ordonne de fêter ce jour dans l’abondance, et d’envoyer des cadeaux à qui n’a pas le nécessaire. Rav Hutner souligne que la valeur profonde de Roch Hachana qui réside dans le ‘Hessed (Don Gratuit) nous est révélée ici. En se rendant ainsi « comparable » à Hachem Qui donne sans jamais recevoir en échange, puisque même ce que nous « offrons » dans Sa Avoda (Service) Lui appartient initialement, l’homme se rapproche de Hachem et devient apte à Le « servir ».
C’est ainsi que Rav Scherr relie l’acceptation de la Royauté Divine au ‘Hessed.
Par le ‘Hessed, expression de la Ahava (Amour), nous tournons le dos au « dieu étranger qui réside en nous », l’égoïsme, le culte de la démarche intéressée.
A cette période, où tout notre Peuple est déchiré par les difficultés, et où l’espoir de voir les moindres de nos désirs exaucés, comme nous y étions habitués comme des « enfants gâtés » ,nous échappe, que ce Roch Hachana nous aide à tourner le dos au « dieu étranger », et à prendre pleinement conscience de la Volonté généreuse permanente de Hachem à notre égard.
C’est de cette façon que nous reconnaissons complètement la Royauté de Hachem.
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