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Parasha – 217 – Reéh – 5785

בס »ד
Dans la Paracha Reéh, entre les passages qui nous mettent en garde contre les mauvaises influences qui peuvent nous éloigner de Hachem (Devarim 12, 29-13, 19), et le passage dédié aux animaux permis et interdits (14, 3-21), Hachem nous a adressé un bref message de deux versets (14, 1-2) d’une portée particulière :
« Vous êtes les fils de Hachem votre Dieu ! « Lo Titgodedou » (traduction simple : ne vous tailladez pas en signe de deuil comme les non-juifs, car vous êtes les fils de Hachem), et ne faites pas une calvitie entre vos yeux pour un mort. Car tu es un Peuple Kadoch pour Hachem ton Dieu, et c’est toi que Hachem a choisi pour être pour Lui un peuple « trésor » de parmi tous les peuples qui sont à la face de la Terre ».
Toutefois, au-delà de la traduction simple de « lo titgodedou » de la racine de « guedida », entaille, nos ‘Hakhamim (Guemara Yevamot 14a) rapprochent ce verbe de la racine de « agouda, regroupement. Ne vous fragmentez pas en groupuscules.
La Michna (Avot 3, 14) enseigne : « L’Homme est précieux car il a été créé « Betsélem » (« à la forme »), c’est-à-dire que l’Homme est doté de possibilités exceptionnelles parmi le reste des créatures de Dieu (la « raison », la parole, l’aptitude à choisir « librement » ses pas, même si ce n’est pas un « droit » …)
Les Bené Israël sont précieux du fait qu’ils sont appelés « Fils »… comme le dit le verset (Devarim 14 ;1) « Vous êtes les fils de Hachem … »
Rav Yaacov Kamenetski (Emet LeYaacov, Michna Avot, 3, 14) explique cette Michna ainsi : Le « Sékhel » (la raison) dont l’Homme est doté constitue un « outil » intérieur par lequel chaque homme était sollicité, avant le don de la Torah, lui permettant de penser et d’agir en fonction des « dictats » de sa raison. Toutefois, lors de Matane Torah (Le Don de la Torah), Hachem a octroyé à Israël la dimension de « Fils » et par cela l’aptitude d’accéder à la Torah.
Rav Kamenetski souligne qu’alors qu’un homme peut perdre la raison, le lien à la Torah qui vient de la dimension de « fils » est éternel. Même lorsqu’il se conduit mal, le lien de « sang » est inaltérable.
Le Tossefot Yom Tov explique que la Michna a choisi ce verset plutôt que celui que Moché Rabénou avait adressé à Par’o : « Israël est Mon Fils, Mon aîné… » (Chemot 4, 22) parce que le verset de notre Paracha est rattaché aux Mitsvot et est donc éternel !
Nos Commentateurs expliquent le lien entre la qualité de « Fils » de Hachem et l’interdiction de se taillader de diverses manières :
– « Rachi dit qu’il ne convient pas d’altérer l’aspect d’un « Fils de Hachem » par ces blessures.
– Le Ramban, ainsi que de nombreux Commentateurs expliquent que notre lien privilégié avec Hachem doit écarter toute manifestation de désespoir face à un évènement attristant, même le départ des plus proches. Hachem Qui nous chérit n’agit que pour notre bien.
Pour le second sens de la Mitsva de « lo titgodedou », ne pas nous fractionner en « groupuscules », j’ai entendu de Rav Rakov, Zatsal, (qui fut le Rav de la ville de Gateshead en Angleterre) l’explication suivante, que donne également Rav Tsvi Hirsch Ferber (Kerem Hatsvi sur ce verset) : Tant que le père est présent il est le facteur d’unité entre ses enfants. Après sa disparition commencent les divergences, qui constituent une « calvitie » dans la famille. La Torah nous souligne que notre « Père », Hachem est éternellement présent, et que nous sommes Ses fils, aussi il n’y a pas place à une quelconque fraction entre nous …
Rav Ferber ajoute la remarque que la Mitsva d’unité définie ici est liée à notre qualité de « Fils de Hachem ». Aussi, ce n’est que tant que nous sommes unis dans le respect de Sa Torah que nous devons rester unis. Lorsque, malheureusement, des Rechaïm s’arrogent les rênes du pouvoir afin de détruire les fondements de la Torah (toute ressemblance …), alors, s’il n’est pas possible d’enrayer leur démarche, la Mitsva est de se distinguer d’eux et de constituer des groupes séparés. (Ce fut d’ailleurs la démarche de Rav Chimchon Raphaël Hirsch en Allemagne, et du ‘Hatam Sofer en Hongrie, de revendiquer des pouvoirs publics le droit des Juifs respectueux de la Torah à se regrouper en Communautés séparées …).
Rav Moché Ye’hiel Epstein (Beér Moché) souligne la proximité entre cette déclaration : » Vous êtes les fils de Hachem votre Dieu » et les interdits alimentaires. Il explique que la Torah nous exprime par cela qu’un Juif ne mérite le titre de « fils de Hachem » que dans la mesure où il accomplit les Mitsvot non pour une raison quelconque, même spirituelle, mais uniquement au titre du décret de Hachem : « Comme me l’a ordonné Hachem mon Dieu ! ». Il poursuit en remarquant le lien que la Torah fait plus loin (14, 21) entre l’interdiction du mélange viande-lait et la déclaration : « Car tu es un Peuple Kadoch pour Hachem ton Dieu ; ne cuis pas l’agneau dans le lait de sa mère ».
Rav Epstein explique que l’interdiction de ce mélange est exprimée (à trois reprises) dans la Torah de façon « nébuleuse », de telle sorte que la lecture simple, sans la tradition de la Torah Orale, nous aurait mené à n’interdire que « l’agneau », et seulement dans le lait de « sa mère », et sans l’interdiction du profit non alimentaire.
Ce n’est que grâce à la transmission de la Torah Orale que nous apprenons toutes les facettes de cette Mitsva. Ainsi, Hachem a choisi de manifester particulièrement dans ce contexte la grandeur de la Torah Orale, et la grandeur du Juif qui est reconnu comme « Kadoch » par le fait qu’il accomplit scrupuleusement les paroles des ‘Hakhamim.
Le Sfat Emet (5645) souligne que la qualité de « Fils de Hachem » n’est pas un acquis du corps du Juif, mais de sa Nechama. C’est dans la mesure où il s’éveille à cette réalité, et s’éloigne des pratiques des non-juifs, comme celles mentionnées ici dans le verset, qu’il accède pleinement à cette dimension.
Rav Chalom Noa’h Bérézovski (Netivot Chalom, p. 91) souligne que c’est particulièrement relativement à cette Mitsva de contenir la détresse du deuil que la Torah nous définit comme les « fils de Hachem ». D’une part nous sommes conscients que la mort n’est pas une fin totale de l’existence, et d’autre part, nous gardons dans toutes les circonstances difficiles Celui Qui nous est le plus proche, Hachem.
Rav Bérézovski ajoute que cette notion d’être les « Fils de Hachem » est le principe le plus fondamental de notre approche de la vie. Il cite la discussion dans la Guemara (Kidouchin 36a) si cette qualité nous est reconnue seulement lorsque nous sommes attachés à la Volonté de Hachem, ou même dans les moments où un Juif s’écarte. Il rapporte que le Rachba (Techouvot, I, 242) dit que la conclusion de cette discussion suit l’opinion qu’en toute situation un Juif reste pour Hachem Son fils dont Il attend le retour.
Même après avoir fait toutes les Avérot (fautes) possibles, un Juif n’a pas le droit de désespérer de la proximité de Hachem et de la possibilité de revenir à Lui. Toutefois Rav Bérézovski souligne que le verset exprime cette affirmation au pluriel : « Vous êtes les Fils de Hachem ». Ce n’est que dans l’unité, comme un seul homme, comme une famille, que Hachem nous conserve cette grandeur. Dès lors qu’un Juif a une Emouna complète s’applique sur lui : « Vous êtes les fils de Hachem votre Dieu ! » il amène ainsi cette réalité sur lui.
Pour élargir notre perception de notre grandeur de « Fils de Hachem », Rav Yaacov Neyman (Darké Moussar, p.221) rapporte qu’il vit une fois son Maître, Rav Moché Rosenstein interroger un petit enfant sur le ‘Houmach. Lorsqu’il lui demanda de qui était cet enfant, le Rav lui répondit : « C’est l’enfant de Hachem ». Il lui souligna ainsi comment devait être l’approche d’un Roch Yechiva envers ses élèves. Rav Neyman ajoute qu’un tel regard sur les « enfants » d’Israël mène à aimer chaque Juif. C’est ainsi que chacun peut concrétiser par son propre comportement cette grande proclamation : « Vous êtes les Fils de Hachem ».
Rav Bérézovski attire encore notre attention sur le fait que la Paracha Reéh est toujours lue le Chabat qui précède Roch ‘Hodech Eloul, soit au seuil de la période privilégiée de la Techouva. Nos Maitres soulignent que les lettres du mot « Eloul » forment la phrase « Ani LeDodi, VeDodi Li « Je suis à mon Bien aimé, et mon Bien Aimé est à moi ! ».
C’est dans cette atmosphère que Hachem nous appelle à revenir à Lui, comme Ses Fils.

