Parasha – 215 – Vaét’hanan – 5785

בס »ד

Dans le Sefer Devarim, Moché Rabénou fait ses recommandations aux Bené Israël sur le point d’entrer enfin en Erets Israël entrée en Erets Israël.

Dans notre Paracha il leur dit, entre autres : « Vois, je vous ai enseigné des Décrets et des lois … et vous (les) garderez et vous (les) mettrez en pratique, car c’est votre sagesse et votre compréhension aux yeux des peuples qui entendront tous ces décrets, et (ils) diront : seulement (c’est un) un peuple sage et intelligent ce grand peuple ! Car qui est un grand peuple qui a Dieu proche de lui … et qui est un grand peuple qui a des décrets et des lois justes, comme toute cette Torah … » (Devarim 4, 5-8).

Quel est le sens de ce développement ?!

– Devons-nous respecter les Mitsvot de la Torah dans le but d’inspirer par cela l’admiration des non-juifs ?!

– Les non-juifs ont-ils une telle considération pour nos « décrets » ?!

Rachi (Vayikra 18, 4 ; Bamidbar 19, 2) rapporte au nom des ‘Hakhamim, que les Nations critiquent Israël pour les ‘Houkim (Décrets) qui n’ont pas de raison accessible à l’Homme, au point que Hachem les définit justement comme ‘Houkim (Décrets) pour souligner que nous devons nous y plier comme étant des décrets Royaux de Hachem.  Comment comprendre, alors, les mots de la Paracha ?!

De plus, sur le verset (9) « Seulement prends garde à toi … de peur que tu oublies les choses que tes yeux ont vu … » Rachi dit : « Lorsque vous ne les oublierez pas, et que vous les accomplirez selon leur vérité, vous serez considérés sages et intelligents. Mais si vous les faussez par oubli, vous serez considérés comme fous »

Rav Zalman Sorotskin (Oznaïm LaTorah Devarim, 4, 6) répond à la première question que le verset vient ajouter à l’obligation de la Mitsva qu’elle amènera un Kiddouch Hachem (la Sanctification du Nom de Hachem) qui ajoutera à l’influence d’Israël sur les Nations.

Rav Chimchon Raphaël Hirsch explique qu’à la différence des Nations, qui modulent en permanence leurs lois en fonction des intérêts du moment, et avec un regard superficiel, Israël, par contre, vit au fil des générations selon des règles immuables, individuelles et collectives. Pareillement, son histoire est tracée depuis le début. Cette constance amène la considération des Nations qui y voient le signe de la grandeur et de la sagesse.

Le Malbim explique le verset en citant le Ran (Drachot, I, p.51 ; IX, p.352 dans l’édition MHK) qui dit qu’un comportement surprenant attire une de deux analyses : soit, s’il n’amène pas d’effet « utile », on juge celui qui agit ainsi comme fou et stupide ; soit, s’il est accompagné d’une réussite manifeste, alors on reconnait l’homme comme d’autant plus « sage » que son comportement est surprenant.

Le Malbim explique ainsi que le second verset, qui témoigne de la proximité de Hachem Qui répond à nos prières amène les non-juifs à reconnaitre notre « sagesse » particulière. Ils ne peuvent pas l’attribuer aux lois « sociales », dans la mesure où eux-mêmes ont leurs codes qui leur semblent équivalents. Ils en viennent alors à attribuer notre « réussite » auprès de Hachem au respect des ‘Houkim qui n’ont pas de correspondants chez eux.

Rabénou Be’hayé explique le verset ainsi : des Michpatim (lois « civiles »), compréhensibles, les non-juifs en arrivent à reconnaître qu’il doit y avoir même dans les ‘Houkim une sagesse profonde, qui manifestement leur échappe du fait de leurs moyens limités. C’est en cela qu’ils reconnaissent la sagesse supérieure d’Israël.

Rav Its’hak Zeev Yadler (Tiférèt Tsion, Devarim 4, 6) émet un commentaire différent : il explique que la considération des non-juifs est le révélateur de la qualité de notre attachement aux Mitsvot ! Quand sommes-nous certains d’accomplir les Mitsvot comme il se doit ? Lorsque nous recevons grâce à cela la considération des Nations. La Vérité de la Torah s’impose aux hommes, même aux non-juifs, comme l’illustre l’exemple de Chimon HaTsadik, le Cohen Gadol qui vint à la rencontre d’Alexandre le Grand qui approchaitde Yerouchalaïm. Lorsqu’Alexandre vit Chimon HaTsadik, il descendit de son char et se prosterna devant lui, au grand étonnement de sa suite. Alexandre le Grand expliqua que la veille de ses victoires, l’image de Chimon HaTsadik s’imposait à lui. (Guemara Youma 69a).

Rav Yaacov Neyman (Darké Moussar, p.215) explique qu’à l’origine, lorsque Hachem nous a donné la Torah, les nations se moquaient effectivement des ‘Houkim. Toutefois, au fil du temps, en constatant quelle sorte d’hommes émanaient de notre Peuple grâce à nos ‘Houkim, ils sont contraints de reconnaitre leur supériorité. Il cite les règles de la Pureté Familiale, qui octroient à Israël une noblesse et une délicatesse inégalées parmi les Nations. De même pour les lois alimentaires, bien qu’apparemment le porc, entre autres, semble bon pour la santé et savoureux, et pareillement tous les autres interdits ; Mais lorsque les non-juifs constatent l’écart entre Israël et les Nations qui se manifeste par la distance des Juifs avec le meurtre et autres mauvais penchants, contrairement aux autres Peuples, ils attribuent ces distinctions profondes aux ‘Houkim de la Torah.

Rav Sim’ha Zissel Ziv (‘Hokhma OuMoussar I, 23) dit que le verset nous indique le niveau de qualité que notre accomplissement de la Torah doit atteindre : Il ne suffit pas de respecter les règles de la Torah ; il faut que nos actes soient à ce point profondément vécus par nous que même les non-juifs ressentent l’harmonie que les Mitsvot nous procurent. Ce n’est qu’alors que nous pouvons considérer que nous sommes sortis du comportement « mécanique ».

Rabbi Yerou’ham (Daat Torah, p. 224) poursuit en allant dans le sens des paroles de son Maître Rav Sim’ha Zissel Ziv, que la Torah pénètre jusqu’au plus profond de l’homme, au point que sur chacun de ses gestes se voit la grandeur du Peuple qui possède de telles Lois. Il dit que c’est la grandeur à laquelle nous avons accédé grâce à Matane Torah au Har Sinaï. La Manifestation de Hachem n’est pas dissociable du Don de la Torah. C’est la profondeur de l’imprégnation de la Torah en nous qui constituait la Révélation.

Rabbi Yerou’ham explique également (Daat Torah Devarim II, p.189 ; Vayikra p. 96 ; Chemot 207 ; et autres) queselon l’enseignement de nos Maîtres (Kouzari I, 31 ; Pirouch Rav Yossef Yabets Avot 3, 18) au-delà de la répartition des Créatures en quatre catégories, le minéral, le végétal, l’animal et le « Medaber » (Parlant), l’Homme, il y a une cinquième dimension, le Peuple Juif qui a reçu la Torah.

Rabbi Yerou’ham explique que de la même manière que chaque dimension possède sa dimension spécifique, et qu’en particulier les êtres vivants ont dès la naissance un instinct qui les protège des accidents. Par exemple, un animal n’ira pas jusqu’à une dénivellation et tomber, alors qu’un enfant n’est pas protégé tant que son intellect n’est pas développé, ce qui montre que le « moteur » de l’Homme est son intelligence.

Chez le Peuple Juif, le Don de la Torah a « remplacé » l’intelligence humaine ordinaire par une intégration profonde de la Torah. Dorénavant, un juif ne peut plus « fonctionner » comme tout être humain sur la base de son « bon-sens ». S’il abandonne la Torah, il descend en dessous du niveau humain ordinaire, et est, malheureusement, susceptible de pire que ce qu’un non-juif commettrait …

C’est pourquoi si nous accomplissons les Mitsvot selon leurs règles précisément, conformément à notre nature profonde héritée du Don de la Torah, cette authenticité s’impose au regard des Nations.

Mais si nous cherchons ailleurs une valorisation, cela ne peut nous mener qu’à un échec cuisant.

De tous temps les non-juifs se sont tournés vers les Grands Rabbanim pour résoudre des problèmes « brûlants ». Que ce soit une sècheresse, ou au contraire une crue du fleuve comme dans une histoire remarquable rapportée par un mécréant notoire dans son autobiographie. Isser Harel, patron des services secrets israéliens, raconte comment Rav Méïr Sim’ha de Dvinsk fut sollicité avec insistance par le gouverneur de la ville pour sauver la ville d’une crue du fleuve. Le témoin relate que le Rav vint, au milieu de la Tefila de Chabat matin, revêtu de son talit, et pria, puis fit signe au fleuve de « se calmer ». Les glaces se rompirent, et le danger fut écarté. Suite à cela, les habitants non-juifs de la ville vinrent remercier le Rav de son intervention …

Ne nous contentons pas, comme les non-juifs, d’un regard « magique » et primaire de notre très Sainte Torah. Notre Paracha nous a révélé le secret de la réalisation parfaite de notre être, que nous pouvons « vérifier » au regard que les Nations portent sur nous.