Parasha – 205 – Chavouot – 5785

בס »ד

Chavouot est à nouveau « à notre porte » ! Qu’est-ce que cette « rencontre » doit représenter pour nous ?!

Rav Chimchon Raphaël Hirsch souligne (Bemaaguelé Chana, p. 211) qu’à la différence de Pessa’h et Soucot, Roch Hachana et Yom Kippour, qui sont abondamment gratifiés de « symboles » qui nous accompagnent à leur rencontre, Chavouot est totalement dépourvu de toute manifestation concrète ! Pas de Matsa, pas de Soucca, de loulav, de Chofar ni de jeûne …De plus, alors que Pessa’h et Soucot s’étendent sur sept jours, Chavouot ne dure qu’un seul jour (le second jour en dehors d’Erets Israël n’est qu’une institution de nos ‘Hakhamim liée aux aléas de l’information sur le calendrier à l’époque où Roch ‘Hodech était fixé par le Sanhédrin).

Rav Hirsch poursuit en expliquant qu’à la différence des « religions » qui sont la perception que se fait l’Homme de « dieu », la Torah n’est pas une théologie, une science du « divin ». La Torah est la Parole de Hachem adressée à l’Homme, pour l’Homme !

Les ‘Hakhamim rapportent (Midrach Tan’houma, Michpatim, 5) le dialogue entre Aquilas, le Guer (converti) romain et son oncle, l’Empereur Adrien. Adrien reprochait à son neveu une démarche précipitée, irréfléchie, dans sa Guérout. Aquilas justifia sa décision par le besoin d’apprendre la Torah. Adrien lui dit qu’il n’avait qu’à apprendre la Torah sans se convertir ! Aquilas répondit qu’il est impossible d’étudier la Torah sans être Juif, comme le dit le verset : « Il (Hachem) enseigne Ses Paroles à Yaacov, Ses décrets et Ses Michpatim (Lois) à Israël ; Il n’a pas fait ainsi pour tout peuple, et les Michpatim ils ne les connaissent pas … » (Tehilim 147, 19-20). Même les Michpatim (les Lois civiles) de la Torah sont inaccessibles à quiconque est étranger à la Torah dans sa totalité, étude et action !

Chavouot est ainsi le jour où Hachem S’est manifesté à nous, non pour que nous Le connaissions, mais pour que nous nous connaissions nous-mêmes à travers Son regard !

Après que nous soyons sortis d’Egypte, il nous a fallu une période complète de 49 jours de préparation pour arriver au niveau qui nous permettrait de recevoir la Torah.

Rav Hirsch (Vayikra 23, 16) explique que 7 jours expriment la sortie de la domination de la nature des 6 jours d’activité en entrant dans le Chabat libérateur. De même les 7 semaines (7 fois 7 jours) nous ont mené de la Touma (Impureté) du règne des sens en Egypte, à la Tahara (la Pureté) du 50ième jour dans la liberté morale. Vient ensuite le 8ième « jour », le 50ième du décompte qui nous a amenés à un niveau supérieur, à l’accès à la Torah de la Main de Hachem.

Rav Hirsch compare cela à la Brit Mila (Circoncision) qui a lieu le 8ième jour aprèsla naissance, après une semaine complète comportant un Chabat, avant que l’enfant n’accède au monde de la Avoda (le Service de Hachem).

Toutefois, comment comprendre le Chavouot de Matane Torah (Don de la Torah), un évènement qui s’est déroulé il y a plus de 3000 ans peut-il encore avoir un impact sur notre existence. Suffirait-il de rappeler les manifestations spectaculaires qui ont accompagné cette « rencontre » avec Hachem ?

Rav Chalom Noa’h Bérézovski (Netivot Chalom, p.334) rapporte que tout comme la Torah elle-même est éternelle, ainsi notre « réception » de la Torah est éternelle. Chaque année nous recevons à nouveau la Torah. C’est pourquoi nous disons dans la Tefila et dans le Birkat HaMazon que ce jour est le jour de « Matane Toraténou », le jour du « Don de notre Torah » …

Mais dans la mesure où ce Don est renouvelé, nous devons forcément le « recevoir » ! Comment cela se réalise-t-il ? Il ne suffit évidemment pas d’un don par Hachem qui se produirait à notre insu, sans que nous ne nous y soyons dûment préparés.

En quoi consistait la préparation initiale à recevoir la Torah, de telle sorte que nous puissions mieux percevoir l’objectif de la manifestation de Matan Torah au Har Sinaï ?!

La Torah cite deux faits marquants qui ont précédé Matan Torah :

– L’arrivée des Bené Israël devant le Mont Sinaï. Dans le verset : « Ils partirent de Refidim, et ils vinrent au désert de Sinaï, et ils campèrent dans le désert ; et Israël campa là-bas face à la Montagne. (Chemot 19, 2)  » Rachi souligne le singulier du verbe  » campa », et explique : « comme un seul homme, avec un seul cœur » !

– Lorsque Moché Rabénou conclut l’alliance des Bené Israël avecHachem préalablement à la Révélation au Sinaï, ils répondirent : « Tout ce que Hachem a dit nous ferons et nous entendrons ! ».

Nos ‘Hakhamim enseignent que « Lorsque les Bené Israël firent précéder « Naassé » – nous ferons, à « Nichma » – nous entendrons, 600000 Mal’akhim (Anges) vinrent et attachèrent à chacun d’Israël deux couronnes, une pour Naassé, et une pour Nichma … » (Guemara Chabat, 88a).

 Rav Chlomo Wolbé souligne (Alé Chour II, p.399) relativement à l’unité sans réserve des Bené Israël dans l’attente du Don de la Torah, qu’une telle unité de millions de personnes dans un engagement pareil, sans réserve, nous est presque inimaginable, face à la triste réalité de notre Peuple à travers la Galout (Exil) avec son abondance de divergences … Rav Wolbé rapporte encore du Midrach (Chemot Raba 29, 1) que chacun reçut la Parole de Hachem selon ses capacités. Ainsi il y avait une unité parfaite, composée non de l’annulation de la personnalité de chacun, mais d’une somme d’individus …

Rav Chalom Noa’h Bérézovski (Netivot Chalom, p. 345) remarque que cette déclaration des Bené Israël constituait le niveau particulièrement élevé atteint par les Bené Israël. Il explique que précéder Naassé à Nichma est une soumission totale à Hachem. Telle était leur dispositionface à tout ce qui leur serait demandé ! Il ne s’agit pas d’un engagement ponctuel, qui serait déjà remarquable ! Il s’git d’un engagement éternel, au nom de tout le Peuple d’Israël au fil des générations, instant par instant !

Et c’est à de tels niveaux que nous sommes conviés chaque année à nouveau, chacun devant reproduire à sa dimension l’engagement total de sa personne face à Hachem, dans tous ses moyens et dans tous ses instants, et dans une unité parfaite avec l’ensemble du Peuple de Hachem …

C’est là la révélation à laquelle nous avons eu accès lors de Matane Torah ! C’est cela que rappelle Moché Rabénou aux Bené Israël à la fin du séjour dans le désert, au seuil d’entrer en Erets Israël pour y vivre une existence « régulière » de peuple sur sa terre (Devarim 4, 35) (Il t’a été montré pour savoir que Hachem est Elokim (Dieu tout puissant, Qui dirige chaque instant de toute la Création), il n’y a rien hormis Lui ! ».

Le Ramban explique (Chemot 25, 1) que le Michkan (Tabernacle) était destiné à prolonger la révélation du Har Sinaï dans l’existence régulière quotidienne. La Présence de Hachem dans le Michkan, perceptible sur le Aron HaKodech renfermant les Lou’hot (Tables des Dix Commandements) perpétuait le contact étroit d’Israël avec Hachem.

Rav Chlomo Harkavi (Me Imré Chlomo, p. 177) développe que ce lien intime avec Hachem constitue la caractéristique profonde inaltérable d’Israël, et la condition exclusive de l’accès à la Torah.

En plus de ce que  « Naassé (nous ferons) signifie « sans la condition d’entendre préalablement », comme nous l’avons souligné plus haut, la proclamation « Naassé veNichma »,  comporte également l’engagement de nous consacrer à l’étude de la Torah sans relâche, même après avoir acquis une connaissance parfaite des Mitsvot.

Rav Arié Zeev Gouréwits (Meoré Chearim, I, 1) développe que c’est en cela que consiste le ‘Hok (Décret au-delà de la compréhension humaine) de l’étude de la Torah. Il explique que c’est ainsi que chaque Juif vit en relation profonde avec Hachem dans « l’imprégnation » de Sa Parole.

C’est cet engagement à l’étude sans limite qui justifia la seconde couronne !

Tous ces éléments sont inclus dans l’évènement grandiose, unique, qui se renouvelle pour nous chaque année !

C’est à cet engagement d’une telle grandeur que chacun de nous est convié à Chavouot, cette année comme toutes les années, et en réalité, à chaque instant de notre existence