Parasha – 201 – A’haré Mot – Kedochim – 5785

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Les deux Parachiot A’haré Mot et Kedochim sinscrivent dans la continuité du Sefer Vayikra, dédié à la présence de Hachem au sein du Peuple d’Israël, dans le Michkan. Comme le dit le verset (Chemot 25,8) « et ils Me feront un Mikdach et Je résiderai en leur sein ».

Nos ‘Hakhamim expliquent « au sein de chacun ! ». La Présence de Hachem n’est pas rattachée à un « culte » dans un endroit particulier ! Le Michkan (puis le Bet HaMikdach) est comme la « vitrine » du lien profond entre Hachem et Son Peuple. La véritable Présence de Hachem se réalise dans le lien particulier de chacun avec Hachem dans son quotidien.

La Paracha A’haré commence avec la Avoda (Service) du Cohen Gadol dans le Michkan à Yom Kippour, qui est l’apogée de la Avoda dans le Michkan (Vayikra 16,1-34). En contraste la seconde partie de la Paracha est dédiée aux interdits de relations, qui pollueraient la relation des Bené Israël avec Hachem (18, 1-30). La Paracha Kedochim énonce diverses lois, exclusivement dans la relation avec Hachem, d’autres concernant les contacts entres les hommes. Toutes sont pareillement associées à la Kedoucha (« Sainteté »), qui est la condition fondamentale de la relation individuelle et collective avec Hachem.

Les Mitsvot envers les hommes et les Mitsvot face à Hachem sont deux facettes convergentes. La fin de la Paracha Kedochim (20, 1-27) revient sur les interdits énoncés dans la Paracha A’haré, pour mentionner les diverses sanctions qui y sont attachées.

La Paracha conclut par le verset :  » Vous serez Kedochim pour Moi, car Je suis Kadoch Moi Hachem ; et Je vous ai distingués des peuples pour être Miens ! » (Vayikra 20, 26).

Au début de la Paracha A’haré (16, 7 ; 15-22), parmi les offrandes apportées à Yom Kippour se singularisent les deux boucs identiques dont l’un est apporté dans le Bet HaMikdach comme offrande, tandis que le second est envoyé dans le désert pour terminer son existence en dégringolant d’une falaise. Rav Chimchon Raphaël Hirsch explique (16, 10) l’opposition entre ces deux boucs ainsi : Ils représentent deux personnalités, identiques à l’origine. La Michna prescrit que dans leur acquisition on vise à une identité aussi absolue que possible entre eux (Guemara Youma 62a). Cette ressemblance superficielle met particulièrement en évidence l’opposition entre eux : l’un va être apporté en offrande, semblant « achever » son existence dans l’abnégation face au Bet HaMikdach, tandis que le « chanceux » reste vivant à l’extérieur du Bet HaMikdach, lui tournant le dos. Mais finalement, son sort est de terminer son existence dans la désolation du désert, à l’écart de l’agglomération humaine. Rav Hirsch explique que ces deux boucs représentent notre propre existence. Chacun de nous a dans sa personnalité la potentialité d’opposition représentée par le « bouc ». Selon qu’on choisira d’utiliser cette aptitude contre les tentations intérieures et extérieures qui nous détournent de Hachem, ou au contraire de tourner notre révolte contre Hachem, nous serons l’un ou l’autre de ces deux « boucs ».

La seconde partie de la Paracha A’haré est introduite par les versets : « Parle aux Bené Israël et dis-leur : « Je suis Hachem votre Dieu ! » (18, 2-5). Comme les actions du pays d’Egypte … et comme les actions du pays de Canaan … ne faites pas, et dans leurs « décrets » n’allez pas !… Vous garderez Mes ‘Houkim (décrets) et Mes Michpatim (lois) … Je suis Hachem ! ». Rachi commente ces versets (voir en détail …), et explique que les Michpatim sont les lois « logiques » dont on comprend la nécessité, tandis que les ‘Houkim sont des « décrets royaux » auxquels s’opposent le Yetser Hara (Penchant du Mal) et les nations.

Rabbi Yerou’ham Levovitz (Daat Torah p.139) souligne que l’étude approfondie des Michpatim met en évidence la limite de notre compréhension. Plus on avance dans l’étude plus on perçoit que l’essence des Michpatim est, comme celle des ‘Houkim, le « Décret Divin » des versets de la Torah !

Rav Ye’hezkel Sarna (Dalyot Ye’hezkel, III, p.210) développe pareillement que les Michpatim eux-mêmes sont dans leur essence fondamentalement différents des lois des nations. Le respect des Michpatim de la Torah répond à des règles absolues que l’intellect humain ne pourrait en aucun cas atteindre. Les principes de base du droit civil d’inspiration humaine sont limités à la compréhension de l’Homme, tandis que les bases des Michpatim ont leur racine dans la Sagesse Divine qui est illimitée.

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Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.Un membre éminent de la communauté parisienne, le Docteur Elie Temstet Zal (Talmid ‘Hakham et Mohel) disait « Il y a de nombreuses années, une sage-femme qui aurait pratiqué un avortement était poursuivie en justice pour homicide. Aujourd’hui, cet acte « médical » est remboursé par la Sécurité Sociale » … »

Rav Sarna souligne qu’au-delà des différences « techniques » dans le respect des « lois sociales », l’objectif lui-même est totalement autre : en acceptant sur soi le joug de la Royauté Céleste ! C’est ce qu’exprime le Rambam (Hilkhot Melakhim, 8, 11) en disant qu’un non-juif qui respecte les Sept Mitsvot Noa’hides par compréhension personnelle n’a pas les qualités attachées à celui qui se soumet à ces Mitsvot. Ce n’est qu’en les acceptant comme Mitsvot de Hachem exprimées par Moché dans la Torah qu’elles reçoivent leur véritable valeur !

Rabbi Yerou’ham continue l’analyse du verset  » et dans leurs « décrets » n’allez pas ! … ». Il cite Rachi « qu’est-ce qu’a laissé le verset qu’il n’ait pas mentionné (en détaillant les actions des égyptiens et des cananéens) ? mais ce sont leurs mœurs, les choses « établies » pour eux, comme les théâtres et les cirques ». Rabbi Yerou’ham commente qu’au-delà des fautes interdites par la Torah, il s’agit ici de nous éloigner de tout le « mode de vie » qui reflète la personnalité profonde des peuples. Il cite une réponse de Halakha’ du Noda Biyehouda (Rav Ye’hezkel Landau, Rav de Prague, contemporain du Gaon de Vilna) à la question d’un homme aisé s’il lui était permis de chasser dans ses propres forêts. Le Noda Biyehouda répond que nous ne connaissons dans l’Histoire que les « références » de Nimrod (« promoteur » de la Tour de Bavel, qui jeta Avraham dans la fournaise …) et Essav qui chassaient. Ce ne sont pas là les comportements des descendants d’Avraham Its’hak et Yaacov … Rabbi Yerou’ham souligne que toute l’essence des non-juifs est de cultiver les « loisirs ». Notre « culture », à l’opposé, est l’attachement exclusif à tout ce qui nous rapproche de Hachem.

Pareillement, la fin de la Paracha Kedochim dédiée aux sanctions des interdits « moraux » se conclut par (20, 22-26) « Vous garderez tous Mes ‘Houkim et tous Mes Michpatim … Et vous n’irez pas dans les ‘Houkim du peuple que Je chasse de devant vous … Je suis Hachem votre Dieu Qui vous ai distingués des nations … Et vous serez Kedochim pour Moi … Et Je vous ai distingués des nations pour être Miens ! ».

Rachi cite l’explication « si vous vous séparez d’eux, vous êtes à Moi ; et sinon, vous êtes à Nevou’hadnetsar (Empereur de Babel qui a détruit le Bet HaMikdach et exilé les Bené Israël) et ses pairs. Rabbi Eléazar Ben Azarya dit : d’où sait-on qu’un homme ne doit pas dire je me dégoûte de la viande de porc ; je ne supporte pas de porter du Chaatnez (mélange de laine et de lin) ! Mais il doit dire : je supporterais mais que puis-je faire alors que mon Père Qui est dans le Ciel a décrété sur moi ?! C’est ce qu’enseigne le verset « Je vous ai distingués des peuples pour être à Moi », votre séparation d’eux doit être en Mon Nom, en s’éloignant de la faute et en acceptant sur soi le joug de la Royauté Céleste ! ».

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Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.Rav Arié Zeev Gourewits (Meoré Chearim, premier texte) cite Rabbi Yerou’ham, et développe qu’en adoptant les comportements « anodins » des non-juifs, on s’imprègne de leur mentalité. A l’opposé, en s’attachant à l’étude de la Torah, on est pénétré de « l’Esprit » de Hachem.

Rav Dessler (Mikhtav MeEliahou V, p.432) rapporte également les paroles de Rabbi Yerou’ham, et souligne que là réside la frontière entre Israël et les nations : Israël aspire à la Torah et à la spiritualité, tandis que les peuples du monde ne désirent que les loisirs et le sport, tout ce qui est « jeu », c’est-à-dire un « semblant » de réalité. Le culte de l’imagination en lieu et place du gout réel de la spiritualité …Rav Dessler remarque qu’un Juif peut être libre de son activité professionnelle un jour férié civil, mais s’il se réjouit alors, se mêle à cela de la légèreté des peuples, et il affaiblit ainsi son lien avec nos ancêtres qui se tenaient fortement à l’écart de telles choses.

Rabbi Yerou’ham (p.198) cite le commentaire de Rachi « si vous vous éparez d’eux, vous êtes à Moi ; et sinon, vous êtes à Nevou’hadnetsar (Empereur de Babel qui a détruit le Bet HaMikdach et exilé les Bené Israël) et ses pairs. Il explique que la Galout (Exil) n’est pas une simple punition. C’est le résultat direct de notre « séparation » de Hachem. Soit nous nous distinguons des nations et sommes attachés exclusivement à Hachem. Soit nous nous nous assimilons à leur mentalité, et étant leurs « pareils », nous subissons les aléas de leur proximité.

Nous pouvons comprendre ainsi que l’opposition entre les deux boucs analysée par Rav Hirsch (ci-dessus) ne concerne pas l’alternative entre le respect « technique » des Mitsvot et leur transgression, ce qui n’aurait pas place au niveau de la Avoda du Bet HaMikdach. La vraie opposition se situe dans le domaine des « centres d’intérêt » profonds de l’homme.

Les deux Parachiot de cette semaine s’inscrivent ainsi dans l’échelle que constitue le Sefer Vayikra pour la construction de notre Michkan individuel.