Votre panier est actuellement vide !
Parasha – 199 – Chemini – 5785

בס »ד
La première partie de La Paracha Chemini (Vayikra 9, 1- 10, 20) est consacrée au jour de l’entrée en fonction effective du Michkan (le Tabernacle) par la Avoda (le Service) qu’Aharon et ses fils, les Cohanim y ont accomplie.
La seconde partie (11, 1-47) définit les animaux « Tehorim » (Purs – Cacher) et Teméïm (Impurs) pour l’alimentation, et à un autre niveau pour la Touma (Impureté) de contact que leurs cadavres sont susceptibles de communiquer, et la manière de retrouver la Tahara (Pureté) après ces contacts.
L’association de ces deux sujets apparemment très éloignés appelle explication.
Moché Rabénou introduit l’inauguration du Michkan aux Bené Israël par ces mots (9, 6) : « Ceci est la chose que Hachem a ordonnée, faites (la) et se manifestera à vous la Gloire de Hachem ! »
Nos ‘Hakhamim (Sifra Chemini 6) expliquent quelle est cette « chose » que Hachem a ordonnée aux Bené Israël dans l’entrée en fonction du Michkan ?! Le Malbim souligne que les Bené Israël n’avaient pas une part active dans cet évènement. Qu’est-ce que Moché leur ordonnait ?
Le Midrach explique : « Moché dit aux Bené Israël » : ce Yetser Hara (le Penchant du Mal) écartez-le de votre cœur, et soyez tous avec une Yir’a (la « Crainte » de Hachem) et avec un projet unique pour « Servir » devant Hachem. De même qu’Il (Hachem) est unique dans le Monde, ainsi que votre Avoda (Service) soit unie devant Lui … » !
Et concernant les règles alimentaires de la seconde partie de la Paracha, le verset commente (11, 45) : « Car Je suis Hachem Qui vous fait monter du pays d’Egypte pour être pour vous « Elokim » (Dieu) ; Et vous serez Kedochim (saints) car Je suis Kadoch (saint) ! »
Là également, nos ‘Hakhamim (Guemara Bava Metsia 61b, cité par Rachi) commentent, et relèvent l’emploi du terme « Hamaalé » (Qui vous a fait monter), plutôt que le terme habituel de « sortir ». Ils expliquent : « Si Je n’avais fait monter les Bené Israël d’Egypte que pour cette chose qu’ils ne se souillent pas aux vermines (qu’ils ne consomment pas) cela Me serait suffisant (et c’est une élévation pour eux ; Rachi) ! ».
Ces deux commentaires de nos ‘Hakhamim indiquent que la première partie de la Paracha dédiée au niveau le plus élevé de proximité à Hachem, le contact par le Michkan, est assortie d’une mise en garde sévère de s’affranchir du Yétser Hara, tandis que la seconde partie traite de sujets d’ordre plus matériels, comme les règles alimentaires fondamentales, les définit comme une élévation ?!
Le Haamek Davar explique le Midrach relatif à l’inauguration du Michkan : Moché Rabénou faisait face à la tendance de certains parmi les Bené Israël à vouloir se rapprocher de Hachem par des démarches « personnelles », comme plus tard les 250 hommes qui s’associèrent à Kora’h dans sa contestation de l’autorité de Moché Rabénou (Bamidbar 16, 1-35), pour accomplir la Avoda de Ketorèt (Encens) réservée par Hachem aux Cohanim dans le Michkan … (Voir le Haamek Davar Bamidbar 16, 1). C’est pourquoi Moché Rabénou vient mettre en garde contre de telles aspirations qui privilégient les élans personnels divergents dans un élan vers Hachem au-delà de la soumission à la Volonté unifiante de Hachem.
Rav Its’hak Aïzik Scherr (Leket Si’hot Moussar p.243) développe que c’est leur compréhension élevée qui constituait l’épreuve, et le Yetser Hara, comme dans la faute du Eguel (Veau d’Or).
Lors de Matane Torah (Don de la Torah) au Sinaï, les Bené Israël ont pris sur eux de soumettre leur « intellect » à la Sagesse de la Torah, et d’accomplir leur Avoda exclusivement selon la Torah, conformément aux directives de Hachem transmises par Moché.
Rav Scherr souligne que c’est pour cette raison que les versets de la confection du Michkan sont ponctués de manière répétitive par ces mots : « comme Hachem a ordonné à Moché ». Il remarque que c’est pour cela que Moché Rabénou ajoute : « et vous serez tous dans une Yir’a et un projet unique pour « Servir » devant Hachem », car lorsque l’homme va selon son intellect, chacun a sa compréhension, et chacun agira à sa manière, de telle sorte qu’il ne peut pas y avoir une unité entre eux !
Rav Scherr explique encore que fondamentalement l’Homme a été créé avec un « sékhel » (intellect) droit, tel qu’il devrait percevoir toute la Torah par sa compréhension. Mais les sentiments qui se mêlent en lui faussent son intellect. Aussi, afin d’atteindre à la vérité de la Torah, il doit tourner le dos à son intellect faussé, et se soumettre à la Torah comme » ‘Hok » (décret de Hachem) même pour les « Michpatim » (les Lois dont la raison nous semble accessible) …
Il cite comme illustration les paroles du Rambam (Hilkhot Melakhim, 8, 11) qui dit qu’un « Ben Noa’h » (Non-juif) qui accomplit les sept Mitsvot qui lui incombent parce que son bon-sens le lui dicte, et non comme ordre Divin, n’est pas considéré comme un ‘Hassid des nations, ni même comme un de leurs sages … car la volonté de Hachem est que la Avoda des hommes soit exclusivement sur Son ordre transmis par Moché !
Comme le montre l’enseignement de nos ‘Hakhamim cité plus haut, la fin de la Paracha nous montre un chemin vers la grandeur à travers le respect scrupuleux des règles alimentaires.
Nombre de nos Maîtres des dernières génération (Rav Dessler, Mikhtav MeEliahou, III, p.186; Rav ‘Haïm Chmouléwitz, Si’hot Moussar, Paracha Vaéra 732 ; Rabbi Yerou’ham Levovitz, Daat Torah Vayikra, pp. 85 ;234 ; Rav Chraga Grossbard, Daat Chraga p.41; et autres) citent la question de Rav Sim’ha Zissel Ziv, le Saba MiKelm pourquoi Hachem a-t-Il attendu de nous faire sortir d’Egypte pour nous ordonner les règles alimentaires ?! Rav Sim’ha Zissel Ziv répond qu’en Egypte les Bené Israël étaient dans un état spirituel trop bas pour être sensibles à la Touma (Impureté) des aliments. Tout comme un chien n’est pas incommodé par la consommation d’un aliment avarié, tandis qu’un homme en sera malade, ainsi seuls les Bené Israël après la Sortie d’Egypte et Matane Torah ont-ils atteint l’élévation qui les rendait « fragiles » aux aliments que les peuples de la Terre consomment sans dommage.
Cette sensibilité qui s’exprime dans tous les domaines de la vie est la marque de cette « élévation » que Hachem nous a octroyée par la Sortie d’Egypte et le Don de la Torah !
Chaque niveau d’élévation est une valeur en soi qui justifie le qualificatif « Dayénou » que nous appliquons aux étapes de notre évolution, comme nous le mentionnons dans la Hagadah le soir de Pessa’h.
Rav Yaacov Neyman (Darké Moussar, p.150) souligne en s’appuyant sur une citation de la Guemara (Youma 82b) que l’influence du respect ou du non-respect des interdictions alimentaires influe non seulement sur la sensibilité aux Mitsvot concernant exclusivement notre relation avec Hachem, mais également la perception des besoins d’autrui. Une mère enceinte qui s’était retenue de manger d’un aliment qu’elle avait senti alors qu’elle était enceinte et qu’elle avait éprouvé le besoin d’en consommer à Yom Kippour donna naissance à Rabbi Yo’hanan, un des plus grands ‘Hakhamim de l’époque de la Guemara. A l’opposé, une autre mère qui ne sut pas surmonter sa réaction à l’odeur alléchante et qui en consomma, même à juste titre selon la règle qu’une telle situation d’envie présenterait un danger pour une femme enceinte, donna naissance à un racha qui par la suite, stockait le blé pour en faire monter les prix au détriment des nécessiteux. L’association des causes et effets par la Guemara souligne que pour être sensible aux autres, il faut atteindre un haut niveau de retenue sur ses appétits. Les deux domaines d’activité humaine, face à Hachem et face à autrui, sont indissociables !
Un autre enseignement de nos ‘Hakhamim (Sifra Parachat Kedochim, 128) cité par Rachi (Vayikra 20, 26) stipule : « Si vous êtes séparés des peuples, vous êtes à Moi ; et sinon, vous êtes à Nevou’hadnétsar (Nabuchodonosor, qui détruisit le premier Beth HaMikdach) et ses pairs. Rabbi Eléazar Ben Azaria dit : D’où sait-on qu’un homme ne doit pas dire : Je ne supporterai pas de manger la viande de porc, je ne supporterai pas la relation avec une femme interdite… mais (il doit dire) je pourrais tout à fait, mais que ferai-je, alors que mon Père Qui est dans les Cieux me l’a interdit ?! Nous l’apprenons du verset : « Je vous ai séparés des peuples pour être à Moi ! Ainsi s’abstient-il de la faute en prenant sur lui le joug de la Royauté Céleste ! ».
Tous ces développements constituent le programme de l’existence d’un Juif !
– Le Yetser Hara de la Gaava (l’orgueil) qui mène à s’inventer une démarche personnelle de rapprochement à Hachem, et le Yetser Hara des appétits matériels ne sont que deux facettes d’une même insoumission à Hachem !
– La Avoda dans le Beth HaMikdach (Temple) et dans l’existence quotidienne ne font qu’une !
– La Avoda face à Hachem et celle qui touche aux relations avec son prochain ne sont que les deux facettes des Mitsvot que Hachem nous ordonne !
-La soumission sans réserve à Hachem, y compris dans le domaine spirituel où nous pourrions croire qu’il y aurait place à une « spontanéité » libre de toute directive, ainsi que le respect des lois du quotidien exclusivement au titre du décret de Hachem sont les clés de la véritable grandeur !
Rav Chalom Noa’h Bérézovski (Netivot Chalom, p.47) souligne que dans la majorité des années, nous lisons la Paracha Chemini pendant la période du Omer qui mène depuis Pessa’h, à partir de la Sortie d’Egypte, à Chavouot, où nous célébrons le Don de la Torah. La Kedoucha (« Sainteté ») à laquelle nous atteignons par les règles alimentaires est la préparation à recevoir la Torah !
Notre Paracha qui s’inscrit dans la continuité des Parachiot du Séfer Vayikra dédié au Michkan nous trace le chemin de la construction du Michkan intérieur de chacun, afin de vivre pleinement le contact avec Hachem.בס »ד
En vue de cela Hachem m’a fait (les miracles) à ma sortie d’Egypte ! »

–
