Votre panier est actuellement vide !
Parasha – 197 – Tsav – 5785

בס »ד
Dans la Paracha Tsav, la Torah complète les règles relatives aux Korbanot (Offrandes) que les Bené Israël apportaient dans le Beth HaMikdach (Temple).
Une partie importante de la section consacrée aux Korbanot consiste à développer la « répartition » des parties des animaux et des farines entre le Mizbéa’h (l’Autel), les Cohanim et le propriétaire accompagné de ses invités, suivant les caractéristiques spécifiques de chaque Korban.
Le premier exemple traité ici est la Min’ha (l’Offrande de farine) (Vayikra 6, 7-11).
La Torah définit que le Cohen qui procède à la Avoda (Service) de la Min’ha doit en prélever une poignée selon un processus précisé par la Torah, et la consumer sur le Mizbéa’h en offrande à Hachem. Le reste est alors destiné aux Cohanim qui doivent le consommer dans l’enceinte du Beth HaMikdach.
Les deux cas suivants sont le ‘Hatat et le Acham (les Offrandes de réparation), amenés pour réparer une faute (6, 17-22). Là également, après le prélèvement des parties destinées au Mizbéa’h, le reste est consommé par les Cohanim dans l’enceinte du Beth HaMikdach.
Vient ensuite le Chelamim (l’Offrande de Chalom-Harmonie). Ce Korban se partage en deux catégories :
– le Toda (Offrande de remerciement), amené à la suite d’une délivrance individuelle d’un danger particulier, maladie, emprisonnement, voyage dans le désert ou en mer. (7, 12-15). Ce Chelamim particulier est accompagné de pains. Après que les parties destinées au Mizbéa’h et aux Cohanim aient été prélevées (7, 32-34), le reste de ce Korban est consommé par le propriétaire en compagnie de ses invités dans les limites de la ville de Yerouchalaïm (Rachi, 7, 19).
– le Chelamim simple, amené sans autre motif que de vouloir s’approcher de Hachem (7, 16). Lui aussi est partagé entre le Mizbéa’h, les Cohanim et le propriétaire accompagné de ses invités, et est consommé dans l’enceinte de Yerouchalaïm.
Le nom de ce Korban, Chelamim est issu de la racine « Chalom »- Harmonie) car (Rachi3, 1) il amène le Chalom dans le Monde, et il porte le Chalom au Mizbéa’h aux Cohanim et au propriétaire.
Une lecture superficielle donnerait à penser que la consommation de tous ces Korbanot constitue des faveurs accordées aux Cohanim et même au propriétaire. Toutefois les délais extrêmement étroits de consommation, le jour du Korban suivi de la nuit pour le ‘Hatat et le Toda, et le jour et le lendemain pour le Chelamim ordinaire réfute une telle compréhension.
De plus, les conditions de Tahara (Pureté) et les limitations de l’espace où les Korbanot peuvent être mangés, l’enceinte du Beth HaMikdach et la ville de Yerouchalaïm, montrent sans équivoque qu’il s’agit en réalité du prolongement de la Avoda (Service) du Korban. Il ne suffit pas d’accomplir les étapes de la Avoda relatives au Mizbéa’h. Mais dans ces Korbanot différents de la Ola (Holocauste) qui est intégralement consumée sur le Mizbéa’h, la consommation dans des conditions de « Avoda » montre une particularité de notre lien avec Hachem.
Pour expliquer la consommation des Korbanot par les Cohanim, Rav Zalman Sorotskin développe (Oznaïm LaTorah (7, 7) que le Korban vient dans la majorité des cas réparer une volonté de jouir de ce monde sans restriction, jusqu’à arriver à une transgression par inadvertance d’une faute majeure comportant la peine de Carèt (Retranchement) pour la transgression délibérée. La réparation viendra alors au fauteur de voir comment les Cohanim consomment le Korban comme « attablés » à la Table du « Très Haut », dans un endroit Kadoch (L’Enceinte du Beth HaMikdach), et avec des intentions élevées d’accomplissement de la Volonté du Créateur.
Cet exemple incite l’homme à manger pour accomplir la Avoda de Hachem et pour entretenir son organisme pour cela. Puis dans l’étape suivante il en viendra à amener des Korbanot Chelamim avec lesquels il pourra lui-même « s’attabler à la Table de son Créateur », puis à vivre tous les détails du quotidien dans l’optique de la vie éternelle.
Rav Chimchon Raphaël Hirsch (6, 9-11) commente la consommation des « restes » de la Min’ha (l’Offrande de farine) en soulignant que ce n’est pas une « permission » de consommation, mais une véritable Mitsva. Le profit individuel ne doit pas éloigner l’Homme de « l’Espace du Mikdach », mais au contraire être vécu comme une Avoda (Service Divin) à part entière.
La vie « profane » doit rester profondément attachée au Mikdach.
De plus, l’interdiction du ‘Hamets (la pâte qui a levé) dans les Mena’hot (les Offrandes de farine), non seulement dans la partie destinée au Mizbéa’h (l’Autel) mais même dans le reste qui est consommé par les Cohanim, vient rappeler à l’Homme qu’il n’est pas libre et indépendant comme le ‘Hamets.
La Matsa manifeste que l’Homme n’est pas maître de son temps, comme la Matsa qui est réalisée sans le moindre délai de préparation, contrairement au ‘Hamets dont la pâte prend le temps de lever (Rav Hirsch, 2, 11-12).
De plus les Cohanim qui consomment les restes de la Min’ha dans les conditions du lieu et de la Tahara (Pureté) liées à l’accomplissement du Korban, vivent ainsi un rappel permanent que leur existence dépend intégralement du Mikdach de Hachem.
Rav Hirsch poursuit en expliquant que la présence du ‘Hamets dans une partie des Pains d’accompagnement du Toda (7, 13) à côté des Pains Matsa (7, 12) vient souligner que la place de l’Homme dans le monde qui semble marquée par l’indépendance, le ‘Hamets, est en réalité totalement dépendante de Hachem, comme le manifeste la Matsa. Cette association surprenante du ‘Hamets et de la Matsa est particulièrement appropriée au moment où l’homme vient d’échapper à une situation de détresse. Il est empli de soulagement, et c’est le moment « d’investir » ce sentiment dans son lien avec Hachem.
Rav ‘Haïm Zaïtchik (Or ‘Hadach p.603) relie la notion de ‘Hamets à la mesure de Din (Justice) que Hachem applique dans la Création.
(Rav Zaïtchik ne développe pas ce lien, mais nous pouvons le comprendre dans la mesure où le ‘Hamets, dont la pâte subit des changements par des mécanismes « naturels », représente l’enchainement des évènements dont l’Homme semble tributaire dans son existence, selon ses actes).
A l’opposé, la Matsa représente la mesure de Ra’hamim (Miséricorde) que Hachem nous prodigue dans le lien ouvert avec Lui. (au-delà des engrenages « naturels » …).
Ce sont deux notions « opposées » qui sont en réalité unies. Chaque manifestation de la « Justice » Divine qui s’applique à nous porte en elle ces deux « jumeaux » destinés à amener à l’Homme la Lumière et le Ra’hamim.
Le Korban Toda réunifie les deux pour souligner que de l’épreuve vécue (danger de toute sorte auquel il a échappé) doit venir à l’homme une nouvelle conscience des choses, un nouvel éclairage dans la vie !
C’est là le sens réel de l’épreuve que Hachem lui a envoyée.
Rav Moché Ye’hiel Epstein (Beér Moché, p.108) souligne qu’à la différence de la Ola (l’Holocauste) que les non-juifs peuvent amener, le Chelamim est l’apanage d’Israël.
Si un non-juif postule à amener un Chelamim, son Korban sera apporté sur le Mizbéa’h comme une Ola. Rav Epstein explique que la possibilité d’accomplir une « réparation » par la consommation, que ce soit par les Cohanim, et encore plus par son propriétaire, est liée à la perception de la Kedoucha (« Sainteté ») de l’alimentation.
Cette notion découle du fait d’avoir reçu la Torah. Aussi, seul Israël qui a reçu la Torah a accès à une existence matérielle empreinte de valeur spirituelle.
Les nations qui ont refusé la Torah lorsque l’opportunité leur en a été donnée lors de la Manifestation de Hachem au Sinaï ont définitivement perdu l’accès à cette grandeur.
C’est pour cette raison que nous apportons à Chavouot, jour du Don de la Torah, deux agneaux Chelamim, pour manifester le lien entre la Torah et la Kedoucha de l’existence matérielle.
De même la Guemara (Pessa’him 68b) souligne qu’à Chavouot nous devons (selon l’unanimité des ‘Hakhamim) associer notre personne physique à la réjouissance, et qu’il est exclu de consacrer tout notre temps à l’étude de la Torah.
Une telle exigence pourrait sembler étonnante, puisque Chavouot c’est le jour où nous commémorons la Torah qui nous a été donnée.
Rav Yaacov Kamenetski (Emeth LeYaacov, Beréchit 2, 4) souligne que là réside l’opposition fondamentale entre Israël et les nations. Les non-juifs ne conçoivent le choix qu’entre une existence de licence sans frein ou une vie d’austérité et d’ascèse. Ils sont totalement inaptes à comprendre la Kedoucha de l’existence matérielle.
La plénitude de la Avoda (Service de Hachem) se manifeste dans la plénitude de l’existence matérielle valorisée par le lien profond avec Hachem que représente le Korban Chelamim qui amène le Chalom dans la Création !

–
