Parasha – 186 – Vaéra 5785

בס »ד

La Paracha Vaéra commence par ces deux versets : « Elo-him parla à Moché, et Il lui dit : Je suis Hachem (Y-oud, H-é, V-av, H-é). Je suis apparu à Avraham, à Its’hak et à Yaacov par E-l Cha-day, et Mon Nom Hachem (Y-oud, H-é, V-av, H-é) Je n’ai pas été connu à eux ! ».

Cette déclaration de Hachem à Moché à une étape « charnière » de la Gueoula (Délivrance) des Bené Israël d’Egypte demande explication. Elle se situe après un apparent échec de la première étape de la Gueoula : non seulement l’intervention de Moché Rabénou chez Par’o, le Roi d’Egypte, n’a pas abouti à une libération immédiate des Bené Israël (Chemot 5, 1-5), mais au contraire, Par’o a durci leurs conditions d’existence en augmentant leur charge de travail (Chemot 5, 6-14). Les Bené Israël ont ressenti douloureusement ce changement, et certains Juifs ont pris Moché violemment à parti à ce sujet (20-21). Suite à cela, Moché Rabénou « revient » vers Hachem pour Lui faire part du résultat décevant de sa mission : « Et depuis que je suis venu vers Par’o pour parler en Ton Nom, la situation de Ton Peuple s’est détériorée, et Tu n’as pas sauvé Ton Peuple ! (22-23) ».

C’est là que se situe la transition de la Paracha Chemot à la Paracha Vaéra qui verra l’amorce de l’intervention manifeste de Hachem dans le fonctionnement de la nature qui atteindra son point culminant dans la Paracha suivante, Bo, avec la mort des premiers-nés égyptiens, couronnée par la Gueoula effective des Bené Israël (12, 29-33).

Les versets du début de la Paracha qui semblent être comme une « carte de visite » de Hachem sont de prime abord hermétiques ! Que signifie cette « présentation » de Hachem ?!

Rachi explique les deux premiers versets ainsi : le Nom Elo-him est associé à la notion de Justice : Hachem reproche à Moché l’expression de sa déception « Et depuis que je suis venu vers Par’o pour parler en Ton Nom, la situation de Ton Peuple s’est détériorée, et Tu n’as pas sauvé Ton Peuple ! (5, 23) « . Puis Rachi explique que Hachem Se « présente » comme Hachem (Y-oud, H-é, V-av, H-é), « fiable » pour récompenser ceux qui cheminent devant Lui avec intégrité. Puis Rachi explique le Nom E-l Cha-day, comme représentant les promesses faites par Hachem aux Avot (Patriarches), qui n’ont pas été réalisées de leur vivant.

Le Ramban (citant Ibn Ezra) développe ces notions : Le « Nom » par lequel Hachem se manifeste représente la dimension de l’intervention Divine dans le fonctionnement du Monde. Pour les Avot, Hachem n’est intervenu dans leur existence que de façon « voilée », par des solutions aux situations difficiles voilées dans le fonctionnement « naturel » de la Création. Hachem annonce à Moché qu’Il va maintenant Se manifester par des faits qui seront en rupture totale avec les « lois de la nature », comme des « créations » nouvelles ! Le Ramban ajoute le terme «  Je suis apparu » relativement aux Avot représente leur niveau de Nevoua (Prophétie), et le terme «  connu » caractérisera la Nevoua de Moché Rabénou désormais.

Ces explications restent toutefois obscures pour nous et nécessitent un développement plus abondant.

Le Netsiv MiVolozin (Haamek Davar 6, 2-3) explique que le Nom «  Elo-him » représente le fonctionnementde la nature que Hachem a créée. Hachem précise à Moché que cette nature reste totalement liée à l’intervention Divine en permanence. C’est ce qu’exprime le Nom «  Hachem (Y-oud, H-é, V-av, H-é) » : la Création ne perdure que par la Volonté Divine constante. Le Nom «  E-l Cha-day » exprime l’objectif de la Création qui est que le sens des évènements montre la direction permanente par Hachem. Cet objectif n’apparait pas toujours clairement aux hommes, mais tel est cependant la réalité représentée par le Nom «  Hachem (Y-oud, H-é, V-av, H-é) », qui exprime l’intervention « créatrice » permanente.

Les faits « naturels » eux-mêmes sont des Nissim (Miracles) voilés par les apparences de la nature …

Rav Dessler (Mikhtav MéEliahou V, p. 244) explique que les Avot ont atteint la perception de la Présence de Hachem par leur effort personnel. C’est l’objectif de chacun de percer à travers le voile de la nature ! cette conscience représente la véritable Gueoula individuelle, la « Techouva », comme le Ramban le dit en introduction au Sefer Chemot :  » la Galout (Exil) n’est finie que le jour où ils (les Bené Israël) reviennent à leur place et au niveau de leurs pères ! ». Cette « place » signifie la conscience claire de la Présence du Créateur dans chaque fait apparemment « fortuit » …

Le Malbim (6, 2) explique que les notions de «  E-l Cha-day » et «  Hachem (Y-oud, H-é, V-av, H-é) » représentent et le mode d’intervention de Hachem dans le fonctionnement de la Création et la forme de Nevoua (Prophétie) que Hachem accorde à l’Homme.

C’est également ce que développe le Rambam dans l’introduction à son commentaire sur les Pirké Avot (Chemona Prakim, Chapitre 7). Les notions de « Aspaklaria Hameïra » (« lentille » claire) et « Aspaklaria chèéyna Meïra » (« lentille » pas claire) correspondent à des niveaux de Nevoua fondamentalement différents. Le Rambam explique que la Nevoua peut être perçue comme une « vision » à travers un « prisme » plus ou moins « coloré », qui « polarise » et « occulte » partiellement le message, le faisant passer par l’aptitude du Navi (Prophète) à « percer » à travers les limites du monde matériel apparemment dirigé par la nature.

Rav Guedaliahou Schorr (Or Guedaliahou, p.140) analyse ces versets. Il explique que la Avoda (le Service de Hachem) des Avot consistait à reconnaître du sein du voile des apparences la Présence Divine, et la conduite du Monde par Hachem. Il rapporte au nom du Rambam que la conduite de Hachem envers l’homme est ajustée à sa Avoda, selon la mesure d’attachement de chacun.

Rav Schorr illustre ce principe avec l’épisode rapporté dans la Guemara (‘Houlin 7b) où une femme cherchait à prendre de la terre de sous le pied de Rabbi ‘Hanina, afin d’accomplir une action de sorcellerie à son encontre. Rabbi ‘Hanina lui dit : « Prends ! ton entreprise ne réussira pas ! le verset dit (Devarim 4, 35)  » (il t’a été montré que Hachem est E-lohim, il n’y a pas en dehors de Lui ! ».

La Guemara s’étonne de cette démarche de Rabbi ‘Hanina, alors qu’on a appris par ailleurs que Hachem a donné la possibilité aux actions de ce genre de fonctionner ?! La Guemara répond que le cas de Rabbi ‘Hanina est différent car il a des mérites abondants. Rav Schorr explique que la Guemara veut dire par là que les actions de sorcellerie agissent dans le cadre de la nature, et celui qui se situe dans ce cadre y est vulnérable. Par contre Rabbi ‘Hanina était arrivé à un degré supérieur de conscience des choses, où il voyait continuellement la Main de Hachem dans tout. C’est pourquoi la sorcellerie ne pouvait pas avoir prise sur lui. Rav Schorr ajoute que la Avoda des Avot se situait dans un lien à Hachem dans le « voile » de la Création (la nature). Toutes leurs actions matérielles étaient marquées du lien avec Hachem. Toutefois comme leur Avoda se situait au sein de la Création (la nature), la conduite de Hachem à leur égard était également dans ce contexte. Leur rôle était de mettre en évidence la Présence de Hachem au sein de la nature.

Rav ‘Haïm MiVolozin (Nefech Ha’Haïm, III, Chapitre 12) explique que Rabbi ‘Hanina ne s’appuyait pas sur ses mérites, mais vivait pleinement la conscience de la puissance exclusive de Hachem. Il cite que le Zohar HaKadoch dit que dans la mesure où un homme se concentre sur la conscience de «  il n’y a pas en dehors de Lui », les faits suivent, etil vit des Nissim (Miracles) en rupture manifeste avec la nature.

Cette « recette » d’existence enseignée par Rav ‘Haïm MiVolozin était vécue par des Grands ‘Hakhamim qui étaient arrivés à ce niveau.

Il est rapporté (Ouvedot veHanhagot leBeth Brisk, I, p.14) que Rav Its’hak Zeev Soloveitchik, le Rav de Brisk échappa une fois à un barrage nazi pendant la Choa. Après que deux soldats se soient « intéressés » à lui, un troisième était intervenu pour qu’ils le laissent partir. Le Rav expliqua plus tard à ses fils que, tout au long du chemin, il se concentrait sur la « recette » du Nefech Ha’Haïm. Seulement à la fin de son parcours, alors qu’il arrivait à la frontière de la zone occupée par les nazis, il se relâcha un bref instant, qui suffit pour que les soldats l’interpellent. Dès lors qu’il revint à la concentration nécessaire, vint le troisième soldat qui le fit libérer.

Rav Dessler (Mikhtav MéEliahou III, p. 205) explique que la chute de Edom, qui représente la puissance qui règne dans cette Galout, viendra du sentiment d’impuissance généralisé face aux évènements, lorsque les prétentions de puissance de l’Homme ne mènent qu’à la catastrophe. Il explique encore (p.217) que la période qui précède la venue du Machia’h se caractérise par une recrudescence de prétention de « Co’hi veotsem yadi » (ma force et la puissance de ma main). Il cite les paroles du Gaon de Vilna qui annonce qu’au seuil de la Gueoula (Délivrance) les ennemis intérieurs d’Israël, représentants « juifs » de Amalek et du « Erev rav » (le mélange de peuples qui ont pollué les Bené Israël dans le désert après la Sortie d’Egypte) tenteront d’influencer le Peuple Juif avec des conceptions impures d’Apikorsout (hérésie) de « Co’hi veotsem yadi ».

Nous vivons une époque où se manifestent à la fois les tentatives désespérées des renégats « juifs » de polluer l’ensemble de notre Peuple, et l’effondrement des « socles » de cette culture.

Avec la Sortie d’Egypte et ses prodiges, Hachem nous a donné les moyens de lutter contre les idées fausses, et d’accéder individuellement et collectivement à la Gueoula de la conscience de « Ein Od Milevado » « il n’y a pas en dehors de Lui » !

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Avec la Paracha Chemot commence la Galout (Exil) du Peuple Juif en Egypte. Après avoir cité les fils de Yaacov Avinou qui vinrent en Egypte, et leur départ de ce monde, la Torah nous décrit (Chemot 1, 7) comment les Bené Israël se multiplièrent considérablement, jusqu’à « remplir » le pays …

Puis, sans transition, la Torah nous rapporte (1, 8) qu’un « nouveau » Roi s’est installé en Egypte, qui « ne connaissait pas » Yossef …C’est le début des mesures destinées à « endiguer » le « péril Juif », comme on les a connues de tous temps, et dans toutes les régions du Monde …

Le Midrach (Chemot Raba 1, 8) explique ce « virage » dans l’attitude des égyptiens envers les Bené Israël : Hier, Yossef était le sauveur de la nation, qui avait évité la catastrophe de la famine (Beréchit 41, 1-49), et avait régné 80 ans sur l’Egypte.

Et instantanément, semble-t-il, la situation bascule à un « antisémitisme » effréné ?!

Nos ‘Hakhamim expliquent ce phénomène en rapportant le verset du Navi (Prophète) Hochéa (5, 7) : « Ils ont trahi Hachem, car ils ont mis au monde des fils étrangers ; maintenant les « mangera » un « nouveau », leurs « partitions ». (Ces mots sont évidemment hermétiques, et ne peuvent être compris que dans le cadre de l’interprétation du Midrach : le « nouveau » qui les « mangera » est le nouveau Roi d’Egypte; et leurs « partitions » se réfère à leur « séparation » de Hachem …).

Le Midrach déduit de là que lorsque Yossef est mort, les Bené Israël ont annulé la Brit Mila, afin d’être semblables aux égyptiens.

Dès lors qu’ils ont agi ainsi, Hachem a inversé l’amitié que les égyptiens leur dédiaient en haine, comme le dit le verset dans Tehilim (105, 25) : « Il inversa leur cœur pour haïr Son peuple, pour comploter contre Ses serviteurs »

Rav Its’hak Zeev Yadler (Tiférèt Tsion) explique ainsi ce Midrach : Les ‘Hakhamim analysent pourquoi soudain la Galout (Exil) a surgi sur les Bené Israël ?! Et ils répondent que les Bené Israël ont détourné leur confiance de Hachem vers l’amitié avec les égyptiens, en cherchant à se rapprocher d’eux pour assurer leur sécurité. Pour protéger les Bené Israël de l’assimilation qui en découlerait, Hachem a déclenché l’animosité des égyptiens à leur encontre.

Rav Yossef Dov Beer Soloveitchik (Beth HaLévi sur la Torah, Chemot) fait une analyse développée de ce Midrach. Il souligne que nous ne pouvons pas comprendre que les Bené Israël ont réellement arrêté de pratiquer la Brit Mila. D’une part il n’est pas imaginable qu’ils aient instantanément abandonné la seule Mitsva qu’ils avaient reçue de leurs ancêtres. Et d’autre part, alors, ils ne pourraient pas être désignés dans le verset de Tehilim comme « Son peuple », « Ses serviteurs » ?! Il explique donc qu’en réalité, les Bené Israël pratiquaient la Brit Mila, mais immédiatement après, ils étiraient la peau pour cacher cette différence physique avec les égyptiens, afin de diminuer la différence qu’ils percevaient comme cause potentielle d’hostilité … Ainsi Il n’y avait pas une réelle transgression de la Mitsva. Toutefois l’esprit de cette Mitsva, comme de l’ensemble de la Torah que Hachem nous a donné ensuite, est de garantir la distinction entre le Peuple de Hachem et les nations qui vivent dans la poursuite de leurs intérêts matériels.

De nombreux Grands Rabbanim des générations récentes reprennent cette explication du Beth HaLévi et la développent.

Rav El’hanan Wasserman, le Talmid du ‘Hafets ‘Haïm qui fut assassiné par les nazis, a abondamment développé les problèmes de l’évolution négative de notre Peuple dans les dernières générations. Il a expliqué les mécanismes de la Galout et de la Gueoula (Délivrance), de la période définie comme « Ikveta de Mechi’ha » (les « talons » du Machia’h) qui précède la Gueoula, et dont le ‘Hafets ‘Haïm disait déjà à son époque qu’on y vivait. Cette période, dont nous ne pouvons pas savoir quelle sera sa durée, est caractérisée par nos ‘Hakhamim (Guemara Sotah 49b) par divers troubles dans le fonctionnement du monde. Dans son développement sur ce sujet, Rav Wasserman rapporte les paroles du Bet HaLévi dans une analyse du texte de la Havdala – la prière de la « Séparation » qui correspond à la sortie de Chabat au Kiddouch (« Sanctification ») par lequel nous accueillons le Chabat, vendredi soir. Dans la Havdala nous disons que Hachem « sépare la lumière des ténèbres, Israël des nations » …

Entre la lumière et les ténèbres, il y a une distance connue et fixe, le crépuscule, et l’Homme n’a aucun pouvoir pour l’augmenter ou la diminuer.

De même, entre Israël et les nations, il y a une « distance » qui les sépare. Cette distance est incompressible, et si les Juifs franchissent les « frontières » et se rapprochent des non-juifs au-delà de la mesure, alors les non-juifs les repoussent à leur place définie (par Hachem).

Rav Wasserman déduit de ces paroles du Beth HaLévi que la « bourrade » administrée par les non-juifs est proportionnée à la mesure de rapprochement de la part des Juifs. Il souligne que les pays où les Juifs s’assimilèrent particulièrement à son époque subirent une secousse d’autant plus sévère. (Rav Wasserman développait cela encore avant la Choa, où ses paroles reçurent une concrétisation particulièrement sévère !).

Les paroles du Beth Halévi sont également rapportées sous la forme suivante : « Si les Juifs ne font pas « Kidouch », les non-juifs font « Havdala ». C’est-à-dire si les Juifs ne gardent pas leurs Mitsvot de Kedoucha qui les distinguent des non-juifs, alors les non-juifs font « Havdala », c’est-à-dire écartent les Juifs de leur monde. C’est ainsi que les « Lois de Nuremberg » qui marquèrent la légalisation du bannissement des Juifs de la société en Allemagne avant la Choa définissaient de manière impressionnante les distances que les Juifs n’auraient jamais dû combler. L’exclusion des activités culturelles, des lieux de loisirs, des fonctions publiques, etc. est suffisamment éloquente, et ne nécessite pas d’explication supplémentaire …

Le même schéma s’est reproduit inlassablement au fil des générations, les décrets du renvoi des Juifs d’Espagne après la période dite de « l’âge d’or » en sont une illustration de plus …

Dans la période « moderne », le mouvement de la « Haskala » qui démarra en Allemagne correspondait à une ère de « lumières » où les philosophes bousculaient les concepts anciens du monde chrétien. Les Juifs qui aspiraient à un allègement de leur situation dans la société pouvaient être tentés par un rapprochement.

Un des précurseurs de ce mouvement fut Moché Mendelssohn, qui voulait joindre le respect des Mitsvot à une intégration au « monde des idées ». Il tenait un salon philosophique à Berlin, et était très considéré dans les sphères culturelles de l’époque. Cela ne l’empêchait pas de continuer à observer les Mitsvot, et, par exemple, à s’interrompre de ses débats philosophiques avec des non-juifs et s’écarter pour faire la Tefila de Min’ha. Toutefois sa démarche porta les fruits prévisibles, et ses enfants poursuivirent son élan vers le monde environnant. Ses fils épousèrent des non-juives, et ses filles des non-juifs, allant jusqu’à se convertir. Parmi ses « descendants » figurent des personnalités du monde de la culture comme le célèbre compositeur Felix Mendelssohn Bartholdi, non-juif …

L’école des disciples de Mendelssohn constitua la base du développement du mouvement de la Haskala dont les divers « réformistes » et « libéraux » se réclament. Après « l’exportation » de ces idées vers l’Est, dans l’empire russe, les évolutions diverses prirent la coloration de la Haskala, du socialisme (virant ensuite au communisme avec les attaques virulentes des « Yevsectiess », sections juives du parti communiste à la pointe de la persécution des Juifs respectueux de la Torah), et du sionisme comme « solution » politique du problème de l’existence des Juifs parmi les nations.

Toutes ces démarches ont un point commun, la recherche de « solutions » actives de la part de l’Homme pour assurer sa sécurité et son confort d’existence.

L’élan des Bené Israël après la mort de Yossef était de cette sorte. Toutefois Hachem veille à la pérennité de Son Peuple et Il fit en sorte que le risque d’intégration des Bené Israël aux égyptiens ne se concrétise pas. Le Midrach nous décrit ainsi une intervention Divine qui, si pleine de douleur sur des générations qu’elle ait été, manifestait la sollicitude constante de Hachem à notre égard.

Une image contenant Barbe humaine, homme, Visage humain, texte

Description générée automatiquementRav Nathan Tsvi Yehouda Berlin, (connu comme le « Netsiv de Volojin ») aborde abondamment ce sujet dans son commentaire Haamèk Davar sur la Torah (Beréchit 15, 14, dans l’annonce de la Galout à Avraham ; Chemot 1, 6, verset décrivant le « débordement » des Bené Israël de la région de Goshen à l’ensemble de l’Egypte ; et Bamidbar 23, 9, dans la Berakha de Bil’am qui souligne la grandeur des Bené Israël dans leur isolement).

Le Netsiv a de plus consacré un ouvrage entier à ce sujet, dont le titre est « Cheér Israël », où il explique que l’antisémitisme est un mécanisme « régulateur » créé par Hachem pour garantir l’avenir de Son Peuple.

Rav Avigdor Miller définit l’aspiration des Juifs à la reconnaissance publique comme un « rêve » dont, comme il dit, les Juifs se « réveillèrent » trop tard dans les chambres à gaz des nazis …

Toutefois ce rêve a « la vie dure », et a continué sous la forme de l’adhésion à toutes sortes de mouvements politiques et culturels au fil des dernières générations. Des Juifs communistes enflammés de l’époque d’après la Choa (jusqu’à la déconvenue à la découverte des atrocités du régime stalinien …), aux meneurs Juifs trop célèbres des agitations estudiantines en France et ailleurs, les exemples n’ont malheureusement pas manqué, aboutissant tous à des « retours de flamme » spectaculaires.

Nous vivons pareillement une époque de désillusion, lorsque les universités, bastions de la culture prétendument garante des valeurs humaines, se sont brutalement manifestées comme le fer de lance de l’antisémitisme le plus violent, jusqu’à représenter un danger physique pour les juifs qui les fréquentaient.

De même, les institutions politiques internationales, mises en place après la Choa pour garantir le respect des valeurs humaines élémentaires, et desquelles les artisans de la construction d’un état « juif » sans Torah attendaient le soutien de leurs droits, sont devenues les outils les plus acharnés à la négation du droit à l’existence de notre Peuple …

Comment ne pas voir là la permanence de la Berakha exprimée par Bil’am : « Voici un peuple qui résidera seul, et parmi les peuples il n’est pas compté ! » (Bamidbar 23, 9).

Le Haamèk Davar explique ainsi ce verset : « Voici un peuple qui résidera seul » s’il reste isolé, alors il « réside » paisiblement », mais « parmi les peuples », « s’il cherche sa place parmi les peuples », alors « il n’est pas compté ! », « il n’est même plus « compté » comme être humain » ….  Telle est notre Berakha ! héritée du combat de Yaacov avec le Mal’akh d’Essav (Beréchit 32, 25) lorsque Yaacov était « levado » (seul).

Rav Guedalyahou Schorr (Or Guedalyahou, Beréchit p.110) souligne que c’est cette dimension de « Levado », avoir ses pensées concentrées en permanence vers Hachem, qui assura à Yaacov la victoire sur le Mal’akh d’Essav. C’est notre « guerre » au long des générations que Hachem a garantie comme l’exprime le verset de Tehilim : « Il inversa leur cœur pour haïr Son peuple, pour comploter contre Ses serviteurs » (Tehilim 105, 25).

Rav ‘Haïm Friedlander (Sifté ‘Haïm Moadim II, p.247; Chemot, p.144) montre comment l’intervention de Hachem se manifeste également à l’inverse. Lorsque les Bené Israël étaient sur le point de quitter l’Egypte (Chemot 12, 35-36), les égyptiens répondirent avec enthousiasme à la demande d’objets précieux. Non seulement ils n’étaient pas réticents face à la demande, mais ils en rajoutaient (Rachi 12, 36). Hachem dicta cette démarche qui allait contre tout « bon-sens » pour illustrer que l’amitié comme la haine des non-juifs venait intégralement de Hachem.

Aujourd’hui aussi, dès lors que nous intérioriserons ce message de la Torah et nous tournerons exclusivement vers Hachem pour notre salut, l’animosité des peuples fondra instantanément pour faire place au respect et à l’admiration pour le Peuple de Hachem comme l’annonce le verset de Devarim (4, 7) : « Car qui est un Grand Peuple qui a Dieu proche de lui, comme Hachem notre Dieu à chaque moment où nous l’implorons ! »