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La Torah définit Roch Hachana comme “Yom Terou’a” (un jour de “sonnerie”) (Bamidbar 29, 1) et “Zikhron Terou’a” (le souvenir de la “sonnerie”) (Vayikra 23, 24).
Dans la Torah, la dimension essentielle de Roch Hachana est exclusivement la “sonnerie” du Chofar.
Les notions de Chofar et “Jugement” ne sont bien sûr pas “concurrentes” mais elles désignent des facettes complémentaires de Roch Hachana. Il faut donc analyser en quoi consiste chacune d’entre elles.
Rav Chimchon Raphaël Hirsch (Bemaaguelé Chana, Roch Hachana II, p.69) explique le sens profond de ce Jour exceptionnel.
Il souligne que ce jour est le moment de nous souvenir de “reconnaitre” Hachem !
Ce jour, nous prenons conscience de la “Royauté” de Hachem, “Avinou, Malkénou”, “Notre Père, notre Roi”, Qui est proche de nous et nous aime. Nous nous souvenons de la faiblesse de l’Homme, de son infériorité et de sa “durée d’existence” limitée. Nous dépendons totalement de notre Créateur et nous nous tenons devant Lui en ce Jour du Jugement.
Rav Hirsch répète le Piout (le texte de la Tefila de Roch Hachana et Yom Kippour dans les communautés Aschkenazes et autres) “Ounetané Tokef” : “Exprimons la puissance de la Kedoucha du Jour …”. Ce texte, rédigé par un Grand Rav du moyen âge, au seuil de son départ de ce monde, après une épreuve de Emouna, exprime toute l’attente de tous et de chacun à ce moment décisif !
-“Qui vivra, et qui mourra …” et Hachem Qui est notre Père privilégie la vie … !
-“En ce jour s’élève Ta Royauté, et s’établit par le ‘Hessed (le don gratuit) Ton Trône …”
Et à ce moment le son du Chofar “perce” le monde entier, et tous l’écoutent en un silence respectueux.
Le texte de Ounetané Tokef poursuit “ouTechouva, ouTefila, ouTsedaka maavirim et ro’a haguezéra” (Et la Techouva, et la Tefila, et la Tsedaka écartent le décret défavorable) !
En cet instant nous ressentons que c’est seulement par la Techouva et le regret du passé, par la purification par la Tefila au présent, et par l’engagement d’être précis dans les Mitsvot au futur (Tsedaka que nous pourrons écarter le décret défavorable.
Rav Hirsch remarque que Roch Hachana fortifie même le Juif qui tourne le dos à son Judaïsme, et le rattache à l’alliance avec Hachem. Bien sûr, il n’est pas question d’idéaliser la joie de ceux qui font leur “visite annuelle” au Beth Haknésset, car une telle démarche ne débouche pas sur une Techouva complète. Toutefois ce phénomène manifeste la puissance du lien de chaque Juif avec Hachem. Ce lien n’attend que de s’enflammer lors de notre Techouva collective à l’aboutissement de l’Histoire.
Mais en quoi consiste la place particulière de Roch Hachana dans la vie de chaque Juif ?!
La Torah nous dit juste “un jour de Terou’a sera pour vous” ! Là est toute l’exigence de la Torah pour ce Grand Jour ! Quelle est donc la dimension exceptionnelle du Chofar ?!
Rav Hirsch compare d’abord les diverses utilisations des sonneries dans notre existence (Bamidbar 10, 1-10). Certaines sonneries sont des appels qui nous sont adressés (par Hachem ou par les dirigeants authentiques de notre Peuple, comme développé dans le passage de la Torah), tandis que d’autres sont notre “appel” à Hachem. Dans les moments de détresse, Israël se tourne vers Hachem avec la sonnerie, mais dans le quotidien, Hachem appelle le Juif à ses devoirs.
Rav Hirsch remarque que deux instruments différents sont utilisés :
– le Chofar, un produit “naturel” qui n’est pas marqué par l’intervention humaine, est l’outil de l’appel de Hachem à l’Homme.
-La ‘Hatsotsrot (trompette) en argent, façonné par l’Homme, est l’outil de l’Homme qui sert aux dirigeants pour convoquer, pour mettre en route, mais aussi pour appeler Hachem au secours en situation de danger.
Lors de Matane Torah, Hachem appela Son Peuple au Har Sinaï avec une sonnerie de Chofar !
A la fin des temps, Hachem “sonnera” dans le “Grand Chofar” pour rassembler ceux qui se sont perdus ou éloignés (Yechaya 27, 13) !
Dans le Beth HaMikdach, les deux instruments (Chofar et ‘Hatsotsrot) sont associés, pour marquer la dualité de nos obligations envers Hachem et de notre confiance en Sa proximité avec nous.
Revenons à Roch Hachana avec ses trois sons successifs : “Tekya (son long simple), Terou’a (son saccadé), et à nouveau Tekya“.
Rav Hirsch explique que la Tekya vient d’au-delà du monde voué au matérialisme nous rappeler l’existence de l’Unique, La Force Vive, au-delà de la nature, au-delà de l’Histoire, Qui manifeste Sa Volonté et Sa Sagesse. Le Chofar s’adresse à chacun et transcende le “brouhaha” du parcours de l’Histoire pour nous appeler à revenir vers Hachem.
Le son de la Tekya du Chofar nous atteint au plus profond de notre cœur, et réfute tous les calculs du monde artificiel que l’Homme se construit. Hachem est proche qui S’adresse à nous dans toute notre conscience profonde, volonté, sentiments de devoir, et toute notre pensée, notre aspiration à aimer le bien, notre aptitude à l’abnégation.
Puis vient la Terou’a, une sonnerie fractionnée qui secoue jusqu’au plus profond de notre être.
Les Chevarim, des sons brefs, viennent nous rappeler la “disproportion” de notre position face à Hachem ! Notre bonheur et notre sort sont-ils entre nos mains ?! Avons-nous une quelconque maitrise sur nos entreprises et la réalisation de nos actes ?! Abandonnons tout rêve d’indépendance totale, pour laisser la place à la Grandeur de Hachem et Sa glorieuse Majesté ! Des rêves de grandeur de l’Homme il ne reste que des “Chevarim” (débris) ! Et notre cœur est enfin attendri, prêt à recevoir la Terou’a, une série de sons saccadés. La succession des “coups” qu’assène la Terou’a sur notre cœur encore réticent a raison des restes de notre orgueil et de notre audace. La prise de conscience de la Grandeur, de la Toute-Puissance, de la Vérité et de la Pureté de Hachem balaie les traces de prétention de l’Homme à une quelconque indépendance.
Nous arrivons ainsi avec la dernière Tekya à la conclusion que nous Lui appartenons, et que notre existence se situe réellement dans l’acceptation de Son Autorité sans la moindre réserve.
Hors du lien avec Hachem, il n’y a que “Chevarim” (débris) ! A l’intérieur de l’homme, “Terou’a” (secousses …). Les deux composantes de la Terou’a achèvent ensemble d’avoir raison de notre opposition, et nous préparent ainsi à recevoir l’appel apaisant de la dernière Tekya pour “ouvrir les portes” de notre cœur au bonheur du lien sans restriction avec Hachem.
Ainsi se réalise en nous la succession des versets de Tehilim (24, 7-10) : “Elevez, O portes ! vos têtes, et soyez élevées comme les portes de l’avenir, et que vienne Le Roi de la Gloire ! Qui est le Roi de la Gloire ?! Hachem Invaincu et Puissant, Hachem le Héros de la Guerre ! Elevez O portes vos têtes, et élevez les portes de l’avenir, et que vienne Le Roi de la Gloire ! Qui est-Il Le Roi de la Gloire ?! Hachem des Cohortes (La multitude des créatures coordonnées par leur Maître …), Lui est le Roi de la Gloire éternelle !”. (Nous citons ici ces versets brièvement sans le commentaire développé de Rav Hirsch dans son livre sur Tehilim), Ces versets, qui s’inscrivent dans un Psaume dédié à la Grandeur de Hachem sont le développement des appels de Hachem à ouvrir les “portes de notre cœur” à Hachem pour accéder enfin au véritable bonheur que nous amène l’amour illimité qu’Il nous dédie !
Le parcours des sonneries du Chofar vient réveiller notre conscience au vrai bonheur, et à la vraie “indépendance” face aux contraintes du monde mensonger qui nous trompe !
Chabat Chouva-Haazinou
Cette année, nous enchainons les deux Jours de Roch Hachana et Chabat Chouva qui suit immédiatement.
La Paracha Haazinou que nous lisons ce Chabat complète utilement les messages du Chofar de Roch Hachana. Cette Paracha, est qualifiée de “Chira” (Cantique) (voir Rachi à la fin de la Paracha précédente, Vayélekh, Devarim 31, 19).
Cette Paracha est appelée à servir de “Témoignage” face aux Bené Israël au fil des générations face aux tribulations dues aux manquements dans notre lien à Hachem. Elle annonce les péripéties de l’Histoire pour nous montrer le sens que Hachem donne à l’évolution de la Création.
En introduction Hachem nous dit (Devarim 32, 7) : “Souviens-toi des jours du monde, comprenez les “Chenot” de génération en génération … “Le mot “Chenot” est compris généralement comme pluriel du mot “Chana” (année) (inusité, car le pluriel de “Chana” est plutôt “Chanim”).
Mon Rav, Rav ‘Haïm Yaacov Rottenberg, Zatsal, expliquait que “Chenot” est issu du mot “Chané” (changer). Il enseignait que nous devons apprendre des “changements”, des évolutions du monde à travers les générations, afin de comprendre le sens de l’Histoire !
La Paracha Haazinou est un message collectif au Peuple de Hachem pour nous appeler à revenir vers Lui. Les évènements décrits dans cette Paracha ne sont pas des péripéties individuelles, mais collectives, comme toutes celles qu’a traversées notre Peuple au fil des siècles. Nous sommes nous-mêmes confrontés actuellement à des épreuves comparables, que ce soit en Erets Israël ou partout ailleurs …
Cette “Chira” se conclut sur un message de réconfort (32, 36-43) qui annonce la Délivrance du Peuple de Hachem de ses ennemis qui subiront la conséquence de leurs exactions.
Le mot “Nakam” (32, 43) “…et Il rendra “Nakam” à ceux qui le (Son Peuple) persécutent”, qui est couramment traduit par “vengeance” est plutôt rattaché à la racine “Koum” (se lever), portant la notion de “rétablissement” de la justice ou de la victime “bafouée” !
Le message de la Paracha nous montre, à travers l’évolution du monde et les puissances qui montent et s’effondrent successivement dans le fracas, ou plus “discrètement” dans la décadence, que le Monde a un sens. Hachem n’a pas “abandonné” Sa Création au hasard. Il est présent derrière tous les “méandres” de l’Histoire !
La Haftara (le texte du Navi (Prophète) que nous lisons le Chabat, après la Paracha) vient compléter le message, afin que, face aux évènements, nous adaptions nos actes et notre attitude à cette compréhension fondamentale. Pour faire Techouva, il ne suffit pas d’améliorer ici ou là notre pratique des Mitsvot ! La Techouva est “un tout” et doit englober toute notre démarche dans la vie !
Le Navi dit : “Reviens Israël Jusqu’à Hachem ton Dieu …” (Hochéa 14, 2). Ce message est collectif ! Il s’adresse à l’ensemble de notre Peuple ! Il continue en disant (14, 4) “Achour ne nous sauvera pas ; sur un cheval nous ne chevaucherons pas ; et nous ne dirons plus “notre dieu” à la confection de nos mains. C’est par Toi que sera pris en pitié l’orphelin !”.
La Techouva consiste ainsi en une révision complète de notre système de valeurs. Il n’est plus question de considérer quelle nation nous est défavorable, et quelle autre nous soutiendra !
Cela n’a aucun sens de valoriser les prouesses techniques, nous ne dirons plus “notre dieu” à la confection de nos mains !” Nous devons reconnaitre que Seul Hachem est Celui par Qui : ” sera pris en pitié l’orphelin !”.
Ce message de Chabat Chouva vient élargir la Techouva de Roch Hachana à notre dimension collective.
Tsom Guedalia
Parmi les jeûnes instaurés pour rappeler les évènements de la destruction du Beth HaMikdach, figure Tsom Guedalia, qui se situe généralement le lendemain de Roch Hachana, mais cette année, il est repoussé d’un jour car, en dehors de Yom Kippour (fixé par la Torah), on ne jeûne pas le Chabat.
Ce jeûne correspond à la date de l’assassinat de Guedalia Ben A’hikam, le Gouverneur Juif mis en place par Nevou’hadnétsar, l’Empereur de Babylonie pour gérer le peu de Juifs qu’il avait laissés en Erets Israël après la destruction du Beth HaMikdach.
Guedalia était un Tsadik qui veillait à l’intérêt des Bené Israël matériellement et spirituellement fragiles qui étaient restés en Erets Israël.
Il fut assassiné par un membre de la famille Royale, jaloux de sa fonction, qui considérait qu’elle aurait dû lui revenir. Cet intrigant, qui était accompagné d’une bande d’hommes de main, agit à l’instigation du Roi de Amon, mû lui aussi par des motifs “politiques”.
À la suite du massacre simultané de la garnison babylonienne, les Juifs qui restaient prirent peur d’une réaction de Nevou’hadnétsar, et s’enfuirent en Egypte sans tenir compte de l’avertissement de Hachem que le Navi Yirmeyahou leur avait transmis. Ils furent plus tard massacrés en Egypte par milliers, comme Hachem les en avait mis en garde…
Cet évènement est riche en enseignements, particulièrement précieux dans le monde obscur de la Galout.
Rav Nathan Méïr Wachtfogel (Kovets Si’hot Elloul Tichri, p.346) développe ce sujet.
Il s’attarde en particulier sur la responsabilité qui est imputée à Guedalia dans le verset qui rattache son nom aux victimes que son assassin a jetées dans un puits (Yirmeya 41, 9). Ce verset est surprenant, qui rend la victime responsable des agissements de son assassin ?!
Rac Wachtfogel explique en citant les versets du dialogue de Guedalia avec un de ses proches (Yirmeyah 40, 15-16), Yo’hanan Ben Karéa’h qui venait le mettre en garde contre le complot de Yichmael ben Netania contre lui. Guedalia ne voulut pas accorder le moindre crédit aux paroles de Yo’hanan, et le rabroua, le traitant de menteur.
Rav Wachtfogel explique que bien que Guedalia ne devait pas accepter sans réserve les paroles de Yo’hanan, au titre de l’interdiction d’écouterdu “Lachone Hara” (médisance), il devait cependant en tenir compte dans le doute pour se prévenir du danger. Telle est la règle de la Torah dans ce domaine : ne pas accepter comme certitude, mais tenir compte du risque que les faits soient réels et puissent nuire !
Rav Wachtfogel souligne que Guedalia a failli en cela à sa responsabilité envers ses administrés.
Ce qui était essentiellement la manifestation d’une qualité, ne pas accepter d’écouterle Lachone Hara, s’est trouvé être une faute grave par excès, en n’ayant pas pris en compte le risque, conformément à la règle de la Torah. L’enseignement est ainsi “de saison”, alors que nous prononçons le Vidouy (la reconnaissance de nos fautes) pendant les jours qui séparent Roch Hachana de Yom Kippour. Faute d’avoir “bridé” sa qualité pour la maintenir dans les dimensions prescrites par Hachem dans la Torah, Guedalia a causé son propre assassinat, ainsi que la perte simultanée d’autres victimes, et le massacre ultérieur de ceux qui s’enfuirent en Egypte à la suite de cet évènement.
Sous cet angle, Tsom Guedalia complète les messages de Roch Hachana et Chabat Chouva. Après l’appel du Chofar à chacun de nous individuellement à revenir à une relation pleinement confiante avec Hachem, puis l’appel collectif au Peuple de revenir Jusqu’à Hachem, Tsom Guedalia vient nous rappeler que les qualités essentielles que nous devons développer sous l’influence de la Torah ne doivent pas “déborder” des limites fixées par Hachem dans la Torah.
Chacun de nos actes, et chacune de nos options dans la vie, individuellement, collectivement, et chacun dans notre responsabilité envers les autres, doivent être inspirés par la volonté de Hachem, et mesurés avec précision selon les critères dictés par Hachem dans la Torah.
CHANA TOVA METOUKA OUMEVOREKHET !
Que Hachem exauce toutes vos tefilot et tous vos souhaits. Qu’il déverse sur vous Ses Brakhot en abondance ainsi que vos proches et tout le Clal Israël, la bonne santé, la réussite dans tous les domaines, du Na’hat de tous vos enfants et petis enfants, la réussite dans tous les domaines, l’abondance, le Chalo.m et l’harmonie au sein du Clal Israël. כתיבה וחתימה טובה