Parasha – 152 Bamidbar 5784

בס”ד

Cette Paracha, ainsi que le Séfer qu’elle introduit sont appelés “Bamidbar” (dans le désert), du fait que le mot “Bemidbar” est un des premiers mots du premier verset.

En réalité, tout le Séfer est marqué par cette notion de “désert”, car il relate les évènements qui se sont déroulés après l’inauguration du Michkan (le Tabernacle), jusqu’au seuil de l’entrée des Bené Israël en Erets Israël.

Le Séfer Bamidbar couvre une période de 39 ans, parsemée de péripéties variées qui ont défini l’avenir du Peuple de Hachem.

Bien que la faute du Eguel (le Veau d’or) qui amena la destruction des premières Lou’hot (les Tables des 10 Commandements) ait déjà eu lieu, et que les conséquences de cette faute doivent se faire sentir au fil du temps, les Bené Israël n’avaient pas encore été condamnés à errer pendant une période prolongée dans le désert.

Ce n’est qu’après que se soit ajoutée à cela la faute des Meraglim (Explorateurs) (Bamidbar 13, 1-14, 45) que leur sort fut scellé.

Toutefois, même avant que le décret des 40 ans dans le désert (14, 34) soit décidé, les Bené Israël devaient faire un “passage” par le désert, comme le montre le premier verset du Séfer (Hachem parla à Moché dans le désert). Le Navi (Prophète) souligne : “Je te garde souvenir du ‘Hèssed de ta jeunesse, … de ce que tu es allé à Ma suite dans le désert, dans une terre pas ensemencée” (Yirmiyahou 2, 2).

Bien sûr, rien dans la Torah, ni dans un quelconque fait dans le monde, n’est fortuit. Chaque détail de l’Histoire, tant individuelle que collective, est décidé par Hachem.

Le séjour des Bené Israël dans le désert après la Sortie d’Egypte, qu’il ait dû être long, ou bref si les fautes ne l’avaient pas prolongé, est donc un élément constitutif fondamental de notre identité de Peuple de Hachem.

Les Nissim (Miracles) permanents, la Manne, le “Beér” (le Puits de Myriam), les Ananim (les Nuées qui entouraient les Bené Israël pour les protéger) qui accompagnèrent leurs pérégrinations, ne sont pas des détails “accessoires”…. Chaque élément concourt au résultat final.

De même, le Don de la Torah n’est pas un simple “code” de conduite, mais le “mode d’emploi” du Monde, destiné à nous accompagner dans notre chemin vers Hachem, dans le but d’aboutir à la Gueoula (Délivrance) ultime, qui concrétisera le but de la Création.

Notre propension à considérer chaque évènement comme “accidentel”, et non comme un rouage de l’Histoire, nous fait perdre de vue l’Unité fondamentale de la Création de Hachem.

Le fait que la Paracha Bamidbar précède toujours la Fête de Chavouot montre le lien profond qui les rattache. Bien que dans la Torah la Fête de Chavouot ne soit pas identifiée à Matane Torah (Don de la Torah) nos ‘Hakhamim l’ont mise en valeur comme jour du Don de la Torah, comme nous l’exprimons dans les Tefilot (Prières) de ce jour.

Le Midrach (Bamidbar Rabah 1, 6) relève ce lien en enseignant que la Torah a été donnée au moyen de trois choses : le feu, l’eau, et le désert.

Le Midrach établit le lien commun à ces trois éléments : le fait qu’elles sont “gratuites”, à la disposition de tous, et que la Torah elle-même est pareillement “gratuite”. Puis nos ‘Hakhamim ajoutent que celui qui ne se rend pas lui-même “Hefker” (à l’abandon) comme le désert ne peut acquérir la Torah !

Rav Its’hak Zeev Yadler (Tiférèt Tsion) explique ainsi ce Midrach : Dans un premier temps nos ‘Hakhamim expliquent le Don de la Torah du “point de vue” du Donateur, Hachem, Qui n’attend pas de “paiement” de l’Homme pour la Torah.

Puis le Midrach explique la position du receveur, l’Homme, qui doit se “rendre Hefker” comme le désert pour avoir droit au Don de la Torah.

Rav Yadler explique qu’il s’agit pour l’homme d’atteindre à l’accomplissement de la Anava (“modestie” – réserve) pour mériter que la Torah lui soit donnée.

Même si nous ne percevons pas la réelle dimension qui se voile dans les Mitsvot et les enseignements, le Don de la Torah est le chemin qui mène à l’aboutissement de l’Histoire du Monde. Ce but, que nous rappelons dans l’ajout à la troisième Berakha de la Amida (Prière) à Roch Hachana et Yom Kippour : “et Tu règneras Toi Hachem notre Dieu Seul … comme il est écrit dans Tes Paroles de Kedoucha (Tehilim 146, 10) “Que Hachem règne éternellement ton Dieu Tsion pour génération et génération, Hallelou-ya” !

C’est également ce que nous exprimons chaque jour à la fin des trois Tefilot dans le paragraphe “Alénou” “nous nous inclinons … devant Le Roi des rois des rois, HaKadoch Baroukh Hou … comme il est écrit dans Sa Torah : “Et tu sauras ce jour, et tu ramèneras à ton cœur que Hachem est Dieu dans les Cieux haut dessus, et sur la Terre en dessous, il n’y a rien encore !” Puis le second paragraphe conclut par le verset : “Hachem sera le Roi sur toute la Terre, ce jour-là, Hachem sera Un, et Son Nom Un” ! (Zekharia 14, 9).

Rav Chimchon Raphaël Hirsch explique le verset : “Il l’a trouvé dans la terre du désert … (Devarim 32, 10), c’est-à-dire “Hachem a “trouvé” le Peuple d’Israël”, ” qui décrit la construction du lien entre Hachem et les Bené Israël. Il développe que la relation avec Hachem ne peut pas se réaliser lorsque les hommes ont “les deux pieds fermement plantés sur leur base solide”.

Dans une telle situation, ils ont abondamment oublié le Maître qui est au-dessus d’eux.

Ce n’est que dans le désert, où il n’y a ni champs verdoyants, ni villes étendues, et que l’homme ne trouve dans le désert aucun appui, ni dans les forces de la nature, ni dans sa propre activité, seulement alors il est à même de reconnaitre Hachem et de se tourner pleinement vers Lui.

Rabbi Mordekhaï Miller (qui fut un Talmid de Rav Dessler, Directeur du séminaire de jeunes filles de Gateshead) rapporte (Chiour Leyom HaChabat, p.291) le Midrach (Bamidbar Rabah 1, 2) qui compare le choix par Hachem du désert, plutôt que tout autre endroit, pour se révéler aux Bené Israël, à un roi qui délaisse des villes épanouies et fixe son installation dans une ville en ruines dont les habitants l’accueillent avec enthousiasme.

Rabbi Miller rattache ce Midrach à la Guemara (Pessa’him 118a), qui demande pourquoi le Hallel que nous récitons aux Yamim tovim a été choisi, plutôt que le “Hallel Hagadol” (Tehilim 136), que nous récitons également dans les Psaumes d’introduction à la Tefila de Chabat et Fêtes, qui conclut par la louange suprême que Hachem subvient aux besoins de “chaque chair”.

La Guemara répond qu’il y a dans le Hallel que nous récitons, cinq éléments fondamentaux : la Sortie d’Egypte, l’ouverture de la Mer, Matane Torah (le Don de la Torah), la résurrection des morts, et les douleurs de la venue du Machia’h.

Il explique par la suite qu’il ne suffit pas d’un élan positif pour changer. Il cite l’analyse de Rav Yehouda Leib ‘Hassman (Or Yahel sur la Paracha Lekh Lekha) sur la différence entre Avraham et son neveu Lot. Celui-ci avait initialement un bien moindre appui à sa démarche lorsqu’il a accompagné Avraham. A la différence d’Avraham, Lot n’avait pas eu une révélation Divine. Cependant, alors qu’Avraham s’élevait sans relâche, Lot chuta et tourna le dos à toute la grandeur spirituelle à laquelle il avait aspiré.

Rav ‘Hassman explique que Lot n’avait pas déraciné ses fondements antérieurs. Tant qu’un homme laisse ses élans profonds intacts, toute son aspiration spirituelle peut “fondre comme neige au soleil”, comme chez Lot, ou encore Orpa, (Ruth 1, 14-15), la belle-sœur de Ruth l’ancêtre de David HaMélekh. 

Rabbi Miller souligne encore (p.295) l’insistance de la Torah sur le désert, et explique que le désert représente l’endroit de la “Menou’ha” (le “repos”) où l’homme peut se mettre au repos de toutes ses ambitions matérielles.

C’est la proposition que Moché Rabénou avait faite à son beau-père Yitro de s’associer au Peuple d’Israël (Bamidbar 10, 31), en lui soulignant qu’il (Yitro) avait connu “l’installation” des Bené Israël dans le désert. Toutefois Yitro ne réussit pas à se libérer du lien avec ses biens matériels, et il s’en retourna vers son pays, Midian.

Rav Dessler (Mikhtav MeEliahou, III, p.202-223) nous livre une analyse complète de l’Histoire, à travers les périodes de Galout (Exil) successives, et la Gueoula, étape par étape. Il souligne (p.205), concernant la Galout dans laquelle nous sommes, qui est qualifiée de “Galout Edom”, du nom des héritiers d’Essav, que sa fin ne viendra qu’avec l’effondrement du monde matériel. Ce n’est que lorsque Hachem amènera le monde à une situation où les fondements de ce monde vacilleront, que la sécurité s’ébranlera, que le monde entier sera sous la peur de la destruction, qu’alors se dévoilera aux yeux de tous que l’orgueil et la vanité de l’Homme dans sa maîtrise du monde ne mènent qu’à la perte. Lorsque l’Homme perdra espoir d’atteindre ses désirs et ses appétits, alors se révèlera la lumière du Machia’h.

L’Histoire du Monde est ainsi axée sur l’abandon des ambitions matérielles, et son démarrage à la suite de la Sortie d’Egypte préfigure son aboutissement. De même que son début s’est construit dans le désert, loin de toute réussite humaine apparente, ainsi l’aboutissement dépendra du “recul” face aux mirages de l’activité matérielle.

Ce n’est que par l’apprentissage du contact entier avec Hachem dans le désert que pouvait s’amorcer l’évolution vers la Gueoula Ultime.

Les étapes où il aurait été possible d’y arriver sont nombreuses, comme nos ‘Hakhamim l’ont souligné sur diverses époques. Il ne nous appartient évidemment pas de juger les évènements passés, mais d’en tirer enseignement pour faire de notre mieux pour enfin atteindre le but.

Les circonstances actuelles mettent particulièrement en valeur les paroles de Rav Dessler …

Le Séfer Bamidbar n’est certainement pas un simple récit “journalistique” qui relate la vie de nos ancêtres dans le désert, mais un guide et un mode d’emploi de l’existence pour nous mener au but que Hachem nous a assigné.

Chabat Chalom !

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