Parasha – 151 Be’houkotaï 5784

בס”ד

Le Séfer Vayikra, qui révèle toutes les lois de la Avoda (le Service) de Hachem s’achève avec la Paracha Be’houkotaï.

La Avodat Hachem est principalement définie par les Korbanot (Offrandes) que nous apportons dans le Beth HaMikdach.

Cependant, la Avoda s’étend tout autant dans la vie quotidienne, comme il apparait des Mitsvot qu’il nous incombe de faire en dehors du Beth HaMikdach et qui parsèment le Séfer Vayikra, particulièrement dans la Paracha Kedochim.

De plus, la Torah nous définit les catastrophes qui s’abattent sur l’individu (Paracha Behar; voir le Dvar Torah de la semaine dernière), ou sur la collectivité (Paracha Be’houkotaï) s’ils s’écartent du respect des Mitsvot (Vayikra 25, 14-55 ; Rachi 26, 1) ou de l’étude de la Torah (Vayikra 26, 14-43).

Le passage de la Tokha’ha (la Remontrance), c’est-à-dire le développement des conséquences désastreuses de l’écart collectif de l’étude de la Torah (Vayikra 26, 14-46) se termine par deux versets “réconfortants” : “Et malgré cela, lorsqu’ils seront dans le pays de leurs ennemis Je ne les repousserai pas, et Je ne les rejetterai pas pour les anéantir, pour annuler Mon alliance avec eux, Car Je suis Hachem leur Dieu. Et Je me souviendrai pour eux de l’Alliance des Anciens, que J’ai sortis du pays d’Egypte aux yeux des peuples, pour être pour eux Dieu, Je suis Hachem” (44-45).

Puis la Torah conclut par ces paroles : “Voici les décrets, les lois et les enseignements que Hachem a donnés, entre Lui et les Bené Israël au Mont Sinaï, par l’intermédiaire de Moché (46)”.

Ce dernier verset manifeste que le contenu du Séfer Vayikra est complet jusqu’ici, ayant détaillé les lois qui régiront la “relation” entre Hachem et les Bené Israël au fil des générations.

Mais la suite de la Paracha qui semble ajouter de nouvelles “règlementations” qui sont à leur tour conclues par le verset (27, 34) : “Voici les Mitsvot que Hachem a ordonnées à Moché à l’intention des Bené Israël au Mont Sinaï” est alors plutôt étonnante ?!

Si les règles qui sont mentionnées ici font partie des principes fondamentaux de l’existence des Bené Israël, quel est le sens de la rupture qu’exprime le verset de “conclusion” (26, 46) qui les précède ?!

Et si ces règlementations n’ont pas leur place dans notre lien avec Hachem, alors quelle est leur place dans la Torah, et particulièrement dans le Séfer Vayikra qui semble être le corps central des Mitsvot qui amènent la Présence de Hachem au sein de notre peuple ?!

De plus, les versets qui concluent le Séfer Vayikra sont surprenants : il s’agit en grande partie de règles relatives aux Nedarim, les “dons” qu’un homme s’engage à donner au Beth HaMikdach au moyen d’un vœu.

Le Netsiv (Haamek Davar Vayikra 27, 2 ; 22,21) souligne le sens du mot “yafli” employé dans ce verset et du mot “lefalé” (22, 21) issus de la racine “pèlè” qui signifie “étonnant”, comme les “Miracles” que Hachem accomplit, qui sont “en rupture avec la nature”. Il souligne qu’il est étonnant que l’Homme accomplisse une Mitsva qui ne correspond pas à une volonté de Hachem.

Il ajoute en citant le Midrach (Vayikra Raba 37, 1) qui s’appuie sur le verset : “Il est bon que tu ne fasses pas de vœux plutôt que tu ne fasses des vœux et que tu ne “payes” pas ! (Kohélet 5, 4)”.

Le Haamek Davar considère manifestement le “vœu” comme un élan “personnel” de l’homme qui ne répond en rien aux souhaits de Hachem. Il ajoute (22,21) qu’il est licite de faire un vœu en situation de détresse pour implorer l’aide de Hachem, même si le vœu en lui-même n’est pas une démarche souhaitable. Il reste, selon lui que la “Nedava” – le don immédiat, sans délai, est tout à fait convenable.

Rav Chimchon Raphaël Hirsch (27, 1-2) souligne que ces règles sont séparées par le verset 46 qui conclut les lois fondamentales de la Torah du corps des Mitsvot dont le défaut de respect entrainerait les conséquences développées dans la Tokha’ha.

La Torah montre ainsi que l’élan de don que l’homme manifeste par ses vœux ne correspond en rien à l’attente de Hachem. Aucune valorisation particulière n’est attachée à ces dons, et ils ne peuvent certainement en aucun cas réparer une vie de faute ! (Il n’existe évidemment pas dans la Torah la pratique du monde extérieur de vendre des indulgences … comme les papes l’instituèrent pour renflouer leurs caisses…).  Le rôle du Michkan (Tabernacle) puis du Beth HaMikdach (Temple) ne consiste pas dans le fait d’accumuler du patrimoine, mais “d’acquérir” les cœurs à Hachem !

Il nous reste à définir le rôle effectif de ces Nedarim – les “vœux”, et quelle est leur place dans une vie de Torah ?!

Rav Moché Alchikh (Torat Moché, Vayikra 27, 1) explique le terme “Yafli” du verset comme exprimant un recul du flot des activités du corps pour se “sanctifier” pour Hachem. Le but d’un vœu mu par une telle motivation ne peut pas correspondre à une manifestation d’orgueil quelconque.

Le sens de la démarche de “érekh” (“valeur”) mentionné dans ce passage est de marquer un changement d’orientation de sa vie, comme pour dire :  “je veux appliquer à ma personne une Kedoucha qui laissera son empreinte après le rachat, comme pour chaque objet “sanctifié” puis racheté. Dans une telle démarche, la valeur visée ne peut pas être la “valeur marchande” de l’homme s’il était vendu comme esclave !

Dans un tel cas, c’est la valeur du corps qui serait en jeu. Il s’agit ici de la dimension spirituelle de l’homme. C’est pourquoi le “érekh”” est défini comme “”érekh Nefachot” (évaluation des âmes).

C’est pourquoi la Torah donne une valeur fixe indépendante des capacités corporelles de chacun.

De même, il n’y a pas place à valoriser une âme plus qu’une autre, seul Hachem est Maître de tels calculs.

Les valeurs différentes suivant l’âge et le genre reflètent les potentialités spirituelles correspondantes, sans distinction personne par personne.

Rav Hirsch fait la distinction entre le terme “érekh” qui définit les vœux de notre Paracha, et le terme “Kessef” (argent) qui figure ailleurs dans la Torah.

“Kessef” désigne la “valeur marchande” de l’homme, dans la mesure où il y a dans le monde commerce d’esclaves. (Même si la société se targue, aujourd’hui, d’avoir totalement aboli l’esclavage, chacun connait la part d’hypocrisie qu’il y a dans une telle prétention, que ce soit au regard de la situation dans le “tiers monde”, admise implicitement par les nations qui en profitent ; ou que ce soit dans les relations de rapport de force entre employeurs et employés, dans chaque situation où l’employeur a la situation de force …).

“”Erekh” est l’expression d’une “valeur” conceptuelle de l’homme face à Hachem et au Mikdach !

Rav Hirsch souligne (27, 34) que bien que ce passage dédié aux vœux au Beth HaMikdach ne soit pas fondamental du lien avec Hachem conclu plus haut par le verset 26, 46, ces règles sont néanmoins réintégrées dans la Torah comme conclusion du Séfer Vayikra, car une fois le vœu exprimé par l’homme, son accomplissement est soumis aux mêmes exigences de la Torah, comme chaque action de notre existence.

Rav Moché Feinstein (Darach Moché, 27, 3) “réhabilite” la notion de “damim” (valeur) qui figure dans d’autres vœux pour le Mikdach (Guemara Meguila 23b). Il explique qu’il y a deux niveaux à considérer chez l’homme :

– Le niveau “fixe”, de base, auquel chacun peut accéder, c’est le “”érekh”.

–  Et le niveau auquel l’homme atteint par ses efforts réels, soit supérieur, soit inférieur à son niveau “théorique” défini comme “”érekh””.

Le décalage entre ces deux niveaux est la perception qu’il faut garder toujours à l’esprit dans nos efforts, que ce soit pour construire notre propre niveau spirituel, ou dans le dialogue avec les élèves que nous devons aider à s’accomplir au mieux…

Rav Reouven Karelnstein (Ye’hi Reouven) conclut le Séfer Vayikra en citant l’explication suivante qui relie le passage des vœux à la Tokha’ha (remontrance) qui le précède.

La Guemara (Arakhin 4b) déduit du mot “Nefachot” (âmes) que le “érekh” est identique même pour un homme frappé de plaies corporelles, telles que tous fuient sa proximité.

La Torah témoigne ainsi que chaque Juif garde la même valeur intrinsèque, liée à sa Nechama (âme), quelle que soit sa situation matérielle, à la différence des membres des nations qui n’ont de valeur que celle qui leur est reconnue par la société en fonction de leur “productivité” …

Ces diverses explications montrent comment ce passage a bien sa place en conclusion du Séfer Vayikra, pour définir avec précision les limites et la grandeur de l’initiative de l’homme face à la Torah et dans la réalisation de son lien profond avec Hachem.

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