Parasha – 144 Tazria 5784

בס”ד

La Paracha Tazria est principalement consacrée à la plaie de Tsaraat, une “décoloration” de la peau traduite de façon erronée par “lèpre”. Cette traduction est inexacte car la lèpre est une maladie naturelle, répondant à des démarches médicales ordinaires, alors que le Tsaraat est une “plaie” d’origine spirituelle, destinée à réveiller l’homme à une réflexion sur son comportement.

La Toum’a (l’impureté) spirituelle des Negaïm (les plaies de Tsaraat) est fondamentalement différente de toutes les notions d’impureté mentionnées dans la Torah.

Alors que toutes les formes de Toum’a résident dans des faits objectifs, soit le contact avec une source de Toum’a (comme le cadavre d’un être humain ou d’un animal), soit dans un évènement corporel (écoulement génital, accouchement), la Toum’a des Negaïm dépend de la “déclaration” du Cohen (Vayikra 13, 3).

Tant que le Cohen n’a pas déclaré l’homme Tamé (impur), il reste libre de toute contrainte liée au Tsaraat. Qui plus est, la Torah prescrit de ne pas “voir” les Negaïm à des moments “inconfortables” pour l’intéressé ; par exemple un ‘Hatan pendant les sept jours de son mariage, ou encore pendant Pessa’h ou Soucot, le Cohen ne l’examinera pas jusqu’à la fin de la fête.

Rav Chimchon Raphaël Hirsch (dans son récapitulatif sur les Negaïm à la fin de Tazria) explique que la Toum’a du Metsora (la personne atteinte de Tsaraat) ne vient pas du fait de sa situation corporelle, mais en raison de son comportement “moral” face à la Torah, dont le Cohen est le serviteur dans le Beth HaMikdach.

Le Nèga (plaie de Tsaraat) est une sorte de message “secret” de Hachem dont l’interprétation incombe au Cohen.

Le Metsora n’est pas par essence une source de Toum’a, mais il est plus que toutes les sources de Toum’a, car lorsque le Cohen le déclare Metsora, il prend toutes les caractéristiques spécifiques de toutes les sortes de Toum’a, du fait de son comportement “social” défavorable.

Rav Hirsch conclut que les Negaïm sont une “institution” considérable de “Justice Divine” pour les fautes de comportement qui sont en dehors de la compétence de la justice humaine : l’orgueil, le mensonge, la mesquinerie, la médisance etc…

Pour illustrer son analyse, Rav Hirsch cite le Midrach (Torat Cohanim 14, 35) sur le verset relatif au Tsaraat des maisons “et celui à qui est la maison viendra et informera le Cohen “lémor” (pour dire) : “lémor” (pour dire) “afin que le Cohen lui adresse des paroles de remontrance : “mon fils, les Negaïm ne viennent que pour le “Lachone Hara” (médisance) “.

Rav Moché Feinstein (Darach Moché, 13, 2) explique que les Negaïm sont confiés à la responsabilité du Cohen afin de montrer que la Emouna et le lien aux Cohanim de Hachem ne sont pas cantonnés au Beth Hamikdach, mais que chaque chose qui concerne le corps et la vie est liée à la Emouna et aux règles de la Torah.

En réalité, même les maladies sont étroitement liées aux fautes, et bien que la Torah autorise à se tourner vers les médecins, l’essentiel reste de faire Techouva sur la faute qui a causé la “maladie”, et pour ça il faut s’adresser au Cohen.

Le Séfer Ha’Hinoukh (Mitsva 169) dit : “Il ne faut pas attribuer le Nèga au “hasard”, mais il faut aller vers le Cohen qui a fonction de réparer les fautes, et avec la compagnie de celui qui apporte la réparation il aura peut-être des pensées de Techouva. Et il sera isolé quelques jours afin qu’il prenne conscience de sa situation et “fouille” ses actes (Vayikra 13, 4); et certaines fois il sera isolé deux périodes (13, 5), car il a peut-être eu des pensées de Techouva, mais pas une Techouva complète … et alors Hachem lui envoie des symptômes partiels pour qu’il soit isolé une seconde fois, de telle sorte qu’il complètera peut-être sa Techouva et sera purifié totalement”

Le Kli Yakar (13, 2) explique que les Negaïm sont dus à trois causes distinctes : l’orgueil, la cupidité, ou le fait de faire honte à autrui. La guérison doit donc passer par le Cohen, descendant d’Aharon qui possédait les trois qualités opposées : il poursuivait le Chalom (Michna Avot 1, 12), il était particulièrement “modeste”  “et nous que sommes-nous ?! (Chemot 16, 8)”, et il n’était pas atteint par la soif de l’argent puisque les Cohanim n’ont pas de part à la terre, et vivent intégralement de ce que Hachem leur attribue.

Rav Zalman Sorotskin (Oznaïm LaTorah, 13, 2) explique lui aussi que les Negaïm sont confiés au Cohen car il ne s’agit pas d’une maladie du corps qu’un simple médecin pourrait soigner, mais d’une maladie de “l’âme”. Le Metsora n’a pas besoin d’un médecin du corps, mais d’un médecin de l’âme, qui lui montrera le chemin de Hachem, et la Torah a confié cela aux Cohanim, comme le dit le verset : “Ils enseigneront Tes lois à Yaacov, et Ta Torah à Israël” (Devarim 33, 10).

En fait, le Cohen ne doit pas voir le Nèga, mais le Metsora lui-même comme il apparait du verset relatif au Tsaraat de la maison : “…Et celui à qui est la maison viendra et informera le Cohen …” (14, 35). Il ne suffit pas que le Cohen soit informé et voit la maison, il doit voir d’abord le Metsora lui-même, et non un émissaire. Le Cohen ne soigne pas le Nèga (la plaie), mais le Metsora.

Rav Sorotskin ajoute que pour que la rencontre avec le Cohen soit efficace, il faut que le Metsora soit conscient de la qualité de son interlocuteur. Or, celui qui a commencé par se livrer à la médisance ne s’arrête pas “en route”, et monte jusqu’aux cieux avant d’être frappé par la Tsaraat. Aussi, lorsque ses voisins veulent le convaincre de s’adresser au Cohen, il dénigrera le Cohen en disant qu’il n’est pas “à la hauteur” comme les générations passées.

C’est pourquoi la Torah dit qu’”il sera amené vers Aharon le Cohen, ou vers un de ses fils les Cohanim”.

Ses proches expliqueront au Metsora qu’il n’a comme interlocuteur que le “Cohen qui est à ton époque”, comme la Torah dit pour les questions de décisions dans les lois de la Torah : “Et vers le juge qu’il y aura à ces jours-là …” (Devarim 17, 9 ; et Rachi).

La Torah consacre une place considérable aux Negaïm de toutes sortes, qui représentent en réalité des symptômes de facettes diverses de “dérèglements” profonds de l’âme.

Nous sommes habitués à considérer les problèmes de comportement sous un angle exclusivement “médical”, et à attribuer à l’hérédité et aux péripéties de l’existence toutes les causes des travers de conduite.

Rav Chimchon Pinkus (je suis désolé, je ne retrouve plus la source dans un de ses livres … Si vous la connaissez, merci de me la faire connaitre !) décrit le cas d’une maman qui amène son fils chez un psychologue car il est violent. Après un entretien avec l’enfant, le “spécialiste” explique à la mère que son fils n’est pas “fautif”. C’est ce qu’il a vécu dans ses premières années qui est en cause. La maman affolée s’exclame : “Mais alors c’est moi qui suis fautive !”.

Le psychologue la rassure immédiatement en disant qu’elle-même n’est pas responsable, la cause de ses erreurs se situe dans sa propre enfance.

La conclusion s’impose : en “remontant” les générations jusqu’à l’origine, nous arriverons avec la Emouna à Adam Harichone, ou, selon “leur conception”, au “premier singe qui est descendu de l’arbre” …

Cette vision déterministe de l’existence est évidemment aux antipodes de la Emouna !

Il n’est évidemment pas question de nier l’influence des évènements sur la mentalité d’une personne, ni de “dédouaner” les parents de leur part dans la préparation de leurs enfants à l’existence. Il faut toutefois remettre chaque chose à sa place”.

La Be’hira (“libre-arbitre”) de chacun reste décisive en dernier recours, et c’est sur cela que chacun de nous doit mettre l’accent dans son propre chemin dans la vie.

La Torah nous apprend au long des deux Parachiot, Tazria et Metsora, les paramètres fondamentaux de notre existence. Les “défauts” profonds même sans “passage à l’action” sont autant d’obstacles à notre contact avec Hachem.

Seul le contact avec la Torah et ses Maîtres est susceptible de réparer les manques enfouis en nous !

שבת שלום – Chabbat Chalom