Parasha – 107 Choftim 5783

בס“ד

Avec cette Paracha, nous arrivons à une nouvelle étape dans la progression vers Roch Hachana, Yom Kippour et Soucot !

La Paracha Choftim commence avec des règles strictes sur le respect collectif des principes fondamentaux de la Torah.

– La mise en place du cadre de la justice avec des juges et des agents (Devarim 16, 18-20)

– Les lois relatives à l’idolâtrie et à sa sanction (16, 21-17, 7)

– Les modalités de résolution des discussions entre Sages sur un point de Halakha (règles de la Torah) par la décision ultime du Sanhédrin du Beth HaMikdach (Temple) (17, 8-13)

– Les règles relatives à la nomination d’un Roi d’Israël, et à ses prérogatives et obligations (17,14-20)

– Les règles relatives aux Cohanim et Leviim (18, 1-8)

– Et enfin, diverses interdictions relatives à la divination et autres pratiques de sorcellerie ayant cours chez les nations (18, 9-22)

Nous nous concentrerons ici sur le verset “central” de ce dernier passage : “Tamim tihyé im Hachem Elokékha” (Tu seras intègre avec Hachem ton Dieu) !

En quoi consiste cette notion de “Tamim”, que nous traduisons par “intègre” ? Et comment comprendre sa place à la suite des premiers éléments de cette Paracha ?

Rachi explique ce verset ainsi : “Chemine avec Lui avec intégrité, et sois en “attente” de Lui, et ne sonde pas l’avenir ; mais tout ce qui t’arrivera accepte le avec intégrité ; et alors tu seras avec Lui et Sa part !”

Cette explication est basée sur ce Midrach (Sifré, 66) : “Lorsque tu es entier, ta part est avec Hachem ton Dieu ; et ainsi dit David : “Et moi j’irai selon mon intégrité, rachète-moi et gratifie-moi” (Tehilim 26) et également : “et moi dans mon intégrité Tu me soutiens, et Tu me tiens dressé devant Toi pour toujours” (Tehilim 41).

Le Malbim explique que l’emploi du Nom Elokim avec un suffixe possessif exprime le lien privilégié de Hachem avec Israël, et Son attention particulière. Le terme “Tamim” manifeste un cœur entier, sans sonder l’avenir de quelque manière que ce soit, dans une confiance absolue dans Hachem.   

Rav Chimchon Raphaël Hirsch souligne que ce dévouement et cette intégrité dans la confiance en Hachem sont le résultat direct de la conscience de l’Unicité de Hachem, et concrétisent la mission du Peuple choisi acquis sans réserve à Hachem. Toute notre personne doit Lui être dédiée, sans la moindre trace de soucis de l’avenir proche ou lointain. Rien ne doit nous préoccuper en dehors de nos obligations envers Hachem.

Rav Chalom Noa’h Bérézovski (Netivot Chalom, p.114) développe abondamment cette notion de “Tamim tihyé im Hachem Elokèykha”.

Il souligne qu’il s’agit d’un des niveaux les plus élevés dans la Torah, qui nous lie totalement à Hachem. Il cite le Baal HaTourim qui remarque que dans le Séfer Torah la lettre “ת” du mot “Tamim” est grande pour exprimer qu’en allant avec intégrité avec Hachem, c’est équivalent à avoir accompli toute la Torah de א” à “ת“, du début à la fin !

Rav Bérézovski remarque que cette directive partage avec deux autres : “Tu feras ce qui est “Yachar” (droit) et ce qui est bon aux Yeux de Hachem ton Dieu” (Devarim 6, 18), et “Vous serez Kedochim (“Saints”), car Je suis Kadoch, Moi Hachem votre Dieu” (Vayikra 19, 2), la particularité de ne pas être comptées par le Rambam dans le décompte des 613 Mitsvot. Rav Bérézovski explique que ces Mitsvot sont au-delà de l’ensemble des Mitsvot, à un niveau d’abnégation face à Hachem qui dépasse toutes les obligations exprimées sous forme d’ordre.

La dimension de “Tamim”, comme les deux autres qualités de “Droiture” et de “Kedoucha”, se déclinent en une infinité de niveaux, et ne sont pas de l’ordre des obligations “uniformes” de tous les Juifs.

C’est pourquoi ces qualités ne peuvent pas être comptées comme des Mitsvot ordinaires, mais comme l’expression du “souhait” de Hachem.

Chacun doit ainsi s’appliquer selon son niveau et sa perception à accepter la conduite de son existence par Hachem, sans le moindre questionnement !

De même les deux autres qualités de “Yachar” et “Kadoch” s’imposent à chacun selon son niveau, et sont ainsi l’aboutissement sans limite de la Volonté de Hachem.

Rav Bérézovski ajoute que dans la mesure où le Juif accepte la conduite de son existence par Hachem sans questionnement, Hachem “reçoit” pareillement la démarche de l’homme.

C’est ainsi qu’il est possible de trouver une réparation même aux défauts qui ne sont pas susceptibles d’être réparés par la Techouva. Il ne s’agit bien évidemment pas d’un “passe-droit”, mais d’une réelle construction profonde de l’être, qui dépasse toutes les contraintes des mécanismes ordinaires de la Création.

Ne nous méprenons pas ! Il ne s’agit pas d’une démarche superficielle, à la portée de tous.

Les exemples d’un tel accomplissement sont impressionnants, comme celui du Admour de Kloïzenbourg, qui vécut l’horreur des persécutions nazi avec intégrité.

Ces deux exemples nous donnent un petit aperçu de sa grandeur :

– Alors qu’un Nazi était en train de le frapper sauvagement, un mécréant lui demanda : “Vous proclamerez-vous encore “Peuple élu” à ce moment ?!”. Il répondit : “Plus que jamais ! car je préfère être à ma place qu’à la leur ! “.

– Après avoir perdu une famille nombreuse, épouse et enfants, il affirma qu’il lui restait un regret de la période de la Choa : ” Pendant la “marche de la mort” (lorsque les nazis évacuaient les camps à l’approche de la libération, vers l’intérieur de l’Allemagne, faisant marcher sans relâche, et abattant quiconque s’affaiblissait …), lorsque tous les prisonniers étaient rasés de près, et qu’il était impossible de distinguer un “Lituanien” d’un ‘Hassid, et que personne ne pouvait l’identifier comme “Admour” (Rav d’une communauté ‘Hassidique), et que la seule préoccupation était de se serrer pour s’aider les uns les autres à conserver la chaleur vitale dans le froid glacé”…

C’est seulement dans de tels sentiments que peut se dévoiler la véritable grandeur du Juif. Les exemples d’une telle profondeur n’ont pas manqué au fil des générations, et c’est de ces “Géants” que nous devons nous inspirer pour aspirer aux qualités fondamentales que Hachem nous dicte.

Rav Bérézovski rapporte que lorsqu’on dit le matin la Berakha “Qui ne m’a pas fait “Goy” (non-juif)”, il faut vérifier soigneusement jusqu’au plus profond de nous-mêmes, dans chaque fibre de notre personne, s’il n’y a pas une trace même infime où on est comme un “Goy” !

Nos actes, nos pensées, nos sentiments, nos concepts en toutes choses, doivent être intégralement “Juifs” ! Il faut être un Juif “de part en part” !

Telle est la grandeur de “Tamim” à laquelle nous devons aspirer de tout notre être.

Notre Paracha nous enseigne que l’accès à un tel niveau passe par la structuration totale de l’existence.

Au niveau communautaire, nous devons construire une unité absolue dans l’élan vers Hachem, comme en témoignent les premières directives de la Paracha. Puis cette unité est ensuite concrétisée par le Roi qui n’est pas un simple responsable politico-économique, mais un émule de David HaMélekh, guide spirituel supérieur du Peuple de Hachem.

Enfin, il incombe à chacun de nous de chasser en soi toute trace de sentiment “Goy”. Et alors on peut s’appliquer à la recherche de niveaux élevés de lien avec Hachem.

Cette Paracha constitue ainsi un pas supplémentaire dans la préparation de nos “rendez-vous” de Tichri avec Hachem.

Souhaitons que ce Tichri soit pour chacun de nous différent de tous les autres, chacun dans sa dimension personnelle.   

 שבת שלום !