LE RABBI DE KALOV – 84 Bo 5784

La faculté protectrice des Téfilines

«Tu porteras comme symbole sur ton bras et comme mémorial entre tes yeux afin que la Torah de Hachem reste dans ta bouche, que d’un bras puissant, l’Éternel t’a fait sortir de l’Égypte.» (Chémot 13,9). 
Les grands maîtres et Tsadikim du passé ont souvent fait preuve d’abnégation pour conférer le mérite de la Mitsva des Téfilines au peuple juif. Cette Mitsva est l’une des premières à être prescrite aux Juifs éloignés, qui s’engagent à la réaliser immédiatement lorsqu’ils commencent à se rapprocher de la pratique religieuse. 
En effet, lorsqu’on met les Téfilines, qui contiennent quatre Parachiot de la Torah inscrites sur un parchemin et décrivent des sujets liés à l’acceptation du joug divin et la Émouna dans la Providence du Créateur, on est susceptible d’ancrer en soi la Émouna, un principe essentiel du judaïsme, comme l’indique le Séfer Ha’hinoukh. 
Un Juif m’a raconté qu’il se trouvait un jour, à l’époque de la Shoah, dans un camp de travail, dans une petite cabane, en compagnie de l’Admour de Klausenbourg zatsal. Le Rabbi possédait une paire de Téfilines qu’il craignait de prêter, de peur que les lanières se cassent. De ce fait, il se rendait chaque jour dans chaque cabane, passant d’un lit à l’autre, où étaient allongés plusieurs hommes à chaque étage. Il s’appuyait sur le lit, compte tenu de sa grande faiblesse, et enroulait le Téfiline du bras au premier homme et récitait la Brakha, et aussitôt, vu le manque de temps, il passait au suivant. Il allait d’une rangée à l’autre dans chaque cabane, avec une abnégation inouïe. 
Rabbi Tsvi Hirsch de Meizelish zatsal, Av Beth Din de la localité de Vác en Hongrie, dans son ouvrage Mékadché Hachem déclare : nous constatons que pendant la Shoah, certains réussirent à introduire, grâce à de grands miracles, des Téfilines dans les camps de travail, et chaque jour, des Juifs se dévouèrent pour mettre les Téfilines, même si cela comportait un danger important, si les meurtriers l’apprenaient. À cette époque, ils vivaient de grandes épreuves dans la Émouna, et de ce fait, ils bénéficièrent d’une aide conséquente du Ciel pour réaliser la Mitsva des Téfilines, susceptible de renforcer leur Émouna.

La Émouna est impérative également pour la protection matérielle des Bné Israël face à leurs ennemis, comme l’indique le Zohar (Béhar 110b) : personne ne peut porter préjudice à quelqu’un qui renforce sa foi. 
Il est écrit au sujet de la guerre d’Amalek (Chémot 17,11) : « Or, tant que Moché tenait son bras levé, Israël avait le dessus ; lorsqu’il le laissait fléchir, c’est Amalek qui l’emportait. » Nos Sages indiquent : « Les mains de Moché mènent la guerre ou perdent la guerre ? Cela vous indique que chaque fois qu’Israël levait les yeux au Ciel et soumettait son cœur à Hachem, ils remportaient la victoire et dans le cas contraire, ils tombaient. » 
La Guémara (Sota 44b) indique que toute personne qui n’est pas suffisamment vigilante sur les lois liées aux Téfilines, n’est pas choisie pour combattre sur le champ de bataille. Les Richonim en expliquent la raison : c’est uniquement en accomplissant la Mitsva des Téfilines que s’appliquera aux hommes de guerre ce verset (Dévarim 33,20) : « Il met en pièces et le bras et la tête » : grâce à la faculté de la Émouna émanant des Téfilines, on bénéficie d’une protection face aux ennemis. 
Relevons ce passage des Écritures (Dévarim 28,10) : « Et tous les peuples de la terre verront que le nom de l’Éternel est associé au tien, et ils te redouteront » : nos Maîtres commentent qu’ils verront les Téfilines placés sur les Bné Israël, et par le mérite de la Émouna qui se renforce par le biais des Téfilines, Hachem impose la crainte à leurs ennemis, qui reculent devant les Bné Israël. 
Le roi David dit dans le Livre des Téhilim (20,8) : «Que les uns se fient aux chars, les autres aux chevaux, nous nous réclamons, nous, du nom de l’Éternel, notre D.ieu. » Les peuples idolâtres se reposaient sur la force des chevaux de guerre, considérés alors comme l’instrument de guerre le plus avancé de l’époque, mais les Bné Israël mentionnaient toujours le Nom de Hachem, et ainsi, leurs ennemis tombaient devant eux. 
Hachem enseigna ce principe aux Bné Israël au moment de la sortie d’Égypte : 

Lorsqu’ils étaient en Égypte, en-dehors de l’asservissement matériel, une idée issue de la culture égyptienne, prétendait qu’on pouvait surpasser Hachem, comme il est dit : « Agissons avec sagesse contre Lui » : il semblait qu’ils avaient réussi, par leurs propos mensongers et rusés à attirer les Bné Israël aux travaux forcés et à l’esclavage, et à les garder par leur force de leur poignet, pour éviter qu’ils ne s’enfuient. 
De ce fait, Hachem orchestra les choses de sorte que les Égyptiens ne libèrent pas les Bné Israël de leur propre gré, selon les voies de la nature. Ils quittèrent certes l’esclavage égyptien matériel, mais restèrent esclaves dans leur manière de penser, en estimant que tout dépendait de la force et de la volonté des hommes. 
Mais lorsque Hachem fit sortir les Bné Israël d’Égypte d’une main forte, à l’encontre de la volonté des Égyptiens, les enfants d’Israël se renforcèrent dans leur Émouna en Hachem. Ils méritèrent ainsi que Hachem, au moment de l’ouverture de la mer des joncs, leur fit voir les Égyptiens se noyer avec leurs puissants chevaux. Les Bné Israël entonnèrent le cantique de la mer (Chémot 15,1) : « Chantons l’Éternel, Il est souverainement grand ; coursier et cavalier, Il les a lancés dans la mer. » 
Nous pouvons ainsi expliquer dans cette optique la suite du verset : « Tu porteras comme symbole sur ton bras et comme mémorial entre tes yeux afin que la Torah de Hachem reste dans ta bouche, que d’un bras puissant, l’Éternel t’a fait sortir de l’Égypte» : par le mérite de la Mitsva des Téfilines, renforce ta Émouna et emploie toujours un langage indiquant ta confiance en Hachem. 
Il vaut la peine pour chaque Juif de s’habituer, lorsqu’il parle des événements dans le monde ou de ses affaires personnelles, à mentionner toujours le Nom de Hachem, par l’usage d’expressions comme : « Avec l’aide de Hachem », « Hachem Ya’azor » (Hachem nous viendra en aide), etc. Lorsqu’on a l’usage de s’exprimer ainsi, nos interlocuteurs consolident leur Émouna dans la Providence du Créateur. Par ce mérite, on assistera à la chute des ennemis des Juifs et on profitera de nombreuses bénédictions. 
Chabbath Chalom !