LE RABBI DE KALOV – 74 Vayéra 5784


La protection de la sainteté


«L’Éternel dit à Abram, après que Loth se fut séparé de lui () : “! Tout le pays que tu aperçois, Je le donne à toi et à ta perpétuité.» 
(Béréchit 13,14) 
Des chefs d’État et d’armées, des ministres des affaires étrangères et de l’intérieur, des spécialistes de la sécurité et des renseignements tentent chacun de proposer des solutions pour stabiliser la situation sécuritaire précaire en Israël. Ils lancent des propositions correspondant à leur perspective du monde édifiée selon leurs orientations et intérêts personnels. 
Mais nous, qui sommes des Juifs croyants en Hachem et dans Sa Torah, transmise de génération en génération, devons chercher la véritable solution dans la sainte Torah éternelle, à propos de laquelle Hachem dit (Vayikra 26,3) : «Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et les exécutez…Vous demeurerez en sécurité dans votre pays, Je ferai régner la paix dans ce pays et nul ne troublera votre repos. » 
Avant l’entrée des Bné Israël en Erets Israël, Hachem, loué soit-Il, les a mis en garde (Vayikra 18,26) : «Pour vous, respectez Mes lois et Mes statuts, et ne commettez aucune de ces horreurs (…) Craignez que cette terre ne vous vomisse. » Rachi commente : cela ressemble à un prince à qui l’on aura fait manger un aliment dégoûtant : il ne peut le conserver dans ses entrailles et il le vomit. Il en va de même d’Erets Israël : il ne peut conserver ceux qui se livrent au culte des idoles.

L’exil dans lequel nous nous trouvons actuellement découle de notre non-respect des Mitsvot. Les Bné Israël étaient certes des héros qui, de manière naturelle, n’auraient pu être vaincus par aucune nation, mais malgré tout, comme ils ne se sont pas conduits conformément à la Torah, les Romains réussirent à pénétrer à Jérusalem, à détruire le Beth Hamikdach et à éliminer la souveraineté d’Israël. De même, à notre époque, où malheureusement de nombreux Israéliens ne respectent pas la Torah et les Mitsvot, nous vivons des événements terrifiants en Erets Israël, car la sécurité du pays découle uniquement du respect des Mitsvot. 

En-dehors d’Israël, il se produit de temps en temps des cas tragiques qui conduisent les Juifs à réfléchir à l’idée que tout est dirigé du Ciel, et qu’on ne peut s’appuyer sur la sécurité fictive promise par les êtres humains. Ainsi, certains sont ensuite incités à revenir au respect des Mitsvot. Mais en Erets Israël, ces cas sont plus fréquents, car en terre sainte, il est plus grave de se conduire de manière inappropriée. 
Le Maharal de Prague explique dans son ouvrage Dérekh ‘Haïm qu’Erets Israël, la terre sainte, ne supporte pas les actes impurs qui éliminent sa Kédoucha, et lorsqu’on y commet les trois fautes essentielles, le culte des idoles, les relations interdites et les meurtres, on ne peut d’aucune manière y vivre en paix. 
Lorsqu’on enfreint les barrières de la sainteté, une accusation très importante nous menace, comme à l’époque de la génération du déluge, lorsque leur dégradation commença par leur infraction aux barrières de la sainteté ; les femmes ne s’habillaient pas avec décence, ce qui les conduisit à la débauche, comme l’indique le Targoum Yonathan (Béréchit 6,2-3). C’est suite à cette faute que le déluge s’abattit, comme l’indiquent nos Sages (Béréchit Rabba 26,5) : à chaque endroit où l’on trouve de la débauche, le chaos s’abat sur le monde et tue les bons et les mauvais. 
On raconte à ce sujet que le jour de Lag Ba’Omer de 1911, lors de l’allumage traditionnel sur la tombe de Rabbi Chimon bar Yo’haï, un mur d’une terrasse s’effondra, ce qui provoqua la mort de neuf personnes et cinquante blessés. On interrogea alors le saint Baba Salé à ce sujet. Cela faisait des années que des milliers de personnes participaient à cet allumage traditionnel à Méron et se pressaient près de l’allumage, et personne n’avait été blessé en dépit de cette grande affluence. Dans ce cas, quelle faute avait été à l’origine de cet effondrement ? 
Le Baba Salé répondit qu’à cette époque, une accusation dans le Ciel pesait sur nous, originaire de l’ange d’Ichmaël, du fait du manque de pudeur et du mélange de garçons et de jeunes filles qui commençait à se former en Erets Israël. Cette même année, un groupe mixte de jeunes garçons et jeunes filles participa à l’allumage. L’ange accusateur porta une accusation sévère sur cette souillure de ce lieu saint, qui avait débouché sur ce malheur. 
Ce phénomène a également été observé à Sdom, dont les habitants avaient enfreint les barrières de la sainteté et plongé dans la débauche. Les résidents de Sdom étaient extrêmement pervers et fauteurs aux yeux de Hachem, commettant une faute qui entraîne une souillure chez l’homme, un refroidissement à l’égard de toutes les Mitsvot et une dégradation de toutes les vertus. Ils furent donc sévèrement punis : Hachem lança sur eux du soufre et de feu, si bien qu’ils brûlèrent et disparurent de la surface de la terre. 
Lorsque Loth s’enrichit, il se rapprocha, avec sa famille, des gens de Sdom et de leur conduite dépravée et s’installa à côté d’eux. Il fut ensuite emmené en captivité lors de la guerre des rois, on lui subtilisa tous ses biens, et ses serviteurs ne lui furent d’aucune aide, car Hachem le punissait pour sa méconduite. 
Nous pouvons ainsi interpréter ce verset : «L’Éternel dit à Abram, après que Loth se fut séparé de lui (…) Tout le pays que tu aperçois, Je le donne à toi et à ta perpétuité » : après qu’Avraham et sa famille se fut séparée de Loth et sa famille, afin qu’ils ne s’inspirent pas de leur conduite perverse. Hachem vit combien Avraham veillait à se conduire avec sainteté, et de ce fait, Il lui promit la terre sainte : en effet, lorsqu’on se conduit avec Kédoucha, on peut résider dans ce pays en paix. 
Il est donc impératif de se sensibiliser et de sensibiliser sa famille à se conduire avec pudeur et sainteté, s’écarter des lieux où règnent la débauche et la mixité. Avec l’aide de Hachem, puisse chaque Juif mériter de respecter les règles de la sainteté, et par ce biais, échapper aux êtres nuisibles et mériter une longue vie. 
Chabbath Chalom !
La nécessité d’un engagement de Mitsva.
«Ne t’arrête pas dans toute cette région ; fuis vers la montagne. » (Béréchit 19,17) 
Nous découvrons dans le Livre des Téhilim (67) qu’avant la venue du Machia’h, Hachem placera les enfants d’Israël dans une situation de détresse, où régnera une peur des descendants d’Essav et d’Ichmaël, et tous ceux qui se repentiront bénéficieront d’une protection divine. 
Le roi David affirme dans ce cantique qu’à la venue du Machia’h, les hommes remercieront Hachem : «Nous avions passé par le feu et par l’eau ; mais Tu nous as fait sortir » : nous avons subi des malheurs aux mains d’Essav et d’Ichmaël ; Essav possède le pouvoir du feu et Ichmaël, celui de l’eau, comme l’indique le Zohar.

Nous voyons dans la suite de ce cantique que lorsqu’ils seront sauvés, chacun d’eux dira à Hachem : « Je m’acquitterai envers Toi de tous mes vœux, que mes lèvres ont exprimés au cours de ma détresse. » Nous déduisons de là qu’un véritable éveil qui apporte une protection dans la période précédant la venue du Machia’h correspond à un éveil que l’homme met en action par le biais d’une promesse d’une bonne résolution.

Il s’agit d’une Mitsva, comme l’enseignent nos maîtres (Béréchit rabba 70,1) sur le verset (Béréchit 28,20) : « Yaakov prononça un vœu en ces termes », une Mitsva valable pour toutes les époques. En période de malheur, on prendra un vœu, un engagement de Mitsva. 
Les Tsadikim expliquent que lorsqu’on bat un cheval qui galope de plus en plus vite au rythme des coups, il ne voit que le fouet qui lui fait mal, auquel il cherche à échapper, mais il ne tourne pas la tête pour découvrir le maître qui tient le fouet. Ainsi s’exprime le roi David dans les Téhilim (32,9) : «Ne soyez pas comme le cheval, comme le mulet, auxquels manque l’intelligence »: ils sont privés d’intelligence et ne tournent pas la tête pour voir qui les frappe, mais, nous enjoint le roi David, soyez des êtres humains dotés d’intelligence pour comprendre qui vous inflige des souffrances et pour quelle raison. Hachem veut nous réveiller et nous inciter à respecter les Mitsvot. 
À notre époque, il convient d’être vigilant pour éviter l’influence de ceux qui attribuent tous les événements au hasard. Le ‘Hafets ‘Haïm interprétait ce texte (dans la Michna, fin du traité Sota) sur la période des Ikvéta Déméchi’ha (précédant la venue du Machia’h) : la face de la génération ressemble à la face du chien. Lorsqu’on jette une pierre sur le chien, il court après la pierre qui lui a fait mal et la mord avec ses dents, et ne remarque pas celui qui l’a envoyée. C’est le même scénario ici dans cette période précédant le Machia’h, où de nombreuses personnes n’ont pas l’idée de se tourner vers D.ieu qui leur inflige des souffrances pour les inciter à la Téchouva. 

Il faut prendre cette résolution très au sérieux, de sorte qu’on continuera à la réaliser même après ce moment d’éveil. Ne reportons pas cette prise de résolution et engageons-nous immédiatement, alors que nous sommes encore sous l’effet de cet éveil, où le cœur est disposé à faire des efforts dans ce sens. 
Le Ramban (Emouna Oubita’hon, chap. 19) interprète le verset (Chir Hachirim 2,7) : « N’éveillez pas, ne provoquez pas l’amour, avant qu’il le veuille » : lorsqu’un homme s’éveille à accomplir une Mitsva par amour pour le Créateur, il s’efforcera de la réaliser rapidement, devenant ainsi un réceptacle pour un éveil durable, à l’instar d’un objet que l’on dépose dans un lieu précis pour éviter qu’il ne se perde. 
Lorsqu’un homme promet de se renforcer en accomplissant parfaitement un commandement qu’il n’avait pas pratiqué jusque-là, un bon ange est aussitôt créé, qui intercède en sa faveur dans le monde supérieur, et lui épargne des catastrophes ; comme l’indiquent nos Sages dans le traité Avot (4,11) : « Celui qui fait une Mitsva s’acquiert un défenseur. Le repentir et les bonnes actions constituent un rempart contre les malheurs.» 
Nous pouvons, par notre expérience, témoigner à ce sujet : j’ai en effet l’habitude de demander aux hommes, femmes et enfants qui sollicitent une Brakha et souhaitent se renforcer, de promettre à voix haute une résolution de Mitsva. Ceux qui s’y sont prêtés ont mérité de grandes délivrances. 
Le Yétser Hara insinue à l’homme, en période de malheur, que sa résolution de pratiquer parfaitement un commandement n’aura aucun effet, car il existe d’autres Mitsvot qu’il n’applique pas parfaitement. Mais en réalité, lorsque l’homme commence à s’élever, il mérite déjà une protection. 

Le Rabbi de Sanz zatsal affirmait que lorsque notre Père céleste nous envoie des épreuves et des souffrances, cela s’apparente à un père qui frappe son fils, mû par son amour pour lui et son désir de le faire revenir sur le droit chemin. Lorsque le fils est intelligent et comprend que c’est dans son intérêt, il annonce aussitôt à son père qu’il est prêt à améliorer sa voie, et le père peut cesser de le frapper. 
De même, lorsqu’un Juif s’engage à prendre une bonne résolution, il s’attire une grande Kédoucha, qui contribue à le protéger des forces impures, et, au fil du temps, à se rapprocher de plus en plus de Hachem et des Mitsvot, comme l’affirme le Zohar. 
Nous découvrons cette idée dans notre Paracha : Lot et sa famille résidaient parmi les résidents de Sdom et s’inspirèrent de leurs méfaits, mais lorsqu’il fut décrété que les habitants de Sdom seraient mis à mort par la destruction de leur ville, un ange fut envoyé du Ciel pour les libérer et leur donner une occasion de faire Téchouva.

Ainsi, l’ange mit en garde Loth lorsqu’il quitta Sdom : « Ne t’arrête pas dans toute cette région » : il t’est interdit de rester dans un endroit de plaine, c’est-à-dire de continuer à marcher tout droit, comme tu as marché jusque-là, mais uniquement : « fuis vers la montagne » : tu dois immédiatement commencer à gravir la montagne de Hachem, en prenant une bonne résolution. Ainsi, tu pourras continuer à t’élever de plus en plus dans la pratique parfaite de tous les commandements, tu auras le mérite d’échapper aux catastrophes subies par les résidents de Sdom, et tu auras droit à une belle vie et à la paix. 
Chabbath chalom !
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