LE RABBI DE KALOV – 43 Ki Tissa 5783

S’inspirer de l’attitude indulgente des maîtres juifs.
«Quand tu tu procéderas au compte des enfants d’Israël pour les dénombrer, chacun d’eux paiera à D.ieu le rachat de sa personne lors du dénombrement, afin qu’il n’y ait point de mortalité parmi eux à cause de cette opération. » (Chémot 30,12).
Nos Sages (Brakhot 9b) affirment qu’il y a un intérêt pour l’homme à apercevoir un jour un souverain des nations. S’il mérite de l’observer attentivement, il pourra discerner la différence importante entre les dirigeants juifs et ceux des nations, et il admirera davantage les dirigeants juifs dotés de bonnes qualités, absentes chez les dirigeants des nations.
La différence entre eux se remarque surtout dans la conduite envers leurs détracteurs. Tous les dirigeants des nations poursuivent les honneurs, et se vengent de tous ceux qui les blessent, de manière dévoilée ou non. C’est la raison essentielle des conflits omniprésents à notre époque et nuisibles pour les deux côtés, où le compromis n’a pas sa place, du fait qu’aucune partie n’est prête à renoncer à son honneur.
Ce n’est pas le cas des dirigeants juifs qui étudient la Torah, qui pardonnent les affronts qui leur sont faits, comme nous le voyons dans la Michna du traité Avot (6,1) : toute personne qui étudie la Torah de manière désintéressée pardonne les affronts qui lui sont faits.
À ce sujet, le Zohar Hakadoch sur la Paracha de Mikets, rapporte ce récit :

Rabbi Aba était assis à l’entrée de la ville de Lod, lorsqu’il aperçut un homme s’asseoir sur une roche au bord de la montagne ; l’homme était fatigué de la route, s’assit puis s’endormit. Pendant ce temps, Rabbi Aba aperçut un serpent qui s’apprêtait à mordre l’homme, mais soudain, un insecte apparut et tua le serpent. L’homme se réveilla ensuite et s’apprêta à repartir, et au moment où il se leva, la roche sur laquelle il s’était endormi se détacha et tomba dans le ravin : l’homme venait d’échapper pour la seconde fois à la mort. En effet, s’il s’était levé un instant plus tard, il serait tombé avec la roche dans le ravin et aurait été tué.

Rabbi Aba l’aborda et lui demanda : « Raconte-moi qui tu es, pour avoir mérité deux miracles de Hachem ! » L’homme répondit : « Toute ma vie, si un homme m’a causé du tort, je l’ai toujours pardonné. Et je ne me suis pas endormi avant d’avoir pardonné à tous ceux qui m’ont fait de la peine. De plus, dès lors, j’ai tenté de leur faire des faveurs. » Rabbi Aba, ému, répondit : « Tu mérites que Hachem, fasse un miracle après l’autre pour toi.»
Il existe de nombreux récits de Tsadikim qui ont prodigué du bien à ceux qui leur ont causé du tort.

Après le décès de Rabbi Yéhochoua de Belz, son fils et successeur, Rabbi Issakhar Dov, obtint la liste des démunis auxquels son saint père distribuait des pièces chaque veille de Chabbath et de fête. Le Rabbi prit sa plume et fit un signe à côté d’un nom pour indiquer qu’il était inutile de donner à ce Juif l’argent de la Tsédaka, et s’expliqua : « Je sais que ce Juif ne fait pas partie de ceux qui ont besoin de Tsédaka, mais comme il a toujours comploté contre mon saint père, celui-ci le soutenait afin de travailler sur son caractère. Comme je suis désormais responsable de la Tsédaka et que ce Juif ne complote pas contre moi, il n’y a plus aucune raison de lui envoyer de l’argent.»
Un jour, alors que Rabbi Chlomo de Zvill se rendit au Mikvé, une des personnes présentes cria des propos méprisants contre lui, affirmant que le Rabbi pensait pouvoir agir dans le Ciel grâce à son immersion, etc. Lorsque le Rabbi sortit du Mikvé, il confia à son assistant une somme d’argent à donner à cet homme. Il lui dit : « En quoi mes actions intéressent-elles ce Juif ? Ce Juif n’a pas de Parnassa, il est amer, ce qui l’entraîne à crier, et de ce fait, il faut le soutenir. »
Par le mérite de cette qualité de renoncement, les Tsadikim bénéficient d’une grande faculté dans leur prière, comme nous le voyons dans le traité de Taanit (25b) : un jour, dans une période de sécheresse, Rabbi Akiva adressa une courte prière et immédiatement, la pluie se mit à tomber. Une voix céleste annonça alors que sa prière avait été exaucée immédiatement, car il était doté de la qualité d’altruisme.
Mon vénérable ancêtre, Rabbi Yéhouda Tsvi de Razla, produisait des délivrances. Mais il avait des détracteurs qui lui causèrent de nombreux soucis. Un jour, ses proches et sa famille l’interrogèrent : comme il était doué d’une grande faculté, pourquoi ne se chargeait-il pas de faire taire ces mécréants ? Rabbi Yéhouda Tsvi répondit avec sagesse : « Ma faculté à produire des délivrances est due à leur opposition, du fait qu’ils me font de la peine et je me tais. Si je les punis, je perdrais immédiatement toutes mes forces. »
Tout Juif qui s’inspire de la conduite de renoncement des Tsadikim, qui lorsqu’ils subissent un affront, gardent le silence, adoucit la rigueur du jugement à son égard. En effet, Hachem le juge mesure pour mesure et n’est pas pointilleux dans ses fautes vis-à-vis de Hachem. Ainsi, nos Sages ont dit (Roch Hachana 17a) : « Toute personne qui fait preuve de renoncement, ses fautes sont pardonnées, comme il est dit (Chémot 34,7) : “Il pardonne le crime, la rébellion et l’erreur.”»
Ainsi, Hachem dit à Moché Rabbénou : « Quand tu procèderas au compte des enfants d’Israël » : lorsque tu lèves le visage de chaque Israël pour les dénombrer, «pour les dénombrer » : tu leur pardonneras leur offense à ton égard, et ainsi : « chacun d’eux paiera à Hachem le rachat de sa personne lors du dénombrement » : chacun d’eux apprendra à pardonner lorsqu’on lui porte atteinte, et ce sera une expiation, et de ce fait : «afin qu’il n’y ait point de mortalité parmi eux », tous leurs souhaits seront exaucés.
Chabbath Chalom !