La prière est indissociable de l’étude.
« Non pas !… Allez, je vous prie, vous autres hommes et servez l’Éternel. » (Chémot 10,11).
Certains Juifs sont pointilleux de prier trois Téfilot par jour, ajoutent des prières personnelles, mais peuvent néanmoins laisser s’écouler des jours entiers sans étude de la Torah.
Cette attitude provient d’un manque de connaissances : ils pensent se rendre quitte de leur obligation envers le Créateur par le biais de la prière, grâce à laquelle on parvient à s’attacher au Créateur, loué soit-Il, et il ne leur paraît pas indispensable d’étudier chaque jour. Mais en vérité, par la Téfila uniquement, sans accomplir la Mitsva d’étude de la Torah, il est impossible de s’attacher réellement à Hachem, car les deux sont indissociables, comme l’explique la Guémara (Nida 80b).
La Torah et la Téfila sont comme le pain et l’eau. Tout comme l’homme doit manger et boire chaque jour pour nourrir son corps, il est également tenu d’étudier et de prier chaque jour, pour nourrir son âme. Nous en trouvons une allusion dans ce verset (Chémot 23,25) : « Vous servirez uniquement l’Éternel votre D.ieu ; et Il bénira ta nourriture et ta boisson» ; de là, nous apprenons que nous devons servir le Créateur tous les jours, tout comme nous mangeons et buvons chaque jour. Nos Sages (Sifri, Paracha Ekèv 5) affirment que l’essentiel du service divin est l’étude de la Torah et la Téfila.
À ce sujet, nos Maîtres (Avot 2,5) ont dit : « Un ignorant n’est pas un homme pieux. » Un homme qui n’étudie pas et ne s’initie pas aux Halakhot ne peut être un homme pieux attaché à Hachem, car il n’accomplit pas correctement les Mitsvot du Créateur. De même, sa prière ne peut être agréée par le Saint béni soit-Il, comme l’indique le roi Chlomo (Michlé 28,9) : « Fermez l’oreille aux leçons de la Loi, votre prière même devient un acte abominable.»
Même un homme qui pense connaître toutes les Halakhot indispensables, est tenu d’étudier chaque jour, car seule l’étude de la Torah confère à l’homme une force spirituelle pour maîtriser le Yétser Hara qui tente toujours de l’éloigner de Hachem, comme l’indique la Guémara (Kidouchin 30b) : le Créateur, loué soit-Il, l’a dit : « J’ai créé le mauvais penchant, J’ai créé la Torah, son antidote. »
Le Messilat Yécharim (chap. 5) explique que personne ne connaît mieux la faculté du Yétser Hara que Celui qui l’a créé. Il nous a avertis que le remède est la Torah, et de ce fait, celui qui n’étudie pas ressemble à un malade en danger qui ferme les yeux sur les directives des médecins qui lui ont prescrit de prendre un médicament pour sauver sa vie.
Après le décès de Rabbi Mordékhaï de Tchernobyl, son fils et successeur, Rabbi Aharon de Tchernobyl, envoya une lettre à tous les ‘Hassidim, dans laquelle il conditionna la venue des ‘Hassidim à leur disposition à suivre la voie de son vénérable père, qui lui avait prescrit que la constance dans l’étude de la Torah est le seul moyen de s’élever dans le service du Créateur ; il est impossible en effet, d’atteindre l’amour et la crainte du Ciel sans éliminer la force du Yétser Hara grâce à l’étude de la Torah.
On relate que le ‘Hozé de Lublin vit un jour un homme qui réfléchissait constamment à l’idée de la ferveur dans le service divin, mais qui n’étudiait pas du tout. Le Rabbi de Lublin lui dit alors : « Hachem dit : « Si seulement ils M’avaient abandonné et respecté Ma Torah » : « Si seulement ils M’avaient abandonné – si seulement tu pouvais abandonner cette préoccupation constante autour de cette ferveur, « et Ma Torah respecté » : respecte la Mitsva d’étude de la Torah, car grâce à elle, tu parviendras à cet attachement et à un service divin authentique. »
Un jour, un ‘Hassid interrogea l’auteur du Sfat Emet de Gour : « Si un Juif a perdu courage, comment pourra-t-il être sauvé ?» Et de répondre : « Par la Téfila. » Le ‘Hassid fit remarquer que son Rav précédent, le Rabbi de Kotsk, avait répondu : par la Torah. Le Rabbi de Gour lui rétorqua : « Il faut de la Torah pour la Téfila, comme l’indique cette imploration : « Il ouvrira nos cœurs par Sa Torah, et introduira dans notre cœur Son amour et Sa crainte », car la Torah est une clé qui ouvre le cœur de l’homme afin qu’il éprouve l’amour et la crainte dans sa prière.»
Notre vénérable ancêtre, Rabbi Eliézer Tsvi de Kamarna, dans son ouvrage Zakèn Béto cite notre maître, Rabbi Elimélekh de Lizensk, qui s’exprima ainsi : « Si des ‘Hassidim prononcent des propos de ‘Hassidout, le Yétser Hara ne les trouble pas, car il a de la satisfaction du fait qu’ils n’étudient pas la sainte Torah. »
Dans le même esprit, Rabbi Issakhar Dov de Belz dit un jour : « Le meilleur moyen de réjouir le Saint béni soit-Il est d’étudier la sainte Torah. En effet, le Yétser Hara ne fait pas appel à toutes ses forces pour éliminer tous les mortifications que l’homme effectue, tandis qu’il s’évertue de toutes ses forces à détourner un homme qui étudie la Torah, par diverses manigances. »
Le ‘Hozé de Lublin témoigna ainsi que le Satan voulut lui faire accéder à de hauts niveaux, lui laisser prendre de nombreuses initiatives louables, à condition qu’il n’étudie pas la Guémara. Il reconnut alors que l’étude de la Guémara est le plus grand Tikoun (rectification) pour l’âme humaine.
Le Pharaon fait allusion à cette idée dans son propos adressé à Moché Rabbénou : « Non pas !… Allez je vous prie (Na), vous autres hommes » : je suis d’accord que les hommes astreints à la Téfila partent, afin d’accomplir le Na, un terme qui fait allusion à la prière et aux implorations, comme il est dit (Brakhot 9b) : le terme Na fait uniquement référence à un langage de requête, « et servez l’Éternel » : par ce biais, vous vous acquittez de votre service de Hachem, et vous n’irez pas étudier la Torah, qui est un antidote contre le Yétser Hara. Mais Moché Rabbénou s’y opposa, sachant que l’étude de la Torah et la Téfila sont impératifs pour le Juif chaque jour.
Chabbath Chalom !