Accueillir nos enfants avec aménité.
« Comme il était venu dans la maison pour faire sa besogne. » (Béréchit 39,11).
Accueillir notre prochain avec un visage avenant est le plus beau cadeau que nous puissions lui faire. En effet, nos Sages (Kétoubot 111b) déclarent : « Celui qui montre ses dents blanches à son prochain est supérieur à celui qui lui offre du lait. » Un homme qui accueille tout un chacun avec un sourire chaleureux est préférable à un homme généreux qui offre à son prochain du lait chaud pour réchauffer et renforcer son corps. En effet, le sourire raffermit l’esprit, dont dépend en grande partie, la réussite de l’homme.
Ce principe est absolument essentiel dans le domaine de l’éducation des enfants. Nous voyons que même un bébé remarque la différence entre un visage renfrogné et un visage éclairé par un sourire. Si on le regarde avec tendresse, il est joyeux, tandis que si on l’observe en fronçant les sourcils, il se met à pleurer.
Un enfant qui grandit sans aucune attention positive ressemble à une plante qui grandit sans soleil. C’est pourquoi les parents doivent scrupuleusement veiller à accueillir leurs enfants avec un visage avenant, et faire rayonner de la chaleur et de l’amour. Par ce biais, ils pourront grandir le mieux possible, au niveau du corps comme de l’esprit.
Nos Sages (Guitin 7a) nous ont mis en garde à cet égard : il convient d’effectuer certains préparatifs la veille de Chabbath – à un moment où le Satan essaie de pousser l’homme à la colère – et le père de famille devra en faire part à sa famille avec gentillesse, comme l’indique ce texte (Kohélet 9,17) : « Les paroles des sages dites avec douceur sont mieux écoutées. »
À ce sujet, Rabbi Tsvi Elimélekh de Dinov écrit dans son ouvrage sacré, Iguéret Dékala, au nom de Rabbi Mendel de Rimnov, que lorsqu’un homme rentre chez lui après un voyage, il ne doit pas avoir faim pour éviter de se mettre en colère contre sa famille.
Il est souhaitable d’accueillir aimablement même un enfant qui commence à dévier du droit chemin, comme l’indiquent les ouvrages sacrés. La Michna dans Avot (1,15) nous l’enseigne : « Accueille toute personne avec un visage avenant. » Il faudra accueillir même un mécréant dont vous détestez les actes, de manière plaisante, afin qu’il accepte d’être guidé par nos soins, car il comprendra de cette façon que nous cherchons son bien.
Il est parfois possible, par ce biais, de le faire revenir dans le droit chemin, comme nous le voyons dans la Guémara (Baba Métsia 85a) : après la mort de Rabbi Elazar ben Rabbi Chimon, son fils quitta la voie de la Torah et commit les pires actes. Lorsque notre maître en fut informé, il le convoqua et le traita avec les plus grands égards, il lui offrit une tenue en or et le qualifia de : « Rabbi. » Ainsi, le fils jura de ne plus commettre ses actes du passé, fit téchouva et devint un grand homme en Torah.
Même lorsqu’on ne parvient pas à faire revenir totalement l’enfant par le biais de ces manifestations d’amour, on peut au moins l’empêcher de commettre les fautes les plus graves, car l’enfant aura honte de se présenter devant ses parents qui lui prodiguent du bien et l’accueillent avec aménité. Ainsi, nos Sages (Avot Dérabbi Nathan 12,3) relatent qu’Aharon Hacohen accueillait chacun avec un visage avenant, les empêchant ainsi de commettre des péchés, car lorsqu’une occasion se présentait à l’homme, il disait : « Malheur à moi si je lève les yeux et aperçois Aharon, j’aurai honte qu’il me salue. »
Certains interprètent dans cet esprit le verset (25,28) : « Its’hak préférait Éssav parce qu’il mettait du gibier dans sa bouche » : Its’hak manifestait de l’amour à Essav, son fils mécréant. Il tentait en effet, au maximum, lui éviter de commettre des fautes en s’adressant à lui aimablement.
Cette attitude est indispensable à l’égard d’un enfant qui vit de grandes épreuves, comme l’indique Rabbi Aharon de Zitamir dans son ouvrage Toldot Aharon (Parachat Toldot). Son Rav, Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev, rapprochait encore plus les personnes éloignées que ses propres élèves. Dans cet esprit, Rabbi Aharon de Zitamir interprète ce verset : « Its’hak préférait Éssav parce qu’il mettait du gibier dans sa bouche » : il vit qu’il mettait du gibier, c’est-à-dire qu’il usait de propos trompeurs et des mensonges, en ne suivant pas la voie de la droiture ; de ce fait, il le traitait avec égard pour qu’il se rapproche de la voie de la sainteté. En revanche, il n’était pas nécessaire de rapprocher tellement Yaakov qui était un homme intègre et droit.
Ainsi, les ouvrages sacrés interprètent dans cet esprit ce passage avec Yaakov Avinou, qui manifesta un amour particulier à l’égard de son fils Yossef Hatsadik, en lui achetant une tunique rayée, contrairement à ses frères. En effet, il avait pressenti par son Roua’h Hakodèch (esprit prophétique) que son fils Yossef ferait face à une terrible épreuve. Il réfléchit comment il pourrait ancrer dans son cœur la fortitude pour relever cette épreuve. Il choisit de manifester à son égard un très grand amour, plus qu’à ses frères.
Cet amour sauva Yossef Hatsadik qui releva brillamment l’épreuve qu’il affronta en Égypte. À l’âge de dix-sept ans, l’âge le plus sensible, l’épouse de Potifar, parée de ses plus beaux atours, l’incita à commettre une faute, qui était commune en Égypte. Mais grâce à l’amour manifesté par son père, il réussit à se maîtriser, repoussa avec détermination ses avances et s’enfuit.
C’est le sens du texte de nos Sage sur le verset : «Comme il était venu dans la maison pour faire sa besogne » : il faillit commettre une faute, mais fut sauvé. En effet, l’image de son père lui apparut : le visage de son père, qui lui montrait toujours un visage avenant et manifestait à son égard un immense amour, apparut devant lui et cela lui donna de grandes forces pour se dépasser et ne pas dévier de la voie de son père qui l’aimait d’un amour si profond.
Chabbath Chalom !