LE RABBI DE KALOV – 21 ROCH HACHANA 5783

Mon maître et Rav, Rabbi Aharon de Belz, que son mérite nous protège, lorsqu’il était tout jeune, s’était déjà taillé une réputation de sagesse et de piété. Dans son enfance, il se fit un jour interroger, à la période des Sli’hot, par son enseignant de Torah, qui lui demanda de lui livrer un ‘Hidouch de Torah.
L’enfant perspicace répondit : « Nous disons dans les Sli’hot : « Agis en faveur des bébés qui allaitent et n’ont pas fauté, en faveur des enfants sevrés qui n’ont pas péché. » Il faut comprendre le mérite de ces tout jeunes enfants qui n’ont ni fauté ni péché. Il s’agit de bébés qui ne sont pas doués d’intelligence, auxquels le concept de faute ne s’applique pas. Dans ce cas, ils ne méritent aucun salaire, et comment peut-on implorer Hachem en invoquant leur innocence afin que Hachem agisse en notre faveur ?
L’enfant fit la réponse suivante : « Ce texte vise en réalité ceux qui étaient plongés dans les fautes et ont opéré un repentir complet. En effet, nos livres sacrés comparent ceux qui abandonnent leur mauvaise conduite, à des nourrissons, mais dotés du libre-arbitre, et par leur mérite, nous prions : « Agis en faveur des bébés et des enfants sevrés », afin que Hachem nous prodigue du bien par le mérite de ces Ba’alé Téchouva qui sont dotés du libre-arbitre et s’abstiennent de fauter.»
Il est impératif de faire connaître ce principe, mentionné par le Rabbi de Belz dans son enfance, à tous les Juifs, du plus petit au grand : il ne faut en aucun cas sombrer dans le désespoir et la tristesse, même lorsqu’on commet des fautes très graves, car il est toujours possible de faire Téchouva et d’ouvrir une nouvelle page dans la vie, et on est alors considéré comme un nouveau-né qui n’a jamais fauté. Comme l’a écrit le Rambam (Hilkhot Téchouva 2,4) : le Ba’al Téchouva doit penser à son propre sujet : « Je suis quelqu’un d’autre et ne suis pas le même homme qui a commis ces actes. »
Si l’homme désire se repentir et ouvrir une nouvelle page dans sa vie, Hachem, loué soit-Il, dans Sa grande compassion, est toujours prêt à recevoir sa Téchouva, et oublie en quelque sorte sa mauvaise conduite, comme l’indiquent nos Sages (Tana Débé Eliyahou Rabba 4) : Le Saint béni soit-Il a dit : « Si un homme a commis une faute à Mon égard, et qu’il se repent, Je suis avec lui avec compassion, J’accepte son repentir, et Je ne retiens pas la moindre de ses fautes. »
Les Tsadikim ont comparé l’âme du Juif à un diamant. Un diamant demeure toujours un diamant : même s’il tombe dans la boue et se salit, il reste un diamant, il suffit de le ramasser et de le laver, et il retrouve son éclat et sa brillance.
Notre maître, le Ba’al Chem Tov, compare la Téchouva à une bougie. Tout comme l’homme apporte une bougie dans un endroit sombre, et aussitôt, l’obscurité se dissipe totalement, de même, lorsque l’homme fait Téchouva et se rapproche de Hachem, loué soit-Il, même s’il était dans l’obscurité auparavant, la lumière de la Téchouva éclaire les lieux et l’obscurité se dissipe.
À l’époque du Ba’al Chem Tov, vivait dans la ville de Cracovie, un mécréant qui devint Ba’al Téchouva. Le Ba’al Chem Tov indiqua que dès la première prière de ce Ba’al Téchouva, il fit monter avec lui des prières impropres datant de 500 ans plus tôt. Il possédait en effet un pouvoir immense de sainteté de la parole, si bien qu’il réussit à purifier de nombreuses prières de Juifs qui n’avaient pas prié correctement, même des Téfilot que des Tsadikim de leur époque n’avaient pas réussi à faire monter dans le ciel.
Hachem n’abandonne jamais aucun Juif au monde, car Il aime chacun d’entre eux. Le désespoir provient du fait que le Juif ignore combien Hachem, loué soit-Il, l’aime. Le Rabbi de Kotsk, en s’appuyant sur un passage de la Guémara (Baba Métsia 11a) explique que le désespoir provient de l’absence de discernement.
Le Rabbi Avraham de Slonim interprète le verset suivant (Michlé 3,11) : « Ne rejette pas l’admonestation de l’Eternel » de la façon suivante : «L’admonestation de l’Eternel » : la leçon de morale adressée par Hachem, loué soit-Il, au Juif : tu es Mon fils, un fils de Roi, « Ne rejette pas » : il ne convient pas que tu te rejettes et que tu aies le sentiment que Je ne veux pas de toi. Même après avoir commis les fautes les plus graves, le Juif reste un fils de Roi, et un roi ne néglige jamais son fils et ne désespère jamais de lui, quelle que soit la situation.
L’un des facteurs qui contribue à aider l’homme à éviter le découragement, même lorsqu’il a fauté, est de savoir que l’amour de Hachem à son égard ne s’est pas démenti même dans cette situation, comme l’explique Rabbi Méir (Kidouchin 36a) : les Bné Israël sont qualifiés de «fils de Hachem», même s’ils sont insensés ou corrompus. Dans l’ouvrage Ben Yéhoyada, il cite le livre des Guilgoulim (Réincarnations), et c’est pourquoi Rabbi Méir fut enterré en position debout, contrairement à l’usage, pour faire allusion au fait qu’il donna au peuple d’Israël un statut, une position debout, à savoir que dans toutes les circonstances, les membres du peuple juif restent des fils. Les Bné Israël parviennent à surmonter les épreuves difficiles, sachant qu’il est toujours possible de se rapprocher de notre Père céleste.
Le Rabbi et auteur du Divré ‘Haïm de Sanz explique pourquoi le premier Chabbath qui suit les fêtes du mois de Tichri se nomme Chabbath Béréchit : lorsqu’un Juif fait Téchouva, Hachem fait de lui une nouvelle créature. Ensuite, après les Jours Redoutables, lorsque les Bné Israël ont fait Téchouva et se sont purifiés de toute faute, ils ressemblent à un nouveau-né, d’où l’appellation de ce premier Chabbath : Chabbath Béréchit, car c’est le début de la nouvelle création du peuple d’Israël.

Dans cette perspective, mon vénérable ancêtre, le Maguid de Koznitz, écrit dans son ouvrage Avodat Israël (Parachat Yitro) que c’est pour cette raison que la Téchouva se nomme Ata (présentement), comme l’indiquent nos Sages (Béréchit Rabba 51) :« Ata, c’est la Téchouva », car lorsqu’on fait Téchouva, il faut veiller à ne pas sombrer dans le désespoir en méditant sur la gravité des fautes commises dans le passé, mais il faut penser au Ata (au présent), car l’essentiel est de se rapprocher de Lui dès à présent, dès aujourd’hui, et de ne plus fauter.
Nous pouvons ainsi interpréter ce verset : « Vous êtes placés aujourd’hui », en pensant que dès d’aujourd’hui, on ne ressent plus aucune peine en raison des fautes du passé, mais on est capable de faire face à toutes les épreuves difficiles, sans nous laisser emporter par tous les vents impétueux de notre époque.
Il est écrit dans le Zohar à propos du verset ci-dessus : « Aujourd’hui – c’est Roch Hachana », car avec la période de Téchouva qui commence à Roch Hachana, il faut retenir ce principe, en prenant la résolution de nous repentir et de nous renouveler dès aujourd’hui, et par ce mérite, nous aurons droit à une Ktiva Vé’hatima Tova, une bonne inscription dans le Livre de la vie et une bonne et douce année.