LERABBI DE KALOV
Paracha Choftim 02/09/2022
Élever des enfants respectueux des Sages
«Et celui qui, téméraire en sa conduite, n’obéirait pas à la décision du Cohen établi là pour servir l’Éternel, ton D.ieu, ou à celle du juge, cet homme doit mourir.» (Dévarim 17,12). On raconte qu’un jour, un érudit en Torah avait posé une question au Gaon Rabbi Chlomo Zalman Auerbach : « Pourquoi ne réussis-je pas à élever mes enfants dans la voie de la droiture, tandis que mon voisin, un homme simple, réussit dans l’éducation de ses enfants, qui sont de bons enfants ? » Rabbi Chlomo Zalman, qui connaissait bien ces deux familles, lui répondit : « Toi, lorsque tu es attablé avec ta famille aux repas de Chabbath, tu parles contre tel Rav ou tel Rabbi, et tu les dénigres tous. De ce fait, ton fils en déduit que l’étude de la Torah et les Rabbanim sont sans importance. En revanche, ton voisin accorde de l’importance à ceux qui étudient la Torah et les traite avec respect, et naturellement, ses enfants veulent suivre sa trace et devenir des Bné Torah. » En exprimant du mépris pour les Rabbanim, on peut en arriver à renier toute la Torah et les principes de la foi, que D.ieu préserve. Le Rambam (Hilkhot Toumat Tsaraat 16,7) explique que ce sont les moqueurs et mécréants qui médisent des Tsadikim, dans l’esprit de ce verset (Téhilim 31,19) : «Qu’elles deviennent muettes, les lèvres menteuses, qui parlent avec insolence contre le juste » et ainsi, ils prennent l’usage de remettre en cause les discours des prophètes, et en viennent à parler contre D.ieu et à renier les principes essentiels de la Torah, comme il est dit (Téhilim 73,9) : «Leur bouche s’attaque au ciel, leur langue promène ses ravages sur la terre » : qu’est-ce qui a entraîné leur bouche à s’attaquer au ciel? Leur langue qui a d’abord promené ses ravages sur la terre. Exprimer du mépris pour les Maîtres en Torah est l’un des préjudices les plus graves portés au judaïsme, car le maintien du judaïsme dans toutes les communautés juives dépend de l’autorité du Rav de la communauté. Si l’on porte atteinte à son honneur, les fidèles ne lui obéiront pas, et un rejet du joug divin risque de s’ensuivre, en particulier chez les enfants qui sont élevés dans cet esprit. Nous avons observé ce phénomène à toutes les époques : dans les communautés où l’on méprisait le respect dû aux Rabbanim, le judaïsme se perdit, et les renégats devinrent de plus en plus nombreux. Nous avons aussi observé des Juifs éminents de communautés florissantes qui ont méprisé l’honneur dû aux Rabbanim et en conséquence, la conduite de leurs enfants a dégénéré et ils ont rejeté la Torah et les Mitsvot. C’est pourquoi il faut inculquer aux enfants la vertu de l’étude de la sainte Torah, et il vaut la peine de leur signaler à chaque occasion, que l’étude de la Torah est importante à nos yeux et que nous nous soumettons aux Rabbanim et à leurs instructions. Il faut également exercer une grande vigilance devant ses enfants pour éviter tout propos qui pourrait être interprété comme une forme de mépris à l’égard des érudits en Torah.
Le Gaon, le Ben Ich ‘Haï, dans son ouvrage Ben Yéhohada (Chabbath 119b) raconte l’histoire d’un enfant qui allait chaque jour volontiers à l’école. Un jour, il rentra de l’école et en chemin, rencontra un Sage qui se nommait Rabbi Mahalakh Hadérèkh, suivi par deux ignorants qui se moquaient de lui et de son nom. Le lendemain, l’enfant ne voulut plus retourner à l’école. Le directeur le convoqua, mais il refusa de venir. Son père lui dit : « Dépêche-toi d’aller à l’école pour étudier la Torah afin que tu puisses acquérir le titre de Rabbi. » L’enfant répondit : « Pourquoi me maudire, j’ai entendu hier combien on se moquait du nom de Rabbi… » D’après ce récit, le Gaon Ben Ich ‘Haï interprète ce verset (Divré Hayamim I, 16,22) : «Ne touchez pas à Mes oints – ce sont les enfants qui étudient la Torah, et ne faites pas de mal à Mes prophètes : ce sont les érudits en Torah. » Ces deux éléments du verset sont interdépendants : si on veille à ne pas porter atteinte aux prophètes – c’est-à-dire les Talmidé ‘Hakhamim que vous humiliez – de même, ne touchez pas à Mes oints, c’est-à-dire les enfants qui étudient la Torah. Le discours des parents influence beaucoup les enfants. La Guémara (Souka 56b) fait le récit d’une jeune fille Cohen, Miriam bat Bilga, qui donna un coup de pied dans l’autel et déclara : « Loup, loup (lokoss), jusqu’à quand vas-tu consommer les biens du peuple juif, tandis que tu n’es pas à leurs côtés lorsqu’ils font face à des circonstances pressantes ? » Lorsque les Sages furent informés de sa conduite, ils punirent toute sa famille pour avoir engendré un enfant qui avait tout rejeté. Nos sages expliquent que la raison pour laquelle ses parents furent punis tient au fait qu’en général, le discours de l’enfant lui vient de son père ou de sa mère. Elle avait certainement entendu son père tenir ce genre de propos, expliquant que l’on perd de l’argent en respectant les Mitsvot, et en conséquence, la conduite de sa fille se dégrada et elle s’exprima avec mépris contre le service au Beth Hamikdach. Un homme qui a des fils qui suivent la voie de la droiture qu’il leur a enseignée est considéré comme vivant, car l’enfant accorde du mérite à son père pour les Mitsvot et bonnes actions qu’il effectue. Ainsi, la Guémara Ta’anit (5b) dit : Yaakov Avinou n’est pas mort, comme il est dit (Yirmiyahou 30,10) : «Ne crains donc rien, ô toi, mon serviteur Yaakov, dit l’Eternel, ne sois point alarmé, ô Israël ! Car mon secours te fera sortir des régions lointaines et tes descendants de leur pays d’exil » : ce verset juxtapose Yaakov à sa descendance : tout comme sa descendance est vivante, de même, Yaakov lui-même est vivant. Cette idée se retrouve ici dans nos versets : «Et celui qui, téméraire en sa conduite, n’obéirait pas à la décision du Cohen établi là pour servir l’Éternel, ton D.ieu » : il ne se plie pas aux instructions du Rav qui sert D.ieu, mais méprise son honneur et son discours, « cet homme doit mourir » : cet homme doit mourir totalement, car sa descendance ne suivra pas sa voie et n’accomplira plus les commandements, ce qui lui aurait permis d’être considéré comme vivant. Seuls ceux qui honorent les Sages en Torah et se plient à leurs instructions mériteront d’avoir de bons enfants. Chabbath Chalom !