LE RABBI DE KALOV – 16 EKEV 5782

LE RABBI DE KALOV

Paracha Ékèv                                                                            19/08/2022

Éviter la colère dès l’enfance

« De même à Tavéra (…) partout, vous avez irrité le Seigneur. Oui, vous avez été rebelles envers Hachem, depuis que je vous connais ! » (Dévarim 9,22-24) Nous vivons une époque où le défaut de la colère s’accroît dans le monde entier. Nous voyons malheureusement que les excès de colère entre patrons et employés créent une vague de licenciements, et dans le couple, est la cause de nombreux divorces. Même phénomène entre parents et enfants – et entre enseignants et élèves – et dans ce sillage, un grand nombre de jeunes gens quittent la voie de la Torah, que D.ieu préserve. Cette attitude provient d’un manque d’Émouna dans la Providence du Créateur, comme l’explique le Ba’al Chèm Tov. Nos Sages se sont exprimés à ce sujet (Zohar Béréchit 27b) : toute personne qui se met en colère est comparable à un adorateur d’idoles. En effet, l’homme doit méditer sur le fait que l’événement qu’il vit sur le moment est orchestré par le Ciel dans les moindres détails, comme l’indiquent nos Sages (‘Houlin 7b) : personne ne peut bouger le petit doigt ici-bas si cela n’a pas été décrété dans le Ciel. Lorsqu’un homme, doté du libre-arbitre, maudit autrui, le frappe ou porte atteinte à ses finances, il est condamnable pour son mauvais choix à la fois au niveau des lois civiles et celles du Ciel, même si ces torts ont déjà été décrétés dans le Ciel. Hachem a en effet de nombreux messagers. Si cet homme n’avait pas causé ce tort, un autre l’aurait fait à sa place. De ce fait, toute personne qui se met en colère s’apparente à un homme qui sert des idoles, car la colère est due à une faiblesse dans la Émouna et la Providence divine. Si on était persuadé que tout vient de Hachem et est pour notre bien, on ne s’emporterait pas. Le Zohar Hakadoch (Tétsavé 54a) explique que si on ne veille pas à éviter la colère, on ressemble à un homme qui se révolte contre son maître, et déracine ainsi la sainteté présente dans son âme, et insère à sa place l’impureté provenant du Sitra A’hra (le mauvais penchant). En cette période de l’omniprésence de la technologie, qui détourne l’homme de la réflexion spirituelle, la Émouna disparaît de la vie quotidienne, il règne un esprit d’impiété et de déni de la Providence, si bien qu’on a le sentiment que tout est dû à la force de notre poignet. En conséquence, la colère s’accroît dans ce sillage. Or, la colère détruit l’existence, comme l’expliquent nos Sages (Nédarim 22a) : « Toute personne qui s’emporte est dominée par plusieurs formes de Guéhénom (enfer).» La colère présente dans les foyers est en constante augmentation, et est particulièrement destructrice ; la colère entre un homme et son épouse entraîne des divorces qui ont des conséquences malheureuses ; leur vie, ainsi que celle des leurs enfants qui souffrent énormément, est détruite. La colère des parents et enseignants contre les enfants est très préjudiciable. Le fait de ne pas être valorisés pour leurs qualités incite les jeunes gens à mentir, à se lier à de mauvaises fréquentations et à fauter.

Nos Sages nous ont mis en garde à ce sujet (Guitin 7a) : lorsque l’homme s’adresse aux membres de son foyer pour leur demander de se préparer pour Chabbath à l’approche de la nuit – à ce moment là, le Yétser Hara est prédominant et pousse l’homme à la colère – il doit s’exprimer avec douceur, dans l’esprit de ce verset (Michlé 9,17) : « Les paroles des Sages dites avec douceur sont mieux écoutées. » À ce sujet, le roi Chlomo, dans sa sagesse, a dit (Kohélet 7,9) : « La colère est à demeure au sein des fous.» Seul le fou se met en colère dans l’obscurité, tandis que l’homme sage sait se préserver de la colère, un défaut qui lui porte atteinte au niveau physique et mental, et est préjudiciable pour ses finances. Le tort le plus important est le suivant : chez les parents qui n’enseignent pas à leurs enfants à éviter la colère, les enfants remarquent que leurs parents s’emportent souvent, et ils apprennent d’eux à se conduire avec courroux et insolence envers leurs parents; cela explique le phénomène, fréquent à notre époque, des enfants qui s’éloignent du judaïsme. Lorsqu’ils s’adressent à leur père avec colère, ils enfreignent le commandement de Hachem qui nous enjoint de respecter notre père, comme l’explique la Guémara de Kidouchin (32a) C’est ainsi que le Choul’han Aroukh tranche dans les lois du respect à accorder aux parents. Même si le père prend le portefeuille du fils et le jette dans la mer devant lui, le fils ne dira rien. De même, si le père saisit les pièces d’or du fils et les jette devant lui dans la mer, le fils ne dira pas un mot, n’aura pas de peine, ne se mettra pas en colère contre lui, mais gardera le silence. Le Pélé Yoets explique qu’un homme qui s’adresse à son père ou à sa mère avec insolence, mépris ou colère, entre dans la catégorie de « Maudit soit qui traite avec mépris son père et sa mère !» (Dévarim 27,16). Relevons que Réouven fut puni pour cela, comme l’indique Rachi dans le commentaire sur le verset (Béréchit 49,4) : « Impétueux comme les eaux, tu n’auras pas l’avantage » : compte tenu de l’impétuosité et de la précipitation avec lesquelles il s’est hâté de montrer sa colère envers son père, comme les eaux qui se précipitent dans leur course. C’est pourquoi il ne recevra pas ces multiples Brakhot et prérogatives qui auraient dû lui revenir. Nous devinons ainsi le sens du reproche adressé à Israël :  « De même à Tavéra » : où la colère a brûlé en vous, « partout, vous avez irrité le Seigneur » : vous avez commis une faute lorsqu’avec la colère « Oui, vous avez été rebelles » contre vos parents « envers le Seigneur » : vous avez transgressé le commandement de respect dû au père, « depuis que je vous connais ! », c’est-à-dire depuis votre enfance, lorsque vous avez grandi chez vos parents. Il faudra exercer une grande vigilance pour éviter de parler avec colère à sa famille. Il faut éduquer les enfants depuis leur plus jeune âge à s’exprimer avec douceur et respect, surtout à leurs parents, et grâce à cela, ils auront droit à toutes les Brakhot mentionnées dans la Torah.       Chabbath Chalom !