LE RABBI DE KALOV – 132 Terouma – 5785

Honorer D.ieu véritablement

«Ils prendront pour Moi une offrande prélevée de la part de quiconque y sera porté par son cœur, vous recevrez mon offrande. » (Chemot 25,2). 

Un jour, un Juif se présenta devant le Maguid de Douvna et se plaignit qu’il honore le Chabbath en dépensant beaucoup d’argent en vue du Oneg Chabbath, mais les dépenses qu’il effectua pour le Chabbath ne lui furent pas remboursées, en dépit de l’affirmation de nos Sages (Bétsa 15b) stipulant que sur les dépenses du Chabbath, D.ieu dit : « Empruntez auprès de Moi et Je rembourse. » 

Le Maguid lui répondit par le biais d’une parabole : Un homme aisé avait deux fils qui vivaient au loin. L’un était extrêmement riche et le second, très démuni. Ces frères n’avaient pas vu le visage de leur père pendant de longues années. 

Un jour, une lettre arriva de leur père le seigneur : le cadet de la famille allait se marier et le père désirait que ses frères participent à son mariage et aux célébrations. Il écrivit une missive à son fils aisé pour lui demander instamment de venir avec son frère au mariage, et de revêtir toute sa famille, ainsi que celle de son frère démuni, de leurs plus beaux atours. Il ne devra pas craindre de faire de grandes dépenses, car toutes les dépenses effectuées pour l’honneur de leur père seraient prises en charge par le père. 

Lorsque le fils aisé reçut cette lettre de son père, il se rendit rapidement dans un magasin et prit de nombreux tissus onéreux pour fabriquer de somptueux vêtements pour son épouse et ses enfants, et se prépara à partir. Avant de monter dans le carrosse, il se remémora l’autre demande de son père et dit : « Appelez rapidement mon frère démuni dont j’ai besoin vraiment. » Ils l’appelèrent rapidement et lui demandèrent : « Que désires-tu ?» Il répondit : « Quel est le sens de cette question ? Monte avec moi dans le carrosse. » 

Le frère monta, prit place et le convoi se mit en route. Lorsque le carrosse s’approcha de leur destination, et qu’au domicile du père, on apprit que ses fils et leurs épouses et les petits-enfants arrivaient, les méhoutanim partirent à leur rencontre avec des instruments de musique pour les accueillir dans la joie. 

L’homme aisé, paré de vêtements somptueux, descendit du carrosse. Les méhoutanim demandèrent de qui il s’agissait et on leur répondit que c’était le fils du seigneur. Puis à sa suite arriva un pauvre vêtu de haillons, qui marchait pieds nus. Ils posèrent la question à son sujet et on lui répondit qu’il résidait dans la même ville que son frère. C’était très étrange à leurs yeux. 

Le fils riche resta chez son père après le mariage et attendit que son père l’interroge sur les dépenses effectuées en vue du mariage. Mais après que deux semaines s’étaient écoulées depuis les noces et que son père ne l’avait pas interrogé à ce sujet, le fils dit à son père : « Mon cher père. Je me suis plié à ta demande que tu m’as prescrit de venir me réjouir avec vous et tu savais que je suis un homme d’affaires et que je ne peux m’absenter trop longtemps.

» Son père répondit : « Fais comme tu le désires, mon cher fils, tu peux tranquillement prendre la route du retour. » Lorsque le fils entendit les propos de son père, il s’attrista de toutes les dépenses qu’il avait engagées, pour lesquelles son père avait promis de payer. Il voyait désormais que son père faisait abstraction de cette promesse. Il se dit en son for intérieur : « Je garde le silence et me retiens, mais le moment est venu de prendre la parole. » Il se présenta devant son père et exposa devant lui un détail de la dépense importante qu’il avait effectuée : le montant dépensé pour fabriquer son vêtement, le montant pour le vêtement de son épouse et ses enfants, et les frais du voyage.. Son père lui répondit : « Tu t’es confectionné des vêtements, je te bénis de les user et de t’en faire fabriquer de nouveaux vêtements.» 

Il répondit à son père : « Mais tu m’avais promis de prendre en charge toutes les dépenses que je ferais à cette occasion ». Il rétorqua : « Ne mens pas, mon fils, car il s’agit là d’une parole mensongère. » Le fils sortit de son sac une lettre manuscrite de la main de son père, il posa la lettre devant lui et lui dit : regarde, mon père, je dis la vérité. »

Le père rétorqua : « Lis les propos de la lettre où j’écris : toutes les dépenses que tu feras en mon honneur, je paierai tout, mais désormais, vois mon fils, si vraiment tu avais agi pour m’honorer, alors comment ne t’es-tu pas souvenu et n’as-tu pas épargné mon honneur : tu as fais venir ton frère démuni en guenilles et pieds nus, tu n’as pas eu la présence d’esprit de le revêtir de beaux vêtements pour m’honorer et me donner de la satisfaction. J’en déduis désormais que tout ce que tu as fait et toute cette largesse était pour toi, alors comment me le réclamer ? »

Voici la leçon : D.ieu prescrit à l’homme de préparer des repas de Chabbath et de fête très généreusement. Il dit : « Empruntez sur Mon compte et Je rembourse. » ; toutes les dépenses que vous réaliserez en Mon honneur, pour les délices du Chabbath et des jours de fête vous seront remboursées. 

Mais si l’homme se pare de somptueux vêtements et dresse des tables riches, mais qu’il laisse son frère démuni à l’instar d’un endeuillé qui mange des graines, il s’avère que tout ce qu’il a fait n’était pas destiné à honorer D.ieu, mais uniquement à procurer des délices au corps, et dans ce cas, D.ieu lui répond : Comment peux-tu Me réclamer quelque chose pour des dépenses que tu as faites pour toi ?!»

D’après cette parabole du Maguid de Douvna, nous pouvons ainsi interpréter les propos adressés par D.ieu au peuple juif dans le désert : « Ils prendront pour Moi une offrande prélevée » : prélevez de votre argent un don pour Moi, à Mon intention, comme l’indique le commentaire de Rachi. 

Comment peut-on distinguer un homme qui prélève des fonds au nom du Ciel ? À ce sujet, il est dit : « de la part de quiconque y sera porté par son cœur » : en fonction de ce qu’ils donneront généreusement aux autres afin qu’ils puissent aussi servir D.ieu, « vous recevrez mon offrande » : vous pourrez ainsi déterminer que son don a été fait de manière désintéressée.

Chabbath Chalom !