Le « Mot du Jour »  24 Tishri 5783 – 19 octobre 2022

Il nous faut revenir sur ce qui a été publié précédemment.

Est-ce bien de dire : « Regretter, reconnaître et déclarer sans s’engager à ne plus recommencer serait finalement un encouragement à persister dans la faute » ? Doit-on le comprendre réellement ainsi ?

La Teshouva est un cheminement. Elle ne se réalise quasiment jamais complètement du jour au lendemain, mais plutôt par étapes. Prendre une décision de respecter une Mitzva est important et décisif. En s’engageant, de nouvelles énergies vont naître et, en définitive, HASHEM donnera l’envie, la force, puis la volonté d’accomplir encore une autre Mitzva. Celle-ci, à son tour, donnera l’envie, la force, puis la volonté d’accomplir encore une autre Mitzva, et ainsi de suite. Jusqu’à ce qu’on en vienne à se parfaire dans ce chemin de Teshouva.

Il n’y a donc absolument pas lieu de désespérer et de se dire que c’est trop difficile de changer. D’autant qu’il y a des situations compliquées qui peuvent exiger bien des efforts et aussi du temps pour être résolues.

On se souvient de l’histoire d’un homme jeune qui avait suivi un séminaire de sensibilisation au judaïsme et qui, à la fin, a décidé de prendre sur lui d’accomplir une Mitzva. Il s’en ouvrit auprès du conférencier qui l’avait le plus impressionné. Celui-ci était perplexe et avait besoin à son tour d’être guidé par un grand en Torah. Il s’adressa à Rav Steinmann zatsal qui lui dit de s’engager à respecter la Mitzva de Kasherouth. Qu’il décide de manger strictement Kasher. Cela exige un engagement certain, qui implique la prise de dispositions claires. Mais si l’on est prêt à s’investir pour réaliser quelque chose de grand, il ne faut surtout pas hésiter.

Or il s’avère, et c’est la raison pour laquelle de Rav Steinmann zatsal a indiqué d’accomplir cette Mitzva plutôt que toute autre, qu’en mangeant Kasher, tant pour la préparation des repas, la séparation des vaisselles pour le lait et pour la viande que des aliments permis, le cœur se libère. A contrario, manger « Treff » (non Kasher) « Metamtem Eth HaLev » = bouche le cœur, le rend imperméable, littéralement bouché à la compréhension de la Torah et empêche tout accès à notre patrimoine. De sorte que si le cœur est libéré, l’accès à la Torah est ouvert et la compréhension de ce qui est attendu de nous est accessible et fluide. Il est alors possible d’avancer à grands pas vers l’accomplissement de nouvelles Mitzvoth, une Teshouva mieux ancrée et plus complète, qui ne peut que nous rapprocher de notre Créateur.

Alors c’est vrai que si l’on s’engage à ne plus fauter sans disposer des moyens de compréhension, mais aussi des forces et de la volonté pour y parvenir, on se trouve en porte à faux. Le moyen de s’en sortir et d’être cohérent est de s’engager à accomplir une Mitzva qui, comme on l’a vu, donnera l’envie, mais aussi des forces et la volonté d’en réaliser une autre, puis une autre, jusqu’à une Teshouva harmonieuse et digne de ce nom. Qu’on se rappelle de jamais se décourager, mai au contraire de n’offrir aucune prise à tout ce qui veut nous détourner et entamer notre détermination à progresser. Nous pouvons aussi demander, voire implorer, l’aide de HASHEM pour y parvenir. Nous ne pouvons que souhaiter Behatsla’ha Rabba ! Que chacun réussisse !

Rav Arié Benzaken m’a fait remarquer que ce qui précède ne concerne que « Ben Adam LaMakom », la relation entre l’homme et le Créateur, mais pas la relation « Ben Adam La’Havero », la relation entre l’homme et son prochain. Cela paraissait évident, mais mérite néanmoins d’être précisé.

Il est clair que si l’on commet le moindre tort ou préjudice à autrui, on a l’obligation de le réparer ou de le compenser pour obtenir son pardon. Il s’agit ici d’une relation très différente de celle qui lie l’homme à HASHEM Qui peut tout pardonner, notamment à Yom Kippour, voire à Shemini Atsérèth et, selon les ‘Hassidim, jusqu’à ‘Hanouka. Notons tout de même que « Ben Adam La’Havéro » dépend aussi de « Ben Adam LaMakom » puisque c’est une Mitzva de la Torah « VeAhavta LeRéakha Kamokha » d’aimer son prochain comme soi-même (Levitique 19,18).