Le “Mot du Jour” Rosh ‘Hodesh Sivane 5779 – 04 juin 2019

 La Fête de Shavouoth – le Don de la Torah

Chers Amis,
Ce texte est dédié pour la Refoua Sheléma, la guérison complète de Yemine ben Kokhava parmi tous les malades d’Israël.

N’hésitez pas à le transmettre tout autour de vous, si possible encore avant Shavouoth !

LA FÊTE DE SHAVOUOTH 5779

Tout à la fois Fête des Semaines, Yom HaBikourim, offrande des prémices des plus beaux fruits que chaque cultivateur apportait au Temple, Fête de la Moisson, Fête du Don de la Torah et Atsérèth, cessation de tout travail.

Le 2 Sivane, il y a 3331 ans, Hashem choisit Israël pour qu’il devienne un Royaume de prêtres et un Peuple saint pour toute l’humanité.

Ce Rosh ‘Hodesh, 1er jour du mois de Sivan, nous sommes précisément au 45ème jour du ‘Omer. Il n’en faut plus que 5 pour que nous parvenions au 50ème jour, celui de Shavouoth, la fête des semaines. Celles qui séparent Pessa’h de la fête de Shavouoth. Durant ces 7 semaines, les jours sont comptés, l’un après l’autre jusqu’au 49ème inclus, en étant associés à leur semaine respective de la 1ère à la 7ème. Au cours de ces 49 jours, jour après jour, l’homme, et avec lui tout le Peuple, s’élève de palier en palier vers le but ultime qu’est le Don de la Torah.

Au lendemain de Pessa’h, il fallait offrir au Temple le ‘Omer, une mesure d’orge. L’orge est un aliment habituellement réservé à l’animal. À Shavouoth deux pains de farine de blé étaient offerts au Temple. Le blé est essentiel à la nourriture de l’homme. De Pessa’h à Shavouoth, durant ces 49 jours pleins, s’opère une ascension de la matière à la spiritualité avec, pour apogée, le Don de la Torah au Mont Sinaï. Nous sommes passés de l’orge au blé, de la matérialité de l’Egypte à la spiritualité de la Torah d’Hashem.

La fête de Shavouoth débute cette année dès la sortie de Shabbath prochain, Parasha Bamidbar, soit le samedi 08 juin à la nuit tombée (allumage des lumières à partir de 22:57 à Paris) (1) pour le 1er soir, et le dimanche 09 juin à la nuit tombée (allumage des lumières dès 22:58 à Paris) (2) pour le 2ème soir. La célébration de la fête se poursuit jusqu’au lundi 10 juin à la nuit tombée (à 22:59 à Paris).

Mais revenons au temps du Sinaï.

Dès le lendemain de Rosh ‘Hodesh Sivane, soit le 2 Sivane, Moshé Rabbénou – Moïse – annonça aux Beneï Israël ce qu’Hashem attendait d’eux. « Tout ce qu’a dit Hashem, nous le ferons » fut leur réponse, dite ensemble, d’un seul cœur.

Il s’agit ici d’un engagement à accomplir de façon irrévocable et totale ce qui est attendu de nous. De nous ? Pourquoi donc ? En quoi sommes-nous concernés ? Lorsqu’on s’engage, qui prouve que nous nous y tiendrons ? En donnant des assurances tangibles ! C’est justement ce qui a été exigé de l’ensemble du Peuple, selon l’échange qui peut se formuler ainsi :

– « Nous nous engageons à accepter les Commandements de la Torah »  – « Quels gages offrez-vous ? »  – « Les Patriarches Avraham, Yits’hak et Yaakov seront nos garants ! »  – « Non ce n’est pas possible, ils ont déjà rempli leur mission »  – « Alors nos enfants seront notre caution »  – « Ah, si vous êtes prêts à ce que vos enfants et tous ceux qui naîtront par la suite soient effectivement vos garants, alors c’est accordé ».

L’enjeu était de taille, au cas où le Peuple n’acceptait pas de recevoir la Torah. Le Mont Sinaï était  suspendu au dessus du Peuple, à la manière d’un tonneau, menaçant d’être retourné sur lui, de l’écraser et de devenir son tombeau. C’est ainsi que la Guemara Shabbath (page 88) relate ce moment crucial où le Peuple s’est engagé à recevoir la Torah. Chaque être est, de fait, concerné. Pas seulement la génération du Désert, mais aussi toutes celles qui ont suivi. La caution garantissant le respect de l’engagement était constituée de tous les enfants, présents et à venir. L’engagement concernait l’être dans tous ses états, selon toutes les situations possibles de l’existence. Or au-delà des Beneï Israël, du Peuple Juif, c’est l’existence du monde entier qui s’est trouvée mise en jeu. Puisque toute la Création ne tient et n’est légitimée que par le respect des Commandements d’Hashem. Combien est grande la part et donc la responsabilité de chacun…

Durant les trois jours précédant le Don de la Torah, les Beneï Israël devaient s’y préparer mentalement et spirituellement. Comment ? En se pénétrant de la grandeur des événements vécus, des miracles, d’une part, et de la proximité permanente de la présence d’Hashem, d’autre part, qui les ont accompagnés depuis la sortie d’Egypte. De plus, sur l’ordre d’Hashem, transmis par Moïse, ils se sont purifiés et ils ont rejeté les restes d’impureté contractée durant les années d’esclavage. De plus, ils se sont abstenus de cohabiter avec leurs épouses, et de s’approcher du Mont Sinaï au-delà des limites permises, eux et leurs troupeaux.

Le Don de la Torah, est d’abord un Don du Ciel fait au Peuple d’Israël. Mesure-t-on réellement l’immense cadeau qu’Hashem nous a fait ?

Avant de nous la donner, le Midrash dit que Hashem l’a d’abord proposée aux autres Nations. Elles l’ont toutes refusée lorsqu’elles comprirent les restrictions auxquelles elles devaient se soumettre : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre d’adultère… Elles ne purent dès lors prétendre avoir été défavorisées par rapport à Israël qui l’a acceptée.

C’est alors que les Beneï Israël ont confirmé leur engagement par le célèbre « Naassé VeNishma » Ce qui se traduit par « Nous ferons et nous écouterons » ou plus précisément nous ferons et nous comprendrons. Et plus précisément encore, nous ferons et nous comprendrons ce qu’il nous sera donné de comprendre. En effet, chacun peut saisir une situation selon la capacité de réflexion octroyée par la Providence. Mais sa capacité peut aussi évoluer suivant l’intensité de son investissement, de sa volonté et de son attachement, en termes d’efforts, à vouloir apprendre et comprendre. En effet, si l’effort fourni est puissant et constant, les limitations se voient repoussées, les fermetures les plus hermétiques peuvent s’ouvrir et même « voler en éclat ». Le Ciel peut accorder des moyens insoupçonnés, qui peuvent bousculer les règles de la nature. Nous connaissons tous des hommes au demeurant sans envergure particulière qui ont stupéfait leur entourage en atteignant des sommets dans leur étude du fait de leur acharnement à avancer et à se parfaire.

Une histoire revient en mémoire. Celle de cet homme, très éloigné du monde des Mitzvoth, qui s’est adressé à un Rav en lui disant : si vous m’expliquez pourquoi il faut mettre les Tefillines, je les mettrai chaque jour. Le Rav lui répondit : mets-les pendant quinze jours et après viens me voir et je t’expliquerai. L’homme les mit effectivement chaque jour (3). Au bout de quelques jours il comprit de lui-même pourquoi il fallait les mettre. Il n’avait plus besoin que le Rav le lui explique. La mise des Tefillines a généré en lui le désir et la nécessité de les mettre. En réalisant ainsi le précepte de la Torah, il découvrit le bonheur qu’elle procure en la vivant. Or ce n’est qu’un début puisque au-delà de la joie, même intense, viendra la plénitude, l’ouverture de l’horizon et l’accès à une réalité insoupçonnée. L’immense cadeau que représente le Don de la Torah prendra alors un sens plus palpable en nous faisant vibrer.

La Torah devait être donnée le 6 Sivane. Elle le fut cette année-là le 7 Sivane, à la demande de Moshé Rabbénou. Il souhaitait que les Beneï Israël puissent encore parfaire leur préparation pour la recevoir. Et Hashem accepta sa demande. Hormis cette année-là, Shavouoth est toujours célébré le 6 Sivane, et de fait le 7 aussi, en tant que second jour de fête, pour ceux qui résident hors d’Eretz Israël.

Ce ne sont ni les Tables de la Loi, ni les rouleaux de la Torah que nous avons alors reçu, mais la Parole d’Hashem. Les Beneï Israël n’ont pu en entendre que deux mots : « Anokhi Hashem » « Je suis Hashem ». L’audition, au milieu d’un ciel embrasé d’éclairs dans un grondement de tonnerre, était totalement bouleversante et effrayante.

Le Midrash dit que les Beneï Israël ont été projetés au loin, qu’ils en perdirent leur souffle de vie et qu’ils ressuscitèrent au bout de quelques heures. C’est pour combler ce temps où ils ont « dormi », que nos Sages ont instauré d’étudier durant toute la nuit (la 1ère) de Shavouoth. Au-delà de l’idée de « rattrapage », cette étude conduit à une communion profonde avec la Torah et renforce la nécessité de la connaître et donc de l’étudier. S’en suit notre rapprochement avec Hashem qui, alors, prend corps en chacun de nous.

Les autres Paroles d’Hashem ont été dites à Moshé Rabbénou, qui les a ensuite répétées aux Beneï Israël. L’ensemble forme le Décalogue ou les Dix Commandements ou encore les Dix Paroles (4). Nous l’avons vu, à Shavouoth une nouvelle offrande, celle de deux pains faits de farine de blé, était apportée au Tabernacle, puis au Temple, au nom de l’ensemble d’Israël, pour demander qu’il soit accordé une abondante récolte des fruits des arbres. C’est à partir de la « Aliya LaRéguel », la montée à Jérusalem à Shavouoth, que chaque agriculteur avait le privilège d’apporter au Temple les prémices des plus beaux fruits de ses récoltes, parmi les sept fruits d’Eretz Israël (blé, orge, figue, raisin, grenade, olive et datte). Il les remettait au Kohen en même temps qu’il déclamait la Parasha des Bikourim, des prémices, pour exprimer sa profonde reconnaissance envers Hashem, pour la Terre d’Eretz Israël et pour tous les bienfaits qu’Il lui a prodigués. C’est un temps de joie profonde, d’allégresse, et d’unité du Peuple qui faisait alors le pèlerinage, pour la gloire d’Hashem.

Les synagogues sont décorées pour la fête de plantes vertes et de fleurs en souvenir du contraste miraculeux d’une végétation luxuriante qui recouvrait le Mont Sinaï au moment du Don de la Torah, par rapport au désert alentour.

On y lira la Meguilath (rouleau de) Routh, princesse Moabite, veuve de l’un des fils de Noémie, qui revint avec elle du pays de Moav pour vivre dans sa ville de Bethlekhem.Routh exprimait la bonté, la fidélité, l’abnégation et le courage. Elle épousa Boaz, proche parent d’Elimelekh, l’époux défunt de Noémie, après avoir glané dans ses champs au temps de la moisson à l’époque de Shavouoth. Elle mérita de devenir l’arrière grand-mère du Roi David.

La coutume est de manger en début de repas le 1er jour de fête des plats lactés (5). Le Mishna Broura, s’appuyant sur Rav Saadia Gaon, explique que les 10 Commandements transmis lors du Don de la Torah incluaient en eux tous les préceptes de la Torah. Par conséquent, toutes les règles de Kacherouth devaient être appliquées. Or la préparation des plats carnés exigeait de faire la She’hita, abattre rituellement l’animal, en Kachériser la viande, mais aussi les ustensile. Le temps de s’organiser, le Peuple ne devait pas jeûner. Heureusement que les plats lactés pouvaient être consommés en l’état.

Une version ‘Hassidique, rapportée par Rav Frankforter shlita, fonde l’origine des mets lactés sur le refus de Moshé Rabbénou de boire le lait d’une nourrisse Égyptienne. Moshé Rabbénou n’avait alors que trois mois. Sa mère Yokhévèd l’avait déposé dans un couffin sur le Nil pour qu’il ait la vie sauve. Pharaon avait décrété la mort de tous les premiers-nés mâles, espérant ainsi supprimer le rédempteur des Hébreux que ses astrologues avaient prédit. C’est Bitya, la fille de Pharaon, qui découvrit Moshé Rabbénou. Elle le confia à Yochévèd avant de le faire grandir au Palais. Une bouche qui allait parler avec la Shekhina, la Présence Divine, ne pouvait être souillée par du lait provenant d’une femme impure.

Que nous puissions tous intérioriser et vivre avec ferveur ce très grand moment, le Don de la Torah ! Ce lien unique et privilégié avec Hashem, Qui est tout et sans Qui nous n’existerions pas. Que chacun puisse l’accompagner d’une joie intense. Grande Réception de la Torah et ‘Hag Saméa’h !

Enfin, qu’il vous soit donné de profiter le plus possible de nos réalisations, de le faire savoir à tout votre entourage et, pour ceux qui le peuvent, de contribuer de la plus belle manière possible de sorte que Dvar Torah ait toujours les moyens d’embellir et de diffuser la Torah comme il se doit (6).

Avec nos meilleures pensées.

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(1)   –  depuis la flamme d’une veilleuse pouvant durer au-moins 48 à 72 heures (prenez toute précaution pour qu’elle ne puisse se propager !) qui aura été allumée le vendredi juste avant les lumières du Shabbath.

(2)   –  également à partir d’une flamme existante, en l’occurrence celle de la veilleuse allumée avant Shabbath.

(3)   –  à l’exception du Shabbath et des jours de fête où l’on ne porte pas les Tefilines.                                      

(4)   – Voir la Lettre n°7 (onglet «La Lettre» sur notre site p.3) https://www.dvartorah.org/upload/lettre7.pdf  ou dans le livre « Parcours… » p. 145. De plus, dans la Lettre n°10 pp. 2- 3 https://www.dvartorah.org/upload/lettre10.pdf  ou encore dans le livre « Parcours… » pp. 189-192 sont précisées les caractéristiques de la Torah Ecrite et de la Torah Orale.          

(5)   – et de poursuivre avec des mets carnés, mais il faudra alors penser à changer de nappe, de vaisselle et à se rincer la bouche entre les plats de lait et de viande.                                                                                                         (6)   – Trois cours en écoute libre liés à Shavouoth sont actuellement diffusés depuis le bas de la page d’accueil de notre site    https://dvartorah.org   pour votre plus grande joie !