Le « Mot du Jour » 7 Nissan  5776 – 15 avril 2016

Chers Amis,
Voici quelques mots très rapides en relation avec notre Libération que nous célébrons à Pessa’h

Le Shabbath qui précède Pessa’h est appelé Shabbath HaGadol, le Grand Shabbath. Ce jour-là, en Egypte, chaque foyer juif devait avoir attaché dans sa cour -d’aucuns disent au pied du lit- un agneau qui devait être sacrifié quelques jours plus tard, la veille de la sortie d’Egypte, soit le 14 Nissan au soir. Ce Shabbath, Parashah Metzora, 16 avril 2016, est donc Shabbath HaGadol.

Traditionnellement dans toutes les synagogues le Rabbin y fait un discours solennel, très attendu, en relation avec la fête de Pessa’h, pour que chacun s’y prépare le mieux possible. Pourquoi ? Parce que c’est une Mitzvah pour chaque juif de revivre la sortie d’Egypte -autant que nous pouvons l’imaginer- comme l’ont vécue nos ancêtres il y a maintenant 3328 ans.

Réserver un agneau dans chaque foyer au su et au vu de tous les égyptiens, pour le sacrifier, disait la foi des enfants d’Israël en l’Eternel, dont l’ordre avait été rapporté par Moïse. C’était aussi naturellement un défi à l’égard des égyptiens pour qui l’agneau était une divinité. Les anciens esclaves hébreux ne craignaient plus les représailles de leurs anciens tortionnaires !

La fête de Pessa’h est célébrée la première nuit par un Séder, rituel autour d’un grand repas de fête, dont la première partie -au cours de laquelle on ne doit boire que deux coupes de vin- consiste à raconter avec le plus de détails possible notre histoire qui a précédé notre libération, d’abord de l’esclavage, puis de l’Egypte. En Eretz Israël on célèbre un seul Séder. En diaspora, nous en célébrons deux : le 1er, ce vendredi 22 avril (dès 20:35 à Paris), et le 2ème, le lendemain nuit 23 avril (dès 21:48 à Paris).

C’est un moment crucial, mémorable et fondamental parce qu’il relate l’événement fondateur du Peupe Juif. L’événement, mais aussi sa transmission, sont en quelque sorte depuis lors inscrits dans nos gènes. Lors du Séder, toute l’attention est naturellement accordée aux enfants, même les plus jeunes. Ils sont le centre et, d’une certaine manière, la raison d’être de ce que nous allons vivre ces 2 soirs consécutifs, puis les 6 jours suivants. Que ceux qui ont en été malheureusement privés jusqu’à ce jour puissent s’attacher à consacrer un peu de temps pour apprendre ce qui s’est déroulé.

L’acte déclenchant est la vente de Yossef. Il fut suivi de la descente de la famille de Yaakov en Égypte, le séjour au pays de Goshen, le début de l’asservissement, les travaux forcés, la mise à mort des nouveaux nés mâles, le rôle de Miriam, puis les interventions de ses frères Moshé et Aharon auprès de Pharaon, les 10 plaies et les miracles, jusqu’à la sortie d’Egypte, la poursuite des armées de Pharaon, le passage de la Mer Rouge, la noyage des Égyptiens, le sauvetage des Hébreux, la guerre d’Amalek, la Mane, le Don de la Torah au Mont Sinaï, les pérégrinations dans le désert…

Mais nous allons beaucoup trop vite ! Reprenons ne fût-ce que l’énumération des dix plaies, dont la dernière a finalement décidé Pharaon à autoriser les enfants d’Israël à quitter l’Egypte.

Nous avons donc d’abord assisté à la plaie par laquelle toutes les eaux du Nil et des autres sources furent transformées en sang. Puis, la plaie de l’invasion des grenouilles, jusque dans les fours et même les entrailles des Égyptiens. Puis, la plaie où la poussière de la terre fut changée en vermine, et ce dans toute l’Égypte, sauf en pays de Goshène. Puis, la plaie de l’invasion des bêtes sauvages qui fit des ravages parmi les hommes et leurs bêtes. Puis, la plaie de la peste sur tous les animaux. Puis, la plaie des ulcères qui affecta hommes et animaux. Puis, la plaie de la grêle qui détruisit toutes les récoltes, mais aussi tua hommes et animaux qui n’étaient pas à l’abri. Puis, la plaie des sauterelles qui mangèrent toute la végétation que la grêle n’avait pas anéantie. Puis, il y eut la plaie des ténèbres qui durant sept jours obscurcit l’Égypte de ténèbres opaques, palpables, qui interdisait même de s’asseoir ou de se lever. Puis, enfin, la plaie de la mort des premiers-nés où périrent tous les premiers-nés des hommes et des animaux chez les Égyptiens. Il fallut donc cette succession de dix plaies sur l’Égypte, par l’entremise de Moshé, pour que Pharaon accorde enfin aux Beneï Israël le droit de quitter l’Égypte le 15 Nissan.

Tout cela, et combien plus, doit être raconté lors de chaque Séder, même si on les célèbre seul !

Que ceux qui seraient isolés se mettent d’urgence en contact avec le Rabbin de la synagogue la plus proche et essaient autant que possible de se joindre à un Séder organisé dans une communauté, et en tout cas de recevoir de l’aide pour vivre Pessa’h dignement. Pessa’h, Matsa et Maror, accompagnés de 4 coupes de vin que l’on boit en étant accoudé sur le côté gauche, en signe de liberté, d’affranchissement de l’esclavage, pour enfin pouvoir servir Hashem.

Le service d’Hashem, que cela soit absolument sans équivoque, n’a absolument aucun rapport avec la moindre forme d’asservissement. Du Service d’Hashem émane, au contraire, tout ce qui enclenche et mène à une réelle libération. Et du fait de cette libération, chacun peut trouver les moyens, les ingrédients, pour s’épanouir et mettre en valeur le potentiel qu’il/elle a reçu en venant au monde.

Nous voudrions encore rappeler que la fête de Pessa’h offre un temps de joie profonde, l’occasion de se remplir de sainteté : tout ce que nous accomplirons ces soirs-là nous reliera à nos ancêtres et nourrira notre âme. En plus de toute l’attention qu’épouses et mamans auront certainement accordée à la préparation de plats succulents.

Qu’il y règne une atmosphère joyeuse, sereine et sérieuse à la fois où, nous ne le rappellerons jamais assez, la transmission aux enfants est tout à fait primordiale. Il nous faudra tout faire pour les y intéresser et les captiver. D’ailleurs ils sont eux-mêmes mis à contribution en récitant le Ma Nishtana HaLaïla Hazé Mikol Haleïloth : en quoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ? À nous de le leur expliquer en des termes parfaitement accessibles.

Nous voudrions vous suggérer d’écouter les 3 cours mis en ligne en audition libre -nous en placerons d’autres la semaine prochaine- et de relire, entre autres, « La Lettre n°19 » à l’onglet « La Lettre » qui en fait état avec bien d’autres détails.

Il nous faut d’ici Pessa’h, soit avant vendredi 22 avril (12:23 à Paris), nous déposséder totalement de tout ‘Hametz, produits à base de farine ayant levé, et en interdire l’entrée de nos demeures et propriétés durant les 8 jours de la fête. Si nous ne pouvons physiquement les faire disparaître, nous pouvons les céder à un non-juif, par un acte de vente, réalisé par notre Rabbin, qui donnera toutes les précisions et pour la vente et comment procéder pour rechercher et évacuer le ‘Hametz. Le ‘Hametz qui n’a pas été vendu à Pessa’h ne peut plus être consommé après Pessa’h. Rechercher et éliminer tout le ‘Hametz qui est en notre possession est, d’une certaine manière, une volonté de rejeter et d’évacuer l’impureté qui est en nous. C’est un très réel nettoyage oh combien salutaire. Que chacun réussisse ! Que chacun en retire une élévation dans la sainteté, aussi belle, grande et pure que possible !

Un dernier point pratique : la joie et la sainteté ne sont pas vraiment ressenties si l’on est épuisé. Faites dormir les enfants durant quelques heures avant le Séder pour être dispos. De même épouses, mères et pères doivent aussi prendre le temps de se reposer pour ne pas s’endormir à table. C’est un moment si important, si riche et crucial qu’il faut se donner les moyens de pouvoir en retirer tout ce qu’il peut nous offrir.

Pessa’h Cacher VeSaméa’h à tous ! Pessa’h se termine le 30 Avril, après shabbath, à l’apparition des 3 étoiles. Jusque-là, pas de ‘Hametz dans toutes nos demeures ! C’est promis ?… Plein de joie, de Mitzvoth et d’amour du prochain !