Le “Mot du Jour” 5 Adar 1 5779 – 10 fev. 2018

« MisheNikhnass Adar Marbim BeSim’hah ! Avec l’entrée du mois de Adar, la joie augmente ! »

Voilà quelques jours que nous sommes effectivement entrés dans le mois de Adar. Et cette année nous sommes comblés puisqu’il y en a deux : Adar 1 et Adar 2. 5779 est en effet une année embolismique où, pour nous accorder avec les saisons, nos Sages ont compris qu’il fallait doubler le mois de Adar pour faire coïncider la célébration de la fête de Pessa’h avec l’arrivée du printemps -c’est la Torah qui le prescrit-. Le décalage entre le nombre de jours de l’année lunaire et celui de l’année solaire est alors comblé. L’année lunaire compte 354 jours 1/3 tandis que l’année solaire en compte 365 jours ¼. L’ajustement entre l’année lunaire et l’année solaire s’opère par le doublement du mois de Adar à 7 reprises dans un cycle de 19 ans, soit tous les 2 ou 3 ans.

Si certains trouvent cela cocasse et en rient, c’est en tout cas déjà un bon début pour exprimer la joie. Pourtant l’exactitude de la base de calcul de notre calendrier a été confirmée par les calculs astronomiques et atomiques les plus pointus. Il s’est avéré en avance de plus de 1500 ans sur tous les autres calendriers qui se sont succédé au cours des âges. Dès lors on n’en rit plus !

Alors d’où vient cette joie spécifique au mois de Adar ? Elle se manifeste par le rapprochement avec Hashem, le Créateur et la Présence Divine. Hashem vient en quelque sorte habiter proche de nous. Adar, a la même racine que le verbe Ladour, qui signifie habiter. Or nous venons de lire la Parasha Terouma où sont donnés les caractéristiques du Mishkane, du Tabernacle, et de tous ce qui le compose, où justement devait résider la Présence Divine. Nous ne pouvons que nous en réjouir et être emplis d’allégresse.

De plus, la joie s’exprime souvent après une attente oppressante qui se dissipe tout à coup et aboutit à une délivrance. Cela s’est effectivement passé de façon tout autant dramatique que miraculeuse. Notre histoire en fait état. Cela s’est déroulé en Perse, plus exactement en Babylonie, et a abouti à la délivrance de la menace d’extermination fomentée à l’époque du Roi Assuérus par Aman. Inspirés par le Ciel, Mordekhaï et Esther surent intervenir et susciter un profond et sincère repentir parmi tous les juifs du Royaume. Ce qui aboutit à notre délivrance. Nous y reviendrons peu avant le moment de célébrer la fête de Pourim.

Il est des miracles qui sont spectaculaires. Il en est d’autres qui ne le sont pas moins, mais que nous ne remarquons plus, tant nous y sommes habitués. Il suffit pourtant de prendre un instant pour s’en rendre compte.

Les jours s’allongent, la nature se réveille, il commence à faire un peu moins froid. Les projets s’ébauchent, on se motive, des idées jaillissent, on retrousse les manches et l’on reprend courage après de longues semaines d’engourdissement. Le soleil pointe davantage. Il réchauffe les cœurs. Notre visage s’éclaire, nos yeux pétillent, notre sourire réapparaît. J’ai envie de partager mon enthousiasme renaissant. Tout cela ne révèle-t-il pas plein de miracles ? Et si l’on se laissait aller, le sourire se transformera vite en rire. En compagnie, il se propage et devient contagieux.

Mais d’abord je vais rire de moi, de ma bêtise, de ce qui très vite apparaît comme ma petitesse. Ne me suis-je pas laissé enfermer dans des pensées obscures, critiques, surtout envers autrui ? Alors qu’en réalité cela n’a aucun sens. Cela détruit au lieu d’épanouir, de construire et de réjouir. Qu’ai-je à faire de comportements apparemment bizarres qui révèlent une souffrance plutôt qu’une libération et un réel bien être ? Certes, mais s’ils existent et se manifestent, comment puis-je aider pour les soulager ? D’abord en n’en n’étant pas moi-même affecté. Suis-je capable de n’éprouver aucun sentiment négatif envers autrui ou vis-à-vis de telle ou telle situation ? Ai-je réellement le choix si je veux sortir de mon enfermement ? Concrètement, cela implique de ni éprouver, ni exprimer de contrariété, ni d’avoir l’air renfrogné, mais au contraire d’être heureux de la présence de l’autre. Parce que je n’en découvre que ce qu’il a de positif. J’en éprouve du plaisir qui s’exprime sur mon visage qui, de ce fait, rassure, tranquillise, rend forcément heureux et qui encourage autrui dans le même mouvement. Ce n’est sûrement pas facile à mettre en œuvre et à vivre. Mais le bonheur de donner mérite que l’on fasse tous les efforts du monde pour que la joie se propage dans le cœur de ceux qui nous entourent. Ceci faisant, en aimant mon prochain comme moi-même, j’accomplis ce qu’Hashem attend de moi. En réalité, je fais entrer la Présence Divine en moi ! Existe-t-il une plus grande joie ? Adar est assurément le moment le plus propice. Ne le laissons pas passer sans le mettre à profit ! Que la joie augmente et se renforce dans nos cœurs !