Le “Mot du Jour” 49ème jour du Omer, veille de Shavouoth (14 mai 2013)

À quelques heures de Shavouoth 5773.

Rentrez vite, c’est bientôt la fête du Don de la Torah !

Encore une fois que nous sommes pris de court. Le temps nous manque tellement que nous ne parvenons pas à tout « boucler » à temps.

C’est donc ce soir, à Paris, l’allumage des bougies est dès 21:06. La fête du Don de la Torah dure deux jours et se termine donc jeudi à la sortie des étoiles (22:27 à Paris). On commencera la prière du premier soir également lors de l’apparition des étoiles pour qu’alors, effectivement, les 7 semaines qui séparent Pessa’h de Shavouoth soient complètes. Durant ces 7 semaines, chaque nuit, nous avons compté le ‘Omer pour parvenir à ce moment si grandiose, que le Peuple Juif a vécu en recevant la Torah.

Laissez-nous reprendre un texte déjà publié dans la lettre n° 3 et dans le livre Parcours… à la page 49.

“L’étude et le Don de la Torah.

C’est vrai, nous ne pouvons pas y échapper. Cette question s’impose. Elle brûle même. La difficulté, pour la très grande majorité, est de comprendre pourquoi il faut étudier. En réalité la réponse peut être fournie en toute logique. Et en effet, il est logique de dire que c’est grâce à la Torah que nous pouvons réellement être nous-mêmes, nous pouvons retrouver nos racines, nous y attacher, y puiser notre énergie, notre vie. Et c’est capital ! Un fameux Midrash nous dit à ce sujet que le renard affamé, voyant les poissons dans la rivière, crut avoir une idée de génie en s’adressant à eux ainsi : “Mes chers frères, vous vous souvenez de nos ancêtres communs, ils étaient bien ensemble, alors rejoignez-moi sur la berge, vous y serez à l’abri des filets des pêcheurs et je vous protégerai.”

Et les poissons de répondre : “Nous préférons essayer d’échapper de nous mêmes aux pièges des pêcheurs plutôt que d’être sûrs de finir dans votre ventre.”

Tout cela est incontestablement clair. Mais suffit-il de le savoir pour en être profondément convaincu ? Au point où nous considérions l’étude de la Torah comme une priorité incontournable. Et de s’y adonner, ne fût-ce qu’un peu de temps, mais régulièrement ? Alors que, par ailleurs, le monde extérieur appelle avec tant d’insistance à nous faire croire qu’il recèle le bonheur, la plénitude et la finalité.

Rappelons-nous, lorsque nous étions au Mont Sinaï, il y a 3325 ans, l’ensemble du Peuple Juif était acculé à se prononcer et à accepter la Torah. “Na’assé VeNishem’a = nous ferons et nous comprendrons”. Le Don de la Torah a eu lieu dans des conditions tout à fait dramatiques. Lorsque D.ieu s’est adressé aux Bneï Israël, Sa parole était si intense que nous n’avons pu supporter d’entendre que le premier des Dix Commandements. Le “nous” désigne bien sûr nos ancêtres, via les quelque 150 ou 200 générations qui nous en séparent, soit 600.000 âmes, en ne comptant que les hommes de plus de 20 ans, dont nous sommes les héritiers et les dépositaires. Lors du Don de la Torah, tous les Bneï Israël ont donc été projetés au loin et se sont évanouis. C’était terrible. Le corps de chacun était totalement ébranlé. La Guemara Shabbath (88a) relate que le Mont Sinaï était renversé au-dessus de nos têtes, comme un tonneau, prêt à nous ensevelir, si nous n’acceptions pas la Torah. “Nous ferons et nous comprendrons !” fut la réponse de tout le peuple. Nous ferons et alors seulement nous comprendrons, ou plus exactement, nous serons en mesure de comprendre. Ce n’est donc pas une démarche purement intellectuelle qui nous a déterminés à agir, mais bien du fait de l’interpellation de tout notre corps, de tout notre être, de tout notre esprit, engagé à accepter la parole d’Hashem, pour vivre ! Ce n’est donc pas une affaire d’intellect et de stricte logique. Du reste, que ceux qui seraient révoltés ou choqués à l’idée d’une  contrainte, apparemment si coercitive, se rassurent. Près de 1.000 ans plus tard, les Beneï Israël ont cette fois accepté la Torah de leur plein gré et sans aucune contrainte. C’était à l’époque de Pourim, presque 70 ans après la destruction du premier Temple de Jérusalem, à Suze et dans toute la Perse, où les Beneï Israël avaient été exilés. Il est vrai que les Bneï Israël étaient alors menacés d’extermination par Hamann, et c’est en faisant Teshouvah, en se repentant, en priant, en jeûnant et en demandant les Ra’hamim, la miséricorde du Ciel, qu’ils ont été sauvés par la Providence. Na’assé VeNishem’a, nous ferons et nous comprendrons, est le chemin selon lequel les Beneï Israël appréhendent le monde créé et dirigé par Hashem. Nous ferons la Torah, nous accomplirons les commandements qu’elle contient, nous réaliserons Sa volonté, alors nous pourrons comprendre le sens, la profondeur, la raison d’être de chacun des gestes que nous faisons pour Hashem. Et par conséquent, il apparaît combien il serait fou de ne pas accomplir ce qui nous a été prescrit. C’est notre Dérèkh, notre chemin, la façon dont le Peuple Juif fonctionne. C’est sa nature profonde, intrinsèque, qui devrait être nôtre, au même titre que la façon dont nous respirons ou nous avançons en mettant un pied devant l’autre. Cela est plus dur à comprendre lorsque le monde environnant réclame d’autres critères pour agir, ou même lorsqu’il n’en supporte aucun, et où toute limitation est perçue comme insupportable. C’est vrai qu’il y a chez nous des limitations, sous forme d’obligations de faire et d’interdictions. Mais elles sont là pour nous protéger. Et c’est en franchissant ces limites que nous nous mettons en danger. Car commettre un interdit nous affaiblit. Nous sommes alors d’urgence appelés à nous amender, à réparer et à demander le pardon. Par opposition, lorsque nous remplissons scrupuleusement toutes nos obligations, au-delà de la joie qu’elles procurent, ce qui en soi est déjà immense, nous nous sentons sereins, heureux et reconnaissants d’avoir été l’objet de tant de sollicitude de la part du Ciel. Le Ciel qui nous a fait la bonté de nous donner l’occasion de faire, de réaliser, d’apporter du bien sous tant de formes possibles. Mais une autre forme de récompense -si l’on peut dire- nous attend.”

La suite se trouve où vous savez.

Juste 2 ou 3 points en guise de rappel :

La première nuit est généralement consacrée à une veillée d’étude de la Torah, pour rattraper le temps où nous nous étions endormi dès après avoir entendu le premier des dix commandements.  

Le premier jour nous lirons dans le Séfer Torah la partie de la Parashah Yitro qui porte sur les dix paroles, les dix commandements, qui nous ont été donnés au Mont Sinaï, certainement pour nous les remémorer et les rendre si possible encore plus présents en nous.

Nous avons la coutume de consommer des mets lactés en souvenir, entre autres, du fait que Moshé Rabbénou avait refusé de prendre le lait d’une égyptienne. La fille de Pharaon avait recueilli Moshé Rabbenou lorsqu’il se trouvait dans son berceau, flottant sur le Nil. C’est alors que Miriam, la sœur de Moshé Rabbénou se dévoila et proposa à la fille de Pharaon une nourrice hébreu qui n’était autre que Yokhéved, la mère de Moshé Rabbénou. Ce jour-là était le 6 Sivan, le jour du Don de la Torah. Une bouche qui devait parler avec Hashem et au nom d’Hashem devait être préservée de toute souillure.

Le temps nous manque pour vous en dire davantage.

Que chacun puisse vivre la fête du Don de la Torah, Shavouoth, dans la joie et la sainteté, en mesurant l’immense cadeau qui nous a été donné par le Ciel et qui du reste continue à nous être donné chaque jour et à chaque instant. ‘Hag Saméa’h !