Le « Mot du Jour » 29 Tamouz 5781 – 9 juillet 2021

Chers Amis,

Nous sommes à la veille de Rosh ‘Hodesh Av, du début du mois de Av, soit à quelques jours du 9 Av, Tish’a BeAv, dont l’évocation la plus palpable est la destruction du 1er et du 2nd Temple de Yeroushalayim.

Le 1er Temple a été construit par Shlomo HaMélekh, le Roi Salomon, 480 ans après la sortie d’Égypte, en l’an 2935, soit il y a 2846 ans. Il fut détruit quelque 410 ans après par Nabuchodonozor, le roi de Babylone.

Le 2nd Temple fut construit sur l’emplacement du 1er, après le retour d’une partie des exilés de Babylone. Ils étaient conduits par Ézra, le scribe, 70 ans après la destruction du 1er Temple. Mais Titus, à la tête des armées Romaines, le détruisit à son tour quelque 420 ans plus tard.

Au-delà des dates et de la durée d’existence respective, des raisons distinctes ont cependant conduit à leur destruction.

Les circonstances et les conditions de l’érection du 1er Temple lui avaient conféré une très grande Kedousha, sainteté. Si grande qu’il nous est quasiment impossible de nous la représenter. « Lorsqu’un Juif venait au Temple avec ses offrandes, il voyait que grâce à l’observance des Commandements un feu Céleste demeurait sur l’autel, une nuée couvrait le Saint des Saints et la Présence Divine qui planait sur le Temple était ressentie avec intensité par tous ceux qui vivaient au diapason de la sainteté. Celui qui apportait un sacrifice et pouvait observer ces phénomènes de ses propres yeux, les ressentir en son âme, comment aurait-il douté de l’efficacité de ses actes ? C’était une réalité incontournable » (Kouzari, in Eikha, les lamentations, Artscroll, ed. Colbo).

Lorsque Israël accomplissait scrupuleusement les commandements d’Hashem, il jouissait de Sa protection. Par contre, dès qu’il s’en écartait, il appelait sur lui Le courroux d’Hashem. Les Prophètes, porteurs de la parole d’Hashem, mettaient alors le Peuple en garde. S’il la refusait et ne s’amendait pas, la menace de destruction s’abattait sur Israël avec son lot de souffrances, l’exil et encore bien d’autres souffrances durant l’exil.

Avoda Zara, la pratique de l’idolâtrie, Guilouye Arayott, l’immoralité des mœurs, Shfi’houth Damim, le meurtre, étaient les trois fautes qui étaient bien trop largement répandues durant la fin de l’existence du 1er Temple. La première faute était recherchée pour justifier la pratique de la seconde. Et la troisième, le meurtre, était dirigée contre ceux qui s’élevaient contre ces transgressions. L’impureté générée était devenue trop intolérable pour que la Présence Divine réside encore en Israël. Le vécu harmonieux des Mitzvoth, tel qu’il nous est dicté par la Torah, était devenu pour beaucoup qu’un pâle souvenir.

Le 2nd Temple n’a jamais joui du même degré de Kedousha que le 1er Temple. La Présence Divine ne s’y manifestait pas. L’Arche Sainte y était absente, tout comme l’intervention de Prophètes, ou encore la manifestation régulière de miracles. Les sacrifices y étaient cependant toujours offerts. C’est le sentiment d’unité et de cohésion qui animait le Peuple et l’inspirait pour lui donner sa vigueur. La Torah était étudiée et vécue. Elle préserva le Peuple des 3 fautes cardinales qui eurent cours durant la fin de l’existence du 1er Temple. Mais Sin’ath ‘Hinam, la haine gratuite, se manifesta et finit par éroder et détruire le ciment qui unissait le Peuple. Discordes, calomnies, vengeances, complot, furent vite, hélas, des motifs devant entraîner l’éclatement et la dispersion du Peuple parmi les Nations. Le leadership en Israël n’était alors pas assez fort, manquait de clairvoyance et de courage pour faire entendre raison, corriger, stopper et éradiquer la haine gratuite. Elle fut suivie d’atroces souffrances difficiles à relater tant elles font frissonner d’effroi. L’exil qui suivit est presque 30 fois plus long que celui qui a résulté des 3 grandes fautes qui avaient cours durant le 1er Temple. C’est dire combien la haine gratuite est encore plus dévastatrice et grave aux yeux d’Hashem. Alors que les fautes commises durant le 1er Temple étaient déjà intolérables et, de fait, sanctionnées par l’exil. 

Depuis les destructions des deux Temples la joie en Israël n’est plus ce qu’elle était auparavant. Elle ne retrouvera son éclat qu’à l’arrivée du Mashia’h -du Messie-, et la construction du 3ème Temple. Alors la Shekhina -la Présence d’Hashem- se manifestera à Yeroushalayim, en Eretz Israël et au sein de tout Son Peuple revenu sur sa terre. Une réalisation que nous appelons tous de nos vœux les plus ardents pour que cela se réalise le plus vite possible.

Toutes les Nations reconnaîtront alors en nous le Peuple choisi par D.ieu pour Le servir : Mamlekhèth Kohanim VeGoye Kadosh !  Israël méritera alors pleinement et totalement le statut de Royaume de Prêtres et de Peuple Saint !

Cette formidable espérance est hélas encore contredite par le fait que nous sommes toujours en Galouth, en exil, dispersés de par le Monde, avec le lot de conséquences vécues au quotidien. 

Or, comment pourrions-nous réellement apprécier la Délivrance tant attendue si nous ne percevons pas ce que nous avons perdu du fait des souffrances, provoquées en ce si triste jour du 9 Av ?

C’est à cette prise de conscience que nos Rabbanim ont voulu nous faire accéder en édictant les règles de deuil détaillées plus bas. 

Personne ne l’ignore, un enfant grandit lorsque son regard se porte un peu plus loin, en retire un enseignement et agit en conséquence. Il acquiert peu à peu de l’assurance. Il reconnaît ses bienfaiteurs et il apprend à leur faire confiance. Il apprend, il est éduqué et il s’éduque. Il en est de même pour une assemblée, comme pour un peuple. 

Les Hébreux avaient été asservis et cruellement maltraités en Egypte. Après la libération d’Egypte, ils se sont retrouvés dans le désert du Sinaï, placés sous la protection du Ciel. Certes, ils avaient avant cela assisté aux 10 plaies infligées exclusivement aux Egyptiens. Ils avaient vécu les miracles qui les ont accompagnés lors de la traversée de la Mer Rouge et leur sauvetage de la main des Egyptiens qui les pourchassaient. La Torah décrit tout cela et tous les foyers d’Israël le rappellent chaque année lors du Séder de Pessa’h. 

Le désert est aride, mais ils avaient de l’eau à profusion grâce au puits de Miriam. La Manne tombait chaque jour et ils n’avaient qu’à la ramasser pour se nourrir. Elle prenait le goût des mets souhaités. Des nuées aplanissaient le chemin et le déblayaient de toute embûche, serpents et scorpions inclus. Une colonne de feu les éclairait la nuit. Leurs vêtements et leurs chaussures ne s’usaient pas. De plus, ils étaient toujours propres et adaptés à la taille de ceux qui les portaient. Bref, ils vivaient un miracle permanent, en étant constamment placés sous la protection d’Hashem. 

Certes, ils eurent des manquements graves, comme la faute du veau d’or, qu’Hashem a ensuite pardonnés. Peu avant d’entrer en Eretz Israël, ils demandèrent à envoyer des explorateurs qui, à leur retour, ont fauté en prétendant qu’ils ne pourraient pas conquérir la Terre d’Israël.

Hashem avait promis aux Patriarches de la donner en héritage aux Beneï Israël, leurs descendants, et voilà qu’ils la dénigraient ! C’en était trop ! « Vous pleurez sans raison ! Vous aurez des raisons de pleurer ce jour là ! » C’est en substance ce qu’il a en résulté.

L’attitude des Beneï Israël traduisait un rejet des bienfaits d’Hashem à leur égard. Une forme de trahison ? Comme un enfant qui se rebelle ! En tout cas, elle exprimait un manque de reconnaissance et, partant, de confiance, intolérables. Or, aussi longtemps que le Peuple Juif sera influencé par des considérations étrangères, elles l’éloigneront de la proximité d’Hashem. Une situation qui durera tant que Mashia’h, le Messie, ne sera pas venu pour remettre les pendules à l’heure et nous faire prendre définitivement le bon chemin. 

Nous avons perdu la Proximité d’Hashem ! Nous avons perdu de pouvoir vivre constamment dans la félicité, sous Sa protection ! Nous avons perdu de vivre au quotidien le rayonnement de Sa splendeur, de vivre Ses Miracles, de sentir Sa présence, de vivre en harmonie avec Lui.  

Au contraire, nous avons eu à souffrir et à supporter des affres et des douleurs immenses. Nos êtres les plus chers étaient assassinés, ils mouraient de faim sous nos yeux, des ruisseaux de sang emportaient notre Peuple. Quels désastres ! Puis suivirent les tourmentes et les calamités des exils. Comment ne pas s’affliger ? 

Alors que Hakadosh Baroukh Hou, le Maître du Monde, nous a prodigué tant de Bien ! Qu’Il n’a voulu pour nous que le meilleur en nous rapprochant de Lui. Combien a-t-Il été patient et tolérant malgré nos errements ?!

Combien donc il nous faut regretter nos divagations pour enfin revenir à Lui ! Combien nous devons nous attacher à extirper de nous tout sentiment de haine gratuite envers autrui. Une haine gratuite qui devrait devenir et se transformer exclusivement en actes de bonté gratuite ! Peut-être un moyen peut aider à y parvenir : remercier Hashem pour chaque chose et pour tout ce qui nous arrive, et le remercier de tout notre cœur ! Bien souvent ce qui pourrait d’abord apparaître comme un désagrément, voire une calamité, s’avère en définitive comme porteur de bonheur, voire un réel sauvetage.

Ce que Hashem nous demande d’accomplir est exclusivement pour notre bien. Il n’a pas Lui-même de besoins à satisfaire. Il est content de nous voir, nous Ses enfants, accomplir ce qu’Il nous ordonne, parce que c’est le MIEUX pour nous ! Par leurs gestes et attitudes les Patriarches Avraham, Yits’hak et Yaakov ont tellement réjoui Hashem qu’Il leur a promis d’accorder Ses faveurs à leurs descendants. Dès lors, lorsque nous accomplissons Sa volonté nous Le réjouissons doublement. D’une part en recevant avec reconnaissance ce qu’Il nous donne et d’autre part parce qu’à travers nous Il réalise la promesse qu’Il a faite à nos ancêtres Avraham, Yits’hak et Yaakov.

Et en réalité c’est avec une grande joie que nous devrions réaliser chacun de Ses Commandements ! Parmi ceux-ci, il y a celui d’écouter les décisions et les directives de nos Rabbanim qui nous ont dicté des règles à suivre.

Quelques règles essentielles jusqu’à Tish’a BeAv, le 9 Av inclus. 

Depuis le 17 Tamouz les Ashkenazim ne se rasent pas, ni on ne se coupent les cheveux. Pour les Sefaradim, ces interdits n’ont cours que depuis Rosh ‘Hodesh. Cette année on pourra se raser et se couper les cheveux dès la nuit après la fin du jeûne. Bien entendu on ne se mariera pas jusqu’au 10 Av, cette année, le 19 juillet. 

Les jours qui précèdent le 9 Av, plus précisément depuis Rosh ‘Hodesh Av, le 1er jour de Av, et jusqu’au 9 Av, on restreint toute expression de joie. Certes il y aura des exceptions, comme à l’occasion de la circoncision d’un nouveau-né, ou encore lorsqu’il en va de la santé de personnes qui ne pourraient pas supporter des privations. 

Ainsi, on ne procédera à aucune inauguration qui procure de la joie, comme celle d’une maison, d’un vêtement et même d’un nouveau fruit, sauf dans des cas exceptionnels. On peut acheter de nouveaux vêtements avant le 9 Av si l’on sait que leurs prix vont augmenter par la suite, à la condition de ne pas les porter avant le 10 Av. On n’écoute pas de musique déjà depuis le 17 Tamouz et ce jusqu’au 10 Av.

Cette année, Rosh ‘Hodesh Av tombe vendredi soir 9 juillet avec l’entrée du Shabbath.

Viandes et vins ne sont pas consommés du 11 au 19 juillet sauf Shabbath. Depuis après Shabbath 11 juillet les Ashkenazim ne se lavent pas, ni ne se baignent. Toutefois chacun est autorisé à se laver pour des raisons d’ordre médical, ou en cas de souillures, ou encore si l’on ne supporte pas cette privation. D’aucuns permettent de se laver à l’eau froide que dans certaines conditions, plus particulièrement veille de Shabbath. Aussi parce qu’il y a lieu de tenir compte de l’environnement. Celui-ci pourrait ne pas comprendre le respect de ces restrictions, en être perturbé et provoquer des effets indésirables qu’il vaut mieux éviter.

Les Sefaradim ne se l’interdisent que pour les jours de semaine qui précèdent le 9 Av. Cette année, aucune restriction ne leur est imposée si ce n’est le jour du 9 Av.

Depuis Rosh ‘Hodesh, on ne fait pas de lessive, sauf pour les besoins des jeunes enfants ou pour les personnes malades, si l’on n’a pas d’autres vêtements ou s’ils risquent de s’abîmer. On ne donne pas non plus d’habits à nettoyer.

Pour les Sefaradim, la restriction de laver du linge n’intervient que pour la semaine qui précède le 9 Av. Aucune restriction n’est imposée cette année.

On ne mettra pas de vêtements trop bien repassés ou qui sortent du pressing. Soit on aura porté avant Rosh ‘Hodesh quelques vêtements durant une heure ou deux, le temps de les défraîchir. Soit on les aura étalés sur le carrelage ou le plancher pour leur donner un air de « déjà mis » avant Rosh ‘Hodesh. Ils peuvent alors être portés, selon les besoins, jusqu’à la fin de Tish’a BeAv, jusqu’au lendemain du 9 Av. Cette année, ce sera jusqu’à la veille du 11 Av, le 19 juillet.

Jusqu’au 10 Av, on ne construira pas, on n’installera ni on ne décorera une nouvelle maison. On ne plantera pas non plus d’arbres d’agrément. On évitera d’entreprendre des achats ou de conduire des transactions qui réjouissent.

La Havdala à la fin du Shabbath ‘Hazon (qui précède la célébration de Tish’a BeAv) se fera exclusivement sur les flammes de la bougie après avoir déclaré « HaMavdil Bein Kodèsh Le’Hol » qui sépare le jour saint (du Shabbath) d’un jour ordinaire. La Havdala à la fin de Tish’a BeAv ne comprendra elle que la bénédiction sur le vin, qui pourra être bu.

Il n’y aura pas de Se’oudat Mafséketh -le repas d’avant le jeûne- proprement dit. C’est le 3ème  repas de Shabbath qui le remplace, si l’on peut dire, sans en diminuer pour autant la joie du Shabbath. Il faudra que ce repas soit obligatoirement terminé avant le coucher du soleil, 21h47 à Paris.

Le jour du 9 Av on se comportera comme un jour de deuil à par entière. On devra en outre jeûner –ni boire, ni manger- depuis le samedi 17 juillet 2021 dès 21h47 à Paris jusqu’au dimanche 18 juillet à 22h36 à Paris. Seules les personnes présentant des exigences médicales avérées pourront boire et manger ce jour-là. Il est vivement recommandé de s’en assurer auprès d’une autorité rabbinique. Qu’il soit bien clair qu’il est absolument interdit de mettre sa vie en danger ! 

On ne s’enduira pas de crèmes ou d’huile le jour de Tish’a BeAv. Ni on ne se lavera pas ce jour-là, si ce n’est les premières phalanges des doigts, sauf si nécessaire en cas de souillure, ni on ne se rincera la bouche. On n’aura aucune relation conjugale. On ne respirera pas de parfums. On ne portera pas de chaussures en cuir, mais plutôt en toile, en caoutchouc, ou en matière synthétique. On s’assiéra à même le sol ou sur un siège bas, au moins jusque dans l’après-midi du dimanche. On ne devra non plus pas étudier la Torah, si ce n’est des passages qui se rapportent au deuil et qui attristent, comme la Meguila Ekha, les Lamentations de Jérémie, qui décrivent les atrocités vécues lors du siège de Jérusalem et de la destruction du 1er Temple. On évitera de travailler le 9 Av. Aucun bienfait ne pourrait en résulter. On ne portera pas ce jour-là de beaux vêtements.

On se réunira à la synagogue pour prier et lire les Kinoth – lamentations, sur la destruction des deux Beth Hamikdash – Temples et sur les exils. Le soir il est bien d’éteindre les lumières de la synagogue et de lire les lamentations à la lueur d’une bougie ou une petite lampe. 

On s’assiéra sur des sièges bas. On ne manifestera aucune joie, au point que toute légèreté ou distraction seraient déplacées. Au contraire, on gagnera à se remémorer et à détailler les épreuves et souffrances infligées au Peuple Juif. On réfléchira sur leurs raisons et les enseignements qui en découlent. En signe de deuil, on ne se saluera pas.

Les hommes ne mettront ni le Talith, ni les Tefilines lors de la prière du matin, mais seulement à Min’ha, la prière de l’après midi. Le Talith et spécialement les Tefilines sont aussi des ornements de splendeur prestigieux qui nous relient à Hashem. Les porter nous réjouit et nous honore. En s’abstenant de s’en vêtir et de les porter à la prière du matin, nous marquons notre retrait par rapport à la joie qu’ils procurent, qui n’est alors pas de mise. Quelques allègements sont introduits depuis la mi-journée du 9 Av, notamment en s’asseyant sur une chaise normale plutôt qu’une chaise basse ou à même le sol.

Il nous reste à prier pour que Mashia’h vienne cette année et que le 9 Av se transforme en un très grand jour de fête ! Et si nous ne devions pas encore être en mesure de l’accueillir, qu’il nous soit donné qu’en vivant ce jour -le plus triste de notre calendrier- comme cela est attendu de nous, nous hâtions sa venue. Que nous puissions tous l’accueillir prochainement et de nos jours, Amen ! 

Merci de transmettre largement ce message tout autour de vous. 

Et n’oubliez pas sur notre site    www.dvartorah.org    trois cours sont en audition libre en permanence (bas de la page d’accueil) dont 1 spécifique à cette période.

Avec nos meilleures pensées ! Et profitez de nos réalisations durant l’été !

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