Le “Mot du Jour” 29 Tamouz 5778 – 12 juillet 2018

 Nous sommes à quelques jours du 9 Av, Tish’a BeAv, dont l’évocation la plus marquante est la destruction du 1er et du 2nd Temple de Yeroushalayim. (Nous vous invitons à relire la Lettre de Dvar Torah n° 7 à l’adresse : https://dvartorah.org/content/6-lettre-dvar-torah ).

Depuis les destructions des deux Temple la joie en Israël n’est plus ce qu’elle était auparavant. Elle ne retrouvera son éclat qu’avec l’arrivée du Mashia’h -du Messie-, la recontruction du Temple et le retour de la Shekhina -la présence d’Hashem- à Yeroushalayim, en Eretz Israël et au sein de tout Son Peuple revenu sur sa terre. Une réalisation que nous appelons tous de nos vœux les plus ardents pour que cela se réalise le plus vite possible. Alors toutes les Nations reconnaîtront en nous le Peuple choisi par D.ieu pour Le servir – Mamlekhèth Kohanim VeGoye Kadosh ! »

Cette formidable espérance est encore, hélas, contredite par le fait que nous sommes toujours en Galouth, en exil, dispersés de par le Monde, avec le lot de conséquences vécues au quotidien.

Or, comment pourrions-nous réellement apprécier la Délivrance tant attendue si nous ne percevons pnous pouvons dire n’est pas le fruit d’une préoccupation de tous les jours et, de ce fait, notre démarche pourrait ne pas avoir toute sa légitimité. Nous sommes plutôt simplement attachés à vivre selon ce qui nous est prescrit dans la Torah et à nous trouver en accord et en conformité avec ce qui est attendu de nous. Il n’est ni aisé, ni toujours opportun de faire de la Tokha’ha, de la réprimande, de dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Et surtout pas en public. Parce qu’aucun message ne peut passer si l’on ne prend pas en compte le caractère spécifique de notre interlocuteur. Est-il en mesure de nous entendre ? Va-t-il réagir dans le sens souhaité ou bien risque-t-il de se cabrer, de se boucher les oreilles, ou pire, de réagir à l’encontre de ce qui est souhaité ? 

Lois pour les Nations et pour nous

La Torah nous a prescrit des règles strictes pour que nous les respections. Elle les a données seulement au Peuple Juif, dont le destin est différent de celui des autres Nations. Nous l’avons vu il y a peu –Parasha ‘Houkath- que notre vocation est d’être « un Royaume de Prêtres et un Peuple Saint » pour servir d’exemple, de modèle, pour toute l’humanité, afin qu’elle aussi en vienne à reconnaître et à servir le Créateur. Qu’elle s’en tienne déjà à respecter les sept lois fondamentales, dites « lois Noa’hides (transmises aux enfants de Noé) à savoir : établir des tribunaux, ne pas commettre d’adultère, ne pas manger de la viande d’un animal encore vivant, s’interdire de tuer, de voler, de pratiquer tout culte idolâtre et aussi de blasphémer le nom d’Hashem. Les tribunaux sont là pour faire régner la justice. Cela suppose l’existence de lois, mais aussi d’une police pour veiller à leur respect. Ne commettre ni crimes, ni délits, c’est aussi respecter autrui, l’intégrité de la personne physique et spirituelle, de même que ses biens matériels. S’interdire tout culte idolâtre c’est en même temps reconnaître la place unique d’Hashem dans le monde, celle du Créateur de toute chose -dont nous-mêmes- et en être dignes. Parce que tout être qui se conduit en reniant le projet qui a été placé en lui, en chacun d’entre nous, conteste en définitive Celui qui a été à l’origine de notre venue au monde. Ce qui reviendrait à profaner Son nom ».  Extrait de la Lettre de Dvar Torah n°08, disponible à l’adresse https://dvartorah.org/content/6-lettre-dvar-torah 

Constat

Or la société environnante, dite permissive, est déjà très en deçà du respect de ces sept règles fondamentales, dites lois Noa’hides. Elle s’appuie souvent sur le principe de la totale remise en question. Certes, les tribunaux existent bien et la police aussi, mais chacun sait que tous les délinquants ne sont ni punis, ni neutralisés. Il y a encore quelques décennies l’adultère était sanctionné par un divorce. Les divorces étaient rares. Aujourd’hui, l’adultère n’est plus sanctionné et les mariages se font plus rares. En place d’époux et d’épouses bien des couples sont formés de compagnons et compagnes. Les enfants sont trimbalés, les repères sont brisés, leur vie affective est perturbée. L’interdit de manger d’un animal encore vivant est lui aussi bafoué. Les chefs de cuisine vous diront comme ils s’y prennent pour cuire le homard ou pour faire des saucisses. L’interdit de tuer s’est réduit et limité avec la banalisation de l’avortement, la pratique de l’euthanasie, la prolifération de déséquilibrés psychiatriques meurtriers. Le vol s’est plus ou moins institutionnalisé et atteint toute les couches sociales. L’idolâtrie s’est répandue de par le monde et le blasphème aussi. Tout cela, au nom de la liberté de penser et de la liberté d’expression. Quel exemple ce monde nous offre-t-il ? 

Il n’est pas question de noircir le tableau. Chaque personne honnête est forcément interpellée. Elle refuse ce modèle si elle est conséquente avec elle-même. Et, D.ieu merci, nombreux sont ceux qui résistent et ont une vie intègre, en veillant à ne pas causer le moindre préjudice à autrui. 

L’immense cadeau

En réalisant les préceptes de la Torah, non seulement nous accomplissons ce qui est attendu de nous, mais nous nous épanouissons. Nous parvenons à faire face à l’adversité. Nous apprenons à être tolérants, à éprouver de la compassion, à recevoir et à donner de l’amour à notre prochain. Nous recherchons l’honnêteté et la vérité et nous nous attachons à vivre en harmonie avec ces valeurs. Nous comprenons alors que tout ce que fait Hashem est strictement pour le bien. Cela procure à l’homme un sentiment de confiance et de sérénité. Vous rendez-vous compte, tout ce qu’Hashem fait est pour mon bien, oui, pour votre bien aussi ! Ce n’est pas un slogan, c’est une réalité absolue ! Lorsque l’on parvient à l’intégrer et à la vivre, on prend conscience de l’immense cadeau qui nous a été fait. Le mérite-t-on ? Au nom de quoi ? Uniquement par le fait que nous descendons de nos parents, qui eux-mêmes descendent de leurs parents, qui eux-mêmes descendent…. Et du fait que nos âmes étaient toutes au Mont Sinaï il y a 3330 ans. Nos Pères ont reçu la Torah, l’ont acceptée, se sont engagées en notre nom à en suivre les commandements et les préceptes. Ceux-ci ne viennent en aucun cas nous pénaliser ou nous restreindre. Ils ne sont en aucun cas vécus comme une contrainte. Au contraire, ils nous renforcent. Nous en venons à scruter le champ d’application de ce qui est permis et interdit. Nous saisissons que notre place est importante et combien nous comptons. Lorsque nous accomplissons ce qui nous est ordonné, nous intégrons le bien que nous avons produit en ayant agi ainsi. Parce que chaque geste accompli est porteur d’effets. Comme si s’enclenchait toute une série de conséquences bénéfiques pour le monde. Il s’agit en somme d’une réaction en chaîne d’effets uniquement heureux, pas nécessairement observables de suite, si ce n’est l’émotion et le bonheur qui en résultent déjà. 

Certes, il y a aussi des gens qui ne sont pas toujours parfaitement cohérents. Il en est même qui, sous le couvert d’habits d’hommes observant strictement la Torah, sont des délinquants. Mais ils sont extrêmement minoritaires. Ceux-là n’ont pas trouvé leurs marques. Il y a des souffrances qui laissent des traces, perturbent et expliquent ces déviances. Par exemple, les petits-fils ou arrières petits-fils de rescapés de la Shoa, pour ne citer qu’eux, ont été marqués au plus profond d’eux-mêmes. Or, il faut bien du temps pour dissoudre, diluer et résoudre ces souffrances transmises de génération en génération.

Signes d’amour

Ceci dit, c’est uniquement grâce à la lutte intérieure que l’homme avance, progresse et s’élève. Il est en l’homme deux forces contraires. L’une qui le pousse vers le bien, c’est le Yétsèr HaTov. L’autre pousse l’homme vers le mal, c’est le Yétsèr HaRa. La tendance à agir dans le sens du mal le pousse à enfreindre l’interdit. Tandis que le Yétsèr HaTov l’entraîne à accomplir des Mitzvoth, les prescriptions, et à en rechercher d’autres à accomplir ou à parfaire. 

Le Yétsèr HaRa correspond au penchant à agir à l’encontre des préceptes de la Torah, à fourvoyer l’homme, à le tromper, à l’illusionner, à le faire déconsidérer et se dédouaner de l’interdit, comme s’il ne comptait pas, qu’il était illusoire et que passer outre était sans conséquence. Or cela est une tromperie caractéristique du mauvais penchant et des « forces du mal ». Le travail de l’homme est justement de résister, de ne pas tomber dans le piège et ne pas succomber à la tentation qui est toujours fallacieuse. En quoi est-elle une tromperie ? En ce qu’elle ne comble pas les attentes. Plus encore, elle déçoit et, malgré cela, elle appelle à persister et à poursuivre dans cette voie vaine. Elle devient une course effrénée vers l’illusoire, le creux et le vide. La conséquence est un entraînement vers la chute et la dépravation dans une jouissance matérielle d’où Hashem est forcément absent. L’homme se trouve alors désemparé. Il est privé de la protection d’Hashem et ne sait plus comment faire pour s’en sortir. Au point qu’il oublie même qu’Hashem existe. Il reste qu’il/elle est un/e ben/bath, fils/fille d’Israël et qu’à ce titre, Hashem veille toujours, comme de très loin, mais Il veille. Et puisqu’Il prend aussi en compte le Ze’houth Avoth, le mérite de nos Pères, Il veut nous sauver. Il nous adresse alors des épreuves pour nous tester, nous faire reprendre conscience. Ces épreuves sont autant de signes d’amour envers nous. Leur but est de nous faire avancer. Il s’agit parfois littéralement d’un sauvetage, de nous sortir de la fange dans laquelle nous nous sommes embourbés. Mais nous ne pouvons y parvenir que si nous nous attachons à nous en extraire. Une perche nous est tendue par le Ciel. La voyons-nous ? Elle peut nous sauver si nous nous y agrippons fortement et avec détermination. Ce sont ici des métaphores. Ce pourrait aussi être un questionnement sur un enchaînement de faits qui nous arrivent et qui nous paraissent surprenants. Que signifient-ils ? En quoi suis-je concerné ? Qui pourrait m’aider à comprendre ? Assurément, ce sont des signes envoyés par la Providence. C’est donc qu’Elle est bien là ! Je ne suis pas tout/e seul/e ! Alors, raccrochons-nous, saisissons cette perche, reconnectons-nous à nos racines et donnons à manger à notre Neshama, notre âme. Elle a tant été délaissée, voire abandonnée, qu’elle doit avoir terriblement soif de cette nourriture, qui comme la Manne miraculeuse dans le Sinaï, peut nous abreuver et nous nourrir. 

La Torah enfouie en nous

Notre âme nous appelle vers le bien et nous dit de vivre la Torah et d’accomplir les Mitzvoth. Ce n’est pas facile lorsque l’on en a été depuis si longtemps sevré. Pourtant, nous avons la Torah enfouie en nous ! D’une certaine manière il ne s’agit pas de l’apprendre mais de la retrouver. Elle nous a déjà été enseignée lorsque chacun d’entre nous était dans le ventre de sa mère, nous dit le Midrash. Il ne s’agit donc pas de quelque chose de nouveau ou d’étranger, mais bien de retrouvailles. 

Nos Pères se sont engagés au Mont Sinaï, en disant « Naassé VeNishema » -nous ferons et nous comprendrons-. À notre tour, comme eux, accomplissons les Mitzvoth et nous saisirons le bien extraordinaire qu’elles procurent. Ce sentiment de plénitude, de contentement et de joie profonde nous habitera au lieu et place d’une quête vaine sans foi ni loi. Outre les sept lois Noa’hides, que toutes les Nations doivent respecter scrupuleusement pour être dignes, en réalisant la volonté d’Hashem, le Peuple Juif en a reçu d’autres, qu’il lui est donné d’intégrer et d’affiner. Ce faisant, c’est une démarche riche, nourricière pour notre âme, qui ne demande qu’à grandir, mais en se protégeant pour ne pas risquer de trébucher et de tomber. 

En suis-je capable ?

L’été est en soi une épreuve. Parce qu’il nous faut nous prémunir, et savoir résister aux appels de nos sens. Ils sont sollicités, malmenés par des incitations qui nous invitent à des relations prohibées. Pour ne donner qu’un exemple crucial, notre âme juive ne peut s’associer qu’avec une autre âme juive. Pour cela, je dois absolument veiller à ce qu’il n’en soit qu’ainsi, et en aucun cas transiger. « Je ne comprends pas pourquoi ? » « Vas et apprends ! » On ne peut pas tout savoir lorsqu’on a tout oublié -depuis le ventre de notre mère-. Mais on n’a pas le droit à l’erreur, qui peut être dramatique pour toute notre vie ! Nous avons besoin de construire, pas de l’éphémère, mais du solide. Les prochaines générations en dépendent. Rien n’est gratuit, tout a un sens, même le moindre geste, la moindre parole. Un sourire ou un mouvement du corps peut être interprété et enclencher une réaction dramatique, non désirée, qui pourrait ne se dévoiler qu’à terme. Il est des actes qui engagent. Je dois le savoir, faire très attention et ne pas donner prise à la moindre interprétation erronée, inappropriée. En suis-je capable ? Suis-je humble ou au contraire orgueilleux ? Ai-je constamment envie d’avoir plus, de profiter davantage de tous les bienfaits possibles, ou bien suis-je content de ce que j’ai ? Est-ce que je souhaite vraiment ce qui est réellement le mieux pour moi, dont je pourrais me réjouir tout au long de la vie qu’Hashem m’a prêtée ? Car elle ne nous appartient pas ! Chacun d’entre nous n’est-il pas venu au monde pour accomplir une mission ? Il nous faut la découvrir, en prendre conscience et agir en conséquence. Nous vous souhaitons ardemment de réussir ! En tout cas, il n’y a jamais lieu de désespérer. Hashem accepte quasiment toujours notre retour vers Lui, dès lors que ce retour, notre Teshouva, est profondément sincère. Deux conditions doivent néanmoins être remplies. Que ce retour vers Hashem s’accompagne d’un total regret pour l’inconduite passée et d’un engagement à nous corriger et à ne plus reproduire nos erreurs à l’avenir. 

Se ressourcer

Nous ne pouvons que conseiller de profiter de cet été pour se ressourcer, notamment en tirant partie des cours de Torah diffusés par DVAR TORAH, entre autres grâce à la clé usb des cours du Rav Yossef ‘Haïm SITRUK zatsal. Elle offre un grand panel de sujets-clé et donc une très heureuse base accessible à tous. Même les érudits trouveront beaucoup de plaisir à écouter ces cours. Voici le lien pour y accéder : https://dvartorah.org/cles/785-rav-y-h-sitruk-10-ans-de-cours-du-lundi.html Plusieurs centaines d’autres cours, conférences et événements sont également disponibles en téléchargement direct depuis le site https://dvartorah.org/

Bien sûr, nous vous souhaitons de passer un très bel été. 

Avec nos meilleures pensées. Kol Touv !