Le “Mot du Jour” 29 Elloul 5780 – 18 Septembre 2020

 Veille de Rosh Hashana

Faire Régner Hashem sur Nous et sur le Monde

Chers Amis,

Nous sommes désemparés. Nous voudrions tellement vous transmettre l’envie de prendre les meilleures dispositions possibles pour être prêts pour affronter et vivre le Yom HaDin, le jour du jugement qu’est Rosh Hashana.

Pour mémoire, la fête de Rosh Hashana 5781 tombe cette année le vendredi soir à l’entrée du Shabbath 18 septembre 2020 (à 19:38 à Paris). Rosh Hashana dure 2 jours, soit jusqu’au dimanche nuit 20 septembre à l’apparition des étoiles (à 20:40 à Paris). 

On ne préparera rien pour le 2ème jour avant la fin du 1er jour (soit à 20:42 à Paris) samedi 19 septembre (ni laver la vaisselle, ni préparer les repas, ni les lumières du 2ème jour de la fête, etc…), pas avant 20:42 à Paris. 

Le 2ème jour de Rosh Hashana commence du samedi 19 septembre à 20:42 -soit après Shabbath- et dure jusqu’au dimanche 20 septembre à la nuit tombée (à 20:40 à Paris). 

Nous aurons donc pris soin avant la fête d’allumer une flamme-veilleuse -pouvant durer au moins 26 heures (utiliser de préférence une veilleuse de 48 heures parce qu’il arrive que celles de 26 h. ne tiennent pas autant que désiré)- à partir de laquelle nous allumerons les lumières du 2ème jour de fête, le samedi 19 septembre (après 20:42 à Paris). 

Les quelques lignes qui suivent sont un très bref, très partiel et extrêmement succinct rappel de quelques enseignements de nos Maîtres. 

Un Séder est célébré au début du repas de chacun des soirs de Rosh Hashana. La première partie du Séder est constituée de produits des arbres (grenade, dates, figues, pomme), puis de produits de la terre (haricots blancs ou grains de sésame, poireau, courge, blettes, carottes), mais aussi de miel, pour la douceur, d’un poisson ayant sa tête, ou même une tête d’agneau. Elle rappelle le Rosh, la tête, de Rosh Hashana, littéralement la tête de l’année. Ils sont consommés après avoir prononcé pour chacun d’eux une prière. Chacun d’eux symbolise l’abondance de Mitzvoth que nous appelons sur nous, ou bien le nom des produits consommés évoque des décrets funestes dont nous demandons instamment l’annulation, ou encore l’éloignement ou la disparition de nos ennemis, pour cette nouvelle année que nous souhaitons tous la plus douce. C’est un moment solennel, empli de ferveur et de joie. Le repas proprement dit prolonge ces prières et cette dégustation. 

Commencer l’année de la meilleure manière qui soit augure d’un prolongement et d’une suite réussie tout au long de l’année. Et il est capital pour chacun qu’il en soit effectivement ainsi.

Les synagogues vont appliquer cette année des restrictions sanitaires pour accueillir les fidèles qui voudraient venir y prier durant les deux jours de Rosh Hashana. Les absents ne pourront pas être remplacés. Ce manque devra être comblé par davantage de ferveur dans les prières et dans les cœurs, mais aussi dans le respect du lieu et du moment en s’abstenant plus que jamais de parler avec autrui durant tous les temps consacrés à la prière, à la lecture de la Torah et à la sonnerie du Shofar. Fait à partir d’une corne de bélier -notamment, ou de tout animal kasher ayant une corne creuse d’origine à l’exception des bovins- il permet de s’acquitter de la Mitzva de sonner du Shofar. Chaque membre du peuple Juif a la Mitzvah, est tenu d’écouter la sonnerie -à l’exception de ceux qui sont absolument empêchés d’en tirer parti-. Elle rappelle l’alliance contractée par nos Patriarches Avraham et Yits’hak lorsque Avraham était sur le point de sacrifier son fils Yits’hak qui était disposé à s’offrir en holocauste. C’était la dixième épreuve imposée à Avraham et un test pour connaître le niveau de son engagement -comme celui de Yits’hak d’ailleurs- à obéir à l’ordre d’Hashem.

La sonnerie du Shofar est composée de trois sortes de sons : Tekiy’a (un son long), Shvarim (trois sons moyens), Trou’a (suite de sons courts saccadés), associées selon des ensembles composés des noms de ces trois sons Tashrath, Tashath, et Tarath. Ils évoquent tantôt les plaintes, les gémissements et les pleurs qui nous secouent face à nos fautes (notion évoquée récemment par Rav Yehiel Brand). La sonnerie du Shofar vient plaider en notre faveur. En faisant valoir les mérites de Avraham, de Yits’hak et aussi de Yaakov, en tant que leurs descendants, nous appelons la clémence du jugement. Et de clémence, nous en avons tous énormément besoin, car nous sommes bien pauvres et désemparés. À l’instar de cette toute jeune fille de l’histoire racontée par Rav Bidermann sur « Kol Halashon ».



« Elle devait avoir neuf ou dix ans. Elle entra dans une bijouterie et dit qu’elle souhaitait savoir si ce bijou, exposé dans la vitrine, était du vrai, pas de fausses pierres, ni du plaqué or. Le bijoutier lui dit que oui, et il lui demanda ce qu’elle souhaitait ? Elle répondit qu’elle voulait l’acheter et elle vida son porte monnaie sur le comptoir. Il contenait ses économies : plein de pièces de 10, 5, 1 et un demi shékel, mais aussi des agouroth de moindre valeur. Le bijoutier la regarda et lui demanda ce que cela signifiait. La fillette lui dit qu’elle était orpheline et qu’elle savait que sa grande sœur, qui s’occupait tellement bien d’elle et de tous ses frères et sœurs depuis que leur mère les avait quittés, aimait beaucoup ce bijou et qu’aujourd’hui c’était son anniversaire. Elle voulait beaucoup le lui offrir. Le bijoutier regarda la fillette, réfléchit, lui remit le bijou et il lui dit : « tiens, prends-le, il est pour toi ». La fillette repartit tellement heureuse. Un peu plus tard dans l’après-midi, sa grande sœur vint à la bijouterie, demanda si ce bijou venait bien de chez-eux et si une petite fille de 9-10 ans était venue. Le bijoutier répondit que oui. « Elle l’a payé ? ». « Oui ! ».  « Mais comment, elle n’avait pas d’argent, ce bijou vaut une fortune ». « Les bijoux ont une valeur, mais elle n’est pas fixe. Ce n’est pas comme le prix du pain ou du lait. Or votre sœur a payé avec l’histoire qu’elle m’a racontée en ouvrant son cœur brisé.

Nous sommes bien pauvres et désemparés pour racheter nos fautes, nous faire pardonner et faire une Teshouva complète. Que pouvons-nous donner en échange, on n’a pas de quoi payer ?…
Si, avec notre cœur brisé.

A l’engagement d’Avraham Avinou et de Yits’hak Avinou est associé à celui de Yaakov Avinou qui s’inscrit en tant que continuateur venant parachever l’œuvre qu’ils ont accomplie, lui donnant tout son sens par l’existence des Shevatim, les enfants de Yaakov Avinou et leurs descendants. Ils traduisent la base et le fondement de notre lien, celui de chacun, comme de l’ensemble du Peuple Juif, avec Hashem, que nous clamons à Rosh Hashana.  

En effet, à Rosh Hashana, il nous est donné de façon tout à fait privilégiée de reconnaître, de déclarer, de clamer et de vivre le Règne de Hashem sur nous-mêmes comme sur le monde. 

Hashem nous a tout donné. Depuis notre conception, Il a insufflé en nous une infime partie de Lui, notre âme, qui, depuis, ne demande qu’à grandir en nous. 

À tous les instants, comme à toutes les phases de notre existence, Hashem nous a guidés et nous guide. L’avons-nous remarqué ? Cela dépend de la place que nous avons bien voulu Lui réserver. Chacun le sait, Hashem ne force pas l’accès de ceux qui se refusent à Lui. Cependant, les prières adressées par nos aïeux pour leurs descendants -que nous sommes- peuvent agir, nous privilégier pour nous garder et nous ramener dans Ses voies.

Hashem est constamment intervenu et n’intervient uniquement que pour notre bien.

De Lui n’émane que du bien.

Si nous ne l’avons pas toujours apprécié comme tel, c’est parce que nous n’étions pas en phase avec ce qu’Il attendait de nous. 

Hashem sait ce qui est bien pour nous. Nous ne le savons pas toujours. Parfois nous croyons vivre un cauchemar, alors qu’en réalité nous sommes protégés.

C’est comme ce car rempli des étudiants de Yeshivah -école Talmudique- bloqué dans un immense embouteillage sur le chemin de l’aéroport pour se rendre au mariage d’un des leurs. Ils sont arrivés trop tard, l’avion est parti sans eux. Il y avait des raisons d’être désappointés. Mais ils apprirent peu après que l’avion qu’ils auraient dû prendre a explosé au-dessus de Lockerbie en Écosse. C’était le 21 décembre 1988. En fait, l’embouteillage a eu lieu pour sauver les étudiants de Yeshivah. Tout est dirigé par Hashem. Il sait ce qui est bien et ne veut que le bien. 

Hashem est le Roi ! Nous Lui devons tout.

Le reconnaître au plus profond de nous-mêmes, c’est le couronner, aujourd’hui, pour toujours.

Un Roi est entouré de sujets qui le servent.

Or pour servir Hashem comme il convient, il nous faut connaître ce qu’Il attend de chacun d’entre nous. Cela est explicité dans la Torah. Chaque Juif est dès lors tenu de l’étudier pour être à même d’évoluer dans la vie selon ce qui lui a été prescrit. Alors il pourra réellement vivre en phase avec l’enseignement d’Hashem. L’attention d’Hashem, toujours bienveillante, pourra guider et accompagner chacun, dès lors qu’il Le sollicitera. 

Hashem est notre Roi ! Et nous sommes Ses Enfants, à la condition de Le reconnaître et de vivre selon ce qu’Il attend de nous. Est-ce que nous méritons vraiment le statut d’Enfants d’Hashem ? Le lien qui nous unit aux Patriarches, ou encore l’adhésion formelle à la Loi de Moïse, ne sont qu’un passeport, mais un passeport sans visa. Nous devons encore craindre et littéralement trembler de tout notre corps de ne pas être à la hauteur, pour enfin mériter d’avoir le droit de passer -d’avoir le visa- et de vivre. 

À Rosh Hashana nous proclamons notre reconnaissance en la Royauté d’Hashem sur le monde. Nous la proclamons si fort, qu’elle fait corps avec nous, émane de nous. Elle est en nous, nous sommes Ses Enfants. Et le son du Shofar, la corne de bélier, qui rappelle le don d’Avraham prêt à sacrifier son fils Yits’hak, et le don de Yits’hak, prêt à être sacrifié, emporte et fait monter notre reconnaissance et notre prière jusqu’au Trône Céleste. Le Shofar conduit notre témoignage jusqu’à D.ieu. Il dit aussi notre engagement à conduire notre vie selon Sa volonté. Le lien entre les Enfants et le Créateur est rétabli, confirmé, renforcé. Cela remplit notre cœur d’allégresse. 

Pourtant Rosh Hashana est un moment dramatique, intense, bouleversant, qui saisit tout l’être. Mais il le reconnecte ou renforce son lien à sa source divine. C’est un temps capital dans la vie et pour la vie de chacun. L’espoir de nous trouver ce jour-là totalement en phase avec ce qui est attendu de nous, nous réjouit au plus profond et nous fait vibrer.

Mais il ne faut pas se mentir et croire que le sale, le mauvais ou le faux peut être devenu propre, bon ou vrai alors que nous ne le méritons peut-être pas. Nous aurons encore 8 jours après Rosh Hashana pour faire sincèrement Teshouva, regretter profondément et nous repentir de nos écarts, jusqu’à Yom Kippour inclus. 

À Rosh Hashana trois Grands Livres sont ouverts, un pour les « justes », un pour les « moyens » et un pour les « méchants » (traité Rosh Hashana 16b). Tout ce que nous avons accompli durant l’année écoulée y est inscrit. Or à Rosh Hashana il nous est donné d’y « écrire » de nouvelles pages. Si elles sont illuminées de sincérité, de profonde reconnaissance, d’engagement et de ferveur, elles ne pourront que peser favorablement dans la balance du jugement dont nous serons l’objet. C’est donc selon ce que nous « écrirons » ce jour là, à Rosh Hashana, que notre dossier sera considéré. Voilà encore un trait manifeste de la bonté d’Hashem à notre égard. Il valorise notre engagement à venir -qui ne se réalisera que dans le futur- comme s’il avait déjà été accompli. Hashem met notre engagement à notre crédit alors que nous n’avons encore rien fait si ce n’est que de s’être engagé à accomplir ! 

À Rosh Hashana, nous recevons la vie et nous ne donnons que notre vie… pour vivre ! « Et tu choisiras la vie !… » (Devarim -Deutéronome-, Nitzavim, 19). Il nous est offert de pouvoir ressentir et clamer que Hashem est notre Roi ! Ceux qui en saisissent le sens, savent qu’il serait incongru et même fou de ne pas saisir cette opportunité.   

Yom Kippour scellera notre engagement à nous parfaire -que nous devrons absolument tenir et réaliser- pour qu’il nous soit donné de mériter de vivre encore et encore sous le Règne d’Hashem, avec un goût d’éternité. Qu’il puisse en être ainsi pour chacun d’entre nous. Amen !

Que nous soyons tous bien inscrits dans le Grand Livre de la Vie ! Amen. 

Shana Tova, Mevourékhèth OuMetouka ! Bonne Année, bénie et douce !   

Le lendemain de Rosh Hashana, le 21 septembre, est un jour de jeûne, « Tsom Guedalia » (de 06:06 le matin à 20:29 à la nuit, à Paris). Il commémore l’assassinat de Guedalia, ce gouverneur Juif placé par Nabuchodonosor à la tête des juifs restés en Judée après la déportation de la plus grande partie du Peuple en Babylonie après la destruction du 1er Temple de Jérusalem. Les juifs qui restaient s’enfuirent alors en Égypte. La Terre d’Israël fut abandonnée jusqu’au retour de Babylone et la construction du 2nd Temple.

Profitez des cours diffusés en accès libre à volonté, dans le bas de la page de notre site : www.dvartorah.org   de même qu’à l’onglet « Libre Écoute »

Yom Kippour tombe dimanche soir 27 septembre 2020 (à 19:18 à Paris) et se termine le lundi soir 28 septembre (à 20:23 à Paris). Quelques lignes sur le sujet sont parues dans les Lettres n°5 et n°12, voir à l’onglet « La Lettre » sur notre site www.dvartorah.org  

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