Le “Mot du Jour” 27 Adar 2. 5779 – 03 avril 2019

Traduction libre à partir des pages 17-18, volume 2. du Mikhtav MeÉliyahou du Mashguia’h Rav Eliyahou Eliézer DESSLER zatsal, lettres et cours compilés et mis en forme par Rav Ariéh CARMELL et Rav ‘Hayim FRIEDLANDER.

Tout sujet, de même que chaque chose, porte en soi une signification profonde. Celui qui le scrute y voit pour l’essentiel son sens spirituel.

Alors que l’exil se perçoit en général comme étant physique, corporel.

Cependant, une personne qui appréhende le monde selon une approche spirituelle le verra autrement. L’exil physique, corporel, matériel, ne constitue plus alors qu’un support, un exutoire obligé, nullement une finalité. Le sens profond de l’exil, apparaît avant tout comme étant l’exil de l’âme. L’âme y est dominée par le Yetser Hara, le mauvais penchant… qui prend possession de l’âme, la manipule et l’aliène.

La Galouth Mitsraïm, l’exil en Egypte, se caractérise par l’exil de l’âme du fait de la domination des mauvais penchants. Nos maîtres zal ont rapporté : «  Rabbi Méïr faisait très attention au sens des noms » (Yoma 83b) que portaient les gens pour percevoir leur nature et leur dimension spirituelle.

Le Ciel organise le monde et inspire les hommes pour que l’on en vienne à nommer telle et telle personne selon ses qualités propres et sa nature profonde. Il en est ainsi, sans le moindre doute, pour les noms qui nous ont été attribués dans la Torah et dans les écrits saints.

Le nom Mitsraïm a été formé à partir de la racine du mot Metsar qui signifie détresse, oppression, mais aussi du sens du mot Guevoul, qui signifie limite, frontière. Aucun esclave ne pouvait fuir Mitsraïm, signe d’une grande oppression, mais aussi de l’existence de frontières solidement gardées.

Mitsraïm est le lieu où l’exil avait atteint son niveau le plus oppressant. Or, il en est de même pour l’exil de l’âme, parce que l’impureté qui régnait en Egypte était la plus élevée qui soit. Comme l’ont dit nos Maîtres zal, l’Ange tutélaire de l’Egypte est l’Ange tutélaire du Guéhénom. Or, l’Ange tutélaire d’une nation, d’un peuple, exprime son intériorité. Selon le Maharal, le Guéhénom se caractérise par l’absence totale de spiritualité. L’Ange tutélaire de l’Egypte était donc dépourvu de toute intériorité spirituelle.

Les Egyptiens aliénèrent les capacités de réflexion des Beneï Israël en leur imposant des travaux exténuants et abrutissants. L’idolâtrie et la sorcellerie en Egypte affectèrent naturellement l’âme des Beneï Israël. Au point qu’ils atteignirent les 49 degrés d’impureté. Un seul degré les séparait du seuil fatidique des 50 degrés d’impureté. S’ils l’avaient atteint, ils n’auraient plus pu être sauvés, à D.ieu ne plaise !

Le Roi d’Egypte, Par’o -Pharaon- évoque un état de bassesse et de dégradation. Il y est fait allusion lors de la faute du veau d’or (qui lui aussi a puisé sa force dans l’impureté de l’Egypte). Comme il est dit : «  Moshé a vu que le Peuple était Paroua » – défait, désordonné, ébouriffé, déréglé, hors de lui, dévoilé, qui découle du mot Par’o. S’est alors dévoilé un sentiment de dénigrement, de déshonneur et d’infamie.

La particularité de l’impureté en Egypte était sa capacité à faire sauter les verrous – les limites – qui empêchent le mauvais penchant de se répandre à volonté. C’est du reste parce que cette forme d’impureté a été pratiquée par tous les rois d’Egypte qu’ils ont tous été appelés « Par’o ».

Il y a 70 facettes à la Torah. Cela signifie que la Torah s’explicite, se commente, selon l’intériorité profonde de chaque Juif. Selon la part qu’il tient, qui lui appartient, dans le monde de la sainteté. Ces 70 facettes correspondent de fait aux 70 aspects ou particularités, en termes de sainteté, selon la nature et la profondeur des racines, des 70 âmes fondatrices d’Israël. Ce sont celles des 70 membres de la famille de Yaakov Avinou au temps de sa descente en Egypte.

Face à elles se trouvent 70 états dans les mesures d’impureté, caractérisés par les 70 nations et leurs Anges tutélaires. L’Egypte est parmi les pires de ces 70 nations. Sa particularité, on le rappelle, est de faire des brèches dans l’âme pour que le mauvais penchant y domine totalement, aliénant de ce fait toute possibilité de s’en libérer. Nous étions au 49ème degré d’impureté, alors qu’il n’en fallait qu’un tout petit peu plus pour que notre spiritualité soit perdue complétement et à jamais. C’est à ce moment précis que Hakadosh Baroukh Hou nous a extraits, avec un grand empressement, de la domination de l’impureté. De là s’explique ce qui est écrit dans la Haggada : « Si Hakadosh Baroukh Hou ne nous avait pas sorti d’Egypte nous serions encore esclaves de Par’o en Egypte… ». C’est uniquement grâce au ‘Hessed infini d’Hashem que nous avons pu être libérés de l’impureté -symbolisée par Par’o et Mitsraïm- et donc de notre exil en Egypte.