Après l’horreur, se renforcer !
Dvar Torah n’est pas un organe de presse et nous n’avons aucune vocation à le devenir. Cependant, nous n’avons pas le cœur à nous taire face aux événements que nous venons de vivre. Pourtant, dans le passé et à de très nombreuses occasions, nous nous sommes abstenus. Notre expression s’est faite alors presque exclusivement par la voix des Rabbanim que nous avons diffusée. Aussi notre position est claire et vous le savez.
Pourquoi prendre la plume en ce jour ? Probablement parce que nous ressentons une plus grande urgence, peut-être du fait de bruits annonciateurs de la venue du Mashia’h, messie ?
C’est une période si douloureuse pour les familles endeuillées, leurs proches et, à travers eux, nous tous, le Klal, l’ensemble d’Israël. Nous devons leur exprimer et témoigner affection, compassion et solidarité.
Par ailleurs, nous ressentons qu’il est impérieux que chacun rejette au plus vite toutes les futilités qui nous éloignent les uns des autres et nous empêchent de nous aimer comme le Ciel attend que nous le fassions. Rien n’est gratuit, la souffrance non plus, même si nous ne la désirons pas. Mais elle est là, comme chaque événement, pour nous enseigner son message.
L’intolérance, le refus de l’autre, au point de tuer froidement, comme une machine broie lorsqu’on la met en marche. Ces humains n’en sont plus. Ils ne font plus partie de notre monde. Notre monde est connecté avec le Ciel. Or le Ciel attend que nous soyons vrais, sincères, honnêtes, respectueux et bons envers chacun.
Que cela est difficile à réaliser dans un monde où les discours ont tant de mal à « coller » à la réalité des faits. Un monde où les images crient trop souvent le mensonge qui devient déni et même provocation.
Comment se protéger de la pollution environnante et rester droits ? Nous ne connaissons qu’un moyen : nous attacher de façon déterminée à la source de pureté et de vérité qu’est la Torah. Moshé Rabbénou, Moïse, nous l’a transmise au nom d’Hashem, D.ieu. La Torah contient toutes les règles de la vie d’un homme pour toutes les circonstances. S’il s’y réfère fidèlement, s’il comprend qu’il est lui-même insignifiant et que tout dépend de la volonté du Créateur, s’il s’attache à suivre Ses commandements, alors tout ce qu’il entreprendra sera béni et il réussira sa vie. Il accomplira ce qui est attendu de lui.
Le massacre commis à Charlie Hebdo était guidé par une volonté d’aller encore plus loin dans la mise au pas de la France. En d’autres termes, il s’agissait de museler davantage les media et les orienter vers plus d’autocensure, plus de soumission, plus de parti pris, moins de vérité, avec pour conséquences moins de libertés fondamentales, moins de démocratie et moins de France.
Et suite à la tuerie dans l’hypercacher de la porte de Vincennes, où quatre Juifs ont été assassinés parce que Juifs, le Gouvernement Français a justement déclaré que sans les Juifs, la France ne serait pas la France. Qu’il s’en souvienne toujours et qu’il agisse en conséquence.
Nous sommes tous préoccupés par la douleur immense des familles endeuillées. Nous devons être proches d’elles pour qu’à travers ce partage elles éprouvent quelque consolation.
L’interpellation va cependant au-delà des individus, personnes privées, qui ont dû quitter ce monde, non pas parce qu’ils devaient expier leurs fautes. Elle vient nous alerter collectivement, tant la Communauté Nationale, que la Communauté Juive de France, mais aussi du Monde.
Il s’agit d’une part d’une mise en garde contre tout glissement vers une aliénation des valeurs qui ont fait la France.
Il s’agit aussi d’une mise en garde contre tout relâchement dans l’observance des préceptes de la Torah pour les membres de la Communauté Juive d’autre part.
Personne ne peut rien reprocher à ceux qui s’en sont tenus à l’écart jusqu’à présent parce qu’ils en ignoraient et les pratiques et le sens. Mais nous voudrions leur demander d’admettre une notion de bon sens. Si le Peuple Juif est si attaché à la Torah et que tant de Juifs reviennent à elle, c’est qu’il doit y avoir à cela une signification très profonde. Le fait qu’on ne la comprenne pas ne justifie pas en soi que l’on demeure à l’écart et éloigné de la Torah. Lorsque tant de gens en sont imprégnés, des gens qui somme toute me sont proches, ils sont respectables et intelligents, je devrais tout faire pour découvrir ce qui les motive et leur donne l’énergie pour avancer et poursuivre leur démarche à s’attacher aux préceptes et à vivre la Torah. Tous ceux qui sont fervents du désir d’être conséquent avec soi-même, qui est une quête de vérité, devraient avoir à cœur de tout faire pour comprendre ce qu’ils ignorent et ce à quoi tant et tant des leurs sont attachés.
Resserrons nos liens, soyons vigilants quant à nos actes, mais aussi nos paroles. Une parole est une création. Faisons en sorte que nos paroles expriment réellement l’amour du prochain et l’amour d’Hashem.
À Rosh Hashana nous célébrons le règne d’Hashem sur nous et sur le monde en déclarant avec force qu’Il est notre Roi. Rav Yerou’ham Leibowitch de la Yeshiva de Mir avant guerre disait, en parallèle, que chacun doit considérer son prochain comme s’il était un roi. Que nos actes et nos paroles soient un Kiddoush Hashem, une sanctification du Nom. Que la beauté de nos actions et de nos paroles rejaillisse sur Celui au Nom de Qui nous agissons. Alors nous serons certains d’œuvrer dans le sens voulu pour nous par le Créateur. Que ce souhait se réalise pour nous tous sans attendre !
N’oublions pas la mémoire des policiers qui eux aussi ont payé de leur vie. Leurs familles sont assurées de notre reconnaissance éternelle. Que ceux qui ont été blessés se rétablissent très vite complètement ! Et pour que nous soyons tous épargnés de telles souffrances à l’avenir, revivons intensément la prière dite à Moussaf de Yom Kippour : la Teshouvah (repentir), la Tefilah (prière) et la Tsedaka (charité-équité) annulent les mauvais décrets. Que nous soyons le plus grand nombre à nous repentir, à prier et à donner de la charité aux indigents et aux institutions d’étude de la Torah, le plus souvent et le plus régulièrement possible. Amen.