Le “Mot du Jour” 21 Sivan 5775 – 9 juin 2015

Drashah dite au Beith Hamidrash à Epinay, ce Shabbath Ba’alothekha.

C’est aujourd’hui -le 19 Sivan’- le Yahr Zeït de mon père, Avi, Mori, Shlomo Shim’on ben Ye’hiel zal. Voilà déjà 12 ans qu’il nous a quittés. Ce Dvar Torah est dédié à l’élévation de son âme.

Il m’a été récemment donné d’entendre un message très fort qui m’a interpellé. Il sortait des sentiers battus et j’ai de suite senti qu’il méritait d’être diffusé. Je l’ai donc traduit du Lashon Hakodesh. Chemin faisant, je me suis rendu compte qu’il était vraiment important. Je voudrais vous l’offrir en cadeau. Vous le dire me prendrait un temps que la plupart ne peuvent m’accorder. Je l’ai donc rédigé pour qu’en le lisant, cela prenne beaucoup moins de temps. Chacun trouvera au fur et à mesure les réponses qu’il pourrait attendre.

Ici commence la traduction du message du Rav Eliyézer POSEN Shlita sur Morénou VeRabbénou HaGaon Harav ‘Haïm Shaoul GREINEMANN Zékher Tsadik VeKadosh Livrakha dit à Toraténou à Paris, le 26 04 2015.

Là où il n’y a pas d’homme, tâche d’en être un. Il nous faut parler ici en l’honneur de la Torah. Nous avons perdu un homme précieux qui était toute sa vie retiré, volontairement non exposé, dans la sainteté et dans la pureté.

Nous allons apprendre quelques points qu’il a enseignés à l’ensemble d’Israël.

Le 1er point. Il n’a jamais interrogé sur l’étude de la Torah. Il n’a été question que d’effort et de concentration. Jamais il n’a voulu savoir ce que tu étudiais. Lorsqu’il voyait 2 personnes parler, même dans un moment libre, il disait qu’il était interdit dans tous les cas de parler de paroles futiles. Une fois nous étions à un mariage, c’était un jour d’élection, nous étions de jeunes Ba’hourim, un jour d’élection ou la veille, je ne me souviens pas. Au milieu du repas, 2 Ba’hourim parlaient. Il s’est adressé à eux et leur a dit : « De quoi parlez-vous ? Je ne permets pas de prononcer des paroles futiles, même durant un temps libre. Lui-même s’est concentré et a peiné, durant 40 ans, dans une pièce fermée au Moshav Tifra’h dans le Néguev. Dans une pièce fermée, sans parler avec personne. Il ne sortait guère pour les prières. Il était assis du dimanche au jeudi dans une pièce fermée et il étudiait la Torah à l’abri des regards. Il étudiait tout le temps, constamment, avec une énergie et une concentration exceptionnelles, sans prêter attention à ce qui se passait autour de lui. Tout le temps, dans une pièce fermée. Rav Yaakov FRIEDMANN, le Rosh Yeshivah de Tifra’h a raconté, qu’une fois, il est rentré chez lui à la maison. Il l’a vu en pleine étude. Rav ‘Haïm l’a regardé durant 20 minutes sans le reconnaître. Il a continué à étudier, à réfléchir sur ce qu’il étudiait. Jour et nuit et même entre une visite et une autre lorsqu’il recevait le public pour les questions les plus difficiles. Entre chaque entrevue, il parvenait à se concentrer entièrement dans son étude. Il ne s’accordait même pas un instant de repos dans son étude à laquelle il consacrait toute son énergie. Il nous disait très souvent, c’était une phrase sur laquelle il revenait constamment au nom du ‘Hazon Ish, tout le temps il revenait sur cette phrase : « l’essence, le principal de l’effort c’est l’effort de la pensée ; l’essence, le principal de la paresse c’est la paresse de la pensée ».

Zerizouth, empressement. Chaque chose, il exigeait de lui-même et des autres un empressement déterminé et très fort. 

Nekiyouth – propreté d’esprit –intégrité, droiture. Un juif a raconté, ce sont des gestes et actes de chaque jour. Un juif lui a demandé conseil pour savoir le meilleur moyen de transférer 180 000 $ depuis l’Amérique. Il lui a demandé par quel moyen il lui conseille de transférer l’argent. Rav ‘Haïm lui a dit que probablement le mieux à faire est d’acheter pour cette somme de l’or et de transférer l’or en Eretz. L’or a disparu au cours du transfert. Il y a eu un vol. Plus tard Rav ‘Haïm a dit qu’étant donné qu’il craint qu’il lui ait donné un mauvais conseil, il lui a envoyé, quelques semaines plus tard, 180 000 $. Il lui a dit qu’il craint de ne pas avoir assez réfléchi et qu’ainsi il lui a donné un mauvais conseil. Tout le temps, avec propreté d’esprit, intégrité et droiture, pour chaque chose. Même vis-à-vis de lui-même. Lorsqu’on lui demandait conseil dans sa propre famille, des conseils pour des Shidoukhim, pour un bon parti en vue d’un mariage, sur des choses dont il était au courant au même titre que tout individu, il en parlait avec ses enfants pour savoir s’il convenait de faire le Shidoukh ou non. Par contre, des choses intimes qu’il savait parce qu’on lui en avait révélé le secret lors d’un conseil qu’on est venu lui demander, même sur des défauts familiaux, il ne les dévoilait pas. Il disait : « je n’ai pas le droit de les dévoiler, H.K.B.H. ne veut pas qu’il les dévoile, et ce qui doit être, sera. Ils m’ont fait confiance et m’ont dévoilé un secret, ce n’est pas pour que je le détourne et m’en serve à d’autres fins.

De très nombreuses années, nous étions chez lui, en contact avec lui. J’ai parlé avec un très grand nombre de ses élèves. Jamais nous n’avons entendu parler de Ta’anith, de jeûne. C’était une dimension qui nous était totalement inconnue le concernant. Après son décès, l’un des grands Talmideï ‘Halhamim qui lui était proche a révélé que durant toute sa vie le Rav a jeûné chaque jeudi. Le jeudi soir était réservé à l’accueil du public qui venait pour poser des questions sur des sujets existentiels graves. Le Rav a jeûné jusqu’au jour où il devint trop faible, et cela à l’abri des regards. Personne n’en était informé. Nous n’avons jamais su que le Rav pratiquait le jeûne.

La chose la plus importante de toutes était la maîtrise qu’il avait sur tout son corps, sur sa volonté, ses pensées, sur tout. Le Rav n’a pas dit cela formellement pour lui-même, mais presque, et il l’a dit sur son Rebbé, le Hazon Ish, qui l’a dit sur lui-même, de ne pas faire le moindre geste et de n’avoir aucune pensée et donc bien sûr de parole sans demander conseil à H.K.B.H. Il ne pouvait être question de bouger la main sans autorisation. Le PERMIS n’existait pas. Il y avait soit une Mitzvah, un ordre de faire, soit un interdit. Il n’était pas concevable de faire un geste, de parler ou même de réfléchir sans concentration et sans être responsable de tout mouvement quel qu’il soit. C’était là des choses très claires chez lui. Mais, par ailleurs, il exprimait et exigeait la joie de vivre profonde. Il était très fort en cela. Comme le ‘Hazon Ish l’a enseigné, que cela n’empiétait sur la joie de vivre ni ne la gênait. Il savait que H.K.B.H. (HaKadosh Baroukh Hou) voulait que l’homme vive dans le monde, qu’il soit bien dans le monde, qu’il construise une vie de famille, une vie en société, une vie autonome, une vie bonne et agréable. Et son exigence n’est jamais venue heurter. Au contraire, il mettait des bons mots dans son discours pour augmenter la joie de vivre. Et par ailleurs, une totale maîtrise de soi.

La prière était quasi permanente. Sa prière était comme celle que l’on fait à Yom Kippour. Depuis son enfance, jusqu’aux derniers instants. Les prières sont de la concentration. Toutes les prières, depuis le début jusqu’à la fin, tout lentement, chaque prière. La Amida, et particulièrement Ahavah Rabba du matin, cela lui prenait ¼ d’heure, Ahava Rabba le matin, il priait, priait et priait. Lorsqu’il était au Moshav Tifra’h, il priait à l’abri des regards. Il pouvait prier 1 heure durant la prière de Arvith. Il éteignait la lumière, il priait et personne n’en savait rien. Toute sa vie, il priait avec foi et confiance, comme le ‘Hazon Ish exigeait, de ne rien faire, tout était un peu Hishtadlouth, une contribution, une part de labeur. Il était très exigeant sur ce point. Lorsqu’on le consultait pour des problèmes médicaux, il disait toujours : « il faut frapper à la bonne porte, il faut aller chez le médecin, mais il ne faut pas oublier de frapper à la bonne porte ».

Il y avait encore un point plus élevé chez lui. C’est la méticulosité et la précision qu’il mettait à appliquer la Halakhah. Toujours extrêmement fort, une peur constante, comme chez le ‘Hazon Ish. Une crainte de faire quoi que ce soit qui pourrait être proche d’une situation où il y aurait le doute d’un doute Sfèk Sféka d’un interdit. Il disait toujours : « Faites une protection à la Torah ». On ne fait pas toute chose qui est permise. Il interdisait beaucoup de choses, malgré le fait que cela était difficile, dans des situations difficiles. Toute chose qui est permise, on ne la fait pas. Sa crainte de la faute, malgré le fait que des Gue’onim, de très grands Talmideï ‘Hakhamim s’annulaient devant lui, il avait une crainte immense de se tromper. Il a dit une fois qu’il ne comprend pas comment à partir d’un raisonnement, on pouvait se défaire d’un interdit de la Torah. Il avait une telle peur de l’erreur, qu’il conseillait de vérifier auprès d’autres autorités. Il en discutait avec ses élèves, avec d’autres Talmideï ‘Hakhamim, pour s’assurer que c’était bien ainsi qu’il fallait conclure. Que chaque chose devait être claire, parfaitement claire, avant de se prononcer.

La vérité était un des points les plus forts. La vérité dans l’étude de la Torah. La vérité dans les actes de la vie. La parole devait être vraie. Il s’élevait sans pitié contre toute interprétation erronée. Il veillait et revenait là-dessus constamment à ce que l’on s’attache à ce que le texte de la Guemara était parfaitement compris et reflétait uniquement la vérité et de ne jamais essayer de dire un raisonnement à la place de la vérité. Si tu étudies Rashba, tu dois connaître parfaitement le sens vrai dans toute sa profondeur. Ne jamais y introduire des raisonnements personnels. La vérité et reconnaître la vérité, même pour la moindre erreur. Tout doit être vrai, vrai et seulement vrai. Toujours, dans tous les actes de la vie quotidienne. La vérité envers soi et envers les autres.

La Mida de ‘Hessed, de bonté.

Toute l’essence de l’homme doit être dirigée et se préoccuper d’une seule chose.

Le faisceau des qualités et caractéristiques de l’homme doit être réuni et dirigé dans le seul but de faire sortir l’homme de l’image qu’il a de lui-même et ne se considérer qu’en un serviteur parfait de H.K.B.H. sans rien d’autre.

Il parlait toujours sur le salaire et la sanction, sur la profondeur du jugement et que pour chaque mouvement, chaque acte que l’homme fait, il faut ensuite rendre compte. Il avait en permanence H.K.B.H. devant ses yeux. C’est ce qu’il exigeait très fort de ses élèves et qu’ils avancent dans la discrétion, Hatznéa Lékhèth.

Là se termine la traduction.

Dans ce message extrêmement fort sur Morénou VeRabénou HaGaon Harav ‘Haïm Shaoul GREINEMANN Zekher Tsadik VeKadosh Livrakha, transmis par Rav Eliézer POSEN shlita, Rosh Kollel à Sarcelles, la Mida sur le ‘Hessed n’a pu être développée ici contrairement à ce qu’il voulait. Cela nous donne l’occasion d’établir maintenant un lien avec notre Parashah. Au début de Ba’alothekha l’ordre est donné par Hashem à Moshé Rabbénou de dire à Aharon Hakohen d’élever les flammes sur le Candélabre. Or Hashem, qui voit tout et perçoit tout, même ce qui est caché au plus profond de nous-mêmes, a senti la tristesse et l’amertume qu’éprouvait Aharon en voyant que le Sheveth Lévi n’aura pas comme les autres Shevatim le privilège d’apporter des Korbanoth aussi prestigieux, à l’instar de chacun d’eux, et donc que Aharon Hakohen ne pourra pas lui aussi, au nom de son Sheveth, honorer et servir H.K.B.H.      H.K.B.H., dans son extrême bonté, se soucie de chacun. « HaMashguia’h BePratiyouth Al Kol E’had VeE’had MeItanou = Hashem veille sur chacun d’entre nous ». C’est ce que nous avons à l’esprit lorsque nous prononçons « Elokeïnou » dans le Shema.   H.K.B.H. apaise ici le cœur de Aharon en lui disant, selon Rashi, « Ta part est bien plus grande que la leur. Eux n’apportent leurs offrandes qu’une seule fois, tandis que toi et ta descendance allumeront la Menora tous les jours. Même lorsque le Temple sera détruit les flammes de la Menora se perpétueront par le biais des lumières de ‘Hanouka ». Enfin un autre lien avec les paroles de Rav POSEN shlita sur Rav GREINEMANN zatsal, c’est la maîtrise de Aharon. Lorsque Nadav et Avihou ont été « prélevés » en tant que Korbanoth, Vayyidom Aharon. Aharon s’est tu. Il fallait une maîtrise absolue en un moment des plus dramatiques : perdre deux de ses fils, qui avaient été oins, étaient si Grands et… ne devaient-ils pas assurer la relève ?

Un dernier point sur la prière et revenons au ‘Hessed.

Il y a quelque 250 ans une amitié d’une profondeur exceptionnelle liait Rabbi Pin’hass de Gorlik à Rabbi Zousha de Anapoli, frère de Rabbi Elimelekh de Lizynsk. Ils pouvaient rester des jours et des nuits à parler de Torah et ils parvenaient à une fusion spirituelle qui rayonnait sur tout leur entourage. Au point que Rabbi Pin’hass dit un jour devant toute l’assemblée : « Vous savez toute l’affection, toute la Tshouka, tout l’élan que nous avons Rabbi Zousha et moi, l’un envers l’autre. Eh bien l’amour que H.K.B.H. a pour chaque Yidd est des milliers de fois plus grand ! Banim Atem LaShem ! Vous êtes des Enfants d’Hashem ! Si H.K.B.H. nous aime tant, alors faisons le mieux possible ce qu’Il attend de chacun d’entre nous. Lorsque nous lui adressons nos prières, que ce soit de vraies prières, dites avec tout notre cœur, lentement, intensément en prenant exemple de que nous a rapporté Rav POSEN Shlita sur Rav GREINEMANN Zekher Tsadik VeKadosh Livrakha.

En lisant attentivement notre Parasha, on reconnaîtra une multitude de d’analogies ou de similitudes avec les valeurs et comportements déjà décrits. Prenons très rapidement ce qui pourrait apparaître comme une légèreté bien intentionnée. Celle de la relation entre Miriam et Aharon à propos de l’attitude de Moshé Rabbénou à l’égard de sa femme Tzipora. Miriam recherchait le bien de son frère et de son épouse. Elle voulait faire acte de ‘Hessed. Seulement elle n’avait pas perçu à cet instant-là que Moshé Rabbénou était à un niveau éminemment supérieur au sien, comme à celui de son frère Aharon, d’ailleurs. Qu’il était dès lors impropre de parler comme elle l’a fait. Ses propos étaient dénigrants et médisants à l’égard de Moshé Rabbénou qui, à leurs yeux se trouvait ramené à leur niveau. H.K.B.H. s’adressait en direct à Moshé Rabbénou, non pas par le biais d’un songe, la nuit, comme pour les autres Prophètes. Même si Miriam et Aharon n’avaient pas eu l’intention de dénigrer et de médire, les paroles qu’ils ont échangées a été réprouvées. Miriam a été sanctionnée en devenant lépreuse. Il fallait être très clair et considérer chaque chose à son niveau avec méticulosité et précision. Miriam n’a alors pas assez pris conscience de sa responsabilité et mesuré les conséquences de ses paroles. Cette même responsabilité, si chère à Rav GREINEMANN zatsal pour chaque acte, chaque parole, chaque pensée.

Pourtant, on s’en souvient, lorsque son frère Moshé n’avait que 3 mois, Miriam était restée veiller sur lui après que sa mère Yokhéved l’ait déposé dans un couffin sur les eaux du Nil. Elle tenait à savoir ce qu’il allait advenir de Moshé pour le protéger. Ce souci, cet acte de bonté, lui a valu que tout Israël l’attende durant 7 jours. Miriam avait été souillée par la lèpre. Elle devait recouvrer son entière pureté pour rejoindre le Camp d’Israël.

Aucun acte n’est gratuit. Rav GREINEMANN zatsal nous l’a rappelé par la bouche de Rav POSEN : il y a le salaire et la sanction, et il faut rendre compte. L’acte de ‘Hessed de Miriam, lorsqu’elle a veillé le berceau où Moshé reposait, lui a été justement rendu. D’abord par Moshé Rabbénou qui a prié H.K.B.H. pour sa guérison. Son acte de ‘Hessed lui a été aussi rendu par tout Israël. Des millions d’êtres l’ont attendu avant de poursuivre leur cheminement, par la grâce de H.K.B.H. qui a ici enseigné une dimension de ‘Hessed à Son Peuple.

Comme lorsque H.K.B.H. nous a enseigné VeAhaveta Le Réakha Kamo’hah = aime ton prochain comme toi-même. Que nous puissions tous mobiliser conscience, volonté, énergies pour réaliser avec l’aide d’Hashem, ce que H.K.B.H. attend de nous dans sa dimension la plus parfaite. Amen. Guitt Shabbess.