Le “Mot du Jour”  2 Tamouz 5778 – 15 juin 2018

En s’appuyant sur la Parasha Kora’h… 

Ce n’est pas un ‘Hidoush, la révélation d’une nouveauté, que d’affirmer que notre corps ne nous appartient pas ! Qui n’a pas entendu nos Anciens dire : « Tant qu’Hashem me prête vie » ? La part du Créateur dans la venue au monde de chaque être, leur était évidemment connue. Ils savaient aussi que tout dépend de Lui, que le temps qui nous est imparti est toujours limité, tout au plus jusqu’à l’âge de cent vingt ans.* Certains sont hélas amenés à nous quitter bien plus tôt. Soit parce qu’ils n’ont pas pris soin d’eux-mêmes (carence alimentaire, drogues, refus de se soigner). Soit parce qu’ils ont pris des risques trop inconsidérés (maladies contagieuses incurables, zone de guerre, sports trop dangereux, aventures irréfléchies). Soit parce qu’ils n’y sont apparemment pour rien, si ce n’est qu’ils se sont trouvés là au moment où a survenu ce qui les a emportés (bien que l’on sache que strictement rien n’est le fruit du hasard, il est des raisons que l’on ignore, qui ne sont pas de notre ressort). Soit par maladie, sans qu’ils l’aient voulu (ici aussi le plus souvent on ne peut pas comprendre). Mais si, à D.ieu ne plaise, a été commis un acte passible de mort Biyedeï Shamayim -par les “Mains” du Ciel- selon ce qui y a été décrété, et que l’auteur de l’acte n’a pas fait Teshouva, ne s’est pas repenti, la sanction peut intervenir à tout moment et de la façon choisie par le Ciel. Or, la Torah nous commande « OuShmartèm Meod LeNafshothékhèm = Vous veillerez à bien prendre soin de vous » tout au long de votre vie*. Cela inclut aussi de ne pas commettre de graves transgressions.

La Torah relate dans le livre Vayikra, le Lévitique, précisément dans Shemini, la mort de Nadav et Avihou, deux des quatre fils de Aharon HaKohen. Ils avaient offert de l’encens sur un feu étranger, qui ne leur a pas été prescrit. Guidés par leur élan et leur zèle, ils ont outrepassé leur rôle. Un feu est descendu du ciel et les a consumé. Des commentateurs expliquent que Nadav et Avihou avaient auparavant commis d’autres fautes. De sorte que compte tenu de leur niveau d’élévation spirituelle, ç’en était devenu trop. Ils devaient donc être sanctionnés.

Dans notre Parasha, Kora’h -soutenu par Dathan, Aviram et Ône- fit miroiter un partage du pouvoir à deux cents cinquante hauts dignitaires. Kora’h les convainquit de le suivre. Ils étaient des premiers-nés. Quelle était leur revendication ? Retrouver leurs droits perdus suite à la faute du veau d’or. De fait, ils dénonçaient la perte des prérogatives qui leur étaient réservées jusqu’alors. Seuls les Lévi n’avaient pas fauté. Du coup ceux-ci héritèrent du rôle des premiers-nés (livre Shemoth, les Nombres, – KiTissa). Quant à Kora’h, il s’élevait contre Moshé et Aharon, prétextant que tout le Peuple était saint et qu’il n’avait donc pas besoin de dirigeants. Pourtant Kora’h trouvait injuste que les deux frères, Moshé et Aharon, se soient « accaparés » les rôles principaux et que lui-même en ait été écarté. Pour Kora’h, selon l’ordre de naissance des fils de Kehath -son grand-père- il devait avoir la prérogative sur son cousin Elitsafane ben Ouziel. Sauf que Hashem en a décidé autrement.

Kora’h affronta donc Moshé, le considérant comme un usurpateur, voire un dictateur. En d’autres termes, selon lui, la mission qu’Hashem avait confiée à Moshé avait été inventée de toutes pièces par Moshé. C’était bien sûr éminemment grave.  Au-delà d’une atteinte directe à la stature de Moshé, le serviteur d’Hashem par excellence, le plus fidèle et le plus humble d’entre tous, c’était là un outrage intolérable envers Hashem. L’intelligence et la sagesse de Kora’h ont ici été aveuglées par l’orgueil et l’avidité du pouvoir. La femme de Kora’h l’a d’ailleurs encouragé et poussé à agir dans ce sens.

Ils dénonçaient et ils revendiquaient. Il fallait trancher, par une mise à l’épreuve, à laquelle tous devaient être soumis. Moshé dit à cette assemblée de se présenter le lendemain muni d’un encensoir et d’y brûler de l’encens. Aharon HaKohen se joindrait à eux et ferait de même. Hashem révèlera alors l’élu, tandis que tous les autres seront, de fait, disqualifiés. Moshé espérait que la nuit porterait conseil, qu’ils allaient tous entendre raison et se rétracter. Mais non, étrangement, chacun des deux cent cinquante hauts dignitaires, plus Kora’h, Dathan, Aviram et Ône, était persuadé qu’il serait celui qui serait désigné. À défaut, comment expliquer qu’ils acceptaient tous le verdict en cas de non élection, donc d’échec, à savoir la mort ? Car un si grand affront et ‘Hilloul Hashem, profanation du (atteinte envers le) Nom d’Hashem, ne pouvait que conduire à la mort. Seul Aharon pouvait être l’élu puisque c’était Hashem qui l’avait désigné pour être le Kohen Gadol, le Grand Prêtre. De même, c’est Hashem qui avait ordonné que les prérogatives initialement détenues par les premiers nés seraient attribuées aux lévi après la faute du veau d’or.

Retenons la suite de ce propos résumée très sommairement…

Dans une ultime tentative pour qu’ils se ressaisissent et renoncent à leur folle querelle et prétention, Moshé alla à leur rencontre, accompagné des Anciens. Mais au lieu de saisir la main tendue, ils le raillèrent. Moshé comprit que ç’en était trop. Il déclara qu’une création nouvelle -qui n’avait pas encore été initiée pour donner la mort- allait prouver que Moshé avait très strictement agi conformément à l’ordre d’Hashem. Alors la terre s’est ouverte et a englouti les familles de Dathan et Aviram, et de Kora’h, avec tous leurs biens. Ône a lui été sauvé grâce à la sagesse de sa femme qui réussit à éloigner les détracteurs l’appelant à se joindre à eux. Puis un feu dévora les deux cents cinquante hauts dignitaires qui s’étaient présentés avec leurs encensoirs. Le Peuple grondait et accusait Moshé de les avoir tués. À nouveau, ç’en était trop pour Hashem. Il provoqua une épidémie qui aurait décimé tout le Peuple si Moshé Rabbénou ne s’y était interposé. Moshé Rabbénou ordonna à Aharon Hakohen de courir au milieu du Peuple muni d’un encensoir où brûlait de l’encens pour obtenir le pardon et faire stopper l’épidémie.

Les folles prétentions et la révolte de Kora’h et de ses acolytes relevaient d’un suicide tant personnel que collectif. Outre la mort des 250 hauts dignitaires, des familles de Dathan, Aviram et de Kora’h, 14700 périrent du fait de l’épidémie, principalement de la tribu de Reouven, dont le camp était voisin de celui de la famille de Kora’h.

L’orgueil et la bêtise peuvent entraîner l’homme hors du Monde et le faire disparaître, à D.ieu ne plaise. Qu’il sache toujours se dominer pour ne pas chuter et ce, coûte que coûte. Si seulement Kora’h et ses acolytes avaient eu à l’esprit ce qui est advenu à Nadav et Avihou, ils n’en seraient pas arrivés là ! L’enseignement qu’ils ont négligé n’était rien d’autre qu’un immense cadeau d’Hashem. Ils auraient pu comprendre que leur démarche était vaine et totalement folle. Mais n’est-ce pas aussi le cas de celui et celle qui ne respecte pas le précepte de veiller et bien prendre soin de soi ? En fait, on peut aussi le dire pour ce qui est des autres préceptes de la Torah.

* Que l’on souhaite pour chacun en bonne santé ! Shabbath Shalom ! Avec nos meilleures pensées.