Le “Mot du Jour” 19 Kislev 5779 – 27 nov. 2018

Chers Amis,

Voici quelques lignes sur ‘HANOUKA :

Dès ce 2 décembre prochain à la nuit ce sera ‘Hanouka ! Et ce, jusqu’au 10 décembre durant toute la journée.

Rappelons très rapidement :


1. De très brefs points de repère sur ‘Hanouka.

Voilà 2191 ans de cela, les Grecs voulaient nous faire oublier la Torah. Les persécutions ont commencé quelque 150 ans après la mort de l’empereur Alexandre le Grand. À sa suite, Ptolémée avait imposé de traduire la Torah en grec. Soixante-dix sages ont été réquisitionnés et isolés, chacun dans une maison à part. Par miracle, tous remirent exactement la même version. Et cela, en dépit d’un certain nombre d’adaptations dans le texte qu’ils se sont obligés d’introduire pour qu’il n’y ait aucune interprétation préjudiciable à Israël.

En traduisant la Torah, notre plus grande richesse était devenue accessible à la puissance Grecque. Si elle reconnut la supériorité de notre foi sur leur philosophie, qui repose essentiellement sur la recherche de l’esthétique, le culte des idoles et de la nature, elle comprit aussi, hélas, comment nous atteindre.

Dès lors les Grecs nous interdirent de respecter le Shabbath, de sanctifier chaque nouveau mois, et de pratiquer la circoncision. Trois piliers sur lesquels repose notre foi. Par le Shabbath, nous clamons qu’Hashem est le Maître du monde. Par la sanctification du mois, la sainteté peut pénétrer le temps et toute la création. Par la circoncision, nous reconnaissons que nous sommes un réceptacle unique, lié à l’ensemble de la création, avec un programme clair, marqué dans notre chair, signe de l’alliance avec le Créateur. Sans ces trois fondements, nous n’existerions plus, à D.ieu ne plaise, en tant que Peuple Juif. C’est ce que les Grecs voulaient.

Puis la coercition grecque s’est intensifiée. Il fut interdit aux Juifs d’étudier la Torah. Ils étaient contraints d’écrire sur les cornes des bœufs qui tiraient les charrues « il n’y a pas de D.ieu pour Israël » pour que peu à peu ils s’en convainquent et abandonnent leur foi. De plus, toute nouvelle mariée était astreinte de se présenter seule chez le gouverneur avant de rejoindre son époux.

Ce sont finalement les femmes qui, par leur courage et leur détermination, incitèrent les hommes à s’élever contre l’oppresseur. Yehoudith, la propre fille du Kohen Gadol, le Grand Prêtre, interpella ses frères Yo’hanan, Yonathan, Yehouda, Shimon et Elazar, fils de Mattityahou, le jour de son mariage : « Vous tolérez que les filles d’Israël soient déshonorées ! Qu’attendez-vous pour vous inspirer de Shim’one et Lévi qui se sont levés contre Shekhem lorsque leur sœur Dina a été profanée ? » Ils se rebellèrent donc et causèrent d’immenses pertes aux Grecs. De même, une jeune, belle et riche veuve, nommée Yehoudith -y a-t-il un lien entre elle et la fille de Mattityahou ? alors que d’aucuns l’appellerait ‘Hanna- accompagnée de sa servante, parvint à tromper la vigilance des Grecs et à trouver grâce auprès d’Holopherne, le général d’armée d’Antiochus IV. Elle réussit à l’enivrer, puis elle le décapita et ramena sa tête, qu’elle exposa à la porte de Jérusalem. En voyant la tête de leur chef, les armées grecques prirent peur et s’enfuirent. On ne peut non plus pas taire la bravoure, le sacrifice et le don de soi pour la sanctification du Nom d’Hashem de ‘Hanna et de ses 7 fils qui tous refusèrent de se prosterner devant une idole au prix de leur vie ! Ni cette autre femme qui après avoir circoncis son fils cria sa révolte et sa détermination à refuser l’interdit imposé par les Grecs de pratiquer la circoncision. Pourquoi alors avoir des enfants et pourquoi vivre ? Puis elle précipita son enfant du haut de la muraille, s’y jeta à son tour et mourut. Ce fut un véritable électrochoc qui rappela à l’ordre et fit prendre conscience qu’il n’était plus possible de tolérer la coercition grecque. Le rôle joué par les femmes vertueuses dans le combat contre les Grecs était si manifeste que les Sages ont par la suite institué de dispenser les femmes de tout travail -au moins durant l’allumage des Néroth – les lumières de ‘Hanouka et la demi-heure qui suit. Ainsi, elles pouvaient revivre mentalement les miracles vécus à ‘Hanouka, le rôle qui fut le leur, et se pénétrer de la sainteté des lumières.

Tout le monde connaît la suite de l’histoire. C’était il y a 2183 ans, le 25 Kislev, qu’eut lieu la réhabilitation et ré-inauguration du Temple de Jérusalem. La fiole d’huile pure, portant le sceau du Kohen Gadol, fut trouvée par miracle. Elle permit d’allumer, la Menorah, le chandelier à sept branches, durant huit jours, alors que l’huile ne suffisait que pour un seul jour. D’où la Mitzva, le précepte, que nous avons d’allumer durant huit jours les lumières de ‘Hanouka. Elles commémorent ce miracle, plus que celui de la victoire sur les Grecs. En effet, c’est l’ardent désir des ‘Hashmonaïm -appelés aussi Makabim- d’accomplir la Mitzva de la manière la plus parfaite, avec un engagement total en l’honneur d’Hashem, qui a donné lieu au miracle de l’allumage de la Menorah. Certes, avoir le courage et la témérité de combattre les Grecs pour recouvrer leur indépendance en était aussi. Celui de réaliser des exploits, de rallier autour d’eux d’autres volontés et de gagner la guerre, relevait également du miracle, pour ne pas dire d’une multitude de miracles. Mais c’est le Hidour Mitzvah, la recherche de la perfection dans l’accomplissement de la Mitzvah, que furent la quête et la découverte d’une fiole d’huile pure, qui entraîna le miracle. Nous venons de le dire, cette huile put être allumée sur chaque branche de la Menorah et brûler durant 8 jours de suite, alors qu’en toute logique elle ne pouvait suffire que pour un seul jour.

Une poignée de Tsadikim, de justes, l’emporta sur une multitude d’impies, impurs, mécréants idolâtres. Les lumières représentent le Ner Tamid, la flamme qui était allumée en permanence dans le Temple. On ne devait en tirer aucun profit. Le Ner Tamid témoignait à la fois du lien entre Hashem et son Peuple et de la sanctification d’Israël. En somme, un prodigieux symbole et tout un programme auxquels les lumières de ‘Hanouka nous rattachent.

2. Des points de Halakha.

La ‘Hanoukia, est un chandelier à 8 branches, soit une de plus que la Menorah à 7 branches qui se trouvait d’abord dans le Tabernacle dans le désert, puis dans le Temple à Jérusalem. S’y ajoute une branche ou un emplacement pour la lumière du Shamash, qui est soit décalée soit plus haute que les autres.

Nous allumons la ‘Hanoukia durant les 8 jours de la fête, et ce, chaque soir, dès l’apparition des étoiles, sauf le vendredi, veille de Shabbath, et nous verrons très vite pourquoi. Soit le premier soirr, une lumière, accompagnée de celle du Shamash. Puis le deuxième soir, deux lumières, plus celle du Shamash. Le troisième soir, trois lumières, plus celle du Shamash, et ainsi de suite jusqu’au huitième jour. Les lumières sont alignées depuis la droite de la ‘Hanoukia et chaque soir on ajoute une lumière à la gauche de celle qui a été allumée la veille. L’allumage commence le 1er soir par celle qui se trouve à l’extrême droite. Le 2ème soir on allume d’abord la mèche ou la bougie qui est placée juste à la gauche de celle qui a été allumée la veille, puis on allume celle qui se trouve immédiatement à sa droite. On procède ainsi chaque soir, jusqu’au 8ème, en allumant une nouvelle lumière placée à la gauche de celle qui a été allumée la veille, puis dans l’ordre de gauche à droite jusqu’à la dernière lumière tout à droite. La lumière supplémentaire, le Shamash, est placée sur un alignement distinct des autres lumières et est allumée chaque soir. Le Shamash est en quelque sorte au service de la /des flamme/s allumée/s sur la ‘Hanoukia. À quoi sert-il ? Si, par inadvertance, on devait tirer parti de leur éclairage, ce profit serait mis sur le compte de la lumière produite par le Shamash qui est distinct, séparé des autres lumières, indépendant du décompte des flammes allumées chaque jour. En effet, les lumières de ‘Hanouka ne doivent en aucun cas servir à nous éclairer ou nous procurer le moindre profit si ce n’est celui de pouvoir les regarder et les admirer en nous remémorant et en louant Hashem pour tous les miracles qu’Il a prodigués à nos ancêtres au temps des ‘Hashmonaïm. S’il devait y avoir un autre profit de l’éclairage des lumières, il serait, de fait, mis sur le compte de la flamme du Shamash. Son profit est permis parce qu’elle ne fait pas partie du décompte des flammes allumées sur la ‘Hanoukia qui célèbrent ‘Hanouka.

Toutes les lumières doivent potentiellement pouvoir brûler durant au moins 30 minutes durant la nuit, une fois que nous avons prononcé les bénédictions. Si des lumières s’éteignent avant que les 30 minutes se soient écoulées, nous n’avons aucun devoir de les rallumer. Ce qui importe c’est qu’au moment de l’allumage il y ait assez d’huile dans chaque godet (où une mèche sera allumée), ou encore que les bougies de cire ou de paraffine soient assez longues et/ou épaisses pour pouvoir brûler au moins 30 minutes durant la nuit tombée. Ce qui pose naturellement une difficulté pour le vendredi 7 décembre parce que veille de Shabbath. Or l’allumage des lumières de Shabbath se fait forcément avant la tombée de la nuit. Elles marquent généralement l’entrée du Shabbath, qui interdit tout autre travail durant tout le Shabbath. Dès lors l’allumage des lumières de ‘Hanouka doit se faire avant celles de Shabbath, c’est-à-dire bien avant que le soleil ne se soit couché à l’horizon. Ce 7 décembre l’allumage des lumières du Shabbath devant se faire à Paris au moins entre 16h02 (Plag Min’ha) et 16h35, il sera judicieux de prévoir au moins 15 minutes pour l’allumage des lumières de ‘Hanouka, soit au moins avant 16h20. L’idéal serait de les allumer au Plag Min’ha.

De plus, l’apparition des 3 étoiles étant à Paris à 17h39, sachant qu’il faut que les lumières puissent brûler au moins durant 30 minutes après l’apparition des 3 étoiles, soit jusqu’à 18h09, il faudra prévoir une quantité d’huile ou des bougies pouvant être allumées durant au moins 2 heures. Ce qui n’est bien évidemment pas le cas des petites bougies vendues en boîtes de 44 bougies dans le commerce. Par contre les sets « Ner Lights » et autres, réputés durer 3 heures, sont parfaitement indiqués.

Si on le peut, on les allumera de manière à ce qu’elles soient visibles de l’extérieur. Soit devant notre porte, à gauche de la Mezouza (lorsque l’on vient de l’extérieur), soit à notre fenêtre (si elle est située à moins de 10 mètres de haut par rapport à la rue, sauf si elle peut être vue par les voisins d’en face) à la condition de n’encourir aucun risque sécuritaire. L’allumage des lumières de la ‘Hanoukia rappellera alors publiquement au monde les miracles que nous avons vécus à ‘Hanouka.

La prière de « Al Hanissim », sur les miracles, sera introduite dans le Birkat Hamazon, après le repas, et dans la Amida qui sera suivie par la prière du « Hallel » louant les prodiges d’Hashem, dans sa version intégrale.

Ceux qui voudraient en savoir bien davantage gagneraient :

. à écouter les cours sur ‘Hanouka qui seront en audition libre accessibles dans le bas de la page d’accueil de notre site : https://dvartorah.org/

. en lisant la contribution de l’an dernier de Rav Eliézer RISSMAK, Rosh Yeshivat Ohalé Yaacov à Kiriat Séfer, ci-dessous :   

D’ores-et-déjà nous vous souhaitons un ‘Hanouka Saméa’h, une très joyeuse fête de ‘Hanouka. Avez-vous remarqué qu’elle est célébrée sous toutes les latitudes de la même manière, que ce soit l’hiver ou l’été, comme dans l’hémisphère Sud ? Qu’elle le soit avec beaucoup de joie et de sainteté dans toutes nos familles.

En espérant que vous profitiez le plus possible de ce que nous produisons et qu’il vous soit donné de le faire savoir tout autour de vous. Que nos meilleures pensées vous accompagnent.