Le “Mot du Jour” 16 Tamouz 5778 – 29 juin 2018

En s’appuyant sur la Parasha BALAK…

Balak, roi de Moav avait peur d’Israël. Si’hon, roi de Emori et Og, roi de Bashane, de très puissants voisins de Moav venaient d’être écrasés et terrassés grâce à l’intervention d’Hashem qui combattit pour la victoire d’Israël. La fin de la Parasha ‘Houkath relate que Israël demanda la permission de traverser le territoire des Emori pour se rendre en Eretz Israël. Les Emori refusèrent, prirent les armes et sortir en guerre. Ils furent eux-mêmes pris au piège qu’ils avaient tendu à Israël. Embusquées de part et d’autre en haut des falaises surplombant une profonde vallée où les Beneï Israël devaient passer, les armées de Si’hon comptaient leur jeter une multitude d’immenses rochers et, ainsi, les anéantir. Avant que les Beneï Israël ne pénètrent dans la vallée, Hashem fit se rapprocher les deux flancs opposés de la vallée qui s’emboitèrent l’un dans l’autre, écrasant le peuple de Si’hon qui y était embusqué. Israël comprit quel prodigieux miracle Hashem avait réalisé pour les sauver en voyant une rivière de sang couler de la vallée. Quant à Og, il n’attendit pas et sûr de sa force -connue de tous-, il saisit une montagne pour la projeter sur Israël. Il la portait à bout de bras au-dessus de lui lorsque la montagne s’est enfoncée dans sa tête. Og ne put la relever et il mourut emprisonné par elle. Quant au peuple de Bashane, Israël le vainquit par l’épée.

Balak comprit qu’il ne pourrait combattre Israël par les armes. Il fit appel aux services de Bil’am, sorcier, mais aussi prophète des Nations, pour maudire Israël. Bil’am était connu pour ces dons, associés à une haine ancienne et profonde envers Israël. Bil’am accepta la demande de Balak, bien qu’il savait qu’Hashem protégeait Son Peuple et qu’en aucun cas il ne pourrait agir contrairement à Sa volonté.

Cupidité, perversion, corruption, infamie, tout dans la personnalité de Bil’am repoussait et s’opposait aux valeurs de pureté et de sainteté d’Israël. Balak partageait aussi quelques-uns des traits de Bil’am. Au lieu de maudire Israël il aurait pu exiger que Bil’am bénisse et prie pour sa protection et celle de Moav. Le bien pour quelqu’un ne vient pas nécessairement au détriment d’autrui. D’autant qu’Israël était tenu de ne pas provoquer Moav et donc de ne pas lui faire la guerre.

Pour quelle raison Hashem a pu accorder à Bil’am du crédit et lui permettre de jouer un rôle dans l’histoire du Peuple Juif ? Les Nations auraient prétexté d’avoir été défavorisées par rapport à Israël. Avec Bil’am elles ont elles aussi eu leur prophète… et donc les mêmes possibilités d’accepter de servir Hashem.

Bil’am était borgne. Les deux yeux ont des qualités opposées. Le Baal Haflaa (cité par Ashreï Lev) précise que l’un tend vers la recherche de plus de spiritualité, tandis que l’autre vise à développer la matérialité. Lorsque l’une grandit, l’autre diminue, et inversement. Pour Bil’am, qui ne voyait que d’un œil, l’élévation vers la sainteté s’est trouvée biaisée, contrairement à ce qui aurait dû être le cas. La connexion avec les sphères célestes est favorisée lorsque l’on ferme les yeux, lorsque l’on prend garde à ce que l’on regarde pour ne pas être affecté par des vues dégradantes. Or Bil’am s’est fourvoyé dans des conduites impures faisant appel à la sorcellerie et aux pratiques divinatoires. Aucune relation intime avec Hashem ne pouvait dès lors avoir cours et toute la « science » de Bil’am s’est trouvée sans effet, ni pouvoir. Il ne put que prononcer les mots qu’Hashem a placé dans sa bouche. Il bénit Israël. Et quelle bénédiction ! « Quelles sont belles tes tentes -qui désignent aussi les maisons d’étude de la Torah- et tes demeures Israël… ». Les portes des tentes n’étaient pas dirigées en face des portes des autres tentes. Il régnait dans le camp d’Israël de la retenue et de la pudeur. Retenue et pudeur sont des traits de pureté et de sainteté. Ni on ne s’exposait, ni on s’intéressait à ce qui se passait chez les voisins.

Ç’en était trop pour Bil’am qui, évidemment, contrariait profondément Balak et ses plans de pouvoir combattre Israël. À défaut de pouvoir le maudire, Bil’am conseilla à Balak de pervertir et de souiller Israël. Or, s’il réussissait, Israël ne pourrait plus bénéficier de la protection d’Hashem. Aussi, Balak envoya des armées de jeunes filles pour faire fauter doublement les hommes qui, en outre, pratiquèrent le culte idolâtre de Ba’al Péor. Le courroux d’Hashem était inéluctable. Et se fut une immense tragédie qui s’abattit sur Israël. Rashi décompte qu’il y avait alors 88000 juges en Israël. Il nous rapporte que chaque Dayan -juge- eut à faire pendre deux hommes qui avaient fauté. Ce qui fait au total 176000 morts. Sans compter les 24000 hommes qui moururent au cours de l’épidémie qui commençait à sévir. C’était à l’échelle d’Israël une terrible catastrophe. Par contre, selon Rambane -Na’hmanide- les juges ne purent compléter leur mission du fait de l’intervention de Pin’hass qui fit stopper l’hécatombe.

Le Yalkout Shimoni établit une comparaison entre les bénédictions dites par Bil’am d’une part, et celles adressées par Yaakov Avinou -le Patriarche- et Moshé Rabbénou, aux Tribus d’Israël, d’autre part. Il note que celles formulées par Yaakov Avinou et par Moshé Rabbénou étaient accompagnées de réprimandes, autant de leçons et de mises en garde. Tandis que les bénédictions dites par Bil’am étaient dépourvues de semonce ou de blâme. Elles pouvaient dès lors engager à s’enorgueillir, être sûr de soi, baisser la garde, ne plus prêter attention aux danger encourus, notamment avec les filles de Midiane qui s’étaient associées à celles de Moav. Les lignes rouges étaient largement dépassées. C’était devenu intolérable. Le Peuple d’Israël était menacé dans ce qui le caractérisait et qui lui était le plus cher, ainsi qu’aux « yeux » du Créateur : la pureté et la sainteté. Elles sont absolument fondamentales. Au point que sans elles, Israël ne peut exister. Le monde permissif qui nous entoure offre un tableau qui ne nous concerne pas, qui n’est pas pour nous. Comment avoir la force de ne pas tomber et la force de remonter ? Certainement en nous reconnectant avec notre patrimoine et en y prenant appui avec autant de détermination que nous le pouvons pour y puiser tout ce dont notre âme juive a tellement besoin. Le temps nous manque ici pour poursuivre avant Shabbath. Nous devrons donc y revenir. C’est promis !

Ce Shabbath c’est le 17 Tamouz. Il marque le bris des Tables de la Loi et correspond à la date de la brèche dans les murailles de Jérusalem, annonciatrice de la destruction des Temples. Du fait de Shabbath, le jeûne est donc reporté à Dimanche 1er juillet de 03:51 à 22:50 à Paris. 

Shabbath Shalom ! Avec nos meilleures pensées…