Le “Mot du Jour” 14 Shvath 5775 – 30 janvier 2018

 Chers Amis,

À l’occasion de Tou-BiShevath, le nouvel an des Arbres, qui a lieu ce mardi soir 31 janvier et mercredi 1 février, le 15 Shevath, nous sommes heureux de vous adresser le texte que nous avions publié dans la Lettre de Dvar Torah n° 6 pages 8 et 9 que vous trouverez à l’onglet « La Lettre » qui est repris dans le livre « PARCOURS – Pars, Cours ! vers la lumières… » aux pages 132 à 134. Quelques précisions viennent le compléter. 



Tou-BiShevath



Avez-vous remarqué que si vous soignez vos plantes avec tendresse elles réagissent autrement et elles sont plus belles que celles que vous traitez avec indifférence ? Depuis quand les plantes seraient elles dotées d’intelligence et de sensibilité ? Essayez de le vérifier, vous serez surpris. Or le 15 du mois de Shevath (Tou se composant de la valeur numérique des lettres Teth = 9 et de Vav = 6) la nature se réveille après le sommeil de l’hiver, du moins en Eretz Israël. La sève monte comme une grande clameur, un hymne et une louange à la création du monde, à Hashem. Une nature, des arbres, des fruits qu’Hashem a créé spécialement pour nous ! Lorsque le renouveau de la vie s’annonce dans un tel concert de frémissements presque secrets. Lorsque le réveil de toutes les plantes, jusque-là endormies, nous rappelle le don immense qu’Hashem nous a fait. N’est-il pas naturel que nous Le reconnaissions à notre tour et Le remercions ? Est-il une meilleure façon de le faire qu’en honorant Hashem à travers les produits de Sa création ? Notre reconnaissance prend corps en faisant les bénédictions appropriées avant de les consommer. Des bénédictions et des remerciements que nous adressons à Hashem, évidemment. Et cela spécialement le 15 Shevath qui est le nouvel an des arbres. Ce jour-là est aussi la date butoir pour l’appréciation du Ma’asser, du prélèvement de la dîme, sur les fruits des arbres. Une imposition régie pour l’ensemble des productions (Devarim, Reèh, 22-23) «Pour que l’homme apprenne à craindre Hashem tous les jours de sa vie». A contrario, le décompte de l’année des autres produits de la terre (récoltes de céréales et de légumes), comme ceux d’autres provenances (loyers, salaires, d’ordre financier) se fait depuis le premier Tishri, et le décompte de l’année sur les animaux, part depuis le premier Elloul. Divers prélèvements doivent être faits sur les récoltes.

En premier lieu vient la Trouma Guedola, ou grande contribution. Elle est versée directement au Kohen les six premières années de la Shmita. La Shmita, est la septième année, année de jachère, de repos ou de chômage de la terre. Durant la Shmita -septième année-, l’agriculteur ne doit rien faire qui concoure à améliorer la production de cette année. Les produits de la terre et des arbres sont rendus Efkère -sans propriétaire-. L’agriculteur ne peut en jouir que pour les besoins de sa famille. Il ne peut en faire le moindre commerce parce qu’ils appartiennent à Hashem. Dès lors, tout étranger qui voudrait en cueillir des fruits pour ses besoins alimentaires strictement personnels y est autorisé, à la condition de ne commettre aucun dégât dans les champs, vignes et vergers. Les années du calendrier se définissent par rapport à la Shmita, au même titre que les jours de la semaine par rapport au Shabbath, le septième jour. Le prélèvement de la Trouma Guedola varie selon la générosité, dans une proportion qui va de 1/60 de la récolte, pour celui qui refuse d’être généreux, à 1/50 pour celui qui l’est moyennement, et jusqu’à 1/40 de la récolte pour celui qui l’est le plus. Ce qui fait en moyenne 2% de la récolte.

Vient ensuite le Ma’asser Rishone, le premier prélèvement de 10 %. Il est prélevé sur les quelque 98% restant de la récolte (100% -2%). Soit 9,8% de la récolte, qui sont retenus chacune des six premières années de la Shmita. Le Ma’asser Rishone est remis au Lévi. Le Lévi remettra à son tour sa Troumath Ma’asser, soit 10% de ce qu’il aura reçu, au Kohen.

Le Ma’asser Shéni, le 2ème prélèvement de 10%, s’applique sur la récolte après déduction de ce qui a été prélevé pour la Trouma Guedola et pour le Ma’asser Rishone, soit 10% de 88,2% (= 98% – 9,8%) de la récolte. Le Ma’asser Shéni est prélevé les années 1, 2, 4 et 5 de la Shmita. Il doit être consommé, par les propriétaires des arbres, à Yeroushalayim, si possible à l’occasion des trois montées en pèlerinage à Pessa’h, Shavouoth et Souccoth. Notons que pour des raisons de commodité, pour éviter d’avoir à les transporter, les fruits peuvent être «rachetés» en argent, à la condition d’en majorer la valeur de 1/5 du produit total, pour ensuite acquérir de la nourriture sur place à Yeroushalayim.

Puis vient le Ma’asser ‘Ani, qui représente quantitativement exactement la même part que le Ma’asser Shéni, soit 10% de 88,2% de la récolte des années 3 et 6 de la Shmita. Le Ma’asser ‘Ani doit être remis aux pauvres (‘Ani = pauvre) dès que possible.

Avez-vous remarqué que les années de prélèvements du Ma’asser Shéni et du Ma’asser ‘Ani sont décalées ? Il ne peut donc y avoir de cumul des deux prélèvements la même année. Le prélèvement doit se faire très strictement et uniquement sur les fruits de l’année considérée et non sur les fruits de l’année précédente ou ceux de l’année suivante. Or sont considérés «fruits de l’année» ceux qui n’étaient pas encore formés au 15 Shevath. Si le fruit a déjà été formé avant le 15 Shevath il appartient au décompte de l’année précédente. On comprend dès lors l’immense importance de la date de Tou-BiShevath, à partir de laquelle tout s’évalue : la récolte et le Ma’asser, à donner, comme à recevoir. (Voir la Lettre de Dvar Torah n° 4 à propos du Ma’asser et de la Shmita).

Rappelons enfin qu’il n’y a aucun prélèvement sur les productions durant l’année de Shmita, et que les fruits produits durant les trois premières années de plantation des arbres ne peuvent être consommés (Orla). L’année de plantation considérée ici commence elle à Rosh Hashanna.  Toutes ces prescriptions sont autant d’occasions de bénir le Créateur qui nous a tout donné et qui pourvoit à tous nos besoins. Et, à travers Lui, la terre, et d’abord la terre d’Israël, ses fruits, et d’abord ceux d’Eretz Israël. En donnant notre Ma’asser, nous accomplissons la volonté d’Hashem, nous louons Sa création, nous manifestons notre reconnaissance, nous exprimons notre respect et notre solidarité envers ceux à qui nous le donnons et, au-delà de cela, nous nous montrons dignes de la confiance qu’Hashem a placée en nous et dignes d’en mériter même davantage à l’avenir. Que cela se produise effectivement pour chacun d’entre nous !