Le « Mot du Jour » 13 Adar 2.  5779 – 20 mars 2019

Chers Amis, 

Veille du Jeûne d’Esther qui précède le jour de Pourim, nous vous invitons à une très courte promenade à travers l’histoire, juste pour rappeler les règles essentielles de cette fête.

Un tout petit préambule pour nous mettre en condition.

Plus nous nous éloignons du temps qu’ont connu nos grands-parents et arrières grands-parents, et moins la majorité des gens aime faire des efforts de réflexion. Cependant, nous postulons qu’il ne peut en être ainsi parmi le Peuple Juif. Justement parce qu’il a conscience que l’effort procure du bonheur et que s’en priver, c’est en quelque sorte enlever le sel de la vie. Aussi, vous nous accorderez volontiers un instant de concentration. Il est, en effet, important que ce qui suit ait un sens pour chacun. 

La célébration de la fête de Pourim suit deux cas de figure :

. Pourim est fêté le 14 Adar, soit cette année dès mercredi 20 mars à la nuit tombée (dès l’apparition des trois étoiles) et le jeudi 21 mars toute la journée. Sont concernés ici tous les lieux non entourés de murailles depuis l’époque de Yehoshoua Bine Noune, ainsi que tous les lieux qui sont éloignés des murailles et d’où l’on ne peut les apercevoir. Yehoshoua Bine Noune était l’élève et le successeur de Moshé Rabbénou, Moïse, à la tête du Peuple Juif en Eretz Israël il y a quelque 3291 ans. C’était après les 40 ans de pérégrination dans le désert suite à la sortie d’Egypte qui eut lieu il y a 3331 ans.

. Pourim est fêté le 15 Adar, soit cette année le jeudi 21 mars à la nuit tombée (dès l’apparition des trois étoiles) et le vendredi 22 mars toute la journée pour les villes qui sont entourées de murailles, ou qui étaient entourées de murailles depuis l’époque de Yehoshoua Bine Noune, ainsi que les quartiers situés en dehors de ces villes mais d’où l’on peut apercevoir les murailles. C’est bien sûr le cas de Yeroushalayim et de ses alentours. Pourim y est appelé Shoushane-Pourim, du nom de la ville Shoushane, Suze, la capitale du Royaume de Perse, au cœur de laquelle l’histoire de Pourim s’est déroulée. À Shoushane, les Juifs purent se défendre et combattre leurs ennemis un jour de plus que partout ailleurs. Leur victoire fut totale. L’allégresse fut immense parce qu’il y eut un total renversement de la situation. Au lieu d’être anéanti, le Peuple Juif ressortait indemne et victorieux. Une joie sans borne s’est ensuite perpétuée par une célébration décalée d’un jour en souvenir de ce 15 Adar où les juifs furent sauvés.

Le Jeûne d’Esther

Moment dramatique s’il en est parce que nul ne pouvait se présenter devant le Roi sans y avoir été convoqué. À défaut, si cela lui déplaisait, il pouvait ordonner la mise à mort de l’importun.

Or la Reine Esther n’avait pas été appelée, tandis qu’elle avait une requête de la plus grande urgence à présenter au Roi. Il lui incombait de tout faire pour que le Peuple Juif soit sauvé de l’extermination fomentée par Hamane ! Pour bénéficier de la miséricorde divine et réussir sa mission, Esther avait besoin que l’ensemble du Peuple la soutienne en priant, en suppliant l’Eternel, en se lamentant, en regrettant ses fautes, en demandant pardon et en s’engageant à s’amender, en un mot : faire Teshouva. Elle demanda à Mordekhaï, Mardochée, le Maître de la génération, de jeûner et de faire jeûner tout le peuple durant trois jours. Esther en fit de même. C’est donc en souvenir du Jeûne d’Esther et celui de tout le Peuple que nous jeûnons, certes seulement durant un jour, chaque année, la veille de Pourim. Nous revivons ainsi d’une certaine façon un moment crucial à l’extrême de notre existence en tant que Peuple Juif. Un moment où nous nous sommes tous engagés, une seconde fois, après de don des Dix Paroles, les Dix Commandements au Mont Sinaï, à accomplir les Mitzvoth, les préceptes de la Torah. C’est à la suite de cet engagement de nos Pères, en Perse, que nous avons été sauvés et que les décrets funestes ont été renversés.

Le Jeûne d’Esther tombe en règle générale le 13 Adar, la veille de Pourim. Et c’est bien le cas pour nous cette année. Le Jeûne d’Esther commence dès ce mercredi 21 mars 2019 dès 05:24 le matin et durera jusqu’à la nuit à 19:42 à Paris. Nous ne mangeons ni ne buvons, sauf en cas de nécessité médicale avérée, parce qu’en aucun cas l’on est autorisé à mettre sa vie en danger !

Il est louable, de s’acquitter au plus tôt de la Mitzvah de donner LeZékhèr Ma’hatsit HaShékel, littéralement le souvenir du don de la moitié d’un Shékel, qui permettait à la fois de décompter les Beneï Israël et, en même temps, d’alimenter les caisses du Tabernacle dans le désert. L’institution, la Communauté qui récolte ces pièces, les verse à son tour aux nécessiteux.

LeZékhèr Ma’hatsit HaShékel se compose de 3 pièces représentant chacune la moitié de la valeur de la monnaie en cours, en l’occurrence pour nous l’euro. Il faut donc donner 3 pièces de 0,50€, soit en tout 1,50€ par personne vivant au foyer ou qui dépendent de nous. A titre indicatif, le Ma’hatsit HaShékel qui était donné au temps du Tabernacle correspond à 9,6 grammes d’argent soit, au cours d’aujourd’hui, à exactement 5€. Certains s’attachent à donner cette somme avec des pièces de 1 et 2€. Mais il y a trois avis à propos des personnes redevables :

 – Dès l’âge de 20 ans et seulement les hommes

 – Dès l’âge de 13 ans pour les garçons et 12 ans pour les filles

 – Tous sont concernés et même les femmes enceintes devront s’acquitter pour le bébé qu’elles portent. Dans ce cas, celles qui attendent des jumeaux auront ainsi le mérite de débourser pour eux 2 fois 5€=10€. Ces sommes sont collectées à la synagogue ou auprès du Rabbin qui les feront parvenir aux nécessiteux. C’est cette dernière option que nous appliquons dans notre propre famille. Si une occasion nous est donnée de faire encore plus pour soulager les indigents, il vaut mieux la saisir plutôt que de s’en écarter.

Quelques observations et dispositions sont attendues de chaque Ben Israël à Pourim.

. Le soir dePourim il nous incombe –hommes, femmes et enfants- de lire la Meguila, si possible dans un parchemin. Sinon, nous serons quittes en suivant très attentivement la lecture faite à partir d’un parchemin, pensant au préalable qu’elle est lue en notre nom. Chaque mot doit être parfaitement et distinctement entendu, directement de celui qui lit, et pas via un haut-parleur, un disque ou la radio. Chacun devra s’attacher à dire les bénédictions précédant et terminant la lecture de la Meguila -ou à les entendre, en pensant qu’elles sont dites en notre nom-. Nous irons de préférence à la synagogue où une grande assemblée est réunie. Il en résultera une plus grande proclamation des miracles qui se sont produits et qui ont sauvé le Peuple Juif à Pourim. L’annonce publique devant une assemblée nombreuse d’un miracle collectif est toujours vivement recommandée. Attention : un tout jeune enfant ne devra pas venir à la synagogue s’il ne sait garder silence parce qu’il risque d’empêcher l’écoute de la lecture publique de la Meguila et donc de l’invalider pour tous ceux qui n’auraient pu entendre ne fût-ce qu’un seul mot. Idem pour tout adulte qui parlerait et gênerait son entourage.

. Faire un bon repas le soir de Pourim et se réjouir.

. Le lendemain matinvers la fin de la Tefilah (la prière de Sha’harith), ou plus tard, mais obligatoirement durant la journée pour ceux qui en seraient empêchés le matin, lire la meguila, comme la veille. 

. Donner Matanoth LaÉvionim de l’argent à au minimum 2 pauvres pour qu’eux aussi se réjouissent à Pourim. Il faut leur donner pour que chacun ait réellement de quoi s’acheter au moins 1 repas. On peut aussi leur donner des mets et autres biens consommables, en veillant à préserver leur dignité. Il est vivement recommandé de remettre cette somme le plus tôt possible dans la journée pour que les bénéficiaires puissent effectivement en disposer immédiatement et s’en réjouir à Pourim. Il est peut être plus aisé de passer par l’intermédiaire de Rabbanim reconnus, institutions charitables telles que ‘Hasdeï Naomi, Koupat Hair, Vaad Harabanim, etc… qui connaissent des nécessiteux et qui sauront transmettre votre don le jour même. Ils ont tout organisé pour que cela soit possible. Il est vivement recommandé de faire Tsedaka et de donner généreusement à tout indigent qui nous sollicite le jour de Pourim. La joie qui est alors ressentie par chacun d’eux est particulièrement précieuse et appréciée dans le Ciel. Une reconnaissance qui rejaillira nécessairement sur chaque donateur.

. Mishloa’h Manoth – don constitué d’au moins 2 mets consommables à au moins 1 Ben/Bath Israël le jour de Pourim, mets qui pourront servir pour le Mishté, le festin. Ce don renforce les liens d’amitié entre les personnes concernées. On sera donc enclin à ne pas limiter le don qu’à une seule personne. Il est bien de le donner à quelqu’un qui le remettra en notre nom à l’intéressé(e). Un homme donnera à un homme et une femme à une femme, et il en sera de même pour les enfants. Mais il ne convient pas ici d’engager des dépenses excessives et disproportionnées eu égard à ses moyens, ou encore de s’épuiser de fatigue. Si l’on veut être très généreux, qu’on le soit d’abord envers les indigents de notre communauté qui en ont réellement besoin.

. Le Mishté – festin de Pourim doit se dérouler dans la joie en évoquant tout ce qui s’est passé à Shoushane – Suze, en Perse, à Pourim. L’essentiel du repas doit réellement prendre place durant le jour. On aura prié Min’ha avant de commencer le Mishté s’il a lieu l’après-midi. Un repas où le vin est à l’honneur au point où l’on peut en arriver à s’endormir et à ne plus distinguer entre « maudit soit Haman et béni soit Mordekhaï (Mardochée) ». Mais jamais on ne doit trop boire pour ne pas perdre la tête et risquer d’en venir à se déshonorer. Ceux qui fêtent Pourim le 15 Adar doivent commencer le Mishté de bonne heure, donc bien plus tôt, pour ne pas être rassasiés à l’entrée du Shabbath. Ainsi, ils seront à même d’honorer le premier repas du Shabbath, le vendredi à la nuit.

. Les enfants et même des adultes ont l’habitude de se déguiser à Pourim pour rappeler le miraculeux renversement de la situation qui s’est produit à Pourim et pour augmenter la joie en ce jour.

. On intercalera la prière Al haNissim (sur les miracles) dans la Amida et dans le Birkat Hamazone, la prière après les repas.

. À Pourim, on ne dira aucune prière de supplication (Ta’hanoun), ni d’oraison funèbre (Hespèd).

. Les habitants des villes ayant été entourées de murailles au temps de Yehoshoua Bine Noune, qui fêtent Pourim le 15 Adar, feront néanmoins un bon repas -mais pas un festin- le jour du 14 Adar. Et inversement, ceux qui fêtent Pourim le 14 Adar feront également un bon repas le 15 Adar.

. On doit revêtir des vêtements de Shabbath le jour de Pourim. Tout travail réalisé ce jour-là n’apporte pas de bénédiction. Il est interdit de jeûner à Pourim sauf pour Taanith ‘Halom (pour demander à neutraliser un cauchemar) et seulement jusqu’à Min’ha.

L’essentiel est de tout faire avec l’intention de servir Hashem de tout son cœur et dans la vraie joie. L’explosion de pétards est à proscrire. Elle a été interdite par les plus hautes autorités. Elle peut être extrêmement dangereuse, dérangeante et entraîner un ‘Hilloul Hashem, une profanation du Nom d’Hashem, tandis que Son Nom ne doit qu’être sanctifié !

Ajoutons un point très important : à Pourim, en Perse, tous les Juifs ont acceptés d’accomplir la Torah de plein gré, tandis qu’au Mont Sinaï, nous en avons été forcés.

On se souvient que du fait de la faute du veau d’or, toute la génération du désert était vouée à être anéantie et la Présence Divine devait cesser de les guider. Ils se sont alors repris et tout le Peuple d’Israël décida de faire une Teshouva complète. Tous ont pris le deuil, ont jeûné durant 40 jours, prié et supplié Hashem (Leket Si’hoth Moussar de Rabbi Yits’hak Eïzik zatsal). Moshé Rabbénou se tint alors debout durant 40 jours et 40 nuits sur le Mont Sinaï jeûnant et implorant Hashem pour qu’Il accorde son pardon à Israël. Quant aux Juifs de Shoushane, ils n’ont jeûné que durant 3 jours et 3 nuits. Mais du fait qu’ils ont accepté la Torah de plein gré, leur niveau spirituel était supérieur à celui de la génération du désert.

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Il y a tout juste 15 ans, nous avions adressé par mail le texte suivant qui complète un tout petit peu l’histoire de Pourim :

« Pourim évoque le miracle de la délivrance de la terrifiante machination fomentée par Hamane qui ne visait que… l’extermination du Peuple Juif. Un homme, un seul, Mordekhaï, a osé tenir tête à ce despote, ce fou, descendant d’Amalek, pourtant Premier ministre du Roi Ha’hashevérosh –Assuérus-. D’aucuns sont même allés jusqu’à reprocher à Mordekhaï de mettre tout le Peuple Juif en péril !… Parce qu’il refusait de se prosterner devant Hamane qui se prenait pour une divinité. Il portait d’ailleurs sur lui une statuette. Ainsi, chaque prosternation devant lui pouvait s’assimiler à un acte d’idolâtrie condamnable. Et si ce n’était peut-être pas de l’idolâtrie, ne pas se prosterner était à coup sûr une sanctification du Nom d’Hashem. S’il est exigé d’un juif de commettre un acte d’idolâtrie, la Torah nous dicte de nous laisser mourir plutôt que de nous renier et renier Hashem. Au même titre, du reste, que si l’on veut nous contraindre à tuer quelqu’un, ou encore à commettre une relation incestueuse.

Hashem n’abandonne jamais Son peuple s’il se repent, s’il fait Teshouva, et s’il s’attache absolument à respecter Ses commandements. C’est ce qui s’est justement passé à Pourim. En un instant, toute la situation a été totalement renversée. Sur ordre de Mordekhaï, à la demande de la reine Esther, tous les Juifs de Shoushane -Suze- ont prié, pleuré et jeûné durant trois jours consécutifs. Et Hashem les a entendus. Dès lors, le jour même où Hamane voulait faire pendre Mordekhaï, le roi lui ordonna de clamer dans toute la ville, devant Mordekhaï qui montait le cheval du roi : «Voilà l’homme le plus estimé du royaume ! ».  Hamane fut lui-même, un peu plus tard, pendu sur ordre du Roi à la potence qu’il avait préparée pour y pendre Mordekhaï ! Tandis que Mordekhaï s’est vu confier d’immenses pouvoirs auprès du Roi. Et les Juifs, qui étaient répartis dans les 127 provinces du royaume de Perse, purent se défendre et être sauvés. Alors qu’ils étaient sur le point d’être tous exterminés ! Quand Hashem le veut, tout est possible ! Et de nos jours, autant que depuis toujours. Vous souvenez-vous du Pourim de la guerre du Golfe en ‘91, alors qu’Israël vivait au rythme des dizaines d’explosions de scuds lancés d’Iraq ? Des explosions qui n’ont fait aucune victime directe ! Vous comprenez de quelle protection divine nous avons bénéficié ?!!! Tous ceux qui, en Israël et en dehors, étaient en état d’implorer Hashem, priaient et suppliaient pour qu’Israël soit épargné ! Au Koweit, les Alliés ne jouirent malheureusement pas de la même protection ! Et, subitement, la veille de Pourim, l’Iraq a capitulé et le danger a été écarté ! Il nous faut nous en souvenir et mériter la sollicitude d’Hashem à notre égard. C’est précisément pour nous le rappeler que nos Sages nous ont imposé de respecter cinq Mitzvoth à Pourim. Donner LeZékhèr Ma’hatsit HaShékel environ 5€ par personne selon les 3 avis (voir plus haut). Lire dans un parchemin ou écouter la lecture de la Meguilah faite depuis un parchemin, une première fois à la nuit tombée, puis une seconde fois durant la journée qui suit. Mishloa’h Manoth, offrir au moins deux mets prêts à être dégustés à au moins une personne. Matanoth LaÉvionim, faire des dons à au moins deux pauvres de la communauté pour qu’eux aussi aient les moyens de se réjouir durant la fête. Et enfin, organiser -ou participer à- un Mishté, un festin, durant le jour, pour rappeler l’histoire de Pourim, où il est recommandé de boire du vin jusqu’à ce qu’on en vienne à ne plus distinguer entre «béni soit Mordekhaï» et «maudit soit Hamane».

Que vous ayez tous une très joyeuse fête de Pourim !